Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 27 mars 2019

Daniel Forestier ancien de la DGSE tué par balle en Haute-Savoie


Un ancien agent de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) a été retrouvé mort, tué par balle, jeudi 21 mars, en Haute-Savoie, révèlent Le Monde et Le Messager, ce mercredi 27 mars.

Le corps de Daniel Forestier, 58 ans, avait été retrouvé en fin de journée sur un parking de la commune de Ballaison, non loin du Lac Léman. La dépouille présentait alors cinq impacts de balles dont un au niveau du cœur et un autre dans la tête.

Interrogés par Le Monde, les enquêteurs estiment que le mode opératoire atteste de l’intervention de tueurs aguerris. Le parquet de Thonon-les-Bains estime qu’il s’agit d’un règlement de comptes réalisé par des professionnels. Une enquête a donc été ouverte pour “assassinat en bande organisée” et “association de malfaiteurs”, indique le quotidien du soir.

Daniel Forestier avait été mis en examen en septembre dernier pour “participation à une association de malfaiteurs” et “détention d’explosifs” et placé sous contrôle judiciaire. Cet ancien de la DGSE était soupçonné d’avoir projeté l’assassinat de l’opposant congolais Ferdinand Mbaou, qui réside dans le Val-d’Oise.

“Cette affaire est étrange et bizarre depuis le départ”

Pour l’avocat de Daniel Forestier, Cédric Huissoud, la mise en cause de son client dans le dossier concernant l’opposant congolais était injustifiée. “Mon client avait toujours contesté ces accusations rocambolesques, qui ne reposent que sur un témoignage anonyme”, souligne-t-il à l’AFP. Pour l’heure, aucun lien n’a été établi entre sa mort et ce projet d’assassinat.

L’avocat avait engagé dès septembre un recours devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon pour faire annuler la mise en examen de son client, qui était sous contrôle judiciaire.

“Cette affaire est étrange et bizarre depuis le départ. Les faits pour lesquels les deux anciens agents ont été mis en examen sont farouchement contestés”, a réagi de son côté Marie-Alix Canu-Bernard, l’avocate de Bruno Susini, également inculpé. Selon elle, les deux ex-agents étaient “très inquiets pour leur sécurité” et avaient déposé des plaintes pour “violation du secret de l’instruction”. Des photos de la maison de Forestier avaient notamment été diffusées sur les réseaux sociaux après leur mise en examen.

“Aucun protagoniste n’est en sécurité”

Selon le Dauphiné Libéré, Daniel Forestier, marié et père de deux enfants, était établi à Lucinges (Haute-Savoie) après 14 ans passés au sein de la DGSE. Il était conseiller municipal jusqu’à septembre dernier et avait publié à compte d’auteur plusieurs romans aux titres évocateurs tels que “Barbouze de la République” ou “Requiem pour un Savoyard”.

Interrogé par l’AFP, Ferdinand Mbaou, 62 ans, s’est dit “attristé” par la mort de Forestier, mais “confiant” pour la suite de la procédure judiciaire. “Il n’était pas seul, il y a d’autres suspects qui permettront à la justice de faire son travail”, a-t-il déclaré. De leur côté, ses avocats ont regretté ce décès, signifiant pour eux la disparition “d’une partie essentielle des preuves, et donc de la manifestation de la vérité” dans le dossier de la tentative d’assassinat de leur client.

“Aucun protagoniste dans cette affaire n’est en sécurité, à commencer par notre client”, ont encore assuré Vincent Brengarth et Henri Thulliez. En 2015, l’ancien chef de la garde de l’ex-président de la République du Congo Pascal Lissouba (1992-1997) avait déjà été grièvement blessé par balle dans une tentative d’assassinat à la sortie de son domicile de Bessancourt, au nord de Paris. Il serait dans le collimateur de Brazzaville en raison de ses réseaux dans l’armée, selon un opposant congolais.

Un règlement de compte sous forme de contrat

L’ancien agent secret a-t-il subi une vengeance de la part de partisans du président congolais ? Les proches de Forestier se posent clairement la question. À cette heure, les enquêteurs n’excluent aucune piste, si ce n’est que les premiers éléments laissent penser à un règlement de compte sous forme de contrat. Un guet-apens mortel au cœur des Alpes. Ils sont toutefois intrigués par la présence de douilles sur la scène du crime, des traces qui témoignent d’un professionnalisme très relatif du ou des tueurs. « Outre la piste congolaise, le meurtre de Forestier peut être aussi lié à ses nombreuses activités parallèles dans les pays en périphérie de la Russie et en Asie », confie un proche des investigations. De leur côté, les avocats de l’opposant congolais réfugié en France ont déploré « cette mort brutale », de nature à compromettre l’enquête sur le projet d’assassinat visant leur client.