Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 13 novembre 2018

Affaire Grégory : le livre de Murielle Bolle contient des "attaques calomnieuses" et des "mensonges"


L'ouvrage «Briser le silence», dans lequel Murielle Bolle dit révéler la vérité, 34 ans après le drame de l'affaire Grégory, est en vente depuis quelques jours. Cet ouvrage, écrit avec la romancière Pauline Guéna, ainsi que les interviews données dans le cadre de sa promotion «arrivent opportunément pour leurs auteurs au moment où le Conseil constitutionnel doit se prononcer (...) sur la garde à vue et les dépositions de Murielle Bolle de 1984», estime le colonel de gendarmerie à la retraite Etienne Sesmat dans un communiqué.

Âgée de 15 ans à l'époque des faits, Murielle Bolle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche d'avoir enlevé Grégory Villemin avant de se rétracter. Une volte-face, toujours au cœur de l'affaire. «En tant qu'ancien responsable des enquêteurs visés par les attaques calomnieuses et les mensonges qui jalonnent cet ouvrage, je tiens à officiellement et fortement dénoncer cette basse manœuvre», écrit l'ex-militaire.

Quand ils l'interrogent en 1984, affirme Murielle Bolle dans son récit, les gendarmes la traitent de «menteuse», la menacent d'aller «en maison de correction». Persuadée qu'ils sont «tout-puissants», elle finit par «lâcher» des oui et des non, «en fonction de ce qu'ils veulent», écrivent les auteurs. Le colonel Sesmat assure au contraire que «les plus grandes précautions avaient été prises pour entendre la jeune Murielle et recueillir ses révélations» et «s'assurer de son bien-être psychologique», poursuit-il.

«Je ne peux pas admettre ni supporter que les gendarmes soient présentés comme des gens sans honneur ni morale, extorquant par la menace et les intimidations violentes les révélations d'une gamine de 15 ans», ajoute le gendarme à la retraite. Évoquant la tentative de suicide de Murielle Bolle, il affirme encore que, selon lui, elle n'a pas attenté à ses jours après l'assassinat de Bernard Laroche par le père de Grégory fin mars 1985, comme indiqué dans le livre, mais le 5 novembre 1985, jour de l'incarcération de son beau-frère.

En juin 2017, Murielle Bolle a été mise en examen pour le rapt mortel de Grégory, tout comme Jacqueline et Marcel Jacob, grand-tante et grand-oncle de l'enfant, et incarcérée pendant 38 jours. «À 48 ans. Alors que je suis grand-mère», dit-elle dans son livre. Ces mises en examen ont été annulées en avril pour des questions de procédure. Le Conseil constitutionnel, saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité à l'initiative de ses avocats, dira le 16 novembre si ses droits fondamentaux ont été respectés lors de sa garde à vue.