Le comparatif effectué par Olivier Berruyer sur le site les-crises.fr.
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La carte des forces en présence dans la banlieue de Damas proposée le 3 mars par le quotidien français du soir diffère de celle qu'il avait partagée sur Twitter le 28 février :Le groupe Faylaq Al-Rahman n'y est plus étiqueté comme islamiste.
Que s'est-il passé en l'espace de cinq jours ? Comme l’a repéré le blogueur Olivier Berruyer, qui administre le site les-crises.fr, la carte des groupes armés officiant dans la Ghouta orientale proposée le 3 mars par le journal Le Monde sur le compte Twitter Le Monde en cartes est différente de celle qu'avait diffusée le quotidien sur son site internet le 28 février.
Parmi les groupes cités, Faylaq Al-Rahman [La légion du tout-miséricordieux], groupe islamiste proche des Frères musulmans, avait d’abord été présenté dans l'infographie comme se revendiquant «de l’Armée syrienne libre, à dominante islamiste».
Le groupe djihadiste «n'a pas d'idéologie très marquée»
Quelques jours plus tard, le groupe est simplement présenté comme affilié à l’Armée syrienne libre. La mention «à dominante islamiste», elle, a disparu.
En l’espace d’un an, la description de ce groupe par le quotidien a aussi évolué. En 2017, Le Monde décrivait dans son édition du 22 mars le groupe Faylaq Al-Rahman comme «une coalition de brigades à dominance islamiste qui se revendique de l'Armée syrienne libre». Le 3 mars 2018, le quotidien explique pourtant que le groupe «n’a pas d’idéologie très marquée». Le Tony Blair Institute for Global change, un think tank créé par l'ancien Premier ministre britannique, affilie lui au moins depuis 2016 le groupe aux Frères musulmans et précise que c'est «une faction islamiste armée».
Selon Olivier Berruyer, «Le Monde dissimule ni vu ni connu la nature islamiste d'un des principaux groupes rebelles présents dans la Ghouta». Un type de couverture médiatique qui «fait clairement le jeu des djihadistes», poursuit l'intéressé.
Région à la fois urbaine et agricole située en banlieue de Damas, la Ghouta est le dernier bastion des rebelles islamistes dans cette région. Différents groupes armés bombardent régulièrement Damas. En réaction, l'armée syrienne a lancé le 18 février une offensive de grande envergure pour y mettre fin. Depuis le 27 février, une trêve quotidienne de cinq heures a été décrétée par Moscou, sans pour autant que cessent les combats.
Les pays occidentaux pointent du doigt la responsabilité du gouvernement syrien, l'accusant de viser les civils, mais Damas et Moscou soulignent que les groupes djihadistes retiennent la population civile en otage pour en faire des boucliers humains tout en tirant sur les couloirs humanitaires pour dissuader de fuir ceux qui en auraient la vélléité.