L'information a été publiée dans Le Canard enchaîné du 22 août et confirmée par l'AFP dans une dépêche du même jour : un djihadiste présumé a été libéré le 3 avril 2018 alors que le Parquet avait requis contre lui dix mois de détention. «Oualid B.» était en prison depuis le mois d'août 2016, soupçonné de complicité dans un projet d'attentat déjoué à Lyon en septembre 2014.
La libération du djihadiste présumé a été permise par l'oubli d'un juge de renouveler sa détention provisoire. L'absence de renouvellement a ainsi engendré une mise en liberté d'office. Convoqué par sa hiérarchie, le juge a été prié de quitter ses fonctions, ce qu'il a refusé. Le magistrat est soutenu par une partie de la profession, un juge étant inamovible, sauf dans le cas d'une «faute disciplinaire» qui, pour l'heure, n'est pas établie.
Le ministère de la Justice a confirmé qu'une inspection mandatée par la ministre Nicole Belloubet était en cours pour comprendre comment un acte ayant potentiellement «des conséquences graves» a pu se produire. La chancellerie a par ailleurs affirmé que depuis sa libération, Oualid B. était «sous contrôle judiciaire très strict».
«La cible n'a jamais été éclaircie»
En mai, Oualid B. a de nouveau été interpellé, car il se trouvait hors de la zone autorisée dans le cadre de son contrôle judiciaire. Selon «Le Canard enchaîné», il conduisait sans permis et son téléphone portable contenait des images de jihadistes armés et un film de propagande de l'organisation Etat islamique.
Jugé en comparution immédiate, Oualid B. est ressorti libre du tribunal, alors que le parquet avait requis dix mois de détention. Le parquet a fait appel et Oualid B. devrait être jugé en appel pour ces faits le 13 septembre à Paris.
Au total, 15 personnes sont accusées dans ce dossier antiterroriste, dont un mineur au moment des faits. Ils seront jugés par la cour d'assises des mineurs du 12 au 30 novembre. Cependant, huit d'entre eux partis en zone irako-syrienne, parmi lesquels trois des frères Bekhaled, font l'objet d'un mandat d'arrêt.
«Si projet d'attentat il y a, la cible n'a jamais été éclaircie», a commenté auprès de l'AFP un avocat de la défense. «Il a été évoqué un temps qu'il s'agisse d'un rendez-vous annuel à Lyon du Crif (ndlr: Conseil représentatif des institutions juives de France), mais rien n'est jamais venu étayer ce soupçon», a-t-il ajouté.
AFP