dimanche 25 février 2018
Le FSPRT porte ses fruits : deux attentats ont été déjoués en France depuis le début de l'année
Depuis le 1er janvier, nous avons déjoué deux projets d’attentats, qui n’étaient pas encore totalement finalisés mais où un certain nombre de gens étaient en train de vouloir commettre des attentats. […] L’un « contre un grand équipement sportif et l’autre contre les personnels de l’armée. […] L’un dans le sud et l’autre dans l’ouest de la France », a déclaré le ministre, à l’antenne d’Europe1, ce 25 février, sans donner de précisions sur les cibles visées ainsi sur les lieux où ont été arrêtés les terroristes.
Les individus qui planifiaient ces attentats ont été interpellés et sont « en prison », a continué M. Collomb. D’après lui, ils étaient « suivis » car « c’est comme ça d’ailleurs qu’on a pu déjouer » leurs projets. En outre, a-t-il ajouté, ce n’était « pas des fichés S mais des fichés FSPRT (Fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste).
Le FSPRT, créé en mars 2015, concerne au moins 15.000 individus (dont 4.000 seraient prêts à passer à l’acte), connus et signalés pour leurs liens avec la mouvance islamiste radicale. Les personnes jugées « moins dangereuses » sont suivis par Service central du renseignement territorial (SCRT) tandis que celles susceptibles de commettre un action violente relèvent de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Le FSPRT paraît plus pertinent que celui des fichés S (S pour « atteinte à la sûreté de l’État ») dans la mesure où ce dernier est une sous-catégore d’une base de données plus large, en l’occurrence celle des personnes recherchées (FPR). En outre le fichier « S » ne concerne pas uniquement les individus en lien avec la mouvance jihadiste.
Quoi qu’il en soit, le ministre de l’Intérieur a prévenu que la menace terroriste allait « encore durer plusieurs années ». Et il a également indiqué que trois mosquées avaient été fermées ces derniers mois pour « apologie du terrorisme » à Aix-en-Provence, Marseille et Satrouville.
Un Suisse romand radicalisé était le cerveau de la cellule djihadiste prête à entrer en action en France
Ce Vaudois de 27 ans prévoyait une attaque à Nice au moyen de grenades ou d'une voiture-bélier. Le 14 juillet 2016, un camion a foncé sur la foule massée sur la promenade des Anglais après le feu d'artifice de la fête nationale française, tuant 86 personnes et en blessant plus de 400 autres.
Responsable de l'achat des armes au sein de son groupuscule, l'individu a coordonné les préparatifs de cet acte sur la messagerie cryptée Telegram. Au moment de son interpellation, Paris décrivait cet Yverdonnois comme un «prétendu imam» qui aurait endoctriné les autres, ainsi qu'un ancien militaire de 65 ans converti à l'islam. La chaîne d'information LCI avait par ailleurs déjà révélé que cet homme, qui jouait le rôle d’émir du groupe, évoquait dans ses discussions sur Telegram le «rêve d'un attentat plus meurtrier» que ceux de 2015 en France.
La «NZZ am Sonntag» raconte que ce jeune de 27 ans a attiré l'attention des autorités suisses après une plainte à son encontre pour violence domestique. Incarcéré pendant 5 mois, il aurait tenté de radicaliser ses codétenus tout en clamant sa sympathie pour le jihad.
Des attentats prévus en Suisse
Début février, on apprenait que la compagne du Vaudois, arrêtée au domicile du couple à Neuchâtel au mois de novembre, avait été libérée puis... remise en prison, car elle est menacée d'expulsion du territoire suisse. Selon le journal «24 heures», le dossier contre l'amie du Vaudois radicalisé s'est dégonflé au fil de l'enquête. Or des recherches de la «NZZ am Sonntag» et de l'émission «10 vor 10» de la télévision alémanique SRF dressent un autre tableau. La jeune femme aurait non seulement incité son compagnon à commettre des actes de violence, mais aurait également joué un rôle actif, notamment en ayant planifié avec le Vaudois des attentats en Suisse.
«10 vor 10» est en effet parvenu à se procurer l'avis d'expulsion contre la Colombienne, émis par l'Office fédéral de la police. Selon ce document, le couple avait notamment prévu de faire dérailler un train en Suisse ou de perpétrer des attaques dans des clubs parce que les gens y consomment de l'alcool. Interrogée en prison par les journalistes de la télévision alémanique, la Colombienne a cependant tenté de minimiser les faits en disant que rien de concret n'avait été planifié et qu'il s'agissait seulement de pensées abstraites. Reste que son expulsion signifie qu'elle représente un danger pour la Suisse. Le dominical rappelle qu'une expulsion peut uniquement être demandée si la sécurité de la Suisse est mise en danger.