Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 22 novembre 2018

Le GRU perd son chef


Igor Korobov est resté à la tête du GRU un peu moins de trois ans. (Photo: Keystone)


Directeur du Glavnoe razvedyvatelnoe upravlenie [GRU], c’est à dire le service de renseignement militaire russe, le général Igor Korobov, 62 ans, est décédé des suites d’une « longue et grave maladie », a annoncé un communiqué du ministère russe de la Défense, ce 22 novembre.

Il s’agit du second décès d’un directeur du GRU en près de trois ans, le prédécesseur du général Korobov, le général Igor Sergoun, étant subitement décédé à l’âge de 58 ans, le 3 janvier 2016. Ce dernier avait remplacé, cinq ans plus tôt, le général Alexandre Chliakhtourov qui, selon la rumeur, avait alors une santé « fragile ».

Selon sa biographie, le général Korobov s’était engagé dans les forces aériennes soviétiques  en 1973 . Puis il avait rejoint le GRU en 1985. Il était sous le coup de sanctions décidées par Washington pour les ingérences présumées russes dans l’élection présidentielle américaine de 2016.

Le décès du général Korobov survient à une période difficile pour le GRU, accusé d’avoir tenté d’emploisonner le colonel Sergueï Skripal (et sa fille), réfugié au Royaume-Uni après avoir été recruté par le MI-6, le service de renseignement britannique. Il aurait aussi été impliqué dans une tentative de piratage du siège de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC], à La Haye [Pays-Bas] ainsi que dans plusieurs cyberattaques ayant visé l’Agence mondiale antidopage [AMA], le Parti démocrate américain, les réseaux du Bundestag, la chaîne de télévision TV5 ou encore le ministère danois de la Défense.

En outre, le GRU doit faire face à la révélation de l’identité de dizaines de ses agents par les sites d’investigation The Insider et Bellingcat, ce qui fait qu’ils sont désormais « grillés ».

Pour autant, à l’occasion de son centenaire, le président russe, Vladimir Poutine, a renouvelé sa confiance en ce service. « Très chers camarades, je connais sans exagérer vos capacités uniques, y compris dans le domaine des opérations spéciales. Je suis convaincu de votre professionnalisme et de votre courage personnel. et je sais que chacun de vous fera tout pour la Russie et pour notre peuple », a-t-il déclaré.

Par le passé, le GRU a connu des morts « suspectes » parmi ses responsables, dont celle du général Iouri Ivanov, qui était son directeur adjoint quand son corps, sans vie, fut retrouvé sur une plage en Turquie, alors qu’il revenait d’une mission d’inspection de la base navale de Tartous, en 2010.