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samedi 21 avril 2018

Tariq Ramadan change de ligne de défense à cause d’une robe tachée de sperme


N'ayant jusqu'ici reconnu qu'un simple «flirt» avec l'une des trois plaignantes françaises, le prédicateur a finalement admis avoir entretenu une relation avec «Marie», juste après qu'a été ordonnée l'expertise d'une de ses robes tachée de sperme.

Séisme chez les soutiens de Tariq Ramadan, qui non seulement niaient farouchement la possibilité que l’islamologue helvète ait pu commettre des viols, mais assuraient sa parfaite rectitude morale. Le prédicateur, si prompt à dénoncer le péché d’infidélité, serait prêt à admettre avoir entretenu une «relation» avec la troisième plaignante française, surnommée «Marie», selon le quotidien 20 Minutes. Un aveu probablement précipité par une pièce à conviction pouvant appuyer ses dires : une robe noire tachée de sperme appartenant à la victime présumée, dont l’expertise ADN a été demandée le 18 avril dans le cadre de l’enquête.

Le trouble commence à saisir les partisans du prédicateur. Les soutiens de Tariq Ramadan qui avaient lancé le 16 mars 2018 une nouvelle cagnotte en ligne sur le site Launchgood pour financer son combat juridique, l’ont fermée le 19 avril, juste après l’annonce de cette relation, alors qu’elle atteignait la somme de 85 053 euros.

Le changement de ligne de défense est radical pour le prédicateur qui clamait jusqu’ici être victime d’une «campagne de calomnies». Le théologien s’apprêterait à avouer qu’il a bien eu une relation avec elle. 20 Minutes s’est entretenu avec Emmanuel Marsigny, l’avocat du prédicateur, qui a tenu à modérer cette révélation : «Tariq Ramadan ne conteste pas avoir eu une relation avec elle mais ce n’est pas la relation qu’elle a décrite.»

Les échanges entre Tariq Ramadan et Marie commencent également à filtrer, la quadragénaire ayant conservé des centaines de documents échangés avec le prédicateur entre février 2013 et juin 2014 : captures d’écran, SMS, photos et vidéos. La victime présumée allègue plus d’une dizaines de viols et une relation fortement teintée de sadomasochisme et de menaces, à laquelle elle a mis fin, débordée par l’excès de violences. La relation s’est ébauchée à travers une correspondance virtuelle romantique et érotique, dont le paparazzi Jean-Claude Elfassi, proche de deux des victimes, a produit certains extraits présumés. «Encore 48 h et tu seras mienne», «In sha Allah», aurait envoyé Tariq Ramadan à Marie.

Des rapports violents imposés par la pression

Le couple virtuel se serait ensuite donné rendez-vous à l’hôtel Radisson à Bruxelles. Mais les rapports sexuels violents que dit avoir subi la plaignante l'ont poussée à quitter les lieux précipitamment. Ce comportement aurait alerté le prédicateur qui aurait pensé être tombé dans un piège et aurait envoyé des SMS soupçonneux. Car le passé de Marie comporte une face sombre : ses activités d’escort girl à l’époque des frasques de Dominique Strauss Kahn, qui l'avaient même conduite à témoigner dans l’affaire du Carlton de Lille. Selon Marie, Tariq Ramadan se serait servi de son secret pour la menacer et la forcer à revenir vers lui, lui imposant des rapports sexuels avec violence à chaque rencontre. Elle affirme avoir réussi à s'émanciper de son emprise en juin 2014.

Tariq Ramadan est incarcéré en France depuis le 2 février à la suite d’accusations de viols de trois plaignantes. La sclérose en plaque dont il assure souffrir depuis 2006, dont le diagnostic a été confirmé par deux neurologues de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière le 18 avril, n’est en revanche pas jugé incompatible avec sa détention, actuellement à Fresnes (Val de Marne).