Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 2 septembre 2018

Mort du séparatiste pro-russe Alexandre Zakhartchenko: les auteurs du crime seront punis


Avant
Le président de la République populaire de Donetsk a été tué 
lors d'une explosion dans un café du centre-ville

Après


Le principal dirigeant des séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine, Alexandre Zakhartchenko, est mort. Il a été tué vendredi dans une explosion dans un café au centre de Donetsk, l’un des bastions rebelles, a annoncé l’agence de presse des séparatistes.

Fils d’un mineur de charbon, ancien mécanicien et homme d’affaires, selon sa biographie officielle, Alexandre Zakhartcheko avait 42 ans. Il était depuis le début du conflit dans l’est de l’Ukraine le «président» de la République populaire de Donetsk, autoproclamée par les insurgés.

Explosion dans un café
Sa mort, ainsi que le limogeage en novembre 2017 d’Igor Plotnitski, le «président» de la République autoproclamée de Lougansk, voisine de Donetsk, et l’assassinat de plusieurs chefs de guerre, marquent la fin des dirigeants historiques des territoires séparatistes. Ils étaient arrivés au pouvoir à la faveur du conflit avec l’armée ukrainienne, qui a fait plus de 10 000 morts depuis son déclenchement en 2014.

«Le dirigeant de la République populaire de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko, a été tué aujourd’hui dans un attentat», a déclaré à l’AFP sa porte-parole, Aliona Volynets, sans donner davantage de détails. Selon l’agence officielle de presse des séparatistes, DAN, une explosion s’est produite vers 17h30 dans un café du centre-ville, faisant plusieurs victimes.

Moscou et Kiev réagissent

La police a mis en place un cordon de sécurité sur le boulevard où est situé l’établissement et où se trouvait également une ambulance, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. «Il s’agit d’une nouvelle agression de la part de l’Ukraine […] Donetsk va se venger pour ce crime», a lâché un haut responsable séparatiste, Denis Pouchiline, cité par DAN.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a estimé qu’il y avait «toutes les raisons de croire» que le gouvernement ukrainien est responsable de cet attentat. «Ce n’est pas la première fois que le régime de Kiev utilise de telles méthodes pour éliminer ceux qui ne sont pas d’accord avec lui et les indésirables», a-t-elle affirmé, citée par l’agence de presse publique TASS.

Les services de sécurité ukrainiens, le SBU, ont pour leur part démenti toute implication. Ils ont affirmé que la mort d’Alexandre Zakhartchenko était le résultat de «conflits criminels internes» au sein de l’élite séparatiste pro-russe. «Nous n’excluons pas une tentative des services secrets russes d’éliminer un personnage odieux qui, selon nos informations, gênait les Russes et dont ils n’avaient plus besoin», a même assuré à la télévision ukrainienne un haut responsable du SBU, Igor Gouskov.

Nombreux chefs de guerre tués

Alexandre Zakhartchenko était devenu un chef de guerre dès le début du conflit entre les séparatistes et l’armée ukrainienne. En novembre 2014, quelques mois après que les territoires rebelles de l’est de l’Ukraine eurent proclamé leur indépendance, il était élu président de la DNR avec plus de 81% des suffrages. De nombreux autres chefs de guerre rebelles pro-russes ont été tués dans des assassinats ciblés ces dernières années. Les autorités séparatistes ont à chaque fois accusé les services ukrainiens.

En février 2017, Mikhaïl Tolstykh, un chef militaire réputé plus connu sous son nom de guerre de «Guivi», avait été tué dans une explosion dans son quartier général à Donetsk. En octobre 2016, le chef de guerre Arseni Pavlov, connu sous le nom de guerre de «Motorola», avait été tué avec son garde du corps dans l’explosion d’une bombe posée dans l’ascenseur de son immeuble.

En 2015, les chefs cosaques Pavel Dremov et Alexandre Bednov «Batman», pro-russes mais en litige avec les autorités rebelles, avaient également succombé respectivement dans un attentat à la voiture piégé et dans une embuscade. Le commandant Alexeï Mozgovoï a quant à lui également été tué la même année dans une embuscade en plein territoire sous le contrôle des rebelles.

Réaction du Kremlin

L'assassinat du chef de la République populaire autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakharchenko, constitue une «provocation» qui mine le processus de paix, a affirmé ce 1er septembre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «C'est sans aucun doute une provocation», a-t-il déclaré à des journalistes, selon l'agence de presse russe Interfax. «Il reste à déterminer qui en est à l'origine, mais il est certain qu'elle aura des conséquences graves sur la situation dans la région, et il est évident qu'elle ne contribue pas au processus de règlement [du conflit]», a ajouté le porte-parole du chef de l'Etat.

«J'espère que les commanditaires et les auteurs de ce crime seront punis comme ils le méritent», avait commenté la veille Vladimir Poutine. Le chef d'Etat russe avait en effet estimé que le meurtre d'Alexandre Zakharchenko prouvait «que ceux qui ont choisi la voie de la terreur, de la violence et de l'intimidation» ne voulaient pas chercher une solution politique pacifique au conflit pour lequel Kiev admettait en juillet 2017 l’absence de preuves de la présence de l’armée russe. «Ils comptent sur la déstabilisation de la situation et veulent mettre les gens du Donbass à genoux, mais ils ne réussiront pas», avait-il affirmé dans un communiqué publié sur le site du Kremlin. Présentant ses condoléances aux habitants de Donetsk, Vladimir Poutine avait en outre qualifié Alexandre Zakharchenko de «véritable leader populaire» et de «personne courageuse et déterminée».

Ce 1er septembre, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a qualifié le meurtre du dirigeant du Donbass de «provocation flagrante visant à compromettre la mise en œuvre de l'accord de Minsk dans l'est de l'Ukraine». Il a également fait savoir qu'il était désormais «impossible» de discuter des prochains pourparlers du format Normandie, «comme l’auraient souhaité nombre de nos partenaires européens». Cette configuration diplomatique réunit la Russie, l'Ukraine, la France et l'Allemagne.

La mort d'Alexandre Zakharchenko, ainsi que le limogeage en novembre 2017 d'Igor Plotnitski, président de la République autoproclamée de Lougansk, voisine de Donetsk, et l'assassinat de plusieurs chefs de guerre, marquent la fin des dirigeants historiques des territoires séparatistes, arrivés au pouvoir depuis le déclenchement du conflit avec l'armée ukrainienne en 2014. Kiev, Washington et Bruxelles ont à plusieurs reprises accusé Moscou de participer militairement au conflit dans l’est de l’Ukraine. Le Kremlin a toujours démenti ces accusations, les qualifiants d’«inacceptables».

ATS