Le Suisse arrêté samedi au Maroc dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de deux touristes scandinaves était en contact avec «un opérationnel de Daech en Syrie». Il l'avait rencontré en Suisse, affirme le chef des enquêteurs marocains.
Les deux hommes étaient en contact via la messagerie Telegram, explique le directeur du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ), Abelhak Khiame. Le responsable du groupe Etat islamique (EI) «faisait passer» au Genevois «des vidéos de décapitation», ajoute-t-il dans une interview publiée vendredi par la Tribune de Genève et 24Heures. M. Khiame ne précise pas où en Suisse, quand et à combien de reprises les deux hommes s'étaient rencontrés. Il ne donne pas non plus d'autres indications sur la personne de ce membre de l'EI.
Le double national hispano-suisse «n'est pas directement impliqué dans l'assassinat des deux étudiantes, mais il connaissait les auteurs», indique M. Khiame. Il a participé à «plusieurs réunions secrètes avec les membres» de la cellule démantelée. «Ensemble, ils ont visionné des films de propagande de Daech».
En revanche, le jeune homme de 25 ans «envisageait de commettre des actions sur le sol marocain visant les services de sécurité ou des touristes», précise le patron du BCIJ. Il a entraîné certaines personnes au tir et «a même recruté des subsahariens avec lesquels il projetait aussi de rejoindre les branches de Daech au nord Mali».
Selon M. Khiame, le jeune homme s'est converti à l'islam en 2011 à la mosquée du Petit-Saconnex et s'est radicalisé à Genève. «Avec d?autres convertis qui ont le même profil que lui, il a assisté à des prêches» animés par deux imams français qui ont été expulsés de la mosquée pour avoir encouragé des fidèles à faire le djihad.
Une fois radicalisé, il aurait ensuite projeté d?attaquer une bijouterie pour financer son départ vers la Syrie et rejoindre l'EI. Il est derrière la conversion de plusieurs membres de sa famille - «sa grand-mère, deux oncles et sa soeur», précise M. Khiame. Il a finalement décidé de rejoindre un pays musulman et est parti vers le Maroc en 2015, souligne le chef du BCIJ, qui ne répond pas à la question de la présence éventuelle d'autres Suisses dans des cellules djihadistes au Maroc.
Selon les deux journaux lémaniques, le suspect a été présenté jeudi à un juge d'instruction antiterroriste de Rabat en compagnie de six autres détenus. Au total, une vingtaine de personnes ont été interpellées pour leurs liens présumés avec le double homicide.
Les deux victimes – une étudiante danoise de 24 ans et une Norvégienne de 28 ans – ont été décapitées dans la nuit du 16 au 17 décembre dans le sud du Maroc, où elles passaient des vacances. Leurs corps ont été découverts sur un site isolé du Haut-Atlas, dans un secteur prisé des amateurs de marche. L'affaire a suscité une vive émotion dans les deux pays et au Maroc.
ATS