Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 27 avril 2018

Le rapport sur l’armée secrète P-26 publié


L'une des  "cabanes"  qui stockaient le matériel utile à la P26


Les relations entre l’armée secrète P-26 et des organisations analogues à l’étranger dans les années 1970 et 1980 sont enfin rendues publiques, dans une version anonymisée du rapport Cornu.


Cliquez sur l'image pour accéder au rapport Cornu


Le gouvernement veut contribuer à clarifier les questions historiques et politiques entourant l’organisation P-26, armée secrète créée en 1979 sans l’aval du parlement et financée par des fonds publics. Rien ne s’oppose aujourd’hui à la publication du rapport Cornu du point de vue de la protection des informations et des données, a annoncé mercredi le Conseil fédéral.

Ce rapport avait été rédigé suite à l’enquête administrative du juge d’instruction neuchâtelois Pierre Cornu. Remis au Conseil fédéral il y a vingt-sept ans, classifié «secret», il n’avait pas été publié, bien qu’une version anonymisée ait été réalisée. C’est à cette version, destinée à l’époque déjà au public, que l’accès est ouvert. Expurgée des contenus jugés dignes de protection, elle a été rédigée en allemand et en français. Aucune traduction en italien n’a été découverte. Le Conseil fédéral répond ainsi aux demandes d’historiens et de journalistes.

L’armée secrète P-26 a été dissoute en mars 1992. Selon le rapport, des «organisations de résistance» existaient dans divers pays européens. Les représentants d’organisations de pays de l’OTAN se réunissaient dans des comités internationaux qui n’étaient pas liés organiquement à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.

Projet «Harpoon»

La P-26 ne participait pas à ces comités et n’entretenait pas de relations avec eux ni avec d’autres communautés internationales dans ce domaine. Elle a en revanche eu des relations bilatérales avec des services officiels britanniques via notamment la participation de cadres à des cours et exercices réguliers en Grande-Bretagne.

Un des comités internationaux a décidé vers 1983 de faire mettre au point, par une entreprise allemande, un nouveau système de transmission destiné à ses membres (projet «Harpoon»). La Suisse a acheté des centrales et des stations de campagne principalement pour la P-26. Au moment de l’acquisition, les responsables suisses pouvaient se douter qu’elles seraient utilisées par les «organisations de résistance» de divers pays de l’OTAN.

Un accord avait été trouvé entre les services suisses et britanniques pour l’installation d’une centrale suisse «Harpoon» dans une base située en Angleterre. Mais la centrale suisse n’y a en fait pas été installée. Un exemplaire de la copie publique ainsi qu’une version intégrale du rapport Cornu sont déposés aux Archives fédérales. Cette dernière reste classifiée «secret» et ne sera pas rendue publique. Conformément à la loi, elle est soumise à un délai de protection de 50 ans, soit jusqu’en 2041.


ATS