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jeudi 31 mai 2018

Un peu moins de deux milliards pour l'armée Suisse cette année




L'armée devrait pouvoir investir un peu moins de 2 milliards cette année. Doutant de la nécessité d'équiper 100'000 soldats de gilets de protection haute sécurité, le Conseil des Etats a raboté jeudi 99,6 millions dans ce crédit inscrit au programme d'armement 2018.

Le Conseil fédéral demandait 377 millions pour un nouveau système d'habillement et d'équipement modulaire destiné à la troupe. Près de 100'000 militaires devraient pouvoir être équipés. Le nouveau système coûte environ 3000 francs par personne, près de la moitié de la somme servant à la protection corporelle balistique (gilets de protection). Cet achat était initialement prévu en 2019.

Doutes

Des doutes ont toutefois été émis. Une partie importante de cet équipement de protection lourd risque fortement de ne pas être utilisée, a fait valoir Josef Dittli (PLR/UR) au nom de la commission. Ne pourrait-on pas se contenter d'équiper 50'000 ou 75'000 militaires ?

Les sénateurs ont décidé de laisser le National trancher. Il serait par exemple possible de prévoir un équipement avec surface de protection réduite pour 100'000 militaires, tout en acquérant un nombre limité de modèles offrant une surface protégée maximale. En attendant, le Conseil des Etats a décidé par 30 voix contre 10 de couper le crédit en deux.

Evoquant la menace terroriste, le ministre de la défense Guy Parmelin a estimé que la Suisse se devait de proposer un tel équipement à ses soldats. Même si tous les militaires ne sont pas mobilisés en même temps, il faut compter avec des rotations dans un système de milice.

Une réserve suffisante est nécessaire pour pouvoir instruire et équiper au fur et à mesure les militaires. Comment expliquerez-vous aux proches et à la famille qu'un soldat montant la garde est équipé et l'autre non ?, a lancé le conseiller fédéral.

Message sur l'armée

L'acquisition de gilets est prévue dans le message sur l'armée, qui pour le reste n'a pas suscité de grandes contestations. L'enveloppe totale s'élève à 1,951 milliard de francs dont 748,4 millions pour le programme d'armement, 742 millions pour le matériel d'armée et 460,5 millions pour l'immobilier.

Rayon achats, un crédit-cadre de 100 millions doit servir à compléter d'autres éléments de l'équipement existant de la troupe, par exemple pour des fusils d'assaut pour la sécurité militaire et des fusils de précision pour les forces spéciales.

La modernisation des hélicoptères de transport Cougar, engagés pour les transports de matériel et de la troupe, est devisée à 168 millions. Le Conseil fédéral demande en outre 114 millions (radars secondaires) et 16 millions (radars primaires) pour la modernisation du maintien du système de surveillance de l'espace aérien Florako. Septante-trois millions sont prévus pour le remplacement de l'infrastructure au sol de radiocommunication aérienne.

Les crédits-cadres pour le matériel d'armée 2018 financent les études de projets, les essais et les préparatifs d'achats (150 millions), l'équipement personnel et le matériel à renouveler (420 millions) ainsi que les munitions (172 millions).

Retouches dans l'immobilier

Le Conseil des Etats a procédé à une retouche dans l'immobilier. Il a réduit de 2,5 millions, à 37,5 millions, le crédit pour la transformation de la place d'armes de Drognens (FR). Il a jugé les réserves trop élevées.

Le programme immobilier prévoit par ailleurs 53 millions pour l'adaptation d'installations de l'infrastructure au sol de radiocommunication aérienne, 39 millions pour la rénovation et la consolidation d'une installation militaire classifiée et 27 millions pour la transformation de la halle 4 de l'aérodrome de Payerne.

Le développement de la place d'armes de Wangen (BE) est devisé à 89 millions et l'agrandissement de l'infrastructure au Simplon (VS) à 30 millions. S'ajoutent 185 millions destinés à des projets de moins de 10 millions chacun. Il s'agira notamment de pallier la fermeture des sites de Fribourg, Lyss et Moudon.

Mise hors service

Pour la première fois, le message sur l'armée propose des mises hors service de systèmes d'armes importants, comme le prévoit la loi. Le Conseil fédéral propose ainsi de se débarrasser de 27 avions de combat Tiger.

Les 26 appareils restants continueront d'être engagés pour décharger les F/A-18 de tâches annexes, afin que ces derniers puissent être utilisés jusqu'en 2030. Les F-5 seront affectés principalement à l'entraînement, en servant de cibles ou à la surveillance de la radioactivité. Onze resteront à disposition de la Patrouille Suisse.

Dans le cadre de la mise hors service de l'artillerie de forteresse - un vestige de la guerre froide -, les canons Bison et les lance-mines 12 cm restants ainsi que les infrastructures associées seront vendus, ou vidés et fermés. Le Conseil fédéral veut enfin liquider 162 obusiers blindés, 59 véhicules de transport à chenille et 106 chasseurs de chars.

Le National veut sauver les chevaux

L'armée va réduire son effectif de chevaux, mais elle disposera encore d'un effectif minimum de 55 équidés. Le Conseil des Etats s'est rallié tacitement jeudi la proposition du National.

Le Département fédéral de la défense (DDPS) possède 65 chevaux de selle engagés pour les cours et écoles des formations ainsi que pour le protocole militaire. Mais l'armée doit dégager de l'argent pour investir dans l'immobilier et l'armement. Le Contrôle fédéral des finances a exigé une réduction des effectifs de chevaux de selle.

Le conseiller aux Etats Jean-René Fournier (PDC/VS) réclamait dans une motion de maintenir l'effectif à 65 chevaux, ainsi que les activités hors service sportives et culturelles. Selon lui, une diminution pourrait compromettre les diverses missions qui incombent à cette unité équestre.

55 chevaux

Le National avait lui opté pour un compromis et propose de fixer le plancher à 55 chevaux. Une solution suivie par les sénateurs. Pour avoir 30 chevaux prêts à l'engagement, il en faut 45 aux écuries ainsi qu'une dizaine de remontes, soit des chevaux de trois ans qu'il faut former, a expliqué au nom de la commission Anne Seydoux (PDC/JU).

Cet effectif permettra de remplir les missions de l’armée. Il assure également le contingent minimal pour les missions protocolaires. Les chevaux pourront aussi être utilisés pour des concours, des cours d'équitation pour officiers ou des activités culturelles comme la fanfare des écuyers ou les corps des dragons bernois.

Une proposition suivie "sans plaisir" par le ministre de la défense Guy Parmelin. Le gouvernement voulait réduire à 38 le nombre de bêtes. Un nombre suffisant selon lui. Pour autant, il a assuré qu'ils n'avaient pas "mangé les dix chevaux qui vont disparaître".

ATS