Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 22 février 2019

200 soldats US vont rester en Syrie


Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, la semaine passée, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’était en effet demandé comment Washington pouvait « être très ferme à l’égard de l’Iran et en même temps abandonner le nord-est de la Syrie ». Et d’ajouter : « pour moi, c’est un mystère ».

Et cela d’autant plus qu’il faut veiller à éviter toute résurgence de l’État islamique [EI ou Daesh], dont un rapport du Pentagone estime qu’il lui faudrait entre 6 et 12 mois pour reconquérir des territoires dans le cas où la pression anti-terroriste serait amoindrie, et que les Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde], partenairaires de la coalition dirigée par les États-Unis, seraient à la merci d’une offensive turque.

La chancelière allemande, Angela Merkel avait posé la même question que le ministre français. « Est-ce une bonne idée pour les Américains de se retirer soudainement et rapidement de Syrie? » s’était-elle interrogée à Munich, estimant que ce retrait allait favoriser la Russie et l’Iran.

Dans le même temps, le chef du Pentagone par intérim, Patrick Shanahan, avait proposé l’envoi d’une « force d’observateurs » dans une zone tampon située dans le nord-est de la Syrie afin de protéger les Kurdes syriens et de veiller à empêcher la reconstitution de cellules jihadistes.

« Si le temps est venu de réduire le nombre de troupes américaines au sol dans le nord-est de la Syrie, les États-Unis restent engagés en faveur de la cause de la coalition : la défaite permanente de l’EI au Moyen-Orient et au-delà », avait assuré M. Shanahan, en faisant la promesse que Washington resterait « au côté des alliés et partenaires », sans plus de précision.

Seulement, cette proposition fut fraîchement accueillie par les homologues européens de M. Shanahan. « C’est un sujet sur lequel les ministres ont des vues différentes », confirma un haut responsable du Pentagone à l’AFP. « Il est totalement hors de question d’avoir des Français au sol sans les Américains » sur le terrain, avait-on affirmé côté français. Surtout que pour mettre en place une zone tampon devant s’étendre sur 400 km de long sur 30 km de large, il faudrait « 20.000 hommes », avait-on également expliqué.

Finalement, la Maison Blanche a annoncé, le 21 février, que 200 militaires [sur 2.000] resteraient en Syrie pour « un certain temps ». C’est en effet ce qu’a confirmé, auprès de l’AFP, Sarah Sanders, la porte-parole de la présidence américaine, sans donner plus de détails.

Cette annonce, faite après un entretien téléphonique entre le président Trump et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, va-t-elle convaincre les autres membres de la coalition, d’en faire de même?

Via une tribune publiée par Le Parisien, le 17 février, la ministre française des Armées, Florence Parly, a assuré qu’il fallait « tout faire pour éviter que les FDS soient les victimes » du retrait américain. Et pour le chef militaire de l’alliance arabo-kurde, cela pourrait passer par le maintien de 1.000 à 1.500 soldats de la coalition anti-jihadiste.