Contrairement aux « infox » qui circulent sur les réseaux sociaux pour dénoncer le « train de vie » des autorités françaises en le comparant à ce qui se fait en Allemagne, la chancelière Angela Merkel dispose pour ses déplacements d’une flotte de 12 aéronefs gouvernementaux, dont 2 Airbus A-340 VIP [la France n’a qu’un seul A-330, qui fit couler beaucoup d’encre quand il fut acheté, ndlr]. Ces appareils sont également mis à la disposition de ses 15 ministres fédéraux.
Comme dans les autres pays qui disposent d’une telle flotte [tous n’en ont pas : le Mexique va se séparer de son avion présidentiel, par exemple, ndlr], ces appareils gouvernementaux sont mis en oeuvre par un escadron de la force aérienne allemande [Luftwaffe], en l’occurrence par le « Flugbereitschaft des Bundesministeriums der Verteidigung. »
Le 30 novembre, alors qu’elle devait s’envoler vers Buenos Aires pour assister au sommet du G-20, Mme Merkel dut changer ses plans : l’A340 à bord duquel elle avait pris place – le « Konrad Adenauer » – ayant été contraint de faire demi-tour en raison d’un problème au niveau de la boîte de distribution électrique, qui a affecté le système de communications de l’appareil.
En théorie, Mme Merkel aurait pu embarquer à bord du second A-340 VIP de la Luftwaffe. Seulement, son équipage avait déjà atteint le maximum d’heures de vol autorisées et aucun autre n’était disponible pour le remplacer. Finalement, la chancelière allemande dut se résoudre à rejoindre l’Argentine à bord d’un vol commercial, évidemment non équipé des moyens de communication et des systèmes de sécurité nécessaires à un chef d’État ou de gouvernement.
Comme pour l’A330 gouvernemental français, les deux A340 de la Luftwaffe ont été acquis d’occasion au début 2010 auprès de la compagnie aérienne Lufthansa. L’opération aurait coûté, selon les médias allemands, 740 millions d’euros. Un somme qui correspond à l’achat de deux avions et à leur aménagement (suite VIP, système antimissile, etc). Celui devait emmener Mme Merkel à Buenos Aires a été construit en 1999. Au moment de son acquisition, il totalisait 50.000 heures de vol.
Seulement, la panne que le « Konrad Adenauer » a connue avant de mettre le cas vers Buenos Aires aura sans doute été celle de trop. En effet, depuis qu’il est mis en oeuvre par la Luftwaffe, cet appareil enchaîne les avaries. D’où la décision annoncée dans les colonnes du Bild am Sonntag par Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense.
« Nous avons vécu avec amertume l’arrivée tardive de la chancelière au sommet du G20. […] Pour éviter que cela ne se reproduise, nous renforçons les équipages et cherchons à acheter un ou deux appareils long-courriers supplémentaires », a en effet indiqué Mme von der Leyen.
Pour acquérir un nouvel appareil, cette fois, une enveloppe de 200 à 300 millions d’euros pourrait être débloquée. Pour autant, il n’est pas question de la prélever sur le budget de la Luftwaffe : elle viendrait s’ajouter au budget fédéral.
« Bien sûr, le transport des membres du gouvernement à des dates importantes ne devrait pas se faire au détriment de la force aérienne, qui a besoin de son budget pour des hélicoptères et des avions en opération », a fait valoir Mme von der Leyen.
Le choix du prochain avion gouvernemental allemand n’est pas encore arrêté. Selon la presse d’outre-Rhin, il pourrait s’agir d’un A330 d’occasion ou bien d’un A350 neuf, dont la version ULR [Ultra Long Range] est en mesure de parcourir 16.700 km, sans escale, en un peu moins de 19 heures.