lundi 23 juillet 2018
Selon la DGSI; Benalla était habilité «secret défense»
Selon les informations publiées par le magazine Le Point ce 23 juillet, Alexandre Benalla aurait été habilité au titre du secret de la défense nationale, après enquête menée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Cette information aurait été confirmée par ce même service à l'hebdomadaire. Selon cet article, ce serait la hiérarchie d'Alexandre Benalla (à savoir le cabinet de la présidence) qui aurait effectué cette demande auprès de la DGSI.
Le Point souligne que cette enquête aurait été particulièrement poussée «dans la mesure où Alexandre Benalla est d'ascendance étrangère, avec un père originaire du Maghreb».
L’affaire à laquelle les Français sont confrontés aujourd’hui est gravissime. Si elle va jusqu’au bout, elle révèlera l’existence d’un système policier élyséen parrallèle qui est capable, du « fait du prince » de s’éxonérer de toutes les règles propres au fonctionnement d’un démocratie.
Même si l’audition de Collomb n’a rien apporté sur le fond, elle a toutefois confirmé l’existence un certain nombre de faits qui, en eux-mêmes, ne peuvent que faire frémir. Tout d’abord, elle a révélé que le ministre de l’Intérieur n’est plus, aujourd’hui, dans notre pays, l’homme le mieux informé de France. Il est apparu clairement, au fil des questions des députés, que le locataire de la place Beauvau ne savait rien, ou que peu de chose, sur l’existence ou les activités de Benalla. Si, sur le premier point, il est possible de douter de la bonne foi du ministre, sur le second les arguments développés par Collomb sont malheureusement parfaitement recevables. Il est en effet inconcevable que l’ancien maire de Lyon n’ait pas connu Benalla. D’abord, parce que l’intéressé a été omni présent lors de la campagne présidentielle de Macron. Et l’on sait la part prise par Collomb lors de cette campagne. Ensuite, parce que Benalla est aujourd’hui de tous les déplacements présidentiels, et l’on imagine mal que le ministre en charge de la sécurité dans notre pays, ne soit pas au fait de qui fait quoi aux côtés du président de la République. Enfin, parce les fonctions importantes exercées par Benalla à l’Élysée, amenaient immanquablement une coopération étroite entre l’Intérieur et les services élyséens concernés.
Sur le second point, il est évident que les affaires directement traitées par l’Elysée échappent au ministre de l’Intérieur. Non pas parce que ce dernier est incompétent – fonctionnellement ou administrativement -, mais parce que l’exercice (trop) centralisé et autoritaire du pouvoir présidentiel a forcément conduit à des dérives dont celles illustrées par l’affaire Benalla n’est qu’une petite révélation.
Oui, il existe bien un service policier parrallèle à l’Élysée. Il ne date certainement de l’ère Macron, mais on peut se demander pourquoi notre président exemplaire a préféré utiliser ses services plutôt que de réformer cette dérive totalitaire. On peut également se demander pourquoi Macron s’apprêtait-il à réformer le dispositif de sécurité de l’Élysée, en confiant, au moins pour partie, cette réforme à des individus comme Benalla, plutôt que de modifier les modalités de fonctionnement, certainement imparfaites du service en place (GSPR), qui lui, néanmoins, travaille et agit dans les règles propres à notre démocratie.
Alors qu’il semblerait que Macron est plus préoccupé par la mise en sommeil de sa réforme institutionnelle, il paraît urgent de lui conseiller de se pencher sur les graves dysfonctionnements de ses propres services. Il est également urgent de mettre un terme aux luttes des chapelles internes que se livrent les hauts fonctionnaires (civils et militaires) de nos administrations, et qui ont permis l’émergence de services ou de bureaux parrallèles jusqu’au plus haut sommet de l’État. Si des têtes doivent tomber, c’est le moment. Mais ne nous contentons pas des lampistes.