dimanche 4 mars 2018
Un sympathisant de Daesh a tenté de lever une armée d'enfants djihadistes dans une mosquée de Londres
Un enseignant d'études islamiques dans une mosquée et une école de Londres a tenté de lever une «armée d'enfants», selon la police. Il montrait à ses élèves des vidéos de propagande et leur faisant reconstituer des attaques sur des policiers.
Dans l'intimité de la mosquée de Ripple Road dans l'est de Londres, ainsi que dans l'école islamique privée Lantern of Knowledge, Umar Haque, 25 ans, s'attelait à radicaliser des enfants. L'homme qui se présente comme en enseignant bien qu'il n'en ait pas les qualifications supervisait des classes d'enfants âgés de 11 à 14 ans durant lesquelles il faisait de la propagande djihadiste, selon des informations rapportées par le Guardian.
Durant ses «cours», Umar Haque, qui avait confié à ses élèves être en contact avec le groupe terroriste Daesh, avait notamment mis en place des jeux de rôles. Incarnant policiers et agresseurs, les élèves devaient rejouer des attaques sur les forces de l'ordre perpétrées par des terroristes. Les sessions comportaient également des démonstrations sur la méthode à employer pour décapiter un homme. Le djihadiste poussait en outre les élèves à s'entraîner physiquement en leur faisant faire des pompes, de la course à pied et en les faisant se battre entre eux.
Umar Haque n'hésitait pas non plus à montrer aux enfants de nombreuses vidéos des exactions commises par les terroristes au Moyen-Orient : décapitation, personnes jetées du haut d'un immeuble, ou encore l'exhumation du corps d'un enfant.
«Son plan était de lever une armée d'enfants pour commettre des attaques dans Londres», a révélé le responsable du contre-terrorisme de Scotland Yard, Dean Haydon, cité par le Guardian. «Il avait ordonné aux enfants de ne rien dire concernant ces activités, ni à leurs enseignants ni à leurs parents. Nous étions confrontés à un mur de silence», a-t-il encore confié. La police estime que Umar Haque a tenté de radicaliser au moins 110 enfants.
Jugé par un tribunal londonien, il a été condamné le 2 mars pour d'autres faits de terrorisme, notamment pour avoir fomenté des attentats contre des sites emblématiques tels que Big Ben et l'aéroport d'Heathrow. Au cours de son procès, il a notamment admis avoir diffusé des vidéos de propagande djihadiste en classe pour ses élèves.
«Les filles étaient à nos pieds !»
Le Figaro est allé à la rencontre d'anciens enfants-soldats de l'Etat islamique qui ont combattu en Irak. Exactions, torture, décapitations : ils racontent l'horreur de la guerre mais aussi l'emprise du groupe terroriste.
Alors que la guerre contre Daesh est terminée en Irak, les autorités doivent gérer le devenir des combattants étrangers, mais aussi celui, plus complexe des milliers d'enfants soldats recrutés par le groupe terroriste. Le Figaro a publié un reportage dans son édition du 2 mars après s'être rendu dans un camp à Erbil, dans le Kurdistan irakien, pour interroger ces jeunes enrôlés par l'Etat islamique (EI).
Dans une ancienne prison reconvertie en centre de détention et de réhabilitation pour mineur, conçue pour accueillir 120 personnes, 460 prisonniers s'entassent. 309 sont d'anciens membres de Daesh. «Nous sommes débordés», confie la directrice du centre, précisant qu'il y avait eu une arrivée massive après la chute de Mossoul en août dernier. «Ces enfants soldats sont un nouveau phénomène pour nous», assure-t-elle, avant d'expliquer que l'extrémisme avait toujours été présent en Irak mais que les autorités n'étaient pas préparées à de tels profils «en si grand nombre».
«Je les ai rejoints pour leurs idées. A la mosquée, on me répétait que la charia et Abou Bakr al-Baghdadi étaient les voies à suivre [...] Beaucoup de jeunes étaient, comme moi, fascinés par les hommes de l'EI», confie Adel, qui s'est engagé dès l'âge de 15 ans au sein de l'armée de l'EI. A l'instar des autres jeunes du centre, il soutient ne pas avoir tué, mais décrit les scènes d'horreur auxquelles il a assisté : «J'ai vu beaucoup d'exécutions, de décapitations et de tortures. Des homosexuels étaient jetés du haut des immeubles.» S'il condamne aujourd'hui les exactions du groupe terroriste, d'autres sentiments surgissent au détour d'une phrase : «On était les rois. Les filles étaient à nos pieds !» Puis il se reprend rapidement, expliquant qu'il y avait bien des épouses à vendre à Mossoul, mais qu'elles étaient destinées aux cadres de Daesh : «Avec ma solde de 50 dollars par mois, je n'avais pas les moyens d'acheter une femme.»
Mustafa, 17 ans, qui s'est également engagé volontairement, explique avoir suivi une formation en trois étapes : la charia, l'entraînement physique, puis le tir. Racontant avoir combattu six mois en première ligne à Mossoul, il glisse quelques confidences sur les étrangers qu'il a rencontrés sur le front. «Les Français sont les plus durs. Ils sont plus cruels. Ils n'hésitent pas. Ils ne doutent pas», lance-t-il ainsi. «Moi, après avoir vu autant de morts et de massacres, j'ai flanché et j'ai eu peur», affirme l'adolescent. Mais son engagement était mû par la récompense promise aux djihadistes : «J'étais sûr de mourir en martyr et d'aller au paradis pour avoir les 72 vierges.»
Pour Shwan Saber Mustafa, fonctionnaire au sein de cette prison, les autorités ne sont «pas à la hauteur de la menace» et ne fournissent pas assez de moyens pour réhabiliter ces jeunes. «Si ces enfants sont des victimes, ils sont aussi très dangereux. Ces programmes, encore insuffisants, ne sont possibles que grâce à l'aide des ONG», soutient-il. «La guerre contre l'Etat islamique semble finie mais ce n'est en réalité qu'un début. La région compte près de 4 000 mosquées et la radicalisation des esprits s'accentue. Le pire est à venir car Daesh est dans les têtes», prévient-il, estimant qu'une seule chose était à même de contrer le phénomène : l'éducation.