Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 24 février 2018

L'assassinat de JFK : autopsie d'un coup d'Etat (7/7)


Partie 31

Une CIA divisée dans l’appréciation du phénomène Castro, voilà ce que l’on trouve en 1956, année où Fidel a débarqué sur l’île de Cuba, sur le yacht Granma, affrété depuis le Mexique par un millionnaire mexicain, Antonio del Conde (1).  Un débarquement à moitié raté, qui a obligé l’opposant à Batista à se réfugier dans les montagnes, s’il voulait continuer le combat, en perdant déjà 75% de ses troupes.  Tout allait se jouer en fait de 1957 à 1959.  Trois années d’abandon progressif de Batista par les USA, surpris par la violence de la répression dans le pays, puis le soutien à Castro… pour en finir avec une rupture franche, dès la découverte de liens étroits entre Fidel et les soviétiques.  Les USA pouvaient s’estimer avoir été bernés par un homme aux talents évident de séducteur des foules (et des femmes, comme Kennedy).  De là est née une rancune plus que tenace, qui n’a pris fin que fort récemment avec le pas en avant de Barack Obama (un rapprochement qui déplaît tant déjà à son successeur).  Au milieu de ce chaos, la CIA n’a eu de cesse de se compromettre, ne sachant plus qui soutenir, en réalité.  Et de se mettre en porte-à-faux avec le pouvoir politique plus qu’indécis lui aussi, censé lui dicter ce qu’elle devait faire… ou pas.



C’est une CIA déboussolée qui tente de gérer ses propres erreurs, déjà, au seuil des années soixante.  A la tête de l’organisation, on l’a vu, on a quelqu’un, Allen Dulles (ici à droite avec Kennedy (2), qui s’est fabriqué un Etat dans l’Etat, et qui dirige un organisme à vue, selon des orientations changeantes, consistant à répandre le feu d’un côté pour apparaître après en pompier salvateur, ou à fournir de l’autre à Batista des bombes au napalm, par exemple, bombes qu’un conseiller d’ambassade trouvera même un peu « disproportionnées » pour lutter contre une insurrection intérieure. Dulles était atteint du principe de Peter il semble bien :  il était arrivé au stade ultime de son incompétence, qu’il avait réussi à masquer en mettant en valeur ses actions d’éclat, ou celles présentées comme telles.  En un premier temps, donc, ayant décidé de se passer de Batista, devenu incontrôlable, et après lui avoir versé des monceaux d’armes pour s’apercevoir que ça ne servait à rien, la cause étant perdue, le voilà qui lorgne sur Castro, et inverse donc le sens des livraisons d’armes, après avoir carrément interrompu en 1958 celles destinées à Batista, et rayé de ses  espoirs à vouloir contenir la contagion communiste propre à abattre le dogme US du capitalisme.  Signalons que l’installation de la base navale de Guantanamo est due au règne du dictateur, et que le retour en politique de Batista avait largement été financé par la mafia en la personne de Meyer Lansky.  L’Etat de Batista était donc vite devenu par principe un état mafieux, où les casinos avaient amoncellements des dollars qui n’avaient enrichi en rien le pays, dont l’économie s’était effondrée, plombée également par les sommes dépensées dans les infrastructures militaires ou empochées par la corruption endémique (lorsqu’il s’échappe du pays, le 1er janvier 1959 , Fulgencio Batista s’enfuit à Saint-Domingue avec ses proches en emportant 40 millions de dollars !!!).



De 1958 à 1960, voici donc les Etats-Unis à compter les points pour savoir qui va rester au pouvoir ou qui va partir, pour sauvegarder ses intérêts économiques sur place (3).  Pour la façade, la doctrine US est officiellement de non ingérence, mais comme on l’a vu, fin 1957 un camp a déjà été choisi, et c’est celui de… Fidel Castro, qui, à l’époque n’a toujours pas fait allégeance au communisme, l’opposition à Batista dans laquelle il s’insère n’étant pas dominée non plus par cette idéologie, à la base.  On comprend mieux alors pourquoi donc la CIA s’est efforcée, via des gens comme Jack Ruby, à fournir en armes un Castro dont on espérait tout le contraire de ce qu’il allait rapidement montrer.  Au départ, la nomination d’un président intérimaire par Fidel, rassure beaucoup les américains.  Les envois d’armes à Castro, on l’a vu, considérés comme « illégaux », selon la loi US de non ingérence, se sont multipliés durant la période 58-59, les arrestations régulières d’agents pro-castristes, obligées par la loi de non-ingérence, ne les freinant que fort peu.  Et comme on a vu ou va le voir aussi ici-même, les agents du FBI avaient reçu l’ordre de fermer les yeux, pour les envois vers Castro à partir de 1958.  Des américains qui paraissent bien confiants en ce qui le concernait… avaient-il déjà piégé l’homme, ou son équipe, pour l’afficher autant ???

Une (forte) personnalité d’opposition se dégage de l’ensemble

…peut être bien, avec une personnalité étonnante apparue au sein même des troupes castristes.  Au milieu de ce panier de crabes, un homme surprenant est en effet rapidement apparu : Frank Sturgis, de son vrai nom Frank Fiorini.  L’un des plus intrigants personnages de la saga.  C’est en effet un ancien Marine US, reconverti en manager de bar en 1948, à Norfolk (au « Havana-Madrid ») avant d’aller séjourner à nouveau à l’armée, pour se voir assigné à Berlin et Heidelberg (pour se familiariser aux techniques de contre-insurrection semble-t-il) puis de réapparaître, toujours à Norfolk, au Café Society et ensuite comme dirigeant de Night-Club au Top Hat Nightclub à Virginia Beach (situé près de Norfolk, c’est une grande cité touristique de l’Est américain).  Un parcours qui tout de suite étonne.  L’homme a acquis rapidement plus que de l’entregent :  au milieu des années 50, il a déjà beaucoup voyagé (au Mexique, au Venezuela, au Costa Rica, au Guatemala,  au Panama et au Honduras, des endroits où la CIA comme par hasard a des fiefs sûrs), avant de venir se fixer à Cuba en 1956, attiré semble-t-il par l’argent que lui procurent des hôtels dans lesquels il a investi, ou les jeux d’argent, favorisés sous Fulgencio Batista comme on l’a vu.  Il est passé en effet de Miami à Cuba en 1957, la femme de son oncle Angelo Vona l’ayant alors mis en relation avec Carlos Prio, l’ancien président évincé par Fulgencio Batista.


Bien entendu, dans la presse américaine, il sera présenté seulement comme un idéaliste, désireux de mettre fin au régime honni de Batista, avec l’aide de quelques amis.  On le comparera même parfois à une sorte de James Bond, laissant supposer d’autres liaisons avec les pouvoirs en place dans les pas qu’il avait visités.  A Cuba, son habilité à manier les armes (et s’en procurer) en a vite fait un homme fort du pays, alors en pleine opposition à Batista.  Il deviendra plus tard de façon surprenante le responsable de la sécurité de l’aviation cubaine, et sera d’abord chargé d’entraîner les hommes de Castro à la guérilla, dont un certain… Che Guevara.  Une photo (douteuse) existe des deux personnages, ensemble dans un camp clandestin de l’Oriente à Cuba, en 1958 (ci-contre, mais rien n’assure que ce soit bien un « Che » plutôt émacié à sa droite !)).



Pour ce qui est de l’argent nécessaire, il est évident qu’elle provient davantage de ses capacités à mettre en place des réseaux de trafics d’armes (et de drogue, les deux fonctionnant en même temps) que de sa gestion de lieux de plaisir.  Difficile aussi d’imaginer que les lieux où il s’est rendu auparavant, tous occupés par une intense activité de la CIA n’en fasse pas un membre à part entière de cette compagnie. Pour Castro, il achètera donc des armes chez Samuel Cummings, que vous connaissez bien désormais, puisqu’il fournissait les deux camps (4), voire le monde entier.  Mais aussi, il semble bien, à Jacky Ruby et à Oswald, via l’intermédiaire de Lewis McWillie, le patron du Casino Tropicana.  Sturgis, auprès des cubains, se fera aussi l’ami de Camilo Cienfuegos, dont la montée en puissance fera de l’ombre, progressivement, à Fidel Castro (à gauche les deux sont photographiés ensemble sur une des jeeps déjà citées ici).


Cienfuegos, plutôt libertaire que communiste, arrivé à Cuba lui aussi par le Granma, aura la mauvaise idée le 28 octobre 1959,  de s’envoler à bord d’un Cessna 310 pour ne plus jamais revenir, laissant planer toutes les interprétations sur sa disparition.  Pour ce qui est de Sturgis, tout le monde s’étonne encore aujourd’hui de ses surprenantes facultés à faire parvenir des armes des USA… alors que d’autres se font arrêter les uns après les autres comme on a pu le voir.  Si on relit les épisodes précédents, on comprend vite pourquoi :  c’est qu’à Washington, on a décidé de laisser faire… un homme de la CIA.  Et cet homme, c’est Frank Sturgis, qui est aussi pilote à ses heures !

Des contacts pris en 1958


Frank Sturgis, et ses contacts au sein de la CIA nous indique le livre « The Secret War: CIA Covert Ops Against Cuba »(de Fabian Escalante, l’ancien responsable des services secrets cubains) :  « dans les années 1950, la CIA l’avait relié à Carlos Prio en Floride, dont il avait gagné la confiance.  Il y établit des relations avec les exilés pour mobiliser des ressources et des armes en Amérique latine pour les rebelles.  Au Mexique, il a rencontré Pedro Luis Diaz Lanz, un pilote cubain qui devint plus tard un traître à la révolution cubaine.  Diaz Lanz était impliqué dans le mouvement révolutionnaire et était installé au Mexique, pour lever de l’argent et des armes pour les envoyer aux rebelles dans la Sierra Maestra.  La fureur de Sturgis lui valut bientôt la faveur de Diaz Lanz, qui a commencé à l’inclure dans ses incursions secrètes à l’île.  En août 1958, son opportunité est enfin venue.  Ses supérieurs à la CIA l’ont pressé de prendre contact direct avec Fidel Castro et ses fidèles pour évaluer leurs intentions politiques, dans le cas où ils arriveraient à renverser Batista.  Un petit avion a été installé dans un aéroport secret au Mexique et Sturgis a été enrôlé comme copilote de Diaz Lanz sur une mission de transport d’une importante contrebande d’armes à Cuba.  Le 28 août, ils ont atterri avec succès dans un lieu connu sous le nom de Cayo Espino près de la Sierra Maestra. Cependant, l’Air Force de Batista, qui avait été informée par leurs agents au Mexique, qui maintenait la région sous surveillance constante et a découvert l’avion sur la minuscule piste d’atterrissage improvisée.  Ils l’ont détruit avec leurs mitrailleuses et Diaz Lanz et Sturgis ont dû rejoindre temporairement la bande de guérilleros qui opérait dans cette zone ».

Des avions… et des pilotes



L’autre pilote, cubain celui-là, qui va faire ensuite des siennes s’appelle Pedro Díaz Lanz et travaille encore en 1957 chez Aerovías Q, l’une des lignes aériennes cubaines sous Batista, qui effectue des trajets en DC3 sur Key West en Floride, notamment.. La société embarque parfois de grosses Cadillac à bord d’un drôle d’appareil immatriculé CU-C-497, un avion fort rare :  un Budd Model RB-1, ex-U.S.N. JRB-3 Conestoga (ici à droite), engin de tansport à revêtement mince (ultra mince, mais en acier !).  Pour Castro, il en transportera, des armes, en provenance du Costa Rica ou de Floride mais avec d’autres appareils plus connus.  Les cubains « subtiliseront » en effet deux DC-3 de Cubana (le  CU-T266 et le CU-T8)  pour aller les dissimuler sur des pistes en terre de Mayarri Arriba, mais ils seront détruits par les B-26 de Batista.  Les cubains répondant avec un vieux Kingfisher N°50 de la Navy version terrestre piloté par  Silva Tablada et comme mitrailleur Leonel Paján.  Ils récupéreront plus tard  un T-28 Trojan, exemplaire cubain unique piloté par Jorge Triana (les autres attendus par Batista avaient été bloqués par les USA).  Ci-dessous, un C-46 de chez Aerovías Q :



Les eaux de Cuba contrôlées par la marine de Batista (et ses anciens chasseurs de sous-marins achetés après-guerre aux USA), l’approvisionnement en armes légères ne peut avoir en effet lieu que par air, ou presque (avec moins de risques disons).  Un Curtiss C-46 est donc loué à Miami par les castristes, pour 2000 dollars le vol, emportant des armes et des munitions aux rebelles cubains le 31 mars 1958 (là encore, on a du mal à imaginer que la CIA n’ait pas été derrière ce vol !).  Le pilote est bien entendu Pedro Diaz Lanz, le futur leader des FAR (il pilote habituellement les C-46 d’Aerovías Q, comme celui visible ci-dessus), mais l’appareil sera endommagé lors de l’atterrissage et détruit, pour ne pas tomber aux mains des forces ennemies.  On a vu aussi dans un autre épisode que des avions de la CIA on parachuté des armes aux troupes de Castro dont un appareil avec à bord celui qui deviendra le pilote personnel du Boeing 707 présidentiel de LBJ.  Les cubains essayant en même temps d’acheter des avions de chasse pour prendre le dessus sur les avions de Batista, dont les approvisionnements viennent alors d’être bloqués par les USA.  Un autre pilote, Michel Yabor arrivera à acheter le 18 novembre 1958 un Mustang des F-51D-30-NT numéro de série 45-11700 chez Leeward Sales aéronautique à Miami.  L’avion devenu FAR-400 avait été acheté en surplus de guerre, dépouillé de son matériel militaire et avait obtenu un registre civil, N5422V (marrant, il l’a récupéré depuis !) :  à l’époque les Mustangs, on le sait, faisaient des courses de vitesse, rappelons-le..


Un deuxième Mustang, un ex-Aviation Royale du Canada (RCAF-9233) F-51D-30-NA numéro de série 44-74505, avait été acheté lui aussi sur le marché civil américain (registre N68DR et plus tard N3990A) à Miami, par un dénommé « Allen McDonald », le faux nom d’un cubain (il est exposé depuis au musée de la Havane sous le FAR N°401).  Démunis de leurs armes, ils ne pourront servir tout de suite d’avions de combat.

La rupture

Devenu pilote de l’unique T-28 de l’armée de l’air cubaine (celui récupéré des troupes de Batista), puis très vite promu chef de l’Armée de l’Air révolutionnaire, voici Pedro Diaz Lanz qui est relevé de ses fonctions le 29 juin 1959 par Castro pour l’avoir trop critiqué (c’est à peine 6 mois après la victoire).  Le chef de l’opposition est déjà en train de muer en autocrate autoritaire, soucieux de ne pas se faire dépasser au sein même de son mouvement, présenté au départ comme « ouvert » à différentes tendances politiques.  Le lendemain avec femme et enfants, Lanz part pour la Floride, rejoignant les opposants à la dérive communiste qu’a débutée Fidel.  Huit jours plus tard à peine, il est rejoint par… Frank Sturgis, qui vient de faire de même !  Castro voit deux défections importantes coup sur coup lui filer sous le nez.  Et surtout deux opposants de poids, susceptibles de lui provoquer des ennuis.  Sur un des clichés d’un article non paru de LIFE sur les anticastristes réfugiés aux USA, une rangée de T-28 Trojan laissait entrevoir une armada d’appareils d’attaque au sol efficaces disponibles pour une invasion de Cuba (ce que la Baie des Cochons remettra en cause bien entendu).  En fait, dix avions qui devaient être fournis à l’origine à Battista (d’où leur décoration cubaine déjà faite) et qui n’avaient jamais été livrés !  On ne sait, mais on comprend mieux pourquoi le reportage de LIFE n’était jamais paru… après la révolution.  Ces T-28 ne seront pas davantage livrés et les castristes ne disposeront que d’un seul T-28, piloté par Jorge Triana comme on vient de le voir.  Les américains connaissaient bien ce T-28 Trojan : en octobre 1961, le Président Kennedy autorisera le déploiement du bataillon 4400 CCTS au Vietnam sous le nom de code de « Farm Gate« , qui consistait à former des pilotes sud-vietnamiens au bombardement avec cet appareil !

Un revirement à 360 degrés !


Dans cette optique, la surprise de la fin de d’année 1959 est donc une inversion totale des rôles et de la situation :  le 22 octobre 1959, un B-25 surgi des surplus rase les toits de la Havane et balance 200 000 tracts au dessus de la capitale, et repart comme si de rien n’était à part les tirs de DCA contre lui.  Castro s’époumone à la radio le soir-même, parlant « d’attaque de Pearl Harbour » au dessus de sa capitale.  Il ignore pour l’instant le nom des deux casse-cou qui étaient à bord ni d’où vient l’appareil : ce sont en fait Frank Sturgis et  Pedro Diaz Lanz !!!  Sur les tracts largués, figure même un manuel pour fabriquer des « pipe bombs » pour renverser le régime à qui il est conseillé de « mettre le feu »!!!



Selon Sturgis, un peu trop vantard semble-t-il, le passage très bas de son appareil avait fait que les avions cubains qui avaient décollé s’étaient tirés l’un sur l’autre, la DCA cubaine touchant le toit des maisons provoquant au total 36 morts ou blessés.  « Sturgis a dit à la Commission Rockefeller qu’il avait fait voler un avion qui avait été enregistré sous son nom à Miami ».  L’avion, ancien de la WWII, a effectivement été acheté à un broker local, indiquent les archives secrètes américaines :  mais c’est Lanz qui l’avait acheté, à Phoenix, en 1958, échangé contre une Cadillac et 1500 dollars en cash à Ben Whitfield, qui l’avait livré à la Havane.



L’avion était ensuite rentré aux Etats-Unis, mais sous le nom de propriétaire de Sturgis car il était citoyen américain.  On le retrouvera plus tard, lors d’un atterrissage forcé au Campeche, au Mexique. ré-immatriculé XB-MOP en août 1966 (ici à gauche), il était auparavant le N9495Z, acheté effectivement à National Metals Inc, de Phoenix, qui l’avait sorti du cimetière de Davis-Monthan (en Arizona) pour le faire voler.  Le genre de mise à jour qui sent bon la commande secrète d’Etat, pour tout dire, et non le simple contrat privé.  Le 20 janvier 1968, une bombe explosera dans son logement de train, un sabotage évident.  Il restera sur place, devenant une épave au fil du temps de 1968 à 1970.  C’était bien une intitiative de Sturgis, au départ.  « Au début, Sturgis et sa femme vivaient à Norfolk, en Virginie.  Il passait une grande partie de son temps à Washington, DC, en essayant de renouveler son permis de pilote et l’annulation de l’enregistrement du bombardier B-25, qu’il avait laissée à Cuba.



Le 1er juillet, 1959 Sturgis affirmé « qu’ il est allé à Cuba et a réalisé l’exfiltration de Pedro Diaz Lanz, malgré un ordre de tirer à vue émis par Fidel Castro. La CIA a affirmé « que « Pedro Diaz Lanz  a été clandestinement exfiltré de Cuba ».  Au retour à Miami, le pilote cubain apporte aux américains  des dossiers de choix : « Wallace Shanley a déclaré que Pedro Diaz Lanz lui avait apporté des copies des lettres des paiements de Fidel Castro d’éléments stratégiques de l’Union soviétique par le biais de la Banque de Nouvelle-Écosse, au Canada ».  La preuve que Castro s’orientait déjà vers l’URSS  et le communisme honni des USA : Dulles s’était complètement fourvoyé !!!  Et Nixon, à qui Castro avait serré la main (mais pas Eisenhower !) passait désormais pour un imbécile !!!  En voilà deux qui pouvaient ruminer une acrimonie et commencer à souhaiter voir Castro disparaître !  Lantz était arrivé aux USA avec son frère Marcos, qui avouera n’avoir pas fait de différences entre les officiels qui l’avaient reçu et les gens de la CIA !!!  Lucide, il souhaitait un renversement rapide de Castro et du petit noyau de marxistes à la tête du mouvement… pas censés nécessairement devenir majoritaires dans un proche avenir.  Comme rien ne se fera dans les mois qui suivront, on en concluera qu’Allen Dulles, pourtant adulé par tous comme « visionnaire » aux méthodes musclées, n’avait toujours rien vu venir de ce qui allait se passer désormais à la Havane (le memo du FBI du 26-10-1959 sur l’expédition du B-25) !!!

Que faire des remuants cubains expatriés, ces têtes brûlées anti-Castro ?

Mais on apprenait autre chose aussi juste après son arrivée en Floride :  très vite, Lanz s’était retrouvé avec un autre appareil entre les mains :  « A ce propos, il y avait une piste d’atterrissage à Fort Lauderdale appelé Prospect Hills, elle n’était pas beaucoup utilisée, c’était un champ d’aviation auxiliaire pendant la seconde guerre mondiale.  Il y a là maintenant une station service.  Eh bien, quand un arpenteur est arrivé là-bas et a découvert le Lodstar de Lanz chargé d’armes, il me l’a raconté.  J’ai bien vite retrouvé l’avion, vide, à West Palm Beach.  Il n’avait pas de valises.  Pedro était là.  Il avait 200 000 $ en billets de 100 $ dans un sac en papier.  Il m’a offert l’argent et m’a demandé de ne pas saisir son avion.  Il m’a dit :« Je n’ai pas de types comme Fiorini pour aider les gens à me faire enregistrer en Amérique.  C’est la chose la plus difficile ».  À l’automne 1959, le Département d’Etat était sur le point d’honorer la demande de Cuba pour l’extradition de Pedro Diaz Lanz. Pedro Diaz Lanz était perçu « par de nombreux libéraux comme un traître et un criminel.  Hunt a écrit sur les attaques contre lui « il se souvient des attaques libérales du sénateur Joe McCarthy.  « Après que Pedro Diaz Lanz a été cité à comparaître à nouveau par le comité du Sénat sur la sécurité intérieure, la procédure d’extradition a été abandonnée.. »  Comment donc Lanz avait pu entrer en possession d’un avion rapide (et coûteux), le préféré des trafiquants de drogue de l’époque ?  C’est que quelqu’un lui avait offert, pardi !  Certes, mais qui donc ?

L’argent de Masferrer et du roi de l’aluminium derrière les anti-castro



C’est l’épluchage des textes des archives du FBI qui nous donne en effet la solution.  Le 10 juillet 1959, un câble sur « les activités anti Fidel Castro et la sécurité interne à Cuba » nous indique que Portuondo, ancien ambassadeur au Liban et aux Nations Unies est derrière le mouvement contre Castro, et que l’argent de ce mouvement provient du fameux Masferrer. Mais que derrière il y a aussi un « financier de 92 ans », appelé Arthur Vining Davis, qui n’est autre que le fondateur de la société Aluminum Company of America, plus connue sous le nom d’Alcoa, habituellement présenté comme étant un simple « philanthrope » !!!  Cela s’explique en fait, Davis s’étant tourné vers des investissements immobiliers hasardeux en Floride, dans les Keys, et aux Bahamas, avant d’acheter des terres à Cuba, la plus grande partie de l’île des Pins devenue Isla de la Juventud sous Castro (dans laquelle il avait été emprisonné), et d’en avoir été ensuite chassé par Castro !  Le câble avait repéré 4 appareils bien précis, « réservés chez le broker Madden and Playford : des Lodestar, tous enregistrés en « N777 » : le N777X, le N777Z et le N777L, à savoir les numéros 2079 – ancien Pacific Alaska Airways-, 2074 et 6290  et le 2051 (voir ici), plus un « Twin engine Beachcraft » (un Expeditor C-45) numéro 51-11526, (N° de fabrication 64, futur N5293V), celui-ci acheté à Delta Leasing Corporation à Miami.



Cet avion ayant été acheté avec l’aide financière du Comité anti-castro.  Pedro Diaz Lanz avait hérité, donc, d’un de ces appareils rapides, préféré des trafiquants de drogue, et l’un de ces 4 Lodestar aurait conduit Francisco G. Cajigas le leader du mouvement anti-batiste Unidad Cubana de Liberacion (UCL) – ayant pour chez militaire General Jose Pedraza- de l’île des Pins à Miami à la chute même de Batista.



Selon le même câble, on apprenait que Cajigas était l’ami proche de Davis, membre influent de la CIA à La Havane.  Cajigas ayant ensuite atterri près de la résidence apparemment occupée par le Dr. Garcia Navarro, le fils d’Emilio Nunez Portuondo, diplomate respecté qui est un des leaders du groupe  des « quarante à cinquante » opposants à Castro.


Selon le même câble, « des athlètes cubains en bonne condition physique, experts en natation sous-marine en démolition se préparaient à un projet de sabotage contre Castro ».  Pedraza préparant une force d’invasion lui aussi aidé par le président dominicain Trujillo.  En réalité,  le richissime Masferrer avait acquis pas moins de 14 Lodestar, dont par exemple le N777FK (ici à gauche), numéro de départ 18 2421 (un C-60 de l’armée), acheté le 22 juin 1956 exactement. Cet avion précis est fort intéressant, car on le retrouvera fort discrètement sous les couleurs belges… au Congo (OO-CAV, pour la Sabena, ici à droite), terre d’intense activité aussi pour la CIA comme on le sait !!!  En somme, et en résumé, les gens du FBI notaient les déplacements des avions que gérait la CIA !!!  La CIA, avec des pilotes et hommes de main comme Lanz, puisqu’on retrouvera ce dernier cité dans une toute autre affaire plus tardive.  Celle de l’assassinat le le 21 septembre 1976, d’Orlando Letelier, ministre du gouvernement socialiste élu de Salvador Allende et ambassadeur aux États-Unis.  Un assassinat sur lequel la CIA aurait fermé les yeux.  On retrouvera parmi le carnet d’adresses d’un détenu lié à l’affaire celui de l’ambassadeur du Chili à Washington mais aussi celui de… Pedro Diaz Lanz, qui aurait été impliqué !!!


Dans le procès qui suivra, le rôle trouble de Michael Townley, homme de la terrible DINA, la police politique de Pinochet, qui avait déjà travaillé quelques années auparavant pour la CIA et sera également un membre actif de l’Opération Condor ne sera pas évoqué.  On relèvera aussi  dans ces archives, pleines de ressources, que Townley était aussi en contact avec un ancien membre français de l’OAS  :  Albert Spaggiari !  Et qu’il avait bien accusé cinq anti-castristes cubains d’être à l’origine de l’assassinat, dirigé selon lui par Carriles !!!  Lanz décrira au FBI ses autres rencontres (ci-contre à droite), à savoir celle avec le pilote mercenaire Alex Rorke, qui était en fait le beau-fils de Sherman Billingsley, le bootlegger du célèbre Stork Club, ce qu’on avait aussi oublié.  Mais aussi avec Carlos Bringuier, le responsable des étudiants opposés à Castro, le Directorio Revolucionario Estudantil, ou Student Revolutionary Directorate (DRE).  Un Bringuier qui sera arrêté en même temps qu’un certain Lee Harvey Oswald, pour distribution de tracts totalement opposés en contenu à la Nouvelle-Orléans !!!  Lanz, qui connaissait aussi Barker, qui lui-même détestait Artime, au prétexte que son père aurait été communiste en Espagne !!!  En résumé, la CIA orchestrait donc bien l’anti-castrisme… après avoir fourni Castro en armes !  D’autres pilotes seront recrutés par Masferrer, les premiers eux aussi pour lutter contre Batista, au départ :  « en 1962, Ferrie a alors commencé à voler sur des frappes aériennes et des missions d’approvisionnement secrètes vers Cuba.  Récemment, des documents déclassés du Département d’État révèlent que David Ferrie travaillait pour Rolando Masferrer, l’un des hommes de main les plus craints de Batista qui était connu comme « El Tigre ».  Le plus proche associé de Ferrie à cette époque, était Eladio DelValle, un recruteur pour Masferrer.  DelValle était un trafiquant de stupéfiants et trafiquant à Cuba pré-révolutionnaire qui travaillait pour Dos Santos Trafficante » peut-on lire ici.  On retrouvera, on l’a vu, DelValle, supporter de Batista, sauvagement assassiné le 22 février 1967, quelques heures après la mort de… David Ferrie, imputé à une « crise cardiaque »… une série d’assassinat dictés par la CIA, comme l’indiquera la Commission Church, un des rares moments de lucidité de la démocratie américaine.

La confrontation avec le pouvoir des Kennedy


Sturgis, Marcos et Lianz préparaient aussi une invasion maritime (on les voit ici sur un bateau de type rapide) : « Le 31 mars 1963 le ministre de la Justice Robert Kennedy a tiré son premier coup de semonce dans la mise en œuvre d’une politique pour empêcher les réfugiés cubains d’utiliser le territoire des États-Unis pour organiser ou lancer des raids contre Cuba.  Le ministère de la Justice a ordonné que dix-huit Cubains dans la région de Miami, qui étaient déjà impliqués dans des raids, de limiter leurs mouvements à Dade County (ou, dans certains cas, aux États-Unis), sous la menace d’une arrestation ou d’expulsion.  L’un d’eux était Antonio Veciana chef d’Alpha 66 (« U.S. Curbs Miami Exiles t o Prevent Raids on Cuba, «  New York Times (April 1, 1963).



Antonio Veciana a dit le journaliste Dick Russell, était parmi ceux à qui le président Kennedy avait donné l’ordre limité à Dade County.  (L’homme qui en savait beaucoup trop (New York: Carroll & Graf, 1992), p 297.).  Une semaine plus tard, les Gardes côtes de Floride, travaillant de concert avec les responsables britanniques aux Bahamas, saisissaient une série de bateaux rebelles cubains, arrêtaient leurs groupes de commandement avant qu’il n’attaquent des navires soviétiques près de Cuba.



Les premières arrestations et confiscations en bateau ont donné lieu à des reportages confus qui reflétaient le conflit interne du gouvernement entre Kennedy et la CIA. Le propriétaire d’un des bateaux confisqués, Alexander I. Rorke, Jr., a dit au New York Times que «le gouvernement des Etats-Unis, par l’Agence centrale de renseignement avait eu connaissance à l’avance des voyages de son bateau, le Violin III dans les eaux cubaines.  Rorke a déclaré que « la CIA avait financé les voyages du Violin III . « Il ajoutait  que son bateau, s’il était libéré, « serait utilisé dans les opérations futures de Cuba.  « (« Seized Boat’s Owner Says U.S. Knew in Advance of Cuba Raids ,  » New York Times (April 3, 1963) ».

Le pouvoir de Washington se voyait régulièrement tancer par les expatriés chassés de Cuba, dont la fureur à vouloir envahir le pays était alimentée par des sources financières alliant la mafia, chassée de ses florissants casinos, ou les industriels américains ayant perdu leurs biens après les premières nationalisations annoncées par Fidel.  Une rancœur tenace, soutenue par une CIA bernée, conduisant à des actes insensés au cœur même parfois de la Havane, comme on va le voir demain si vous le voulez bien.




(1) Antonio del Conde était en fait un vendeur d’armes.  Le yacht datant de 1943, acheté le 10 octobre 1956, long de 60 pieds (18 m) avait été fabriqué par Schuylkill Products Company et valait 15 000 dollars US.  L’argent provenait de fonds ramassés par Carlos Prío Socarrás; ancien président de Cuba et Teresa Casuso Morín.  Del Conee n’avait servi que d’intermédiaire.



(2) cynique,  Dulles l’était à un point inimaginable.  Un journal relate ceci : « Dulles a plaisanté en privé que les amateurs de complot JFK aurait eu de quoi se réjouir s’il s avaient su qu’il était en fait sur place à Dallas trois semaines avant l’assassinat …. » selon certains, il s’était beaucoup intéressé à l’Operation Anthropoïd: l’assassinat le 29 mai 1942, du SS Reinhard Heydrich à Prague.  Et notamment aussi au livre d’Alan Burgess « qui avait écrit dans son livre de 1960, « Seven Men at Daybreak », que « Le point de fonctionnement vital était que la voiture ouverte Heydrich avait dû ralentir ici pour négocier le virage en épingle à cheveux, et peut-être pendant cinq secondes, qu’il serait une cible lente providentielle facile « .  Et un rapport de la branche exécutive des opérations spéciales du Secret Intelligence Service britannique qui se lit comme suit: « L’entraînement spécial au Royaume-Uni est fondé sur un plan que l’attaque contre Heydrich devait se faire lors de son trajet  en voiture de là où il habite à son bureau de Prague ou à toute autre destination connue qui devait se faire dans un endroit où la voiture devrait ralentir « . (Jan Wiener, L’Assassinat de Heydrich [de New York: Grossman, 1969] pp 86-90 Alan Burgess, sept hommes au lever du jour, [Londres: Evans Brothers Ltd., 1960] .. P 142 [ « le passage en épingle à cheveux ». ].

3) « Les États-Unis avaient des intérêts importants à Cuba.  Comme John F. Kennedy a pu le commenter :  «Au début de 1959, les entreprises américaines possédaient environ 40 pour cent des terres sucrières cubaines, presque tous les ranchs de bétail, 90 pour cent des mines et des concessions, 80% des services publics et pratiquement toutes les industries, et fournissait les deux tiers des importations de Cuba.  Le volume de ses investissements au cours de ces années s’élevait à un milliard de dollars, chiffre très élevé en effet, compte tenu du fait que l’investissement en Amérique latine à l’époque était seulement autour de 8 milliards.  Les événements politiques dans le pays présageaient un bouleversement social avec des répercussions inévitables pour les intérêts américains, et la raison principale pour laquelle Kirkpatrick lui-même était venu à La Havane au sujet des nuages ​​d’orage se rassemblant au-dessus de Cuba ».

(4) « Sturgis a obtenu des armes d’International Company Armements – INTERARMCO – d’Alexandrie, en Virginie.  Samuel Cummings, le président d’INTERARMCO avait été associé à la CIA au Guatemala en 1954.  La plupart des fusils que Sturgis a obtenus à partir Interarmco étaient de 6,5 millimètres, des surplus Mannlicher-Carcano. Sturgis a été interrogé sur cette coïncidence. Sturgis:  « J’aurai pu acheter des Mannlicher-Carcano, s’ils les avaient, j’aurais pu en avoir oui.  En fait, vous me rappelez quelque chose qui est … pour moi… »  En 1964, le FBI a spéculé que  les munitions d’Oswald provenaient des quatre millions de cartouches de 6,5 mm de munitions qui avaient été vendues aux Marines en 1954.  Lorsque le FBI a vérifié que le Corps des Marines n’avait pas utilisé ce calibre, les agents ont conjecturé que les Marines étaient simplement une couverture de la CIA utilisée pour effectuer l’achat.  Hemming a dit à ce chercheur: « INTERARMCO vendait des tonnes de cette merde en 1963. »



Partie 32

Une constatation s’impose :  tous ceux qui souhaitaient combattre Castro en 1963 l’avaient aidé en apportant des armes aux opposants de Batista, dont il faisait partie.  Avouez qu’il y avait de quoi être rancunier, puisque les castristes pouvaient désormais les tuer avec les fusils qu’eux-mêmes avaient parachutés.  Comment Castro avait-il réussi en un premier temps à séduire les américains, l’explication est peut-être bien dans une forme de catharsis pour oublier les ravages du McCarthysme, qui avait fait temps de tort à l’Amérique.  Des sympathisants américains étaient apparus, qui prophétisaient un Castro ouvert et ne soupçonnaient pas la dictature qu’il allait bientôt imposer au peuple cubain.  Beaucoup se feront avoir, dans ce retournement rapide d’alliances.  Ils y laisseront la vie.  Sauf quelques uns, qui connaîtront une longue carrière d’espions, puisqu’on les retrouvera la lampe de poche à la main avancer en tâtonnant dans l’immeuble du Watergate… envoyés là bas par Nixon, qui avait succédé à un Johnson bien vite lassé de la vie politique, après avoir tant souhaité obtenir le poste suprême.  Cette saga possède bien un fil conducteur, qui est davantage proche du pouvoir politique US et sa main cachée que constitue la CIA (quand cette dernière ne s’oppose pas à ce pouvoir) que de la mafia ou des seuls anticastristres…


Des pro-Castro en plus haut lieu, aux USA


Des envois d’armes qui seront très vite regrettés, en effet, avec l’évolution rapide de Fidel vers les thèses communisantes. Mais avant qu’il ne prenne réellement le pouvoir, la CIA avait ma foi fait des excuses, car elle ne savait toujours pas sur quel pied danser exactement avec Fidel.  Et pourtant : assez vite des rapports alarmants étaient arrivés à Washington, mais, malgré eux, on avait continué à lui fournir des armes en l’estimant toujours « modéré », grâce à ces rapports rassurants (1) :  « en charge du projet, que Smith a découvert, il y avait Roy Rubottom, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires latino-américaines, et William Wieland, directeur de l’Office des affaires des Caraïbes et du Mexique (ici à gauche avec Fidel).  Les deux, comme cela arrivait, étaient alors en Colombie au moment des émeutes de Bogotazo et ils connaissaient les actions de Castro, mais ne les avaient pas signalées à cette époque, ni daigné mentionner de la matière la plus pertinente à l’ambassadeur Smith quand il est s’était rendu à Cuba en juillet 1957.


Fin 1961 toujours, Wieland et Rubottom colportaient officiellement la ligne que Fidel n’était pas communiste, même s’ils le savaient par ailleurs, comme cela a été déterminé par la suite lors des audiences de sécurité.  Des amis de Wieland, par exemple, ont témoigné qu’il leur avait dit en 1957 et 1958 qu’il savait que Castro était communiste.  Il ne fait aucun doute que Rubottom et Wieland couvraient Castro (…). A partir du moment Castro a atterri dans la province d’Oriente en décembre 1956, le Département d’Etat a reçu des rapports d’infiltration et de l’exploitation communiste probable du Mouvement du 26 Juillet.  Le Département d’Etat était au courant des contacts de Castro avec les communistes au Mexique.  Certains fonctionnaires du Département d’Etat étaient au courant de la participation de Castro dans la sanglante insurrection d’inspiration communiste à Bogota, connu sous le nom de « Bogotazo » de 1948 (et de l’assassinat d’Eliezer Gaitan).  En plus des rapports et des informations provenant de nombreuses sources, des rapports du Département d’Etat de son propre Bureau de la recherche et de l’espionnage.  Tout cela a conduit Smith à témoigner devant le Sous-comité sénatorial de la sécurité intérieure des Etats-Unis que  « le gouvernement et la presse aux Etats-Unis ont joué un rôle important pour amener Castro au pouvoir. »  Quant à chercher l’origine de cet aveuglément, on peut le trouver dans les effets pervers du McCarthysme, qui a force d’avoir pourchassé les communistes là où il n’en avait pas (on pense à Dalton Trumbo à Hollywood), a produit l’effet inverse, et même la sympathie parfois.


 Les accusations d’être communiste lui-même qui fuseront contre William Arthur Wieland seront doublées du fait qu’il était aussi homosexuel, sans aucun doute.  « Il est vrai que le maccarthysme a généré trop d’injustices et exacerbé l’homophobie traditionnelle.  Cependant, si nous regardons de près les faits entourant le cas de Wieland, nous voyons qu’il va bien au-delà maccarthysme, de la chasse aux sorcières, de l’hystérie anti-communiste, de l’homophobie, de l’Antichrist, et même au delà de la personne de William Wieland » note ici « havanaschooleng ».  On peut même faire remonter cette sympathie pour Castro, consécutive aux errements du McCarthysme bien avant encore, lorsque par exemple le Président Dwight D. Eisenhower en personne avait promulgué le décret 10450, en date du 27 avril 1953.  Effectif dès le 27 mai 1953, il révoquait le décret précédent du président Truman, le décret 9835 de 1947, et surtout il démantelait son programme de Loyalty Review Board, sur la fidélité des employés fédéraux au pays et à l’expression du refus des thèses communistes.

La difficulté à prévoir ce qui allait se passer


Cette ambiguïté à ne pas savoir le fond de la pensée de Cuba et à hésiter quant à l’action à faire est manifeste jusque chez l’ambassadeur US en poste à la Havane (et toujours le dernier à ce jour !), Philip W. Bonsal, débarqué plein de bonnes intentions (on le voit ici à droite saluer Evilio Mojena Figuerdo dès son arrivée), qui rappelle en effet la difficulté à juger un mouvement émergeant après des années de lavage de cerveau McCarthyste.  Son opinion figure ici au 7eme point de son exposé : « Nous avons reconnu et plus continué à reconnaître que les accusations de communisme jouées par mains les communistes et les extrémistes ici les aident à contrôler et influencer Castro.  L’action de la presse US du traitement de cette question est inutile.  Il n’y a pas réelle prise de conscience des problèmes ici entre Est et l’Ouest même chez le Secrétaire d’Etat.  L’anticommunisme est considéré comme une arme forgée en réaction des États-Unis au temps de l’hystérie McCarthy.  Dans le même temps il faut reconnaître une situation qui ne fonctionne pas entièrement à la satisfaction communiste et que dans une certaine mesure, Washington et Moscou regardent Castro et beaucoup de ses disciples avec un certain aveuglement.  Bien que Fidel Castro, Raul et Guevara jouent un jeu très désagréable pour nous en satisfaisant Moscou.  Dans cette mesure, leur protestation indignée d’être « traités », comme les communistes sont symptomatiques de dissimuler ici-même la réalité.  L’essentiel individualisme de nature « bourgeoise » des aspirations chéries par la plupart des Cubains au-dessus du niveau le plus bas est un facteur, je suis confiant, d’une grande importance, qui devrait augmenter de plus en plus en influence ».  Bonsal se leurrait, tant la dictature se mettrait vite en marche, plongeant à la mer des milliers d’exilés, pour la plupart de la part des « individualistes bourgeois » que décrivait justement Bonsal.  A sa mort, le New-York Times aura ce commentaire désabusé :  « sans l’avoir averti l’administration Eisenhower a suspendu le quota d’importation de sucre de Cuba – trois millions de tonnes – en juillet 1960, en réponse à la vente d’un million de tonnes de sucre à l’Union soviétique de La Havane.  M. Bonsal et d’autres sont opposés à cette sanction économique contre M. Castro susceptible de le conduire plus loin dans l’orbite soviétique »…  On l’avait trahi, lui aussi, dès le départ !!!

Priver d’armes Batista, c’était ouvrir la voie à Castro


C’est en 1958 que tout avait basculé en faveur de Castro :  « beaucoup sont d’accord, pour dire que  le point de bascule au moment d’évincer Batista, et ouvrant la voie à Castro, a été l’annonce en mars 1958, que les Etats-Unis refusaient désormais au gouvernement Batista la vente d’armes, un mouvement conçu par Wieland et Rubottom, entre autres.  Avant cela, Fidel (qui n’a jamais eu plus de 3000 combattants) n’avait pas amassé plus de 300 personnes.  En coupant le soutien à Batista, l’administration Eisenhower soi-disant pro-Batista avait signé l’arrêt de mort pour la résistance au communisme à Cuba.  Castro, pendant ce temps, a été clandestinement fourni avec des armes des États-Unis tandis que les responsables (US) fermaient les yeux.  (En photo, le « Las Villas » (ex-SC1290) de la Cuban Navy de Batista, un ancien chasseur de sous-marins devenu garde-côte, interceptant les navires de livraisons d’armes venant des USA).  « L’ancien ambassadeur William Pawley, l’organisateur des Tigres volants en Chine, à plusieurs reprises tenté d’avertir le président Eisenhower, de l’allégeance communiste de Wieland et Rubottom, ou de Fidel.



En vain.  Pawley a écrit plus tard: « Je pense que le renversement délibéré de Batista par Wieland et Matthews, assisté de Rubottom est presque une aussi grande tragédie que celle de la Chine abandonnée aux communistes par un groupe similaire de fonctionnaires du ministère d’Etat il y a quinze ou seize ans et que nous ne verrons jamais aussi la fin du coût des vies américaines et des ressources pour cette thèse américaine et de ses erreurs tragiques  » (…).  Pawley le faucon qui poussera de tout son poids avec le couple Luce à l’interventionnisme de la Baie des Cochons avait vite subodoré quel serait le parcours de Fidel Castro.  Mais en 1958, il était déjà trop tard :  le vert communiste était déjà dans le fruit.  « En grande partie, à l’exception des ambassadeurs (Smith, et devant lui Arthur Gardner), l’ambassade des États-Unis à La Havane était  un axe du Département d’Etat pro-Castro.  A New York, le correspondant du Times Ruby Hart Phillips (…) a écrit qu’au moment de la révolution, « un homme m’a demandé en riant si je connaissais la « cellule Castro » à l’ambassade des États-Unis.  Ce n’était un secret pour personne que plusieurs des fonctionnaires là-bas ont favorisé le renversement de Batista et la prise du pouvoir par Castro.  Le consul américain à Santiago avait des sympathies pour Castro« .


Les américains comptaient aussi sur les divisions internes cubaines, et l’opposition à certaines réformes voulues par Castro, pour alimenter une opposition forte au leader de plus en plus charismatique, qui, lors de ses venues en Amérique traînait derrière lui toute une cohorte d’admiratrices, comme le feront un peu plus tard les star du rock en train de naître, lui aussi : ainsi pour ceux opposés à sa politique de réforme agraire de Castro, tels Huber Matos, le commandant de la base militaire Camaguey, et Sergio Sanjenis, qui commandait l’aviation militaire cubaine.  Matos (ici à droite, sur la photo de gauche, avec Fidel lors de l’entrée à la Havane le 8 janvier 1959), qui avait aidé logistiquement les castristes à partir de sa petite propriété terrienne, sera arrêté dès le 21 octobre 1959 et condamné à 20 ans de prison pour trahison et sédition pour n’être libéré qu’en 1979, sans aucun jour de remise de peine.


En mars 1958, pourtant, il avait transporté par avion dans la Sierra Maestra 5 tonnes d’armes et munitions pour Castro, offertes par le président du Costa Rica, José Figueres Ferrer.  Ceux-là et Diaz Lanz, qui, le 29 juin 1959 prendra la parole à la radio pour dénoncer la dérive communiste de Castro et s’enfuir dès le lendemain de Cuba avec sa femme et son frère… Frank Sturgis (par bateau et non par avion), lui aussi devenu dissident et opposant à Fidel.

Un homme protégé

Sturgis, à peine rentré de Cuba, avait très vite bénéficié d’une protection administrative évidente :  « le 24 juillet 1958, le Service des douanes des États-Unis ont attaqué deux résidences à Miami, en Floride, et saisi de grandes quantités de fusils, des mitrailleuses, des munitions et de la dynamite.



 L’une de ces résidences ont été loués à Frank Sturgis.  A son retour de Cuba le 30 juillet 1958, et à son arrivée à Miami, il a été arrêté par le Service des douanes des États-Unis pour violation de la loi fédérale ».  Mais Sturgis avait été très vite relâché.  Et l’intervention venait de haut.  Très haut :  « le 19 mars 1959, Pat Moller, du Bureau du procureur des États-Unis, Miami, en Floride, révèle que le bureau ne contenait aucun rapport concernant l’arrestation du sujet.  Elle a déclaré que selon une audience en date du 30 juillet 1958, il a été libéré sous une caution de 500 dollars.  L’accusation spécifique était la possession illégale de munitions de guerre.  Elle a dit qu’aucune date pour le procès du sujet n’avait été fixée, et qu’aucun mandat d’amener exceptionnel contre le sujet non plus. »  Sturgis était protégé en très haut lieu, à l’évidence.  Et la rapidité avec laquelle il l’avait été indiquait que cette dernière avait commencé bien avant son retour :  c’était donc bien l’homme de la CIA auprès de Castro !!! Les documents évoquant la présence de « freedom fighters » encore en mai 1963 sur l’île même semble démontrer que même parti, Sturgis et la CIA continuaient à alimenter des groupes dissidents sur place. Le problème étant que les documents en faisant part sont aujourd’hui encore abondamment surchargés de feutre noir… comme on peut le voir ici à droite.

Sangenis ne restera pas à rien faire, une fois parti, lui aussi, de Cuba :


Dans Spartacus Educational, on apprend comment toutes ces personnes vont se relier et se coopter entre elles :  « au mois de mars 1961, autour du 7, M. Vicente Leon est arrivé à la base au Guatemala à la tête de quelque 53 hommes en disant qu’il avait été envoyé par le bureau de M. Joaquin Sanjenis, chef du renseignement civil, avec une mission appelée Operation 40 » (dont fera partie Sturgis (1).  « C’était un groupe spécial qui n’avait rien à voir avec tout ce qui concerne la brigade et qui irait à l’arrière-garde pour occuper les villes.  Sa mission première était de prendre en charge les dossiers des agences de renseignement, les bâtiments publics, les banques, les industries, et de capturer les chefs et les dirigeants dans toutes les villes et les interroger.  Les interroger à sa manière ».  Les personnes sélectionnés par Sangenis à Miami  pour faire partie des 40 se sont rendues dans une ferme à proximité « où ils ont été pris quelques cours et ont été soumis à un détecteur de mensonge (comme les marins du Rex, lors de leur recrutement… par la CIA, voir l’épisode précédent) . »  Joaquin Sangenis était chef de la police à l’époque du président Carlos Prio, rappelle Escalante.  « Je ne sais pas s’il était chef du service secret du palais mais il était très proche de Carlos Prio.  En 1973, il est mort dans des circonstances très étranges.  Il est soudainement mort en effet.  A Miami, les gens l’avaient appris à leur grande surprise – que Sangenis, sans avoir eu de maladie avant et sans aucun acte homicide –  qui n’était pas si vieux dans ses 73 ans, était décédé subitement.  Tout s’est passé très vite, et il a été enterré à la hâte. »

Les autres malheureux pigeons de l’affaire


D’autres malheureux suivront ce retournement de fournitures d’armes, comme l’a fait Sturgis, d’abord pour aider Castro, puis ensuite pour lutter contre lui.  L’un d’entre eux reste une énigme, aujourd’hui encore, pour sa famille.  « Même après la Baie des Cochons en 1961, la politique américaine soutenait toujours les exilés cubains dans leur quête pour se débarrasser de Castro.  La CIA a continué d’être très active dans la région de Miami, en collaboration avec les anti-castristes comme Frank (Sturgis).  Deux ans après la première chute des tracts sur La Havane, en octobre 1961, Frank a commencé une série de missions de lâchages de tracts dans le cadre de ce que ce qu’il a appelé Cellula Fantasma, ou Operation Phantom.  Il a publié un communiqué de presse affirmant, que l’ Operation Phantom avait « harcelé continuellement Fidel Castro avec ses missions aériennes et maritimes sur son île dès les premiers jours de sa prise de contrôle ».  « C’était seulement dix mois après la révolution cubaine, alors que Castro purgeait ses rangs de rebelles de ceux qui ne s’entendaient pas avec ses nouveaux idéaux communistes révélés, que le premier bombardier fantôme a résonné au dessus de La Havane ».  Cette fois Frank a décidé de louer un des petits avions bimoteurs, pour se lancer de Norman Cay aux Bahamas.  Ces fois-là, Frank, avait deux autres pilotes, Robert Swanner (un ancien pilote de « crop duster) et William J. Johnson.



Ils ont effectué des missions de distribution de tracts le week-end du 15-17 décembre 1961 (sur le Piper Apache N2062P montré ci-dessus à gauche).  Des centaines de milliers de tracts largués là, principalement sur la région de Camaguay de Cuba, où la plupart des gens n’étaient pas favorables à Castro.  Malheureusement, Johnson et Swanner ne sont pas revenus de leur mission.  Frank a mené une recherche aérienne pour ces pilotes manquants, mais n’a rien trouvé.  Peu de temps avant le jour de Noël 1961, la veuve de Johnson a déclaré qu’elle et la veuve de Swanner avaient chacun reçu un télégramme anonyme disant « Joyeux Noël » accompagné de 500 dollars.  Elle a dit: « Je savais que l’argent avait été envoyé par Fiorini (Sturgis) et la CIA, parce c’était le montant exact que mon mari aurait été payé pour le voyage s’il était revenu » (voilà qui n’est pas sans rappeler les veuves des pilotes de B-26 morts durant l’attaque de la Baie des Cochons, et effectivement, car les chèques seront libellés de la même façon par Carlson, de Double-Chek, et proviendront de la même banque (2)  !!!)  »  Frank n’a jamais reconnu officiellement être la source d’argent alors qu’il l’était bien.  Il a dit à sa femme, Janet, «J’aurais aimé envoyer plus. » Deux ans plus tard, un agriculteur cubain qui s’était échappé aux Etats-Unis avait déclaré à un journal de Philadelphie que, pendant la période en question, il avait vu un petit avion lâchant des tracts sur la ville de Matanzas et qu’il avait été abattu.  Il avait percuté un moulin à sucre, tuant tout le monde à bord ».  Parmi les autres pilotes anti-castristes on comptera Sergio Rojas et Frank Gutierrez.

Les  multiples tentatives avortées de 1959

Dés la fin novembre 1958, plusieurs tentatives d’envoi d’armes échouent, comme le raconte ici la page « arms smuggling – cuba  » de Cuban Information Arhives que je vous résume ici « :  Le 13 octobre, une patrouille de policiers de Floride arrête trois  Cubains à l’embranchement du Sunshine State Parkway, ils convoyaient 200 fusils M-1. et ne se verront attribuer qu’une amende.  Le 30 novembre c’est un yacht de 80 pieds (24 mètres), le Restless II qui se fait prendre à Key Biscayne avec 200 fusils, et 7 000 munitions à bord.  Huit hommes sont arrêtés dont Guillermo Martin.  En même temps, les frères Stanley J.; Jerome H. et Bernard S. Bachman, qui travaillent chez Stanborn Securities Corp., à Rochester N.Y. sont accusés d’approvisionner en armes Fidel Castro ».  En Floride aussi on est déjà divisé :  d’abord les pro-castro puis viennent les opposants à Castro :  « le 11 juin 1959, c’est une femme-pilote, Virginia Bland, qui est accusée de vouloir envoyer des armes en République Dominicaine (pour lutter contre Castro !).  Le 1er juin 1959, quatre hommes sont accusés de trafic d’armes aérien à North Perry Airport dans Brocard County, descendus d’un Cessna 180 posé de nuit, immatriculé N-2998A, datant de 1953.  Trois sont arrêtés, Jose Carbonell Peres Marrero, alias Jose Carbonell, Carlos Manuel Zayas Castro, ancien éditeur à Cuba, et Robert John Daut, photographe à Miami.  Le quatrième s’est échappé :  il s’agît de Richard Jaffee, qui dirige la société Torch Investments Corp, la propriétaire de l’avion.  Un peu plus tard, on arrête non loin de là Rolando Masferrer, pour absence de permis de conduire :  il conduisait la voiture de Jaffee, dont le coffre était rempli de tracts anti-Castro. A côté, des fusils 15 .30, deux fusils Browning automatiques, quatre .3C carabines, 80 boîtes de balles de .3 et 20 boîtes pour Browning ».  Le Cessna vole toujours, sous l’appellation CF-MIA (canadien, donc).  « Le 30 juillet, c’est un Piper Comanche qui se fait pincer à Key Largo, sur la piste d’Ocean Reef.  « A bord, il y a 15 fusils Springfield et 20 000 cartouches.  L’avion s’était posé de nuit à 2h40 du matin, grâce à des feux allumés le long de la piste.  Deux américains et un cubain ont été arrêtés.  L’avion avait été à Tamiami Airport chez Howe Aviation par un dénommé Carlos Rojas, de Hialeah (là où Ruby avait son hangar !),  A Tamiami, on arrêtera plus tard Roy Katon, dirigeant de la Tamiami Gun Shop de chez qui provenaient les armes.



Le 3 août le même Manuel Carlos Rojas remet ça avec un collègue :  un avion a atterri sur la route de Grassy Key pour y déposer des cargaisons d’armes provenant de la Havane, une chose plutôt incongrue :  le duo de pilotes raconte alors à la police qu’ils avaient essayé d’apporter des armes dans la province de Pinar del Rio, mais que des F-51 cubains (ceux de Batista) les avaient chassés (n’ayant pas réussi à se poser, ils étaient donc revenus avec leur cargaison !).  Le  chargement a été évalué à 5 000 dollars, inclus 30 fusils et et 20 000 cartouches de munitions.  Les deux pilotes avaient affirmé « vouloir aider le communisme »… Rojas et Ramirez avaient confondu le gyrophare du restaurant sur Grassy Kay avec un phare de l’aéroport et avaient fait leur atterrissage sur la route goudronnée.  Rojas était alors en liberté sous caution de 2500 dollars sur une accusation similaire fait une semaine plus tôt à Key Largo »… A Tamiami on trouvait en 1960 Avex Inc., American Aviation, Embry Riddle Aviation, Howe Aviation, Kendall Flying School (ici à droite), Miami Executive Aircraft, Mike’s Flying Service, Great Southern Aircraft Corp., et Tursair Inc. Plusieurs étaient liées à la CIA, comme on l’a vu.

Une opération combinée air-mer

La disparition des deux pilotes de la CIA reste mystérieuse :  des cubains affirment pourtant avoir bien vu l’avion abattu par la DCA, alors que pour l’administration américaine il s’était perdu en mer… « Le demi-frère de Diaz Lanz  Sergio Bruwell, s’est rendu à Norfolk, pour acheter un bateau de patrouille utilisé USCG (très certainement le WAVR numéroté SC-1339 cité dans l’épisode précédent), et l’a chargé d’armes locale offertes par la Marine.  Il était à l’abri dans la région de Cap Canaveral sur la rivière Indian près de Vero Beach.  Le vaisseau-mère a été maintenu sur la rivière Miami, car il était moins visible.  Un autre bateau capable de faire 40 noeuds a été acheté par un bienfaiteur de l’exil pour 25 000 dollars et appartenait à Diaz Lanz.  Le contact de Somoza à Miami était le consul du Nicaragua Aleret.  Les opérations de commando devaient commencer en janvier 1962 avec un raid sur une ville portuaire dans la province de Camaguey, à partir des îles Caïmans et retour au Nicaragua.  Mais d’abord, il y avait des raids de largages de tracts.


La première action a eu lieu le 21 octobre 1961 avec un raid réussi sur la Province de Matanzas avec Frank Fiorini (Sturgis), Robert Thompson et Robert Swanner ou à bord.  Chacun avait reçu 500 dollars pour la mission »(en photo à gauche les préparatifs Robert L.Thompson à gauche et Bill Johnson au centre dans une salle près de la piste de Norman Cay. M. Arlen Watt et son assistante sont assis à l’arrière, l’homme en blanc a des armes à sa droite).  Si la première mission avait été un succès, la seconde sera un échec patent :  « le second raid sur Santiago en décembre 1961 a changé le cours de l’opération Phantom.


 Le 10 décembre, 1961 William Johnson, Robert Swanner et Hazen Jones se sont réunis dans un restaurant sur Brickell Avenue à Miami pour passer commandes de leurs tracts à Norman Cay où ils trouveraient l’avion loué et y déposer la charge, en faisant plusieurs voyages, sur Santiago.  Il y avait peu d’alternatives sur des missions comme celles-ci, donc il n’y avait pas grand chose à discuter, sauf le rendez-vous aux Bahamas.  Le 12, Johnson a appelé Melbourne Airways pour un charter de Miami et en particulier a demandé que Thompson, qui avait déjà fait le trajet, soit le pilote.  Il a dit qu’il voulait montrer l’immobilier local à certains clients.  Le lendemain soir, Hazen Jones a loué un Chris-Craft de 35 pieds sur Miami à un loueur de yachts qui s’est vu charger de 20 paquets de tracts par Frank Fiorini et Alex Rorke.  Vers minuit Fiorini a regardé le bateau passer dans l’obscurité avec Jones, Johnson, et Rorke à bord.  De Miami le bateau est allé jusque Gun Cay où ils étaient à la pointe du jour le 13, pour voir des « appartements » sur l’extrémité supérieure de l’île d’Andros et pour traverser le détroit du Nord-Ouest, en arrivant au canal de Norman Cay après l’obscurité, ancrer la bateau à quelques miles au large, et se reposer jusqu’au lever du jour.  La cargaison de dépliants a été débarquée dans un camion vers 6h30 qu’Arlen Watts, gardien de l’île, avait laissé pour eux. 


Dès que les tracts étaient stockés dans une cabane près de la piste d’atterrissage de service, ils étaient dirigés vers Nassau au besoin pour le dédouanement, lorsque vous entrez dans les Bahamas.  Pendant ce temps Thompson a volé sur le Piper de Melbourne Airways à Fort Lauderdale North pour prendre Fiorini et Swanner et se diriger vers les Bahamas.  Passé le dédouanement, ils ont déposé un plan de vol par la radio, à West Palm Beach  avec comme destination: » … l’île d’Andros à partir de Fort Lauderdale .. . ».  Le Piper est arrivé vers midi à Fresh Creek, Andros avec « trois membres d’équipage et sans chargement. »  Environ une heure après que l’avion est parti pour Nassau pour le carburant et s’est dirigé vers Cay Norman tandis que le Chris-Craft a fait lui aussi son chemin.   Après l’atterrissage, le siège et la porte ont été retirés du Piper et environ sept paquets de tracts chargés sur l’avion. Swanner et Thompson sont montés à bord du Piper rouge et blanc et se sont dirigés vers le sud pour Cuba à 18h00, en passant au dessus du Chris-Craft alors qu’il revenait de Nassau.  Après l’accostage du bateau, ils sont allés à la maison de Watts et se sont entretenus avec Fiorini qui les a rencontrés après avoir marché environ un mile le long de la piste d’atterrissage.


L’avion avait fait sa première et fatidique mission. I ls discutèrent jusqu’aux environs de 22:30 ou 23:00 quand il fut temps de revenir à la piste d’atterrissage pour reprendre  l’avion, qui ne serait pas de retour.  Une ligne de grains était apparue vers 21:30; alors ils ont attendu jusqu’à ce que le carburant de l’avion deviendrait à court, ce qui aurait dû se passer autour de 00:30 ou 01:00.  Le vendredi 15 décembre, après le chargement de la porte et du siège de l’avion, ainsi que les brochures qui restent sur le bateau, Fiorini, Johnson, et Rorke ont quitté Norman Cay sur le Chris-Craft, se sont arrêtés à Staniel Cay, une île déserte, où ils planqué la porte, le siège et les brochures.  Jones, cependant, avait gardé quelques tracts comme souvenirs (en photo Rorke dans son entreprise d’épandage aérien). 


Samedi Ils sont revenus à Norman Cay le matin pour recevoir des appels téléphoniques et pour revenir ensuite à Miami.  Le Piper devait retourner à Melbourne ce jour-là.  Le dimanche 17 un appel a été fait à la FAA et l’USCG pour lancer une recherche pour l’avion manquant.  La Border Patrol avait été alertée le 20.  Quelque temps après la perte de l’avion, Julio Lobo a convoqué une réunion au Motel de Miami Springs.  Les participants à la conférence étaient Osvaldo Padron, Sergio Rojas, Mario Llerena, Armando Castellanos, et deux aviateurs, l’un des deux étant Eduardo Ferrer (ici à gauche comment Ferrer, qui sera pilote de B-26 à la Baie des Cochons, avait rejoint Miami le 29 juin 1960) .  En raison de la perte de l’avion, et plus haut avec la CIA et les deux autres branches du gouvernement ayant eu vent de l’incident, toutes les opérations ont été suspendues pendant un certain temps.  Sergio Rojas a déménagé en Espagne, d’autres ont juste disparu, la plupart étant laissés « abandonnés dans le vent » par la CIA fantôme. »

Les avions perdus




D’autres avions seront utilisés :  une note du FBI du 2 février 1961 (A1) indique qu’après la perte du Piper Comanche de Scanner et Thompson, un avion Mosquito loué à un Broker de Childress, près d’Amarillo au Texas, devait aller bombarder des raffineries sur le bord du rivage de la Havane, sous le commandement de Sturgis.  Une partie des Mosquito US d’observation photographique avait été basée à Norfolk.  Là aussi le FBI avait pisté l’affaire de près :  « les dernières informations sur Rorke sont datées du 12 septembre 1961 et indiquent qu’il est arrivé à Amarillo, au Texas, le 3 Septembre 1961 accompagné de Sergio Rojas, ancien ambassadeur de Cuba en Grande-Bretagne.  Ils ont prévu d’acheter des bombardiers au nom d’une entreprise de photographie au Panama et les emmener au Guatemala ou au Nicaragua où ils pourraient être armés pour une utilisation dans le bombardement de la raffinerie Standard Oil Company à La Havane.  Un tel attentat à la bombe ont-ils affirmé », aiderait à amasser des fonds pour une action de plus contre Cuba.  Ils ont affirmé « qu’ils ne représentaient qu’eux-mêmes et avait officieusement l’approbation de la CIA ». [Note de DCI de Sheffield Edwards 24/08/62].



D’autres encore y laisseront la vie, tel le pilote américain Edward Duke Matthews (alias « Matts Ducko »), qui le 12 mai 1960 à bord de son avion Piper « Apache » immatriculé N4365P, loué à Louisiana Aircraft Co., de Baton Rouge, après avoir décollé de l’aéroport de Palm Beach, était parti en vue d’évacuer cinq contre-révolutionnaires de Cuba. C’était ce jour-là sa 33ème  mission !  Lors de l’atterrissage de l’avion près de la ville de Mariel (à 24 km au nord de La Havane), sur l’autoroute 15; lors d’une embuscade tendue par des soldats cubains, l’avion avait été abattu, il avait terminé en cheval de bois tuant son pilote.  Son corps sera remis à la mission diplomatique américaine.  D’aucuns affirment que Duke aurait été trahi.


Duke Matthews avait comme particularité d’être le mari de la reine du tabac, la richissime Melody Thomson (elle affichait 3 millions de fortune; soit 24 million en dollars de 2015) :  il ne volait donc pas pour l’argent.  Mais elle avait perdu beaucoup à la Havane avec la nationalisation des terres  !!!  Elle prétextera être divorcée depuis 3 ans au moment du crash.  Elle se fera très discrète après, ou plutôt utilisera une kyrielle de pseudonymes plus tard (on n’en connait pas la raison), pour finir ruinée et même endettée.  Jamais les USA n’ont reconnu que Duke volait pour la CIA.  Chez Castro, on montrera des images de deux petits appareils qui se seraient écrasés ou auraient été abattus par la DCA cubaine, mais il est fort difficile d’y distinguer quel type d’appareil s’était écrasé :  y aurait-il eu celui de l’infortuné appareil de Melbourne Airways ?  Un cubain de retour en bateau sur un cargo des lignes Lykes avait déclaré avoir vu un petit avion s’écraser après des tirs sur une sucrerie de Matanzas.  Sur l’une des vues, le point de chute de l’avion semble bien à proximité d’une centrale sucrière, en effet.

La disparition de Rorke, coup dur pour le mouvement


Lorsque la famille du pilote disparu essaiera d’obtenir un dédommagement pour la perte de l’appareil, la compagnie d’assurance refusera de payer la réclamation parce que le Piper Apache N2062P, avion civil, avait été utilisé comme « instrument de guerre« .  Rorke ( à gauche au pied du train de son Privateer) lui, disparaissant avec Geoffrey Sullivan le 23 septembre 1963, lors d’une autre mission sur Cuba, qui avait décollé de Ft. Lauderdale.  Tous deux avaient embarqué une troisième personne qui pourrait être Enrique Molina Garcia, un agent double de Fidel Castro.  En photo ici à droite, Rorke à bord de son Beech 18, en pleine conversation avec un homme présenté comme « ancien officier de renseignements » par l’auteur de la photo, le très efficace John Raymond.  Très certainement Sid Marks, un informateur du FBI, « Potential Criminal Informant » et « Private Investigator » de Gardena, en Californie. 



 Le dossier de Rorke, encore passablement maquillé, fait 341 pages de documents déclassifiés !!!  Le bombardier B-25 possédé par Rorke et Sullivan était le N9365-C selon ce rapport.  Un avion au code voisin, le N9368-C, fourni en 1949 à la République Dominicaine, revenu en 1952 chez Charles Babb Company, à Newark, NJ, était passé ensuite comme avion VIP (avec salle de bains !) chez Hughes Tool Co, Culver City, en Californie, ou il était resté de 1960 à 1974.  Hughes dont on a entrevu le rôle de financier de l’anticastrisme.  Un avion appartenant en fait à Howard Hughes, et resté longtemps abandonné en plein désert, muni de ses ailes (le modèle ci-dessous) !!!


L’avion de Sturgis acheté un dollar, avec l’aide de la CIA

Les numéros notés dans le dossier de Sturgis – Frank Fiorini, enfin ceux qui n’ont pas été noircis, évoquent aussi un autre B-25 encore, acheté via une société écran, le procédé qui fera florès ensuite à la CIA comme on a pu le voir :  « le 27 Octobre 1959 (supprimé), l’Aircraft Review Section, Federal Aviation Agency, Washington, D.C. a mis à la disposition de S.A. (Supprimé) pour examen, du dossier d’un B-25 modèle N Numéro de série44-288874 et numéro d’enregistrement 9876-C. Un acte de vente en date du 6 octobre, 1958 décrit le vendeur et l’acheteur, respectivement, l’US Air Force, Norton Air Force Base, San Bernardino, en Californie, et Aviation Rental Service, Fleming Field, South St. Paul, Minnesota. Le B-25 a été vendu pour 2190 $.  Par acte de vente en date du 13 Avril 1959, Aviation Rental Service l’a vendu à Ben W. Widtfeldt aux bons soins de Biegert Aviation, Sky Harbor, Phoenix, Arizona.  Le 12 mai 1959, Widtfeldt  revendu le même à Frank A. Fiorini 2160 Southwest 4th Street, Miami, pour 1 $ sans autre contrepartie.  Fiorini, en tant que propriétaire, a demandé un certificat d’inscription le 12 mai 1959, et l’a reçu le 13 juillet, 1959.



Ce jour-là, McDaniel a signalé que Fiorini, en compagnie d’un homme non identifié, s’est présenté en personne à l’Agence fédérale de l’aviation, à Washington, DC pour recevoir le certificat d’immatriculation pour cet aéronef ».  Biegert Aviation, une société d’épandage contre les marées noires à l’aide de DC-4 (la visite est ici avec celle du Harpoon  N7251C).  En photo, ci-dessus, le B-25 44-30832 passé chez Bielgert Aviation en janvier 1959, portant l’immatriculation N3155G, après un séjour à Davis Montant AFB de 1957 à 1959.

Le commentaire de Hoover sur l’opération :


« Le 22 décembre 1961, une note du service secret du FBI a été envoyée concernant cette OPERATION PHANTASMA à William C. Sullivan et S. B. Donahoe.  Le document a été supprimé à 30% – une grande partie de l’information contenue en rapport avec la CIA.  Les quelques lignes disponibles, qui peuvent être lisibles sont « le 19 , la presse rapporte qu’en décembre, 1961 deux avions à partir d’une base non identifiée des Caraïbes ont survolé Cuba le 17 décembre 1961, et ont largué de plus de 250 000 tracts anti-Castro et deux parachutistes avec un équipement radio (ici à droite l’équipement radio des castristes).  Le soutien serait venu d’un ancien diplomate cubain (non identifié) qui a fait défection du gouvernement Castro.  La presse note que ce fut sa deuxième mission, la précédente ayant été faite le 21 octobre 1961 par deux avions qui ont largué des tracts anti-Castro sur Camaguey, à Cuba. (supprimé) « .  Une notation par J. Edgar Hoover sur le document affirme que :  « Cette jungle de l’irresponsabilité est presque inconcevable autant plus que (Sisco?) nous avait envoyé il y a quelques mois, alors qu’il serait plus raisonnable que nous ne soyons pas « aspirés » par l’invasion de Cuba, (?) certains ont été enclins à nous faire y entrer ».  (« 01/04/62, Donahoe à Sullivan) ».  Hoover avait eu une lucidité certaine sur la question :  à demi-mot, il accusait la CIA de vouloir à tout prix envahir  à nouveau Cuba, ce qu’avait déjà été l’opération de la Baie des Cochons en avril 1961.  Le « certains » qu’il évoquait visant l’organisation secrète, à coup sûr.  Et donc en priorité le successeur d’Allen Dulles, alors récemment écarté par Kennedy, en l’occurrence John McCone, tout aussi anticommuniste que le précèdent, sinon davantage encore.

L’étonnante rencontre de deux intrigants notoires


Sturgis est un drôle de bonhomme, un exalté, comme on vient de le voir.  Mais son exaltation, il va la partager avec un autre cas pendable :  Marita Lorenz.  Cette dernière, tombée raide dingue amoureuse de Fidel Castro à 19 ans et tombée enceinte de lui, le rencontre en effet en mai 1959 :  « ça se passe à l’hôtel Riviera.  Cet homme, que je ne connais pas, m’approche et me dit qu’il peut me faire sortir de l’île.  J’ai décliné.  Il se présente comme un Américain allié de Fidel.  Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est qu’il était un proche de la Mafia, dont il défendait les intérêts – et les casinos – sur l’île.  Il jouait double, triple, quadruple jeu.  Il avait aussi des liens avec Batista, l’ex-dictateur que Castro avait renversé, et avec la CIA qui considérait Cuba comme une colonie de l’Amérique.  Plus tard, en 1972, Sturgis a fait partie du gang des plombiers qui ont posé des micros dans le QG démocrate à Washington et déclenché l’affaire du Watergate.  Quand j’ai dit à Fidel que je l’avais rencontré, il m’a ordonné, furieux, de ne plus jamais le revoir ». 


Elle le fera pourtant, devenue espionne anti-castriste, envoyée par Sturgis pour assassiner Castro, elle craquera et lui avouera tout.  Mais l’espionne ratée liée à Frank Sturgis (elle est ici à droite en photo avec lui) a aussi d’autres choses à raconter.  Et ce qu’elle a dit laisse pantois (et nourrit pas mal de thèses « conspi »), car, selon elle, la filière anticastriste est bien à l’origine du meurtre de Dallas… où elle avait aussi rencontré un certain Lee Harvey Oswald  » (à New-York elle rencontrera aussi Alexander Rorke Jr !!!) :  à une soirée chez les anticastristes.  Ils parlaient ouvertement de leur haine envers Kennedy.  Ils l’accusaient d’avoir fait échouer l’opération baie des Cochons en ne fournissant pas l’appui aérien promis.  Oswald était là.  C’était un prétentieux, solitaire.  Je me méfiais de lui.  Il ne m’aimait pas non plus ».  A la question  « Est-il l’assassin de JFK ? », elle réplique :  « il était impliqué, mais il n’était pas le seul tireur.  Selon moi, il y en avait un autre ».  Ce qui provoque un autre questionnement » bien sûr : « Pourquoi ?  « Parce que j’ai participé à un convoyage d’armes, de Miami à Dallas.  A notre arrivée, j’ai vu Jack Ruby [l’homme qui a assassiné Lee Harvey Oswald] qui nous attendait.  On m’a demandé de repartir, et j’ai appris l’assassinat du président dans l’avion.  Pour moi, il y a eu complot ».  « La commission spéciale de la chambre des Représentants, qui a rouvert l’enquête sur l’assassinat de Kennedy, vous a entendue en 1978.  Elle a pourtant décidé de ne pas retenir votre témoignage ».  « Je sais.  Mais je maintiens.  


Ces fusils étaient destinés à tuer le président.  C’est ce que j’ai entendu pendant le trajet »..  Lorsque Sturgis l’avait introduite dans le milieu de l’espionnage, il lui avait présenté un certain « Eduardo ».  En fait, elle apprendra plus tard qu’il s’agissait d’E. Howard Hunt, le trésorier des opérations, qui selon elle « apportait l’argent directement de Washington« .  « Il était très proche avec Allen Dulles. Sturgis et Hunt se vantaient « d’aller voir Dulles ».   Sturgis, Hunt, Dulles etMcCone.  Voilà qui est assez déjà je pense pour faire de l’assassinat de Kennedy un acte de la CIA !  Sturgis, Hunt et les autres, ceux qui deviendront les fameux plombiers du Watergate, envoyés par un président véreux tenter d’espionner l’immeuble de son opposant démocrate…

Une étrange tentative dès 1958


Avoir envie de tuer Castro, étonnamment, ne datait pas de son avènement à la Havane ou de l’année qui avait suivi.  En 1958, alors que les Etats-Unis soutenaient toujours Batista (du bout des lèvres, déjà !), ce dernier avait négocié un bien étrange deal.  Dans cet accord, le FBI (et non la CIA !!!) s’engageait à fournir via des proches de Batista 100 000 dollars (près de 800 000 actuels !) à un américain, Alan Nye, pour qu’il assassine Castro !  L’homme était devenu après guerre pilote d’avion d’épandage en Floride du Sud (ce qui fait aussi penser à Rorke, bien entendu, qui avait exercé le même métier), ou en Amérique centrale dans laquelle il avait vendu aussi des pièces d’avion.  Installé dans une chambre d’hôtel pendant plusieurs semaines à Cuba, cet ancien de la réserve navale de Floride (où il avait atteint le titre de lieutenant) muni d’un fusil à lunette, attendait en fait quasiment le passage de Fidel sous ses fenêtres.  Des espions de Castro ayant aperçu l’extrémité de son fusil pointer à la fenêtre de sa chambre d’hôtel, Nye fut arrêté le 26 décembre, 1958, cinq jours à peine avant la chute du gouvernement de Batista.  Condamné à être fusillé, les Etats-Unis négocieront plusieurs mois avec Fidel Castro pour obtenir sa libération contre rançon, celui-ci réclamant en échange la libération de soutiens castristes enfermés aux USA.  Le Chicago Herald Tribune saluera sa libération le 13 avril 1959.  Revenu à Whiting, dans l’Indiana, un faubourg de Chicago en fait, l’homme saura s’y faire totalement oublier.  Allen Dulles, lui, continuera à essayer de trouver un autre moyen d’éliminer sa bête noire :  « selon le rapport de la Commission Church, le 13 janvier 1960, Dulles, au cours de ce qui était apparemment la première discussion du Groupe Spécial sur un programme clandestin pour renverser Castro, a observé la possibilité qu’à la longue les États-Unis ne pouvaient pas tolérer le régime de Castro à Cuba, et a suggéré la planification de contingences secrètes pour obtenir la chute du gouvernement de Castro … »  En somme, d’imposer l’attaque imminente de l’île à John Kennedy comme seul moyen de résoudre le problème; puisque Fidel résistait on ne peut mieux à toutes les tentatives d’assassinat.  La suite on la connaît : l’hésitant Kennedy ne lâchera pas toutes ses forces dans le combat, envoyant les anticastristes à l’abattoir… 



(1) à croire que la CIA ignorera sa propre histoire quand Reagan décidera de faire parvenir des lance-missiles Stinger aux talibans, pour abattre les hélicoptères soviétiques. Les américains s’efforceront après de les racheter à prix d’or, après les avoir offerts !

(2) voir épisode N°5 de la saga


Partie 33

Dans l’épisode 7 de cette (longue) saga, j’avais évoqué le séjour de Lee Harvey Oswald en 1959 en URSS.  Mais au moment où je rédigeais cet épisode, une source me manquait encore.  Aussi n’avais-je pas trouvé de réelle raison pour laquelle Oswald aurait pu se rendre là-bas.  L’examen attentif de documents de la CIA à propos d’un tout autre sujet – l’emprunt d’un satellite d’exposition russe par la CIA – a fini par me convaincre de la réalité d’un « pigeon » manipulé par cette même CIA et abandonné à son sort, déterminé à l’avance dans un plan sordide d’assassinat.  Oui, et ça ne fait plus aucun doute, Lee Harvey Oswald avait bien été recruté par les services secrets US, au départ, et dans un but très précis.  Celui de renseigner l’agence sur l’état d’avancée technologique en électronique, les américains ne comprenant pas d’où pouvait exactement venir l’insolent succès des soviétiques dans l’espace et depuis le 4 octobre 1957, date de la première journée de honte pour l’industrie spatiale américaine encore balbutiante.  Honte qui allait durer 8 longues années… (les américains entrant vraiment dans le course à la Lune le 15 décembre 1965 seulement, avec le rendez-vous spatial de deux capsules Gemini).


L’histoire est en effet assez sidérante, elle est racontée ici (il y a plusieurs épisodes, celui qui nous concerne est celui-ci). J’en emprunte une grande partie ici-même.  Pour résumer l’affaire, qui est digne d’un épisode de James Bond, les américains, qui en 1959 ignorent tout des lanceurs soviétiques, ont repéré lors d’une exposition itinérante russe que parmi trois satellites présentés, l’un d’entre eux pourrait leur apporter plein d’enseignements s’ils pouvaient y jeter un œil plus attentif.  L’ayant observé d’abord à Paris, et vérifié qu’il ne s’agissait pas d’une simple maquette, ils décident de s’en saisir et de le faire examiner plus attentivement par les spécialiste dépêchés sur place, à Mexico où la tentative d’emprunter l’engin va être tentée au nez et à la barbe des services secrets soviétiques. L’engin, dépecé (puis remonté) et filmé toute une nuit, apportera des éléments clés sur sa fabrication et ses capacités, ou plutôt de la fusée inconnue à ce jour dont il constituait le 3eme étage en fait. La CIA a ainsi appris quel était le poids des étages inférieurs, par déduction de ce qui est satellisé avec ce fameux 3 étage encore collé à sa coiffe de protection. Ils ont aussi déterminé la nature des carburants utilisés, via ceux résiduels dans l’engin exposé, qui semble avoir servi de test complet de production.  Mais ils leur manquent encore des renseignements : ceux sur l’électronique de bord, dont l’engin a été démuni, mais dont il reste quelques traces, notamment des inscriptions que la CIA a vite fait de décrypter.  En somme, les américains savent alors d’où viennent les composants de l’appareil; sans avoir réussi à s’emparer de ces mêmes composants.  Et c’est là qu’Oswald rentre en scène.  Par la même porte, serait-on tenté de dire, car c’est à l’endroit même où l’examen du satellite a eu lieu qu’on le retrouvera… en train d’essayer de se faire inviter une deuxième fois dans le pays.

Un autre homme connu, à Mexico…


A Mexico, toute cette affaire ?  Oui, car ce n’est peut-être pas un hasard, en fait.  Rappelons-le aussi, d’autres personnes de la CIA étaient présentes sur place à la même époque, ou presque, dont un certain … Lee Harvey Oswald.   Peu de temps après l’attentat contre Kennedy, l’ambassadeur US dans la capitale mexicaine (Thomas C. Mann) avait même affirmé qu’il « n’avait certainement pas agi seul »…  Sur quelles preuves appuyait-il son propos ?  Pourquoi Mexico, en effet ?  Pour une raison simple : c’est que la CIA y était fort efficace, aidée par des gens comme Oswald, justement approché des gens de l’autre monde, dont des espions du KGB, dont on essayait alors de savoir… ce qu’eux mêmes savaient (l’éternel jeu du chat et de la souris, du double ou voire du triple agent).  L’ambassade au Mexique de l’URSS avait été en fait truffée de micros par les américains, on vient de le voir.  Et tout ce qui s’y passait y été enregistré jour et nuit, ce que Hoover savait et n’a jamais voulu révéler : « le fait que la CIA ait enregistré l’ambassade soviétique à Mexico était bien sûr un « secret ultra-secret », un endroit parfait pour accrocher une intrigue et être sûr qu’il n’aurait jamais une diffusion publique complète.  La Commission Warren a eu beaucoup d’incertitudes quant à la façon dont la CIA savait ce qu’elle leur disait au cours des premiers mois de 1964, jusqu’à ce qu’en avril, trois agents de la Commission aient été envoyés par la Commission à Mexico pour tenter d’obtenir des renseignements plus précis.  Mais même le rapport interne de soixante-dix pages de ce voyage, écrit par David Slawson en avril 1964 mais non publié jusqu’en 1996, ne dit jamais directement que les bandes avaient été écoutées » nous explique ici History-matters.

Oswald, le « tireur de Mexico » ?



« Oswald avait visité la ville de Mexico quelques semaines plus tôt, apparemment pour obtenir un visa qui permettrait à l’autoproclamé marxiste de défier Cuba, et Mann, un diplomate vétéran, soupçonnait qu’un complot pour tuer Kennedy avait été préparé sur le sol mexicain, lorsque Oswald avait des rencontres avec des diplomates cubains et des mexicains qui soutenaient la révolution de Fidel Castro.  Comment Mann avait-il appris ces réunions ?  Il s’est avéré que la CIA avait Oswald sous surveillance dans la capitale mexicaine après qu’il se soit présenté là-bas aux ambassades cubaines et soviétiques.  De retour au département d’Etat, cependant, un Mann déconcerté avait frappé un mur de brique.  Personne à Washington ne semblait s’intéresser à ses soupçons, ce dont il se plaindra plus tard à ses collègues.  Et quelques jours après l’assassinat, l’ambassadeur a reçu un étonnant message hautement secret directement du secrétaire d’État Dean Rusk.  Selon le témoignage de Mann, des années plus tard, à des enquêteurs du Congrès, Rusk a ordonné à l’ambassade de fermer toute enquête au Mexique qui pourrait « confirmer ou réfuter les rumeurs de l’implication cubaine dans l’assassinat ».  Mann a dit aux enquêteurs du Congrès qu’il avait l’impression que le même « incroyable » ordre d’arrêt avait été donné par la CIA au chef de la station de l’agence d’espionnage au Mexique, Winston Scott.  Dans ses mémoires discrètement découvertes dans les années 1990, après sa mort, Scott a confirmé qu’il soupçonnait également qu’Oswald était un «agent» d’une puissance étrangère qui aurait participé à une conspiration pour tuer Kennedy (bien que Scott n’ait pas suggéré que l’enquête de la CIA ait été arrêtée). »  Les bandes d’écoutes enregistrées de Mexico présentent une autre énigme :  les coups de téléphone faits par « Oswald » n’ont pas tous sa voix : à un moment, un autre homme s’est fait passer pour lui !!!   A quelques pas en face de l’ambassade, un appartement, servait de planque à la CIA pour observer les allées et venues.  Chez la Mary Farell Foundation qui regroupe tous les renseignements possibles sur l’assassinat il est codé LILYRIC.  Il appartenait à Ramon Joseph Alvarez alias Raymond Gerende, qui en tenait deux autres à Mexico (codé LIEMPTY).  Dans JFK Facts, selon Ann Goodpasture, qui a été chargée de scanner les photos faites à LILYRIC, certaines ont bien été détruites (et n’avait rien précisé sur les négatifs, restés à la CIA).  Selon certains, ces documents auraient bien contenu des clichés d’Oswald visitant l’ambassade soviétique.  Un autre « Oswald » a souvent été montré sortant de l’ambassade.  



Pour brouiller un peu plus les pistes sans hésitation !  Ne pas révéler les visites d’Oswald à l’ambassade russe deux mois avant l’assassinat est un aveu de complicité, en réalité !

Oswald et sa rencontre avec un agent du KGB  !!!

Le doute existe donc sur ces enregistrements, que le président Johnson avait rapidement rejetés en raison de la différence de son de la voix, mais pas sur tous les appels (mais on sait aussi à quel point il pouvait lui-même être impliqué dans l’affaire)..  « Aujourd’hui, ceux qui ont vu les relevés de notes des appels « Oswald » disent qu’ils sont assez inoffensifs, même s’ils sont un peu confus, et sont interprétés plausiblement à propos de la demande de visa d’Oswald.  Mais l’appel du 28 septembre a un commentaire plutôt inquiétant: «Je suis allé à l’ambassade de Cuba pour leur demander mon adresse parce qu’ils l’ont», ce qui serait la cause de beaucoup de préoccupations de la CIA après l’assassinat, car il semblait impliquer un Oswald en relation avec l’ambassade cubaine. L’appel du 1er octobre avait quelque chose de pire encore, avec une référence « d’Oswald » et une rencontre précédente avec un homme dont le nom sera donné par le garde soviétique au téléphone:  Kostikov (les transcriptions des deux conversations sont à MEXI 7025, au RIF n ° 104- 10413-10159).


Qui était Kostikov (ici à à Mexico) ?  Le document 347 de la Commission Warren, un des documents retenus jusqu’aux années 1990, un rapport de la CIA sur le voyage d’Oswald à Mexico, écrit le 31 janvier 1964, le dit.  Il contient ce qui suit: « Kostikov est censé travailler pour le département treize de la première direction principale du KGB.  C’est le service responsable de l’action exécutive, y compris le sabotage et l’assassinat.  Ces fonctions du KGB sont connues dans le Service lui-même comme « Wet Affairs » (« mokryye dela »).  Le treizième état-major, selon des informations très fiables, mène des entretiens ou, selon le cas, procède à l’examen de tous les transfuges militaires étrangers en URSS pour étudier et déterminer la possibilité d’utiliser le transfuge dans son pays d’origine » [Warren Commission Document 347, p. dix] ».

FBI et CIA, une autre guerre très, très froide :


Quelque chose avait foiré, avec Oswald à Mexico.  Mais quoi donc ???  Une solution apparaît vite:  dans « FBI: L’histoire du Bureau par ses agents »  de Fabrizio Calvi et David Carr-Brown, on apprend que la rivalité FBI-CIA existait déjà en 1963, et que les quiproquos étaient nombreux.  C’était à qui allait coincer l’autre (ça n’a pas changé depuis bien au contraire !).  James Hosty, du FBI, chargé d’enquêter sur Lee Harvey Oswald à son retour d’URSS en 1962, en avait fait les frais treize ans plus tard, en 1975, lors de la commission Church car il avait interrogé Oswald le 20 novembre 1963 et Kennedy a été assassiné deux jours après seulement !!!  Les enquêteurs avaient aussi trouvé le nom d’Hosty dans le carnet d’adresses d’Oswald mais son nom n’était pas apparu dans l’enquête !!!  Le raté du siècle, en quelque sorte !!!  Hosty avait pris aussi des notes que ses supérieurs ont demandé de détruire après l’assassinat, ainsi qu’une lettre que lui avait envoyé Oswald quinze jours avant (1) !  Selon Calvi et Carr-Brown, dans leur livre, « en 1975, dans la foulée du scandale du Watergate et d’une série de révélations sur les douteuses pratiques des services de renseignement américains, le Sénat crée une commission chargée d’« étudier les opérations du gouvernement en matière de renseignement » (United States Senate Select Committee to Study Governmental Operations with Respect to Intelligence Activities), dite commission Church, du nom de son président.  La Commision s’empare du dossier Kennedy. 


Dotés de pouvoir judiciaire, les sénateurs entendent tous les hommes de l’ombre du pays.  C’est au tour de James Hosty (ici à gauche, il est mort en 2011) d’être interrogé le 12 décembre 1975 par deux des enquêteurs les plus talentueux de la Commission, Paul Wallach et Mike Epstein.  L’interrogatoire de James Hosty commence mal.  L’agent se plaint de la manière dont le FBI a été maltraité par la commission Warren.  Il se fait renvoyer dans les cordes par Mike Epstein, qui est convaincu que Hosty a quelque chose à cacher.  « Comment osez-vous dire que la commission Warren vous a maltraité, dit Epstein, alors que le FBI était au courant des contacts de Lee Harvey Oswald avec l’agent du KGB Kostikov, du département 13 chargé du terrorisme et des exécutions, avant l’assassinat du président Kennedy ? » James Hosty tombe des nues.  À ce jour, il ignorait l’appartenance de Kostikov au département le plus redoutable du KGB.  C’était donc cela, le secret que le FBI voulait à tout prix l’empêcher de découvrir ?  Si on lui avait dit la vérité sur Kostikov dès le retour de Lee Harvey Oswald à Dallas, en octobre 1963, il aurait consacré toute son énergie à enquêter sur le futur assassin du président Kennedy, au lieu de prendre son temps !  « J’ignorais l’appartenance de Kostikov au KGB en 1963 », répond James Hosty.- « Bien sûr que si, vous étiez au courant !  » rétorque Paul Wallach en lui tendant une feuille de papier.  Hosty reconnaît sans mal le mémo du FBI daté du 18 octobre 1963 faisant état de la rencontre entre Oswald et Kostikov.  Hosty ne leur dit pas qu’il a eu beaucoup de mal à obtenir ce document et qu’il ne l’a reçu qu’à la fin du mois d’octobre.  En revanche, il souligne que, dans ce document, Kostikov est présenté comme un vice-consul, et non comme un des responsables des tueurs du département 13 du KGB.  


Normalement, les rapports du FBI signalent toujours l’appartenance des diplomates soviétiques au KGB, quand c’est le cas.  Hosty en a donc déduit que Kostikov n’était qu’un simple diplomate.  Jusqu’à ce jour, James Hosty croyait que la CIA était à l’origine de la rétention d’informations concernant Kostikov.  Or, les deux enquêteurs lui révèlent que c’est le FBI lui-même qui lui a caché la vérité.  Wallach et Epstein lui communiquent une autre information que le Bureau lui a dissimulée :  Lee Harvey Oswald était en contact à Washington avec un autre diplomate, agent secret soviétique, Vitaly Gerassimov, le trésorier-payeur du KGB et un des responsables des « agents dormants » soviétiques aux États-Unis (il est également cité dans « Brothers in Arms: The Kennedys, the Castros, and the Politics of Murder » de Gus Russo, Stephen Molton et dans « Cultural Exchange and the Cold War: Raising the Iron Certain » de Yale Richmond).  Certains membres de la commission Warren étaient convaincus que Hosty était au courant, avant l’assassinat de Kennedy, des contacts d’Oswald avec Kostikov et Gerassimov.  Quelqu’un à l’intérieur du Bureau le leur avait dit.  Hosty prend alors conscience qu’il a été piégé »… par sa propre hiérarchie !

Lee Harvey et Marina en « agents dormants » ?

Un autre ouvrage enfonce le même clou.  Dans « Act Of Rétribution : The Military-Industrial-Intelligence Establishment And The Conspiracy To Assassinate President John F. Kennedy »  de J P. Philips on y ajoute une couche supplémentaire en faisant du couple Oswald des agents dormants, pas moins :  » en août 2005, un agent actuel du FSB nommé «Nikolai», basé sur des informations de première main provenant des archives du KGB, a révélé aux auteurs Gus Russo et Stephen Molton que «les agents du KGB avaient rencontré directement Marina (Oswald) au moins une fois avant d’émigrer, d’après Nikolai.


Elle a été autorisée à émigrer « seulement si elle acceptait leur plan de l’utiliser comme un agent dormant. »  Une fois installée aux USA, le KGB « l’activerait après quelques années ». »  Si jamais le besoin s’en faisait sentir ».  «Elle fournirait des informations ou mènerait une action de l’étranger.»  L’agent spécial du FBI, James Hosty, le contact d’Oswlad à Dallas, corrobore le «compte de Nicholai», et «tout ce qu’il avait appris dans sa formation», dit Russo et Molton. 


Oswald et Marina n’aurait jamais été autorisés à quitter (la Russie) sans faire un accord avec le KGB.  »  De plus, on nous a dit que «presque aussitôt après son arrivée aux États-Unis, Marina a dûment adressé sa nouvelle adresse à l’officier du KGB (à l’ambassade soviétique à Washington DC), Vitaly A. Gerasimov « dont les responsabilités comprenaient le paiement des contacts américains pour les données de renseignement. »  In Guss Russo et Stephen Molton, « Brothers in Arms: The Kennedys, the Castros, and the Politics of Murder » et J. Epstein, « Assassinat Chronicles »... (en photo Oswald avec ses copains ouvriers russes de l’entreprise de Minsk dans laquelle il travaillait).

Parti travailler en Russie… dans une usine de transistors ?


Des agents dormants, dont un qui revenait de mission en URSS !  Souvenez-vous en effet de l’étrange séjour d’Oswald en Russie.  Il était arrivé curieusement à Minsk, employé dans une entreprise comme simple « machiniste » (travaillant sur un tour) mais pas dans n’importe laquelle, d’entreprise.  Voici ce qu’une de ses lettres envoyées de là-bas dit sur le lieu de ce travail  : « cette usine fabrique 87 000 grandes et puissantes radios et 60 000 téléviseurs dans différentes tailles et gammes, à l’exclusion des radios de poche, qui ne sont pas produites en masse partout en URSS.  Cette firme fabrique plusieurs ensembles des combinaison de console radio, de phonographe et des modèles de télévision qui ont été présentés comme des articles produits en masse devant des centaines de milliers d’Américains à l’Exposition soviétique de New York en 1959 (celle où fut exposé le fameux Lunik III !).  Dessous un transistor « Atmosphère » fabriqué » en 1959 par « Voronezh Radio« , à Leningrad, le second modèle seulement vendu en masse en URSS.  


« Après l’exposition, ces ensembles ont dûment été réexpédiés à Minsk et sont maintenant stockés dans une salle de stockage spéciale au premier étage du bâtiment administratif – dans cette usine, prêts pour la prochaine exposition internationale.  J’ai travaillé pendant 23 mois [une faute de frappe –  Oswald a travaillé 28 mois] à cette usine, en tentant en moyenne de faire légèrement mieux que la moyenne des conditions de travail ». (ci-contre à gauche un des premiers transistors russes, de 1957).  « L’usine couvre 25 acres dans la zone de l’année du district, à un bloc au nord de la voie principale et à seulement deux miles du centre de la ville avec tous les équipements pour la production de masse des radios et télévisions.  Elle emploie 5 000 personnes à temps plein et 300 travailleurs à temps partiel, 58% de femmes et de filles ».  Oswald est ici en photo à droite avec des amis ouvriers de son usine.


 Il en avait un autre, appelé Ernst Titovets).  En somme il avait atterri dans une entreprise qui suivait la trace de la même fameuse expo new-yorkaise, doublée à  Moscou !!!  Etrange coïncidence, je trouve  !!!   Maintenant, rappelons-nous ce que les espions de la CIA avaient trouvé d’intéressant en désossant le fameux Lunik-Luna exposé au Mexique :  « l’identification des trois producteurs électriques qui avaient fourni des composants » pour le satellite.  Difficile aujourd’hui d’y voir un hasard, au moment où l’on vient de rappeler que les transistors devenaient vitaux dans la recherche spatiale !!!  Le satellite avait été certes dépecé lors de l’expo mexicaine, qui s’était tenue du 21 novembre au 15 décembre 1959, mais il avait déjà subi une visite avant sans démontage (à Paris ?), qui avait permis de constater que c’était bien un modèle réel et non une maquette :  l’occasion déjà de noter des noms de fabricants ???  Et de remonter leur trace sur place jusqu’en Russie ?  Oswald est effectivement arrivé à Moscou le 16 octobre 1959, Luna III avait été lancé le 4, et avait transmis des photos de la lune deux jours après, ajoutant encore à l’humiliation US, avant l’ultime de 1961 et l’envoi de Gagarine dans l’Espace le 12 avril.


Il rentrera aux Etats-Unis avec sa femme russe dès le 1er juin 1962 (un retour qui sonne comme un aveu d’échec sur la mission de départ sur la trace de l’électronique soviétique en devenir).  Le lendemain, les américains envoyaient dans l’espace leur cinquième exemplaire de satellite espion à récupération de films.  Les premiers d’une très longue série de télescopes détournés pour filmer de loin l’URSS :  plus besoin d’espion sur place, ou presque !!!  Oswald se retrouvera lui l’année suivante à Mexico pour s’y faire doubler par une personne restée inconnue à ce jour (plus personne aujourd’hui ne nie qu’à Mexico quelqu’un a tenté de se faire passer pour lui).  Au bilan final, des questions demeurent.  Oswald y avait été envoyé par qui, en Russie, sinon par la CIA ?  Et qui donc avait tenté de prendre sa place et pourquoi donc ?  Un Oswald par la suite totalement manipulé, à la fois par le KGB et la CIA, pour en faire le parfait pigeon qu’il a été dans l’assassinat de Kennedy !  En tout cas sa présence à cet endroit, obligatoirement, excluait le fait qu’il puisse avoir été un « loup solitaire » (2) à Dallas !!!

Un homme bien singulier


La question qui demeure étant:  qui donc aurait pu inciter Oswald à se rendre en URSS pour s’intéresser autant là-bas à l’électronique ?  Après y avoir bien réfléchi et pas mal cherché, on tombe sur un personnage qui a longtemps joué les deus ex machina durant des années aux USA.  Et ce n’est ni Allen Dulles ni James Angleton…  Non, il s’agit d’un homme ayant intégré officiellement la CIA en 1953, mais qui travaillait pour elle depuis plusieurs années déjà, car déjà recruté par l’universitaire Richard Innes.  Avant la guerre, John Paisley, c’est son nom, était entré au Maritime Service Training pour y devenir radio, et pendant la guerre avait continué à le faire dans la Marine marchande.  Curieusement, notre homme était aussi allé à Cuba et en URSS dans le même laps de temps pour s’y perfectionner en langues.  L’homme était plus que singulier :  « après la guerre, Paisley est retourné à l’Arizona, où il a travaillé comme opérateur radio pour la patrouille routière à Phoenix.  En septembre 1946, il s’est inscrit à l’Université de l’Oregon.  Six mois plus tard, il en a été expulsé après que les autorités l’aient surpris dans sa chambre de dortoir avec une jeune femme.  En 1948, Paisley est allé travailler comme un opérateur radio pour les Nations Unies. Employé comme un opérateur radio avec la « Bunche-Bernadotte Peace Mission » en Palestine.  Cela comprenait la visite de l’Irak, de l’Egypte, du Liban, de la Syrie et de la Jordanie.  A son retour aux Etats-Unis, Paisley a épousé Maryann McLeavy et s’est inscrit à l’Université de Chicago pour y étudier les relations internationales.  Un autre étudiant, Leonard Master décrit Paisley comme un «gauchiste idéaliste» qui se consacrait aux droits civils ».  Au départ, donc, ce spécialiste de l’électronique était donc entré à la CIA uniquement à la création de sa nouvelle division, l’ « Electronics Branch » pour y devenir un « Economics Intelligence Officer« .  Mais à peine arrivé à Washington, voilà John Paisley à étudier de près l’évolution de l’électronique en URSS, apprend-t-on à son sujet…

Paisley et l’électronique russe


Deux ans plus tard, le voici dépêché tout spécialement en Allemagne, où il est « prêté » à la National Security Agency (NSA), pour analyser les données électroniques interceptées dans le célèbre tunnel de Berlin (lire ici ce que c’était), l’incroyable poste d’écoute électronique  souterrain que William K. Harvey et son personnel ont réussi à creuser à la barbe des russes et des allemands de l’Est (c’est l’Opération Gold appelée aussi Opération PBJOINTLY à la CIA et Opépration Stopwatch pour le MI6 anglais).  L’affaire, une des plus retentissantes de la guerre froide,  sera révélée  par les russes en 1956, via le rapport de George Blake, un espion russe infiltré.. au sein même du MI6 anglais.  Mais sa bio officielle ne s’arrête pas là :  « Paisley est retourné aux États-Unis en 1957 pour y être placé en charge de la Direction générale de l’équipement électronique de la CIA, division industrielle.  En 1959, Paisley a passé beaucoup de temps en Europe où il a analysé les développements réalisés dans la technologie soviétique. Selon Joseph Trento (« Widows: The Explosive Truth Behind 25 Years of Western Intelligence Disasters« ), Paisley a rejoint le cercle intérieur de la CIA: « en utilisant la nouvelle technologie des satellites espions, les satellites d’écoute et postes d’écoute, Paisley a combiné des données électroniques avec des informations provenant des agents en place pour donner de nouvelles images surprenantes de la société soviétique « . 


Selon Joseph Trento (« Widows: The Explosive Truth Behind 25 Years of Western Intelligence Disasters« ), Paisley a rejoint le cercle intérieur de la CIA: « en utilisant la nouvelle technologie des satellites espions, les satellites d’écoute et postes d’écoute, Paisley a combiné des données électroniques avec des informations provenant des agents en place pour donner de nouvelles images surprenantes de la société soviétique « .  Avouez qu’on ne peut rêver meilleur candidat pour suivre les pérégrinations du fameux satellite russe Lunik III, exposé en Europe, à Paris… puis jusqu’à Mexico où la CIA le volera quelques heures comme j’ai pu ici même vous le dire !  Et tout cela, en étant en même temps l’homme ayant très certainement recruté… Lee Harvey Oswald :  « Paisley est finalement nommé en tant que directeur adjoint du Bureau de la recherche stratégique.  Selon Dick Russell, Paisley est peut être lié à la décision de Lee Harvey Oswald de faire défection en Union soviétique.  L’une des tâches de Paisley était d’interviewer des transfuges soviétiques, tels que Anatoli Golitsyn et Yuri Nosenko.  Paisley a donc travaillé avec Oleg Penkovsky qui a été exécutée par les Soviétiques en 1963″.  Le mot est lâché : « recruté » !

Paisley et Oswald



Avec un tel curriculum, il y a en effet de fortes chances que Paisley, désireux d’en savoir davantage sur l’état d’avancée de l’électronique russe, ait désiré avoir une taupe… à Minsk, dans une entreprise de téléviseurs et de radios qui disposait d’un « labo spécial », comme on le décrit ici (ci-dessus le premier téléviseur à transistors soviétique datant de 1965, produit par l’usine de Kozitsky, à Léningrad).  « Il est possible qu’Oswald ait travaillé à deux endroits pendant la durée de son emploi à usine de radio et de télévision Horizon Minsk.  Avant d’être posté dans un magasin sur un tour métallique, Oswald a d’abord affecté à la « Experimental Shop », où les pièces étaient produites pour les nouvelles technologies et les composants dans la recherche et le développement.  En 1992, nous n’avions pas pu filmer l’intérieur de la boutique expérimentale, en raison de son travail sensible pour la force aérienne russe, mais nous avons été autorisés à filmer l’extérieur. 


Non seulement The Horizon Factory, produisait et produit aujourd’hui encore, des radios et des télévisions grand public, mais aussi des composants électroniques pour le programme militaire et spatial russe.  Le responsable de l’usine nous donnant la visite des installations, ne pouvait pas confirmer pour nous si le magasin expérimental était une zone de haute sécurité en 1960, lorsque Oswald y était. »  Oswald, qui, étrangement encore, de retour aux USA, se retrouvera dans une autre usine de haute technologie :  « d’une manière étrange, l’emploi d’Oswald dans la boutique expérimentale, préfigure étrangement son lien avec un autre périmètre de sécurité industrielle au travail, chez Jaggars-Chiles-Stoval au Texas, la firme de photo-lithographie aux contrats militaires, où Oswald a travaillé du 12 octobre, 1962 au 6 avril 1963.«  



Un travail dégoté par… George de Mohrenschildt !!!  Etonnante coïncidence en effet !!!  JCS, la firme qui, en pleine crise des missiles de Cuba, développait les films des Crusaders ou des U2 ayant survolé Cuba !!!  Or, coïncidence encore, on a aussi trouvé Oswald au Japon en 1957… « Sur place, on l’affecta à Atsugi (2) l’une des deux bases américaines abritant l’avion de reconnaissance espion U-2. Jim Marrs ne manque pas de mentionner que cette base était aussi munie d’un regroupement de bâtiments étranges connu comme Joint Technical Advisory Group, qui était en réalité l’une des principales bases d’opération de la CIA ».  En photo ici à gauche un cliché fort rare pris par Toda Yasunori, alors jeune adolescent, montrant un U-2 se posant à l’Atsugi Naval Air Station en 1959.  Voilà en tout cas qui commence à faire beaucoup, non, pour un Oswald présenté comme n’ayant rien eu à voir avec la CIA ?

L’accusation infâme

Paisley, lui continuera bien après la mort d’Oswald a entretenir le flou sur ses réelles préoccupations : on le retrouvera comme ombre derrière le Watergate, à manipuler tout le monde, puisque certains verront en lui la personne de Deep Throat, celle qui renseignait les journalistes pour couler Nixon (on découvrira qu’il s’agissait de Mark Felt, membre éminent du FBI, juste derrière Hoover et Sullivan, écœuré par celui-ci… et par les agissements de Nixon et de sa clique).  En 1971, par exemple encore, voilà Paisley à organiser des rencontres sexuelles avec son collègue de la CIA, Donald Burton, au sein d’un club fermé appelé « Rush River Lodge Corporation« .  L’idée étant toujours de manipuler les gens, bien entendu.  Selon Trento (dans Spartacus Ed.), « Burton et Paisley ont organisé plusieurs parties de sexe à la loge. «  Ceux qui ont assisté à des parties de ce genre incluaient des politiciens et des journalistes.  Burton a admis qu’un « homme de haut niveau chez Nixon appréciait attacher les femmes et les battre » lors des fêtes du groupe.  Une autre personne qui y a assisté y a croisé la belle Hana Koecher, un agent du service de renseignement tchèque » (Karel Köcher, son mari, ainsi qu’elle-même seront échangé par les Soviétiques contre Sharansky sur le Glienicke Bridge à Berlin le 11 février 1986 !!!).  En 1973, suite à l’évincement de James Schlesinger à la tête de la CIA, remplacé par William Colby, Paisley se rapprochera encore de la tête directrice de la CIA, juste avant de décider de prendre brusquement sa retraite… en 1976, Colby est en effet remplacé par G.W.Bush Sr, qui rappelle aussitôt le même Paisley, pour former une seconde équipe marquée fort à droite, chargée spécialement de surveiller la Russie, équipe qui comporte Richard E. Pipes, Clare Boothe Luce (tiens la revoilà, la matrone des anti-castristes ! !!), John Connally, le général Daniel O. Graham, Edward Teller (le père de la bombe à hydrogène et un chaud partisan de son emploi !!!) et Paul Wolfowitz, mais aussi le général John W. Vogt, le Brigadier General Jasper A. Welch (lié lui aussi au développement de l’arme nucléaire), William van Cleave (de l’Université de Southern California, il deviendra conseiller de Reagan), Paul Nitze (l’Assistant Secretary of Defense for International Affairs), Foy D. Kohler (ex ambassadeur US à Moscou), Seymour Weiss (du State Department, qui deviendra Director of the Bureau of Politico-Military Affairs sous Nixon) et Thomas W. Wolfe (de la Rand Corporation; attaché à Moscou de 1956 à 1958, et conseiller senior sur l’armement soviétique à la conférence de Genève en 1960).  On peut aussi y ajouter David S. Sullivan, qui va émettre rapidement de sérieux doutes sur Paisley et glisser l’idée comme quoi il y aurait 10 espions russes au sein même de la CIA.



L’hostilité entre eux ira grimpant, Sullivan accusant carrément Paisley, l’ancien directeur du Deputy Director of Strategic Research, de travailler pour le KGB.  Le résultat de cette incroyable défiance ???  La disparition de celui visé par cette cabale !!!  Le 24 septembre 1978, le mystérieux et fort discret Paisley décide en effet de faire seul un tour en bateau à moteur sur la Chesapeake Bay;  près du phare de Hooper.  Deux jours plus tard, son bateau n’avait pas bougé.  Deux plongeurs retrouveront son corps décomposé dans la Patuxent River, encore engoncé dans une tenue de plongeur, totalement méconnaissable, encore lesté de plombs de plongée (19 kilos sur lui !) et présentant les traces d’une balle reçue dans la tête.  Un meurtre, à l’évidence, selon la police… qui sera pourtant déclaré officiellement comme étant un suicide (selon le coroner de Calvert County, le Dr. George Weems) !!!  La balle était entrée côté gauche de la tête alors qu’il était droitier !  Très vite d’étranges descriptions vont apparaître dans la presse.  Aurait été retrouvé sur lui, par exemple, un petit carnet avec dedans les noms de tous les agents de la CIA à l’étranger, et leurs numéros de téléphone.  Pour certains, une découverte bien trop improbable (c’était trop beau, et bien trop…idiot)!

Paisley, victime de la rivalité interne à la CIA

Après sa mort, on continuera à le discréditer, comme ici dans le journal Baltimore Sun, cité ci-dessus à droite par un autre journal.  D’aucuns douteront aussi que ce soit bien son corps qu’on ait retrouvé (tellement il était méconnaissable). 




Le but étant bien entendu de ne pas faire allusion à ce que d’anciens collègues subodoraient :  l’ancien agent de la CIA, Victor Marchetti (ci-dessus, auteur de « The CIA and the Cult of Intelligence », lisible ici), a en effet affirmé à Harrison Edward Livingstone et Steve Parks – du Baltimore Sun-  que Paisley savait beaucoup de choses sur l’assassinat de John F. Kennedy et qu’il avait surtout été assassiné au cours du déroulement de l’investigation de la House Select Committee on Assassinations (HSCA, la seconde enquête officielle sur Dallas) parce qu’il était « sur le point de dénoncer tout ça« . Quinze après, il ne fallait toujours pas le laisser entendre semble-t-il !!! Voilà qui remet sérieusement en cause les accusations d’agent du KGB, sachant que parmi ces opposants ils avait la fameuse Clare Booth, âme damnée de l’assassinat de Kennedy comme on a pu le voir !!!  A noter que Sullivan sera plus tard viré de la CIA sous l’administration Carter pour avoir apporté à l’équipe de transition de Reagan des documents classifiés.  L’homme était bien de droite.  Il avait aussi été accusé d’avoir exposé l’espion envoyé en URSS et appelé « Trigon« , de son vrai nom Alexander Dmitrievich Ogorodnik.  Ironie du sort : en 1994, Ogorodnik (qui était alors sous les ordres d’Aldrich Hazen Ames, cet espion russe déguisé entré à la CIA et condamné à la prison à vie aux USA) sera lui-même trahi par… Karl Koecher !!!  L’éternel jeu du chat et de la souris !  Et un pas très joli panier de crabes au final !!!



(1) le texte de Garrison sur Oswald agent secret :  « Hosty était-il un simple messager innocent ou faisait-il partie d’une conspiration du F.B.I. pour faire « porter le chapeau » à Oswald ?  Si les employés du F.B.I. participaient à un complot, cela expliquerait pourquoi le Bureau avait mystérieusement omis d’agir après réception du télex d’avertissement cinq jours avant l’attentat, et n’avait pas davantage réagi à la lettre que Richard Case affirmait avoir écrite à ce sujet à J. Edgar Hoover.  Cela expliquerait aussi, peut-être, pourquoi Oswald, qui manifestement ne s’entendait pas avec Hosty et sentait peut-être qu’il allait être victime d’un coup monté, avait télégraphié au ministre de la Marine dix jours avant l’attentat.  Je commençai à imaginer un scénario possible.  Longtemps à l’avance, les organisateurs de l’assassinat avaient choisi comme bouc émissaire l’idéaliste et crédule Oswald.  Ses antécédents secrets dans le milieu du renseignement permettaient non seulement d’assurer la réussite de l’entreprise mais encore d’espérer le soutien du gouvernement qui ne voudrait pas admettre que l’assassinat avait pour origine ses propres Services de renseignements.  Si Oswald était à la solde du gouvernement comme indicateur confidentiel, à Dallas et à La Nouvelle-Orléans, il a fort bien pu croire que sa mission était d’infiltrer des organisations subversives, dont le Fair Play for Cuba et peut-être la faction de Guy Banister, afin de faire sur elles un rapport au F.B.I.  Il aurait alors pu pénétrer dans une partie marginale du projet d’attentat, encore une fois avec l’idée qu’il s’engageait dans une entreprise officielle pour obtenir des renseignements sur ce complot.  Il a même pu envoyer des rapports sur la conspiration pour tuer le Président à son agent-contact James Hosty.  Constatant alors que Hosty ne réagissait pas, il serait passé outre et aurait télégraphié un avertissement au ministre de la Marine qui aurait informé le siège du F.B.I., lequel aurait alors envoyé sont télex d’avertissement.  Mais il était également possible qu’Oswald eût aussi été indicateur pour une autre branche des Services de renseignements, par exemple l’O.N.I. ou la C.I.A., représentée par Guy Banister, et détînt des informations sur la conspiration, de Hosty et du F.B.I.  Et puis, comme Hosty commençait innocemment à harceler Oswald et sa femme pour obtenir davantage de renseignements, Oswald se serait fâché et aurait riposté par sa note de menace à Hosty et son télégramme au ministre de la Marine.  Il était impossible de savoir ce que Lee Harvey Oswald avait eu dans la tête.  Mais quoi qu’il ait cru faire, il avait nettement acquis plus de renseignements sur la conspiration que ne pouvaient le tolérer ses organisateurs.  C’était pourquoi il devait mourir si subitement à Dallas, moins de 72 heures après John Kennedy.  Je savais que je ne pourrais jamais rien présenter de tout cela devant un tribunal.  Cela n’avait aucun lien particulier avec Clay Shaw et n’était que conjectures.  Mais il me semblait tout de même qu’il n’y avait pas de meilleur moyen d’attirer un bouc émissaire comme Oswald qu’en le persuadant qu’il avait pénétré le secret d’un vaste complot pour un assassinat public historique et qu’il serait en mesure d’avertir les autorités compétentes à la onzième heure.  La question qui me dérangeait, et qui avait bien pu troubler Oswald, était la suivante : si la police de Dallas, le bureau du shérif, le Secret Service, le F.B.I. et la C.I.A. étaient tous impliqués dans le complot, qui étaient les autorités compétentes ? »

(2)  Harvey Lee Oswald est arrivé à Atsugi, au Japon à bord de l’USS Bexar le 12 septembre 1957.

documents :

Timeline de la vie de LHO





Partie 34

Qui dit complot, dit organisation, préparation et… plan B.  Rarement un crime aussi organisé, telle une pièce de théâtre, avec sa scène et ses nombreux interprètes et comédiens, n’a connu qu’une seule représentation.  Il en va de même pour l’assassinat de Dallas, qui aurait connu, selon certains… une répétition, en quelque sorte, qui se serait tenue non pas à Dallas, mais à… Chicago, la ville du crime aux USA !  Selon le site de référence ce cette énième théorie, les deux plans d’assassinat étaient rigoureusement identiques, à part que celui de Chicago se serait tenu 20 jours auparavant et à 965 km de là… un plan B ravivé par un auteur sulfureux, mais qui mène à une autre piste encore plus sulfureuse et bien plus machiavélique encore (à ce stade cela devient en effet d’une perversion ultime !).  Et ce qui nous ramène en fait directement à « Tricky Dicky » Nixon, ce qui n’est pas totalement, une surprise, à avoir suivi son parcours politique fait de coups tordus !


Ce plan-là aurait en fait raté, car il aurait été déjoué avant sa réalisation.  En somme il aurait en fait été le plan A dont Dallas serait devenu le plan B !!!  Selon Robert Riversong, en effet (qui recommande de lire « RFK must Die »de  Shane O’Sullivan), 



« Le Protection Research Service, le service du renseignement du Service secret, avait reçu plus de 400 menaces possibles de mars à novembre 1963.  Le Comité spécial des assassinats de la Chambre (HSCA, 1976-78) a déterminé plus tard que trois d’entre elles étaient importantes.  La première avait été une carte postale avertissant que le président serait assassiné alors qu’il roulait lors d’une parade automobile (« motorcade ») ce qui a donné lieu à une protection supplémentaire lorsque le président est allé à Chicago en mars 1963.  La deuxième menace crédible peut avoir entraîné l’annulation du voyage prévu du président à Chicago pour un match de l’armée de l’air ».  La troisième étant en suspens, ici.  Mais celle de Chicago est après-coup pleine d’enseignements.


Le plan A de Chicago



Un autre attentat avait-il été prévu ?  En tout cas le cas relevé à Chicago est très, très… perturbant, tant il présente de similitudes avec celui de Dallas. « Le 30 octobre 1963, les Services secrets ont appris que le résident de Chicago, Thomas Arthur Vallee, critique acerbe de Kennedy, possédait plusieurs armes et avait demandé un congé le 2 novembre, date de la visite prévue du président.  Lorsqu’il a été arrêté par la police de Chicago (ici à gauche), Vallee avait un fusil M-1, une arme de poing et 3000 munitions dans son automobile.  Le Service secret a appris que Vallee était un vétéran de la Marine Corps avec une histoire de santé mentale déficiente et qu’il était membre de la Société John Birch.  Aucune de ces informations n’a été transmise au groupe de protection du président pour Dallas, même si un rapport du Service secret après l’assassinat a noté la similitude dans les antécédents de Vallee et d’Oswald, suggérant que Vallee aurait pu être le « patsy » de Chicago… car là aussi, en quelque sorte, un personnage désireux d’attenter à la vie présidentielle avait aussi été prévu pour être arrêté et être accusé d’avoir attenté à la vie du président !!!

Un suspect, mais aussi un drôle de policier

Si le cas de Vallee est étrange, ce n’est pas à cause de lui seul.  Un policier est également concerné par une forte suspiscion.  C’est l’un de ceux qui avait été chargé de jeter un œil sur lui, avec un collègue, selon le chercheur Dan Stern:  Daniel Groth avec son collègue Peter Schurla.  Or le premier, le 4 décembre 1969, selon une demande express provenant du FBI, avait été mis en cause (bien après l’affaire de Dallas) dans une affaire sordide.  Alors que son escouade entrait de force dans l’appartement de deux leaders du Black Panther, Fred Hampton et Mark Clark, ces deux derniers avaient été aussitôt tués par balle par l’équipe de Groth, ce qui s’apparentait davantage à une exécution qu’à une arrestation, même si les Black Panthers n’étaient pas des enfants de chœur.  Or Dan Stern, dans cet assaut a aussi démontré que Groth travaillait très certainement pour les services secrets, s’étant à plusieurs reprises entraîné à la fois avec des gens du FBI comme de la CIA, à Washington même.  Les deux policiers de Chicago étant d’ailleurs membres, selon lui, comme leurs collèges; et parmi les plus anciens membres même, du Law Enforcement Intelligence Union, un programme de liaison avec la CIA.

Un endroit idéal, là aussi


Mais revenons à l’arrestation de l’assassin potentiel de Chicago :  « le mercredi 30 octobre 1963, les agents du bureau des services secrets de Chicago ont été informés du complot de Chicago par l’agent spécial chargé Maurice Martineau.  Abraham Bolden était l’un des agents présents.  Bolden avait quitté volontairement le service de la Maison Blanche deux ans auparavant pour protester contre la mauvaise sécurité accordée au président.  L’agent spécial chargé Martineau a annoncé à ses agents des services secrets de Chicago un complot contre Kennedy dans le cadre des préparatifs pour l’arrivée du président à l’aéroport O’Hare trois jours plus tard, le samedi 2 novembre à 11 h 30.  Ce samedi après-midi, il était prévu que JFK devait assister au match de football de l’armée de l’air au Soldier Field.  



À 9h00 mercredi matin, Martineau a dit aux agents que le FBI avait appris d’un informateur que quatre tireurs d’élite prévoyaient de tirer sur Kennedy avec des fusils de haute puissance.  Leur embuscade devait se produire le long de la route du cortège présidentiel, alors qu’il viendrait de O’Hare vers le bas de l’autoroute du Nord-Ouest, dans une boucle, le samedi matin ».  La ville de Chicago, truffée d’échangeurs autoroutiers se superposant à proximité de hauts immeubles (voir photo ici à droite) offrait en effet des endroits rêvés pour de tireurs postés (on les surnomme « Spaghetti Junction »).  « Le FBI avait dit que «les suspects étaient des fanatiques para-militaires de droite».  L’assassinat «serait probablement tenté à l’un des viaducs de l’autoroute du Nord-Ouest».  Ils le savaient par un informateur nommé «Lee».  Le lendemain, la propriétaire d’une pension du côté nord a fourni de plus amples renseignements.


Quatre hommes lui louaient des chambres.  Elle avait vu quatre fusils avec des lunettes, dans une des pièces des hommes, ainsi qu’un croquis du journal montrant le trajet du Président.  Elle avait téléphoné au FBI.  Le FBI a alors dit à Martineau que tout dépendait du service secret.  James Rowley, chef du service secret à Washington, a confirmé à Martineau que J. Edgar Hoover avait pris en main le dossier (2).  C’était de la compétence du Service secret et le FBI ne ferait rien pour enquêter ou arrêter l’intrigue contre Kennedy. »  On notera la « récupération » rapide et complète par l’équipe de Hoover des assassins potentiels.  A droite en haut le document tardif (1968) sur une demande d’ouverture du dossier Vallee au FBI, concernant l’assassinat de JFK, avec la réponse de Edgar Hoover !  On y mentionne surtout que Vallee avait été catégorisé à l’armée comme schizophrène et paranoïaque, et qu’il présente aussi une « attitude mégalomaniaque euphorique«  (?).  On y précise bien aussi qu’il a été arrêté pour un simple problème de circulation, mais pas qu’on avait découvert une arme et des munitions dans sa voiture !

Une thèse reprise tardivement


L’écrivain Edwin Black (l’auteur du remarquable « IBM et l’Holocauste »),  avait lui noté le même passage au ralenti de la voiture dans un endroit particulier :  « le 2 novembre 1963, il était prévu que JFK devait assister au match de l’Armée de l’Air-Force aérienne au champ des soldats.  Les plans prévoyaient qu’il devait arriver à O’Hare vers 11 heures du matin, pour descendre en voiture sur ce qu’on appelait alors vers la boucle de l’autoroute du Nord-Ouest.  La caravane prendrait la sortie de Jackson, en tournant lentement à gauche dans la rue pour se rendre au stade (ci-dessous à droite).  La sortie de Jackson serait alors  bondée, avec pas moins de 45 écoles locales et organisations civiques soucieuses de voir le président ». 


En fait, la première assertion du match mis à l’index semble fausse :  Kennedy avait finalement annulé le match de football de l’Armée de l’Air l’après midi, mais absolument pas en raison de l’arrestation de Thomas Arthur Vallee.  Il venait alors d’être informé du coup d’état au Vietnam contre les frères Diem (voir notre tout premier épisode) et a dû avoir après des réunions dans la nuit avec la CIA et le renseignement militaire.  « Le coup d’État avait des répercussions mondiales qu’il fallait régler immédiatement.  Il n’était pas temps pour le président des États-Unis d’assister à un match de football » peut-on lire.  Le putsch vietnamien avait eu lieu effectivement le 2 novembre 1963.

Les similitudes 


Ce qu’il y a d’étonnant dans le cas encore méconnu de Vallee, ce sont en tout cas le nombre de similitudes avec le cas de Lee Harvey :  « Après avoir surveillé Vallee pendant des heures, les deux hommes l’ont arrêté samedi, 2 novembre 1963 à 9h10.  Deux heures et demie avant que JFK ne devait arriver à l’aéroport O’Hare.  Thomas Vallee avait été conduit le long d’une piste que Lee Harvey Oswald suivrait après lui.  Vallee a dit qu’il avait été assigné par les marines à une base U-2 au Japon. Vallée était ainsi placé sous le contrôle de la CIA, qui commandait l’U-2, tout comme Oswald passerait sous les contrôles de la CIA en tant qu’opérateur de radar sur une autre base de la CIA des U-2 au Japon.  En août 1963 alors qu’Oswald se préparait à déménager de la Nouvelle-Orléans à Dallas, Valle déménageait de New York à Chicago.  De même qu’Oswald avait obtenu un emploi dans un entrepôt juste au-dessus de la future parade de Kennedy à Dallas, Vallee avait également obtenu un travail dans un entrepôt juste au-dessus du futur passage de Kennedy à Chicago ».  On pourrait ajouter que Vallee avait aussi contacté des anti-castristes pour s’entraîner avec eux dans un camp à Levittown sur Long Island, à New York (en photo à gauche Kennedy à Chicago avec le maire Richard J.Daley) !  Cela faisait en effet une belle poignée de concordances entre les deux personnages !  Vallee aurait-il été « sélectionné » et « préparé » par les mêmes qui attenteront à la vie présidentielle quelques semaines plus tard ? L’énigme demeure. 


On songe au film « Exécutive Action » (« Complot à Dallas ») de David Miller, sorti en 1973. C’est un des premiers à aborder l’angle du complot, et surtout la thèse d’un Oswald perçu comme manipulé, déjà, par une poignée d’agents secrets, et ici planté ostensiblement comme « pigeon » .  Si le film pêche par certains aspects (l’usage du Carcano par exemple), il évoque le cas d’un sosie de Lee Harvey, découvert progressivement dans les années qui ont suivi, notamment lors de l’épisode de l’ambassade de Mexico, où tout le monde s’accorde à dire que ce n’est pas Oswald qui s’y était rendu.  Même le président Johnson !  Les petits malins auront bien sûr remarqué qui était l’auteur du scénario :  Dalton Trumbo (aidé il est vrai par Mark Lane (1), dont le livre  “Rush to Judgment” a servi de base au scénario du film) !!!


Pire encore, avec une autre découverte

Le problème de cette théorie est donc qu’elle n’est pas non plus fraîchement nouvelle, et que ces sources sont aussi sujettes à caution.  La source première ayant été Abraham Bolden, ancien agent secret de couleur ayant été quelque temps au service de JFK, mais ayant eu ensuite de sérieux déboires avec la justice, relayé par un conspirationniste tel que le fort discutable Sherman Skolnick, qui avait au moins obtenu le soutien d’Edwin Black dans un numéro du « Chicago Independent ».  Skolnick a beau être… dérangeant, il a cependant levé de beaux lièvres, tels que celui de la mort de Dorothy Wetzel, agent de la CIA devenue par mariage Dorothy Hunt, la femme en effet de  E. Howard Hunt, celui-là même qu’on retrouvera cité à la fois dans l’assassinat de Kennedy et dans l’affaire des plombiers de Nixon. Et qui faisait partie, lui aussi, ne l’oublions surtout pas, de la CIA !!! 


Voici qui nous amène en fait à une autre piste, toute aussi dérangeante, sinon davantage.  Son avion, un Boeing 737-222 d’United Airlines s’était en effet écrasé en pleine banlieue de Chicago (ici à gauche) avec celle qui venait de l’interviewer, Michelle Clark de CBS News.  Le crash du vol 533, de Washington à Chicago, qui avait tué 45 personnes, le 8 décembre 1972.  Or selon Skolnick, Dorothy Hunt avait en effet clairement, impliqué Nixon dans l’assassinat de Kennedy !!!

Un crash d’avion pour enterrer une sombre histoire ?


Du lourd, encore une fois, du très lourd même !!!  A peine l’avion tombé, plus de 50 employés du FBI s’affairaient déjà sur la scène du crash !!!  Voilà qui rappelle une autre scène célèbre, non ?



Visiblement, les gens du FBI, pour se mobiliser autant et aussi vite, avaient été mis au courant AVANT que l’avion ne tombe !!!  Dans le sac de Dorothy Hunt on retrouvera 10 000 dollars en billets de cent (certains affirmeront bien davantage) !!!  A qui étaient-ils destinés ?  Que cherchaient donc les gens du FBI une fois l’avion tombé ? Quels documents qu’auraient emporté Hunt ou Clark qui puissent valoir un tel déploiement de service secret ???  Et si Dorothy Hunt aurait été un assassinat de plus de la longue série démarrée après Dallas ?  Et si elle était LE « smoking gun » en reliant non pas LBJ, comme beaucoup le disent, mais carrément à Richard Nixon, le sinistre « tricky dicky » de la politique américaine ???  Car ce n’est pas que la femme de celui le plus impliqué dans le Watergate qui avait disparu ce jour-là mais une journaliste qui elle aussi avait menacé de révéler « un secret qui aurait pu faire sauter la maison blanche ».  Un secret dont on l’aurait voulu taire en l’achetant, comme on a tenté d’acheter son mari pour qu’il ne parle pas (ou plutôt comme son mari a hérité d’argent en menaçant lui aussi de tout révéler sur le Watergate auquel il avait activement participé !).

Tuer 43 personnes de trop ?


Dorothy détenait quelque chose, apprises auprès de son mari, fortement impliqué comme on le sait, à propos de l’assassinat de Dallas.  C’est ce qui a provoqué son élimination.  C’est Spartacus Educational qui l’affirme en tout cas :  « James W. McCord (ici-dessus, lui même membre de l’équipe des « plombiers » qui a cambriolé le siège du Parti démocrate en juin 1972) « a affirmé que Dorothy lui a dit que lors d’une réunion avec l’avocat de son mari, William O. Buttmann, elle a révélé que Hunt avait des informations qui «souffleraient la Maison Blanche hors de l’eau» (ce faisant, elle lui avait avoué qu’elle était donc au courant elle aussi !).  « En octobre 1972, Dorothy Hunt a tenté de parler à Charles Colson (l’assistant véreux  de Nixon il deviendra pasteur évangéliste !).



Il a refusé de lui parler mais a plus tard admis au New York Times qu’elle était « bouleversée par l’interruption des paiements des associés de Nixon aux accusés du Watergate » (à son mari, donc !).  « Le 15 novembre, Colson ! ici à gauche) a rencontré Richard Nixon, H. R. Haldeman et John Ehrlichman à Camp David pour discuter de la menace de chantage de Howard Hunt.  John N. Mitchell était également inquiet au sujet des menaces de Dorothy Hunt et il a demandé à John Dean d’utiliser un fonds secret de la Maison Blanche pour «faire en sorte que la situation de Hunt se stabilise».  Finalement, il a été arrangé par Frederick LaRue pour donner à Hunt environ 250 000 dollars pour acheter son silence » (= 1,5 million actuel !!).  « On » aurait assassiné ce jour-là 45 personnes car DEUX étaient susceptibles de parler et d’enfin expliquer qui était derrière l’assassinat de Kennedy ? 45 personnes !!!  Pour protéger un secret d’Etat ???  Mais lequel, qui vaille autant de vies supprimées ?  L’assassinat aurait pu avoir aussi un tout autre rôle :  celui d’assurer le silence d’Howard Hunt lui-même, à qui l’on montrait alors ce qu’il advenait à ceux qui parleraient !!!

Des étrangetés à la pelle


Pour l’hôtesse Marguerite McCausland, une des rares suivantes du crash du vol United Airlines Flight 553, 



retrouvée vivante à l’avant de l’avion et ici en 2012, certes le temps était mauvais, mais une erreur de pilotage lui semble insuffisante pour expliquer la catastrophe, qui l’avait complètement surprise, elle pourtant habituée aux vols d’un appareil réputé fiable.  Un appareil, pourtant, ce jour là, ayant connu quelques dysfonctionnements :  le NTSB lui trouvera que le Flight Data Recorder (boîte noire) avait cessé de fonctionner 14 minutes avant le crash, mais ne trouvera rien à en redire (c’est la bande d’enregistrement de la tour de contrôle, saisi par le FBI, qui servira de témoignage à charge contre le pilote, dans l’enquête) !!!  Pour le NTSB, ce fut en effet l’exemple même d’un « classic pilot-error accident » !!! 


Pour le NTSB, ce fut en effet l’exemple même d’un « classic pilot-error accident » !!!  Un NTSB qui affirmera pourtant des phrases comme celles-ci :  « bien que les spoilers aient été complètement rétractés dans l’épave (preuve que le pilote avait bien remis les gaz et voulait remonter), il est possible que les spoilers aient pu se rétracter seuls, en raison des forces d’impact et de la perte de pression hydraulique ».  Ben tiens !  « Rétractés » d’eux-mêmes, comme par magie !  La catastrophe, rappelons-le avait eu lieu juste au moment de l’atterrissage, le 737 ayant suivi une pente trop raide de descente (certains parlant de sabotage de l’ILS, facile à réaliser) et son pilote pourtant chevronné accusé d’avoir réagi trop tard pour « avorter » l’atterrissage, selon l’ordre donné au dernier moment par la tour de contrôle (un petit Aero Commander déboulé sur le tard ayant joué au trouble-fête).  Bref, une situation litigieuse impliquant matériel défectueux (ou saboté) et des décisions pas vraiment adéquates… insuffisantes pour beaucoup pour expliquer la catastrophe.  Mais ce n’est pas du côté de la catastrophe elle-même que va venir le souffle du complot.  Mais surtout de ce qui s’est passé après…  Ci dessous les 2 pages du Ann Arbor Sun, du 8 août 1973 évoquant sans ambiguïté l’affaire :


Pas simplement le crash, mais aussi la suite du crash


Un autre curieux, en effet, est allé plus loin que les délires d’un Sherman Skolnick qui a aussi raconté que les passagers de l’avion auraient été tués par du cyanure (ruinant ainsi la thèse initiale !)… Plus sérieusement, le site « Irrésistible Targets » a trouvé beaucoup mieux que cela, et bien plus intriguant encore en fait.  Une conspiration présente obligatoirement des ramifications, dont certaines sont profondes et sont chargées de protéger parfois après-coup celui qui en est le responsable.  Or selon le site, ce fut le cas juste après avec une étrange avalanche de nominations en des points stratégiques, après le crash :  « Egil ‘Bud’ Krogh (ici à droite) a été nommé sous-secrétaire au ministère des Transports le samedi 9 décembre, le lendemain de l’accident » (le lendemain même !!!).


« Le National Transportation Safety Board, qui enquête sur les accidents, relève du DOT, et Krogh aurait passé beaucoup de temps à faire pression sur leur enquête.  Alex Butterfield ‘ »Deputy Assistant » de Nixon ici à gauche), qui a mis en place le système de cassettes de la Maison Blanche et dont le témoignage le révélerait finalement, a été nommé à un poste dans la Federal Aviation Administration – une nomination retardée seulement parce que Butterfield était encore un militaire commandé.  Et Dwight Chapin (ci-dessous à gauche), l’un des « bagman » (homme de main ou porteur de valises) du CREEP (le  « Committee for the Re-Election of the President » abrévié en CRP mais moqué en « creep » ou « voleur » pour Nixon), a quitté la Maison Blanche pour rejoindre United Airlines en tant que «directeur de la planification du marché» dans leur bureau de Chicago, pour assister chaque jour aux audiences du NTSB (le National Transportation Safety Board, organisme qui enquête sur les catastrophes aériennes).


Un autre homme de Nixon nommé au NTSB, Richard Spear, a profité de l’absence du chef de son bureau de la sécurité aérienne pour réécrire la définition même de la «cause probable» dans le manuel du BAS et a également fait pression sur les enquêteurs de BAS pour fermer l’enquête sur le vol 533″ (extrait deDorothy, « An Amoral and Dangerous Woman »: The Murder of E. Howard Hunt’s, par St. John Hunt qui n’est autre que le propre fils d’Howard Hunt (3) !). 



Relisez bien ces noms de pions placés au bons endroits.  Tous ont été mis en place pour étouffer toute velléité d’étude approfondie du crash.  Tous ont été nommés dans cette seule fin :  celle de faire du Vol 533 un accident, et non un attentat ! Ceci est l’œuvre d’un scandale d’Etat, et non d’une quelconque mafia (encore une fois !). Nixon n’a eu de cesse de colmater la brèche qu’aurait pu ouvrir Dorothy Hunt à son égard !

Dorothy Hunt est-elle la grande oubliée de Dallas ?

Même sans être obligatoirement conspirateur, avouez qu’il y a de quoi se gratter un peu la tête en lisant ce genre de choses !!!  C’est le propre de la littérature conspi; en effet, quand elle s’empare d’un sujet intéressant :  il devient difficile de s’en remettre aux faits de départ, après cela, sans passer soi-même pour un conspirateur.  Il n’empêche, le cas de Vallee, découvert et redécouvert à plusieurs reprises, demeure passionnant dans sa fort étrange similitude.  De même que celui de Dorothy Hunt, dont la fin tragique n’est certainement pas accidentelle, à voir comment on s’est arrangé pour faire de sa disparition tragique un simple accident aérien !!!


(1) Inlassablement, convaincu d’un complot, Lane produira plusieurs livres dont le dernier paru est sans équivoque : “Last Word: My Indictment of the C.I.A. in the Murder of JFK” il a été publié en 2011, 5 ans avant sa disparition.

Voici ce qu’en a dit Abraham Bolden :

« J’ai enfin terminé la lecture de « Last Word » par l’auteur Mark Lane.  Tout lecteur qui veut voir pourquoi il y a tellement d’inquiétudes quant à la vérité derrière l’assassinat de Kennedy devrait acheter ce livre immédiatement.

J’ai connu Mark Lane au milieu des années 1960.  Mark a enquêté sur mes affirmations concernant mon implication tangentielle, en tant qu’agent du Service secret des États-Unis, à la suite de l’assassinat de Kennedy et résume ma situation à la page 235 de son livre « Rush to Judgment » publié en 1966.  Contrairement à ce que beaucoup croient, Mark Lane n’est pas un théoricien du complot.  Le documentaire et d’autres preuves tirés d’une recherche minutieuse et approfondie, exposés dans « Last Word », montrent que l’avocat Lane est un enquêteur sans peur, pragmatique et méthodique déterminé à faire valoir la vérité devant le peuple américain et à « laisser tomber les copeaux » .

L’auteur n’accuse pas de façon absolue notre gouvernement ou ses agences; mais ce qu’est Lane fait marcher à la maison les faits indéniables, étayés par des preuves substantielles de ses allégations. J’espère sincèrement que le livre « Last Word » n’est pas le dernier mot que nous entendons de l’avocat Mark Lane.  Nous avons besoin de plus d’hommes de son intégrité et de notre préoccupation pour nos libertés si nous voulons maintenir notre leadership dans le monde libre.  Je vous recommande fortement de lire ce livre et de tirer vos propres conclusions de la recherche qui y figure. » 

Abraham W. Bolden, Sr. (nota ; Bolden a été viré du service de protection présidentiel en 1964 pour avoir tenté de vendre 50 000 dollars une fiche de renseignements à Joseph Spagnoli Jr.  Il s’en était défendu en évoquant le fait qu’on cherchait à l’évincer de témoigner à la Commission Warren :  il effectuera 2 ans et demi de prison.  Lors du procès, Spagnoli avait évoqué le contact avec l’agent Martineau, également cité ici).

Bolden était aussi lié donc à l’affaire Vallee comme l’indique ici Wikipedia:

« Le 5 décembre 1967 alors que Bolden purgeait sa peine au Centre médical des prisonniers fédéraux des États-Unis à Springfield (Missouri), les avocats John Hosmer (avocat de Bolden), Mark Lane (auteur de Rush Judgment) et Richard V. Burnes (assistant de Jim Garrison) ont tenu une conférence de presse dans laquelle ils ont déclaré avoir reçu des informations de Bolden selon lesquelles le Service Secret était au courant d’une tentative d’assassinat préalable à Kennedy à Chicago. Selon les avocats, le service secret a été informé qu’une tentative sur la vie du président serait faite à Chicago, ce qui a entraîné l’annulation de sa visite en raison de problèmes de sécurité. Ils ont déclaré que Bolden a déclaré que lui et d’autres agents avaient arrêté un suspect en raison du rapport. Le 21 mars 1970, Sherman Skolnick est apparu sur un programme de radio FM avec Ted Weber de WTMX et a déclaré que Bolden était faussement emprisonné pour l’empêcher de révéler qu’il y avait un complot pour tuer Kennedy à Chicago. Le Chicago Sun-Times a indiqué qu’ils tentaient de contacter Bolden concernant les allégations, mais qu’il a refusé de les commenter.Le mois suivant, le 6 avril, Skolnick a intenté une action devant le tribunal de district des États-Unis à Chicago contre le Service national des archives et des archives, indiquant que l’agence avait supprimé illégalement des documents qui indiquaient ce qu’il avait prétendu être un complot pour assassiner Kennedy lors du match de l’Air Force le jeu le 2 novembre 1963. Sa demande exigeait que le rapport de la Commission Warren, affirmant que Lee Harvey Oswald agissait seul pour tuer Kennedy, soit déclaré «nul et non avenu». Trois des onze documents attachés à la poursuite, selon lesquels Skolnick, qui avaient ​​été envoyés par une personne non divulguée, étaient des rapports du FBI concernant l’assassinat de Kennedy récemment déclassifié et lié à l’arrestation de Thomas Arthur Vallee ».

(2) ça donne ceci avec Martin Luther King :  la lettre complètement folle attribuée à Hoover alors qu’elle ne porte pas de signature et qui injurie et menace MLK de façon démentielle.

(3) « À la fin de sa vie, Hunt a fait plusieurs allégations à propos de l’assassinat de John F. Kennedy, comme l’a rapporté son fils John Hunt Saint.  Dans des enregistrements audio, des discussions et des écrits, Hunt a, selon son fils, déclaré qu’il était impliqué dans un complot visant à tuer le président Kennedy.  Il dit que le nom de code donné par les conspirateurs à l’opération était « Le Grand Événement ».  Parmi les autres conjurés présumés figuraient David Atlee Phillips, Cord Meyer, Frank Sturgis, David Sánchez Morales, William King Harvey (« Mr Moongoose »), un tireur français : Lucien Sarti, qui a travaillé pour la mafia (milieu marseillais, French connection), et le vice-président Lyndon B. Johnson« ... mais pas Nixon, c’est plutôt étonnant!   En réalité, la femme de Hunt affirmera que ses deux fils, longtemps accrochés à la drogue, lui avaient dicté ses propres mémoires pendant ses moments de lucidité lors de sa fin.  Les deux filles plus âgées de Dorothy, Kevan et Lisa, en revanche, l’ont toujours accusé d’être responsable de la mort de leur mère.  Selon son fils; en tout cas, « il était l’homme parfait pour la CIA : il ne se sentait jamais coupable de rien » !!!

sur Bolden et Vallee :


On y relève que l’informateur s’appelait « Lee », alors que LHO était informateur du FBI…


Extrait : « Le 3 décembre 1963, un article est paru dans le Chicago American, « Cops Seize Gun-Toting Kennedy Foe », avec des informations attribuées à des détectives de Chicago non identifiés.  Une même histoire est apparue le même jour dans le Daily News de Chicago, sur la base d’informations provenant d’agents fédéraux non identifiés.  Mais aucune des sources anonymes n’a mentionné la détention des deux tireurs d’élite qui, avec leurs deux camarades, ont disparu sans laisser de traces.  Trois décennies plus tard, en janvier 1995, le Service secret a délibérément détruit ses enregistrements de l’intrigue de Chicago lorsque la Commission d’examen des dossiers d’assassinats (ARRB) les a demandés.  L’ARRB a été créée par un acte de loi de 1992 suite à l’outrage public après la sortie du film JFK d’Oliver Stone, qui a suggéré un complot au sein des institutions gouvernementales pour assassiner le président Kennedy.  À ce jour, peu d’Américains croient à l’histoire officielle tripatouillée de l’assassinat de JFK, mais moins encore savent comment s’est déroulé le véritable complot ».




Partie 35

Nous voici à la conclusion de ce long feuilleton.  Les Kennedy étaient, on vient de le voir, les rois de la dissimulation et ont utilisé à outrance les médias pour entretenir le mythe de chevaliers blancs, alors que toute leur vie n’était que turpitudes et coups tordus.  Au point d’irriter et de crisper un nombre conséquent d’opposants.  Assassins en puissance eux-mêmes avec, entre autres, le nombre ahurissant de tentatives pour supprimer Fidel Castro, qui avait bien mérité le titre de « survivant », ils ont été tous deux confrontés à des fins brutales, provoquées par une frange d’industriels et de militaires tous ligués contre eux, associés aux services secrets déjà devenus état dans l’état aux USA.  Victimes tous deux d’un complot où à chaque fois un prétendu assassin fort pratique et fort bien manipulé à été désigné du doigt (pour l’assassinat de Bobby Kennedy on s’achemine de plus en plus vers la thèse d’un second tireur dissimulé dans la foule, derrière lui).  Une frange qui représente comme l’ont dit Ross et Wise un « gouvernement fantôme » qui impose sa loi au président existant, qui n’a en ce cas qu’un rôle de représentation.  D’où l’idée de faire de la mort de Kennedy le point de départ d’une méthode aboutissant au 11 septembre 2001, le but recherché étant le même :  leurrer les gens pour imposer une vision politique :  d’un côté l’intensification des frappes au Viet-Nam, de l’autre l’invasion de l’Afghanistan.  Et plus récemment, le recours à des frappes ciblées, des assassinats déguisés, celles brillamment dénoncées dans le livre de Jeremy Scahill.

Deux fieffés menteurs, focalisant le ressentiment de la classe politique



John Kennedy s’était-il fait prendre à son propre piège ?  Très probable.  Si la politique consiste à tenir le lendemain le contraire de ce qui a été dit la veille, JFK était un excellent politicien.  Alors qu’extérieurement il donnait tous les gages de vouloir ardemment souhaiter la paix, notamment avec Fidel Castro, il s’évertuait en arrière plan à continuer à échafauder des plans pour continuer à vouloir l’assassiner (trompant ainsi sa maîtresse Mary Pinchot Meyer, persuadée qu’il n’avait plus que la paix en tête, en fumant avec elle de la marijuna ou goûtant au LSD), bien secondé par son frère Bobby qui rencontrait souvent en douce les leaders exilés cubains, dont Manuel Artime – mort d’un cancer à développement fulgurant qui continue à intriguer, comme celui de Ruby – nous rappelle avec à propos Seymour Hersh.  Pendant ce temps, toute une équipe de journalistes contrôlés par Cord Meyer tissaient sa gloire tous les jours dans la presse ou dans les téléviseurs, inventant ainsi l’arme nouvelle de persuasion massive.  Selon Hersh toujours, les projets d’assassinats mis en berne, après la crise des missiles oblige, l’heure était alors davantage aux actions de déstabilisation et de sabotages avec par exemple neuf objectifs précis définis par Bobby en personne :  notamment les raffineries de pétrole de Texaco à la Havane et à Santiago de Cuba, confisquées par Castro (page 342 du livre de poche de Hersh).  Des raids organisés, on l’a vu, autour de deux anciens chasseurs de sous-marins déguisés en bateaux de plaisance, dissimulant leur armement à la façon des corsaires allemands de la seconde guerre mondiale.  Des navires faisant parfois relâche à deux pas du quai où se trouvait amarré le yacht emblématique de la famille Kennedy, comme on a pu le voir.  Impossible de laisser croire qu’ils ne s’occupaient pas personnellement du cas de ces deux navires.  Impossible de ne pas penser que ce faisant ils cherchaient individuellement à doubler la CIA, ou bien travaillaient avec une partie d’entre elle.  Faisant ainsi d’une pierre deux coups, en rassurant l’extrême droite texane dont ils craignaient la dangerosité politique, mais en se mettant à dos un organisme capable de les broyer.

D’autres coups tordus en prévision


Selon Hersh encore, la fin heureuse de la crise de Cuba empêchait aussi Kennedy de mettre en route le projet secret de faire attaquer Guantanamo par des terroristes déguisés.  Une opération envisagée par les Kennedy en forme de provocation genre Golfe du Tonkin d’avant l’heure et qui avait eu la faveur un temps des deux frères véritablement machiavéliques.  Historiquement, on le sait, le pâle Johnson, gérant un pays immense comme son comté, en ne cherchant que ce qu’il pouvait en tirer comme profit personnel (le coup de la chaîne stéréo de sa femme résume le personnage et sa pauvreté intellectuelle), allait reprendre in extenso le procédé à son profit avec le succès que l’on sait (Jim Morrison, des Doors en faisant le sujet d’une chanson contre son père, George Stephen Morrison, mêlé à ce gigantesque mensonge – en photo le même Jim Morrison, âgé déjà de 21 ans, visitant le porte-avions Bon Homme Richard en janvier 1964, avec à ses côtés son amiral de père (1)).  C’est aussi à ça qu’auraient servi le Rex et le Leda, en déposant près de l’objectif leurs canots rapides copiés sur des engins de course.  Capables d’agir ainsi pour Cuba, les Kennedy avaient-ils concocté eux-mêmes à Dallas quelque chose qu’ils pensaient pouvoir jouer en leur faveur et éliminant en même temps le boulet du colistier Johnson, dont Nixon avait dit la veille de l’attentat qu’il ne ferait pas partie du futur ticket de JFK, s’étaient-ils faits voler et retourner leur projet initial.  Toute l’attitude de Bobby après le décès de John le laisse croire en effet.  Il ne pouvait pas dénoncer ce qu’ils avait mis eux-mêmes en place, en grande partie, en plein accord mutuel. 


D’où le silence surprenant de Bobby sur le sujet et le renvoi des demandes d’enquêtes supplémentaires sur le meurtre.  Il n’avait jamais remis en cause le rapport Warren (à gauche la cérémonie de remise à Johnson, le 24 septembre 1964) qu’il savait pourtant truqué, et n’envisageait pas davantage de le faire s’il était élu président.  Pourquoi, la raison réside dans les turpitudes que je viens d’évoquer :  rechercher les assassins, c’était tomber invariablement sur les préparatifs d’un autre assassinat, alors que toute la communication mise en place par Cord Meyer était axée sur un Kennedy touché par la grâce de la paix.  Alors qu’il venait de se faire mater par plus roué que lui, en la personne de l’ineffable Kroutchev.  La crise des missiles, vendue au grand public comme une grande victoire de Kennedy était son pire échec, puisqu’à quelques encâblures des côtés US demeurait vivace un système pro-soviétique continuant à narguer les USA.  Bobby Kennedy, qui avait participé jeune aux chasses maccarthystes, ne pouvait que fulminer en pensant à un Castro toujours en place et toujours vivant.  En histoire, il n’y a pas d’équivalent à ce nombre de tentatives faramineux d’assassinats auxquels un dirigeant aura pu échapper. À ce jour, Fidel Castro restera le symbole d’une véritable folie ayant consisté à occuper le temps de pensée d’un cerveau présidentiel aux divers moyens de l’éliminer physiquement.

Un pigeon pris au piège

Ouvrir le dossier Kennedy, c’était ouvrir la boîte de Pandore.  Celle d’un président montré comme retors et hésitant par Hersh, affirmant la veille ce qu’il dénoncerait le lendemain.  Oswald, dans ce jeu d’une perversité incroyable, avait été baladé pendant plusieurs années.  Positionné à la bibliothèque de Dealey Plaza en qualité d’agent dormant, croyant lui-même à œuvrer pour le bien de la CIA, simple observateur de ce qu’on ne lui avait pas totalement expliqué, attendant les ordres à venir, il s’était retrouvé piégé.  Il aurait signalé au FBI que Kennedy était en danger (l’aurait-il fait aussi pour Chicago ?), et il avait été positionné là par des gens qui souhaitaient la disparition de la même personne.  La victime était désignée d’avance, cela faisait plus de deux ans qu’on y travaillait :  c’est le discours surprenant d’Eisenhower, le 17 janvier 1961, sur le danger d’un système politique dominé par les ventes d’armes qui, en définitive a signé l’arrêt de mort de JFK, et non JFK lui-même, à bien y regarder.  En lui passant le bâton du pouvoir, Eisenhower l’avait bien mis en garde contre les faiseurs de guerre.  Il en restait, visiblement. Et ils étaient puissants.  Et Oswald, totalement piégé, avait ma foi réagi avec une certaine intelligence ce jour-là, alors que tout montre qu’il n’était pas nécessairement le plus intelligent de tous.  Il avait peut-être déjà compris qu’il jouait sa vie, désormais, et que toute parole non contrôlée désormais de sa part serait interprétée différemment. 


Son embarras à communiquer a été patent, lorsque la police de Dallas l’avait exhibé comme phénomène de foire jeté à la vindicte de la populace en l’accusant en premier lieu du meurtre d’un policier destiné à en faire obligatoirement un tueur indubitable dans l’esprit des gens.  Exhibé alors qu’on ne l’avait pas encore accusé d’avoir tué Kennedy mais l’agent Tippit !!!  La rapidité à le montrer en agent communiste ajoutant psychologiquement à son martyr.  Oswald ne pouvait tout simplement pas se défendre, on lui avait appris à se taire, surtout, et avant tout, et on l’avait privé d’emblée des plus élémentaires aides à la défense :  refus de contacter un avocat (John Abt, lié aux milieux communistes), dont il avait donné le nom, un homme qui se retrouvera injoignable car parti providentiellement – pour l’accusation – en week-end, aucun enregistrement, magnétique ou écrit de ses interrogatoires (cf la scène édifiante d’Executive Action, ici à gauche, de l’officier de police -Fritz- devant des journalistes effarés de ne rien apprendre d’autre sur Oswald qu’ils ne sachent déjà sonne particulièrement vrai).

L’étrange mutisme de Lee Harvey Oswald


On a rarement vu en effet un condamné désigné aussi peu loquace.  La mort du policier Tippit est une fable complète également qui résout le problème simple d’un Oswald qui avait réussi à s’extirper de l’immeuble où on souhaitait qu’il se fasse prendre dans le plan limpide et pervers prévu au départ.  Tippit est l’impondérable inattendu d’un plan presque parfait, hélas pour lui.  Un grain de sable balayé en quelques coups de pistolet.  Il y en a eu d’autres, vite balayés du paysage eux aussi, ce dossier en ouvrant seulement le répertoire.  L’arrestation d’Oswald en présence d’appareils photos prévenus à l’avance restera historiquement un grand moment de manipulation et de propagande.  Le policier le maintenant cigare à la bouche montrant ce qu’on désirait en faire au plus vite :  un personnage destiné au gibet, jeté à la vindicte populaire.


Un Oswald conscient qu’il venait de se faire avoir, mais qui espérait encore pouvoir s’en sortir… à condition de ne pas trop parler, ce qu’on lui avait aussi appris à faire.  La façon dont on l’a traité aussi, en lui interdisant les règles les plus élémentaires de la défense, ses pseudo interrogatoires inexistants sur le papier, son appel perdu à avoir un avocat (celui que Ruth Paine ne contactera jamais) sont tout simplement révoltants.  Il clamera ne rien comprendre à ce qui lui arrivait :  plus je regarde sa vidéo l’énonçant, plus je suis persuadé qu’il disait vrai.  Lee Harvey Oswald à été de bout en bout le pigeon parfait de l’histoire :  son cri « I’am à patsy », vaut largement tous les «  je ne suis pas un numéro » du génial Patrick MC Goohan, dont la vision après coup évoque sans hésiter l’affaire Oswald et les tourments de la manipulation.

Lee Oswald travaillait bien pour la CIA


Lee Harvey Oswald travaillait pour la CIA, comme on a pu le voir (notamment à Mexico, découvert grâce à Jefferson Morley !)) ; et il aura été le pigeon parfait, complètement piégé, dans cette affaire.  Le mutisme des autorités américaines sur le dossier Johannides est la clé de voûte du système de désinformation qui perdure depuis plus de 50 ans maintenant.  Il y huit ans, déjà, un juge américain a reconnu qu’on l’avait trompé sur le sujet : « le 22 octobre 2009 ; le juge de district John R. Tunheim a affirmé que la Central Intelligence Agency l’avait « probablement induit en erreur » lorsqu’il dirigeait un groupe spécial dans les années 1990 qui était à la recherche des documents relatifs à l’assassinat du président John F. Kennedy.  C’est parce que la CIA n’a pas avoué à Tunheim sa liaison avec un groupe existant avant la création de l’Assassination Records Review Board (qui a existé et enquêté de 1992 à 1998) qui avait été impliqué avec des cubains anticastristes de Miami qui manigançait avec Lee Harvey Oswald en 1963.  Le New York Times a rapporté les propos de Tunheim dans un article en première page samedi sur la demande au nom du Freedom of Information Act (FOIA) du journaliste de Minneapolis Jefferson Morley (2), l’ancien rédacteur en chef du Washington Post et le directeur de la rédaction nationale du Center for Independent Media, groupe à but non lucratif indépendant du Minnesota » (et auteur du fondamental ouvrage « Our Man in Mexico »).  Après des années de pression de la CIA pour libérer ses dossiers, Morley a obtenu d’une cour d’appel plus tôt cette année de forcer l’organisme à « fixer sur place le rôle de George Joannides comme agent à Miami au moment de l’assassinat de Kennedy.  Mais la CIA a encore près de 300 documents sur Joannides qu’elle n’est pas prête de révéler, en prétextant de graves préoccupations de sécurité nationale.  Tunheim a dit au Times, qu’il peut lui-même toujours demander à la CIA des versions expurgées des documents même si Morley est finalement contrecarré par le tribunal fédéral de Washington, DC ».  Morley, qui tente aujourd’hui de décrire les ravages d’un Angleton par exemple, malgré là encore les difficultés à retrouver des documents (1)…

Jack Ruby était un fournisseur d’armes avant d’être un gérant de boîte de nuit


On l’a vu durant au moins trois épisodes ici, Jack Ruby n’était pas qu’un simple dirigeant de boîte de strip-tease.  Il faisait aussi dans le commerce d’armes, envoyées au départ aux partisans de Batista, puis ensuite à ses opposants : comme le broker Samuel Cummings (lui- même ancien de la CIA !), Ruby n’avait d’autre ambition que de se faire le maximum d’argent, avant qu’il ne devienne un agent de la CIA qui lui dicte qui fournir en priorité, à savoir les anti-Batista, à partir de fin 1958, et donc aussi aux fidèles de Castro sur lesquels le pouvoir US avait désormais investi.  Des armes, et les fameuses Jeep à tout faire dont héritera Castro.



Il connaissait très bien Lee Harvey Oswald, qui ne pouvait supposer que son ancien associé chercherait un jour à le supprimer.  Les deux travaillaient pour la CIA, Oswald s’étant illustré par une visite en URSS, visiblement chapeautée par cette même CIA, qui lui avait facilité le trajet, et l’avait rapatrié en lui apportant la sécurité de ne pas être importuné à son retour.  Oswald pouvait à partir de là se sentir protégé, mais ne pas s’apercevoir qu’on l’avait déjà sélectionné comme victime sacrificielle d’un coup très tordu visant à se venger d’un Castro qui avait berné un Allen Dulles bien à côté la plaque sur le sujet.  Les auteurs de l’attentat ont très vite disséminé dans le public les liens supposés entre Oswald et les castristes, marquant de fait leur appartenance d’analyse avec la frange d’extrême droite des industriels comme des responsables de l’armée souhaitant un conflit direct avec l’URSS.  Pour eux, Kennedy avait abdiqué devant Kroutchev durant la crise des missiles… alors que la fin heureuse de cette tension mondiale avait évité le pire. 


Un Oswald qui avait fait une tentative bien maladroite d’infiltrer les pro-castristes, après avoir longtemps fait partie de l’intendance des livraisons d’armes anticastristes à Cuba.  Son comportement incompréhensible à moins d’avoir été dicté, plus ses « impersonnifications« , à savoir son ou ses clones abondamment montré (s) devant des caméras destinées à obtenir des fichiers brouillant les pistes font de lui une véritable marionnette, persuadée d’une toute autre mission que celle qu’on lui assénera sur la tête le 22 novembre 1963. 


Quant à savoir comment a-t-on réussi à manipuler aussi bien Ruby, le rôle du « psychiatre » tueur d’éléphant de zoo, en expérimentateur fou, semble répondre aisément à la question.  Le projet MK-Ultra n’a pas été qu’un projet, on le sait, et les réponses données par Jack Ruby après sa condamnation semblent effectivement fortement entachées de manipulations de la pensée.  Des deux personnages, c’était bien Ruby le plus téléguidé mentalement de l’affaire.  Oswald n’a servi que de plastron, seule sa présence à un endroit précis était nécessaire.  On sait qu’il n’a jamais tiré le 22 novembre :  les tests de prélèvement de résidus de poudre s’étaient montrés négatifs, faut-il le rappeler.

Les frères Kennedy, deux manipulateurs pris à leur propre jeu

Les Kennedy jouaient manifestement avec le feu confirme Hersh (voir page 345 de l’ouvrage cité).  Avec ces exilés laissés libres d’initiatives qui, si elles échouaient, seraient niées et seraient encensées, voire récupérées automatiquement, si elles réussissaient.  La vie politique pour eux était une partie de poker menteur constant.  Jeunes et impétueux, ils n’avaient oublié qu’une chose :  les rancœurs que leurs attitudes provocatrices en tout (les mœurs surtout dans une Amérique loin encore d’être totalement hippie et qui avaient tant provoqué :  alors qu’il était en train de s’apprêter à coucher avec Monroe et son amie, il aurait eu cette phrase révélatrice : « montrons donc ce qu’est la nouvelle frontière « ) !  Imbus d’eux mêmes, persuadés d’avoir raison en tout, les Kennedy ont eux-mêmes signé leur arrêt de mort (je ne cherche en rien à excuser leur assassins, j’explique leur attitude).  En lésant surtout des personnes plus âgées qu’eux le plus souvent, aux pouvoirs immenses et fabriquant à leur encontre une animosité…. mortelle.  Réformer le pays, ce n’était pas nécessairement en le secouant autant :  en tout, les frères Kennedy auront manqué cruellement de tact et de vision politique à long terme.  Les Kennedy auront aussi été victimes de leur perversité politique fondamentale.  Leur père, tant fasciné par Hitler, en avait fait des hommes pour qui la politique était un jeu de poker politique constant et n’engageait en rien la parole individuelle.  Il en sont morts tous les deux.

Deux parvenus, rejetés par la classe politique en général


C’est une analyse partagée par Marc Dugain, dans son remarquable roman « La malédiction d’Edgar » (que je vous invite à lire bien entendu en entier) :  « les Kennedy ne faisaient déjà plus illusion depuis quelques mois.  Dans la sphère du pouvoir, c’est-à-dire la nôtre, ils n’abusaient plus personne avec leurs belles coupes et leurs allures de fils du monde.  A part le petit cercle de quadragénaires démocrates qui les entouraient et qu’ils achetaient en leur donnant des responsabilités sans proportion avec leurs compétences, les hommes qui avaient en charge les affaires de ce pays depuis bien plus longtemps qu’eux en avaient assez de leurs manières de dandys, de l’arrogante nonchalance de grand frère et de la muflerie acerbe de petit frère qui se comportait comme s’il était un élu, alors qu’il n’avait pas la moindre légitimité provenant d’un vote.  D’autres politiques avaient été détestés avant eux, mais aucun n’avait donné une image publique si diamétralement opposée à sa vraie nature.  Je suis d’une génération où un gangster se devait au minimum d’avoir une tête de gangster.  Mais avec les Kennedy nous avons croisé les pires malfaiteurs déguisés en gendres idéaux.  Et ça, personne ne leur a pardonné.  Ces gens-là n’étaient pas conduits par un code.  Ils étaient opportunistes, francs-tireurs et sans manières.  Nous n’avons jamais rencontré, dans notre carrière, d’hommes politiques qui firent à ce point seuls contre tous.  Ils ont pensé qu’ils pouvaient se le permettre parce qu’ils bénéficiaient d’un énorme soutien populaire uniquement fondé sur leur image d’hommes jeunes et modernes qui ressuscitaient le désir éteint de la ménagère de l’Arkansas.  Mais dans les allées du pouvoir, nous les considérions comme des galeux.  Qu’on soit bon ou mauvais, il importe peu finalement.  Mais dans les deux cas, il faut avoir des règles et s’y tenir.  Certains paradoxes de l’existence ne s’expliquent qu’avec le temps.  Le temps qu’il fallut pour comprendre pourquoi le plus grand succès des Kennedy provoqua irréversiblement leur chute.  Après la crise des missiles, leurs jours furent comptés.  Les corps vivants sont parfois longs à se défendre.  Une année fut nécessaire pour que les gardiens des valeurs fondamentales de l’Amérique mesurent leurs responsabilités et prennent les orientations qui s’imposaient » :  saisissant résumé !  Rien à ajouter sur ce bilan calamiteux des deux frères présenté aujourd’hui encore comme des héros, à la seule vue des images léchées vantant leur look de responsables « modernes ».

Assassiné par raison d’Etat ?

Ceux qui les ont éliminés, avaient-ils pour autant une plus haute conscience de l’Etat ?  On peut en douter, à voir la succession de cadavres qu’ils ont laissés derrière eux, à savoir en premier les deux frères Kennedy et le pasteur Luther King et bien d’autres encore, dès qu’il s’agissait de s’attaquer à leur dogme politique ou industriel (auxquels ajouter les 3 000 victimes du 11 septembre, le système ayant perduré).  La liste des décédés liés à l’assassinat de Dallas, décrite dans cette série, est tout simplement effarante, et montre que seul un organisme étatique a pu s’en charger et non une simple mafia, quand bien même des mafieux en ont été parfois les instruments.  On a vu la liste effarante de cadavres qui jonchent l’après Dallas, comme on a vu qu’on n’avait pas hésité à tuer 45 personnes d’un coup en en visant deux particulièrement : Dorothy Hunt est elle aussi à comptabiliser dans ce jeu de massacres qui a longtemps perduré.  « Les trois jours du Condor », c’est simple, ont duré en fait des décennies, et durent encore (nota : dans le film, les bureaux de la CIA y sont montrés comme étant installés dans le WTC , voilà qui est fort troublant en effet !) !!! 


En cherchant à évincer la CIA, qui avait récupéré en 1945 tant de nazis, qui ont pu chez eux continuer leurs expériences infâmes conduisant à des projets déments tels le MK-Ultra, les Kennedy lui avaient donné un pouvoir supplémentaire.  En cherchant à la contrôler et en échouant, car c’est bien elle qui s’est débarrassée d’eux, via de petits arrangements avec les militaires et les mafieux, ils en avaient fait le monstre qu’elle est aujourd’hui encore, obligeant les dirigeants actuels à être à sa remorque au lieu de la dominer.  Libre d’elle-même, depuis, elle est devenue cette entité floue capable d’élaborer des plans encore plus sombres et encore plus pervers.  La pratique des assassinats n’a pas cessé et à été exportée, en Amérique du Sud notamment (on en a eu confirmation en Colombie encore, et les drones afghans ou pakistanais ont fait de même).  Le jeu pervers perdure, et la preuve en est le système de désinformation mis en place par Cord Meyer qui continue à ronger de l’intérieur toute la société américaine.  Ce n’est nullement un hasard si l’on retrouve les mêmes écrivaillons stipendiés pour écrire la saga d’un Ben Laden créé de toutes pièces, ou sa façon grotesque de le retirer de la scène médiatique et le même pour rédiger une énième histoire sur la mort de Kennedy en présentant comme seul coupable Oswald.  Kennedy ou Ben Laden sont les deux mêmes facettes d’une Heroic Fantasy de pulps médiatiques télévisuels du nouveau siècle.  Des histoires racontées pour bercer le public du bien fondé d’un système basé sur des principes biaisés.  Des histoires et un pouvoir enfermé dans le secret que d’aucuns réussissent parfois à dénoncer.  Un pouvoir rédigeant désormais l’histoire, avec les articles de Nicholas Schmidle, fils d’un général des Marines (devenu « tsar » de la lutte contre cybercriminalité).  Avant qu’elle ne parte, c’est l’ex-rédactrice en chef du New-York Times, évincée, qui était partie en croisade contre l’administration Obama, jugée par elle bien plus secrète que ne l’était celle de l’ère Bush.  On dissimulait davantage encore, selon elle… on parle également aujourd’hui des « fakes news » d’un Donald Trump : c’est oublier que tout le système US repose depuis les Kennedy sur sa pratique !!!  Trump, c’est le programme Mockingbird désormais en roue libre !!!

Un nombre effarant d’assassins potentiels


Je pense que l’on comprend mieux l’assassinat de Dallas quand on fait le total des gens qui avaient de bonnes (ou de mauvaises raisons) d’en vouloir aux Kennedy; et en premier au président des USA.  Entre un Allen Dulles qui pendant des années s’est fait la main en quelque sorte avec son programme d’élimination physique de près de la moitié des dirigeants de l’Amérique du Sud ou Centrale qu’il ne trouvait pas compatibles avec la politique extérieure des USA, les écœurés de l’expédition ratée de la Baie des Cochons, que JFK avait manifestement laissés tomber alors qu’il rêvait d’en finir définitivement avec Castro, tout en affirmant aux médias le contraire, un co-listier qui gérait son pays comme une simple extension de son ranch et qui aurait bien aimé marquer au fer rouge celui qui l’avait précédé, avant de l’envoyer à l’abattoir dans son fief, ou bien des militaires dont un psychopathe comme Curtis leMay qui souhaitait en venir à un conflit nucléaire avec les soviétiques, ou les anticommunistes eux-mêmes, parmi les plus virulents (leMay, qui avaient vécu la crise de Cuba comme une reculade face à Kroutchev, appuyés par un lobby militaire qui arrosait toute la classe politique qui elle ne souhaitait que maintenir des emplois dans les usines d’armement dont dépendait localement leur élection), ce n’est pas ce qui manque comme tueurs en puissance pour se débarrasser des deux frères cordicia invisblealement détestés, contrairement à l’image pieuse qu’une presse aux ordres, contrôlée par un programme particulier, laissait s’étaler dans les magazines (on pense ici aux « Une » de Paris-Match glorifiant Jackie Kennedy comme nouvelle espèce, jeune et branchée, de première dame) à l’extérieur de la maison Blanche. La madone et le Dieu vivant, plus la mise en scène de leur progéniture.




Une CIA devenue totalement incontrôlable

On l’a bien compris pour la Baie des Cochons, la CIA était déjà devenue en 1962 un organisme indépendant de tout pouvoir ou presque, un jouet aux mains des demi-fous qui la dirigeaient.  Influencer les gens et les peuples, elle l’avait fait de toutes les manières.  Quand ce n’était pas via la presse (et via le couple infernal des Booth pour LIFE), elle l’avait fait aussi par la radio, devenue complètement folle selon Weisner (dans « Des cendres en héritage », encore lui :  « les radios représentaient incontestablement les instruments de guerre politique les plus influents.  La CIA avait dépensé près de 400 millions de dollars à les subventionner et avait de bonnes raison de croire que des millions d’auditeurs de l’autre côté du rideau de fer appréciaient chacun des mots qu’elles diffusaient.  Mais leur légitimité se trouva sérieusement entamée lorsqu’on découvrit qu’elles émettaient sur les fréquences de la CIA.  L’Agence avait bâti un château de cartes, et Helms le savait.  Dix ans plus tôt, Helms avait parlé à Wisner de supprimer les subvention secrètes et de laisser le Département d’État contrôler les radios. 


Ils s’étaient convenus de tenter de convaincre le président Eisenhower, mais n’avaient pas poursuivi.  S’agissant du contrôle de Faction clandestine, la CIA n’était d’ailleurs que partiellement coupable de négligence: cela faisait des années en effet que ni la Maison Blanche, ni le Pentagone, ni le Département d’État ne la surveillaient.  Depuis l’arrivée au pouvoir du présider Kennedy, plus de trois cents opérations clandestines de grande envergure avaient été lancées – et, hormis Helms, aucun dirigeant n’avait pris connaissance de la plupart d’entre elles.


« Nous manquons de précisions sur la façon dont certains programmes doivent être exécutés et or ne nous tient pas au courant de la réalisation de programmes d’une importance majeure», signalait un responsable du renseignement ai Département d’État le 15 février 1967 …. Les mécanismes créés pour surveiller la CIA et pour placer le service d’action clandestine sous l’autorité présidentielle ne fonctionnaient pas – ils n’avaient d’ailleurs jamais fonctionné.  On pensait de plus en plus à la Maison Blanche, au Département d’État, au Département de la Justice ainsi qu’au Congrès que l’Agence était devenue quelque peu incontrôlable... » et effectivement !!!!  Dans cet organisme chancelant et libre de tous ses gestes, des assassins potentiels il y en avait plein, a-t-on écrit un peu plus haut.  Mais il en reste encore un autre, bien plus évident aujourd’hui :  le successeur même d’Allen Dulles (décoré ici de la National Security Medal à Langley,le 28 novembre 1961, par JFK, qui venait de se passer de lui) !!!

Le lourd dossier John McCone enfin entr’ouvert


Ce nom, on l’a croisé à plusieurs reprises le long de cette enquête.  L’homme est surprenant à plus d’un titre.  Industriel du pétrole, au départ, c’est lui qui a bâti une partie de l’immense flotte de Liberty Ships avec sa société et la firme Kaiser.  Puis c’est lui aussi qu’on retrouve à bâtir sous le nom de Betchtel-McCone l’immense usine de Willow Run en Alabama ou devaient être construits les bombardiers B-24 Liberator.  Mais l’usine ne produira rien, et sera l’objet d’un litige, comme une autre concernant une raffinerie cette fois :  McCone aurait largement profité des contrats mirobolants de l’armée en guerre :  sa fortune faite reposait aussi sur des promesses non tenues !  C’était en somme un précurseur, étant donné les sommes engagées de nos jours dans des programmes militaires sans queue ni tête, tel celui du F-35 !  Au sortir de la guerre, affichant ouvertement  un anticommunisme plus que virulent, il investit dans les lignes maritimes et augmente encore sa fortune.  Il en ré-investit une partie dans le California Institute of Technology, qui avait été à l’origine des travaux sur la bombe atomique, ce qui lui octroie une autre notoriété.  Au sortir de la guerre, c’est Truman qui le nomme secrétaire à la défense (l’équivalent du ministre ici).  Favori d’Eisenhower, il hérite en 1958 du poste de responsable de « l’Atomic Energy Commission » à un moment où le nucléaire s’impose dans le monde entier.  C’est John Kennedy qui le sélectionne ensuite en remplacement d’Allen W. Dulles alors que les deux se connaissent très bien, à la suite du fiasco de la Baie des Cochons. 


 Il est alors arrivé au sommet (il est ici en photo auprès de son mentor Dulles, qu’il a remplacé, avec JFK).  Il y affichera très vite une dénégation constante des opérations douteuses, tel le programme d’assassinats du ZR/RIFLE project, qui avait offert 150 000 dollars à la mafia pour tuer Castro.  L’homme affichera aussi un dédain complet pour tout rapprochement avec le même Castro, tenté, on le sait, par Kennedy en personne.  Et le même mépris pour l’idée d’un retrait possible du Viet-Nam !!!  Idem pour la fin des essais nucléaires, qu’il aurait souhaité poursuivre le plus longtemps possible !!!  Et la même fureur encore dès qu’on évoquait devant lui de faire baisser les budgets militaires (ceux qui avaient effectivement fait sa fortune !) !!!  Le plus opposé aux idées de Kennedy, à cette époque là, c’est bien lui, McCone !!!  Or c’était aussi dans ses fonctions, comme chef de la CIA, de recruter des tueurs !!!  Auquel cas Kennedy, aveuglé par sa suffisance, aurait ainsi recruté son propre assassin !!!

Son seul but : charger Oswald, et lui seul



C’est lui aussi et surtout qui avait révélé à Johnson les liens entre Oswald et un agent du KGB sa basant sur les dires de Gilberto Alvarado, agent des services secrets Nicaraguans qui aurait infiltré l’ambassade cubaine de Mexico City.  On sait aujourd’hui qu’Alvarado avait menti sur plusieurs points (lire ici Peter Date Scott pour ça), car il désirait aller à la confrontation armée avec Cuba.  Bien entendu, après l’attentat de Dallas, McCone avait été appelé à témoigner à la Commission Warren, où il avait tracé le portrait d’un Oswald résolument marxiste et indubitablement « loup solitaire » selon lui. C’était bien McCone le plus ardent défenseur et promoteur du concept !!!  On semblait avoir oublié le poids de sa déposition dans l’avis final de la commission biaisée.  Or voici qu’en 2013, l’historien attaché à la CIA, David Robarge, après une longue étude de documents afférents aux activités de McCone (étiquetés « SECRET/NOFORN,”) découvre ceux dans lesquels le même McCone, qui l’a toujours nié, avait bien fomenté des assassinats à l’étranger et contre Castro, y compris en ayant recours à des mafieux.


 Le rapport de Robarge, dont la teneur est révélée en 2015 seulement (deux ans plus tard !), est donc une bombe médiatique, car il indique clairement que McCone a tout fait ce qui était en son pouvoir pour tromper la Commission pour qu’elle n’aboutisse qu’à un seul tireur isolé comme conclusion : Oswald !!!   Selon l’historien, voulant minimiser la portée de sa découverte, cela demeurait pourtant un « petit mensonge« , selon ses propres termes, car c’était en quelque sorte parce que la CIA n’avait pas trouvé d‘autre assassin potentiel ! 


Debarge indique pourtant  clairement que les motivations de McCone n’étaient pas siennes :  elles avaient été dictées en fait par… Johnson en personne (et  faisant donc de lui aussi un « complice ») !  Robarge décrit aussi en détail la surveillance d’Oswald par la CIA, jusqu’alors toujours niée également : tout son courrier avait en effet été ouvert et lu par l’agence pendant des années, grâce au programme dédié « HTLINGUAL », nous affirme-t-il !!!  Ce qui est en complète contradiction avec la déposition de McCone à la Commission Warren. Voici ce qu’il avait en effet répondu à Gérald Ford futur président : John A. McCone, « comme je l’ai déjà dit, nous n’avons jamais été en contact avec Oswald.  Nous n’avons aucune preuve qu’il travaillait pour ou au nom de l’Union soviétique à tout moment.  Selon son journal, Oswald a reçu une subvention de la Croix-Rouge soviétique que nous supposons avoir obtenu l’approbation des autorités.  Un tel paiement ne nous indique pas qu’il a même travaillé pour les services de renseignement soviétiques.  En outre, nous n’avons aucune autre preuve qu’il ait jamais travaillé pour l’intelligence soviétique ».  Or la CIA savait TOUT d’Oswald, car elle l’avait créé, tout simplement (je ne cite pour exemple que ses liens avec Ruby) !!!  En prime, selon le rapport toujours, McCone aurait été mis au courant des menaces diverses pesant sur Kennedy au moins 9 mois avant l’attentat.  Debarge l’accusant plus ou moins implicitement d’avoir été « co-conspirateur » lors de l’événement !

Plus grave encore, la mise en cause de l’attitude de Robert Kennedy


Et il y a pire encore dans ce document.  « Le rapport de 2013 attire également l’attention sur les contacts entre McCone et Robert Kennedy dans les jours après l’assassinat.  Après la catastrophe de la Baie des Cochons en 1961, le procureur général a été invité par son frère, le président, à diriger la guerre secrète de l’administration contre Castro, et les amis et la famille de Robert Kennedy ont reconnu des années plus tard qu’il ne cessait de craindre que Castro était derrière la mort de son frère.  McCone a eu des contacts fréquents avec Robert Kennedy pendant les jours douloureux après l’assassinat », dit le rapport (en résumé, McCone avait donc aussi fait pression sur Robert, en lui bourrant le crâne de l’idée d’un attentat commis sous les ordres de Castro et instrumentalisé par Oswald seul !). 


« Leur communication semble avoir été verbale, informelle et, évidemment, selon McCone, très personnelle;  Aucun mémoire ou transcription n’existe ou ne sont connus pour avoir été faits.  Parce que Robert Kennedy avait supervisé les actions secrètes anti-Castro de l’Agence – y compris certains plans d’assassinat – ses relations avec McCone au sujet du meurtre de son frère avaient une gravité spéciale », poursuit le rapport .  «Castro a-t-il fait tuer le président parce que le président avait essayé de tuer Castro ? L’obsession de l’administration envers Cuba a-t-elle par inadvertance inspiré un sociopathe politisé à assassiner John Kennedy ? » ... voilà qui éclaire beaucoup mais qui rejoint aussi ma conclusion :  Bobby ne pouvait en aucun cas ouvrir le sulfureux dossier de son frère, car il aurait dû lui-même s’expliquer sur son attitude passée et leur double langage commun à propos de Castro !!! 


C’est le fameux Rex (appartenant auparavant à J.A. Belcher !) et son double, le Leda, qui les avait enfermés tous deux dans la nasse du mensonge, alors qu’extérieurement et en même temps, ils parlaient de « rapprochement » avec Castro à la terre entière, ou plutôt aux médias que contrôlait Mockingbird !!!  La CIA était la seule capable en ce cas de se dégoter le deuxième cas de figure, ou de le fabriquer de toutes pièces, et de l’entretenir, de le choyer et de le polir… pour mieux le piéger au final et s’en laver les mains après !  Selon Richard D. Mahoney, dans Sons and Brothers, Bobby aurait demandé au lendemain de l’assassinat si la CIA avait tué on non son frère… preuve qu’il n’écartait pas d’emblée la théorie… selon Mahoney « cette question extraordinaire révélait un profond et terrible soupçon à l’égard de la CIA, quelque chose né de quelque connaissance, ou du moins d’une intuition, et non pas simplement du flot montant de la douleur ».  Un Bob qui sera lui-même assassiné : deux morts violentes, qui, comme l’indique ici Marc Dugain, ont marqué bien des générations…

La poursuite dans le temps


Le mensonge pouvait durer, donc : une enquête enterrée vite fait par le propre frère, afin de ne pas révéler les liens entretenus avec les anti-castristres, ce qui aurait ruiné l’image familiale et empêché toute succession de membre de la génération Kennedy (ou sa descendance (3)).  Une commission ad’hoc chargée d’enterrer tout espoir d’y voir clair dans un assassinat par tirs croisés à plusieurs tireurs, dirigée par celui-là même que JFK avait évincé, Allen Dulles. Commission où l’on trouvait aussi un futur président timoré, Gérald Ford, qui une fois au pouvoir ne fera pas beaucoup d’efforts pour réouvrir le dossier, on s’en doute.  Et une succession de présidents tous plus ou moins mouillés dans l’affaire :  l’ineffable Nixon, qui subira la honte de la démission forcée, puis l’intermède Carter, le seul à échapper au lien avec l’attentat, et ensuite un Reagan pas vraiment disposé à faire un pas en avant vis à vis des communistes, et surtout G.W.Bush, devenu entre temps responsable de la CIA, pour à nouveau verrouiller à double tour le tout.  Puis Clinton, bien trop magouilleur pour réouvrir un dossier où l’on parlerait des coups tordus de la CIA en Arkansas, son fief, avec Barry Seal, cité lui aussi dans l’affaire texane.  


Seule la période Carter avait permis une éclaircie, avec la mise en place de la Commission Church sur les crimes de la CIA, mais aussi sur l’affaire de Dallas… son bilan sera celui d’une montagne accouchant d’une souris.  Fait incompréhensible, aujourd’hui encore, puisqu’on déclarera que JFK était certainement mort d’une conspiration mais comme on n’avait réussi à trouver qu’un seul tireur, on garderait ce dernier comme seul responsable :  en somme une conspiration à un seul homme !



Une belle prouesse de langage, pour continuer à dissimuler des faits bien trop embarrassants pour un Etat, devenu l’ombre de lui-même et prêt à laisser recommencer d’autres opérations cachées, d’une ampleur sans précédents, avec des anciens conseillers faucons de Reagan devenus les sherpas d’un idiot devenu président (il y en a un second depuis dans le fauteuil présidentiel US).  Ils inventeront les armes qui n’existaient pas chez l’adversaire, et iront bien plus loin encore pour obtenir ce qu’ils désiraient déjà sous Bush père, à savoir la mainmise sur le Moyen-Orient et ses réserves de pétrole.  En se fabriquant de toutes pièces un ennemi qu’il avaient eux-mêmes nourris au départ :  Ben Laden, qui avait remplacé Castro, toujours aussi résistant aux tentatives d’assassinats.



Avec lui, on assistera à l’apogée du programme Mockinbird, qui emplira les téléviseurs US de vidéos plus ou moins truquées ou fortement retouchées, voire recyclées à 3 ans d’intervalle (voir ci-contre à droite).  Un phénomène durable, dont un seul président réussira à se défaire… en inventant une autre fable, celle d’une capture digne des films de Far-West, assaisonnés de réalité augmentée, période technologique oblige.  Ça nous donnera une célèbre photo, celle du staff présidentiel au grand complet censé regarder sur un téléviseur la progression d’une opération ratée, sur le modèle de celle qu’avait eu à gérer ce pauvre Carter (« Eagle Clay », ce lamentable fiasco, en 1980), mais cette fois, avec davantage de maîtrise dans le mensonge, sur le sort des infortunés soldats perdus lors de l’opération…

Les sages paroles de Jim Garrison, le sauveur de la démocratie US


Un seul homme à ce jour s’est ouvertement dressé contre tout ce système pervers, et il a été sur le point d’aboutir dans sa quête.  Voici ce qu’il affirmait à la fin des années 80 : « pendant 25 ans, le peuple américain a été bombardé par une propagande montrant du doigt avec insistance de « faux sponsors » comme promoteurs supposés de l’assassinat de Kennedy.  (« Faux sponsor » est un terme employé dans les opérations secrètes pour décrire l’individu ou l’organisation auxquels on fait porter le chapeau pour détourner l’attention des Services de renseignements.).  Les Américains ont subi un lavage de cerveau en règle par ce genre de désinformation, payée par les contribuables, au point que beaucoup d’entre eux se contentent de soupirer avec résignation qu’on ne connaîtra probablement jamais la vérité.  En attendant, un flot incessant de dépêches d’agences de presse, d’articles de journaux, de « documentaires » de télévision, de grands papiers dans les magazines et de livres vient renforcer cette résignation et continue de tourner l’attention du public dans la mauvaise direction.  L’incroyable accumulation de faux sponsors comprend Lee Oswald, le K.G.B., Howard Hughes, les grands pétroliers du Texas, le crime organisé et Fidel Castro.  Le tout premier fut le bouc émissaire en personne, Lee Harvey Oswald.  Choisi pour le rôle par les services secrets, il fut officiellement reconnu par la commission Warren et d’autres aux niveaux les plus élevés du gouvernement des États-Unis.  Cependant, avec le temps, il devint de plus en plus évident que la fable du tueur isolé ne tenait pas debout et la plupart de ceux qui s’en faisaient les défenseurs jugèrent bon de garder le silence.  Je fus donc surpris de découvrir récemment que le magazine Time soutenait ardemment cette thèse de l’assassin solitaire et continuait de croire au faux sponsor Lee Oswald » (Garrisson n’avait visiblement pas perçu l’extrême toxicité du couple Luce, que l’on a croisé ici à moult reprises).  On ne peut qu’admirer un aussi total dévouement à une idée, un manque de réflexion (…).


« La couverture et la ratification de l’assassinat par le gouvernement ont été aidées par un flot de désinformation paraissant dans les principaux médias.  La diffusion de la désinformation est le dernier élément indispensable à la réussite d’un coup d’État et c’est évidemment une des spécialités de la C.I.A.  Pendant de nombreuses années, l’Agence a eu secrètement à sa solde des journalistes travaillant en principe pour les grands médias mais qui étaient là pour diffuser de la propagande au peuple américain.  Elle a aussi subventionné la publication de plus de mille livres » (c’est bien Mockingbird qui est décrit ici). « Richard Barnet, le codirecteur de l’Institut des études politiques, le dit nettement:  le principal instrument des bas-fonds du renseignement est la tromperie. Leur but est de créer des réalités fabriquées, de faire paraître les choses autres qu’elles ne sont dans un dessein de manipulation et de subversion…  Plus de deux cents agents… se font passer pour des hommes d’affaires, à l’étranger.  La C.I.A. a avoué qu’elle a eu plus de trente journalistes à sa solde depuis la Seconde Guerre mondiale.  « Propriétaire » de multinationales — Air America et autres façades —- fausses fondations et organisations d’étudiants, organisations religieuses et ainsi de suite, tout cela fait partie d’un monde à double fond qui a fini par désorienter le peuple américain comme il a désorienté des gouvernements étrangers. »

L’entrée dans une ère de complots sans fin

C’est aussi une évidence, désormais.  L’assassinat de Kennedy conduit donc directement au 11 septembre 2001.  Sa réalisation ne nécessite pas davantage de personnes qu’il n’en a fallu pour éliminer un président, contrairement à code qui pu en être dit.  Un peu plus de technicité, en tout cas, sans plus.  La tentation était trop forte, semble t-il.  Logiquement, ce ne devrait donc pas être la dernière démonstration de ce que Ross et Wise appelaient le « Gouvernement invisible« , livre indispensable et prémonitoire, à savoir la CIA, devenue folle et totalement autonome.  On propose depuis plus de 15 ans de réouvrir le dossier du 11 Septembre, pour lever définitivement ses zones de flou.  Cela restera vain tant qu’on n’aura pas la solution de l’énigme Oswald.  « Reopen first Kennedy case », c’est la chose à faire en priorité, historiquement et dans l’ordre.  La démocratie à été touchée mortellement à Dallas, le 22 novembre 1963. Depuis, elle continue à être agitée de soubresauts divers, mais elle n’existe plus dans ce pays, à l’évidence, puisque l’on continue à mentir à son peuple. 


Ross et Wise l’avaient écrit de façon lumineuse, il y a plus de soixante ans.  Leur verdict implacable demeure inégalé.  Trump a beau en fabriquer lui-même, de fausses infos jamais il n’égalera ce qui a été fait depuis 50 ans… à l’insu d’un peuple américain berné par un contrôle des médias, nourris en abondance depuis 50 ans d’information pré-digérée.  L’ère actuelle des médias US est celle des pleins pouvoirs, désormais, de Mockinbird.  Des exemples récents sont là pour le montrer :  quand il s’agira de gloser sur pellicule sur la fantasmagorique « arrestation » d’un Ben Laden, la réalisatrice du film se verra proposer d’être « aidée » par la CIA pour rédiger son scénario bien mince.  Au final, il sera encore plus amaigri :  « Zero Dark Thirty » (cf image ci-contre); en ce sens est emblématique d’une fausse réalité présentée comme vérité et véracité officielle.  L’habillage d’un mensonge.  Hollywood a toujours été sous l’emprise du pouvoir, mais au temps du McCarthysme c’était plus flagrant, disons.  La manière est aujourd’hui différente, mais le résultat est bien le même :  le but demeure, avant tout, de leurrer les gens, et de les orienter sur de mauvaises pistes !

Il reste un symbole de toute cette manipulation, qui n’a heureusement pas totalement pris dans les esprits.  Sur l’un des murs de la bibliothèque d’où Oswald est censé avoir tiré, une plaque a été apposée. Elle indique que Lee Harvey Oswald est le tireur « supposé » du lieu.  Or le mot « allegedly » est complètement cerné par des griffes régulièrement ajoutées.  Même le bronze n’arrive plus à sceller ce mensonge d’Etat qui perdure depuis plus de 50 ans. 






(1) selon les biographes du groupe, ce dernier aurait été fondé le 8 juillet 1965… les premiers enregistrements datant de 1966, au London Fogg :  ils sont ressortis récemment, en décembre 2016.

(2) Lorsque Morley a déclaré vouloir écrire la biographie d’Angleton, et qu’il a cherché à entr’ouvrir les boites contenant de ses documents, selon des demandes pressantes du Freedom of Information Act, il s’est aperçu qu’elles avaient soit disparu, soit qu’on les avait déplacées.  En tout cas, elles étaient devenues inaccessibles.  Constatant ainsi sur le tas la négation pure et simple du FIA, et de la démocratie US elle-même !!!  « Quels que soient ses défauts, Angleton a agi avec zèle sur une théorie de l’histoire dont la validité est difficile à accepter et difficile à contester.  Il croyait que les agences secrètes de renseignement pouvaient contrôler le destin de l’humanité.  Au cours de sa carrière de 27 ans à la CIA, de 1947 à 1974, il a agi comme si la CIA et le KGB avaient une emprise sur l’avenir de la civilisation elle-même – ce qu’elles faisaient, bien entendu.  La guerre froide est terminée et Angleton est parti, mais les techniques d’espionnage qu’il maîtrisait – surveillance de masse, désinformation, assassinat ciblé, et détention extrajudiciaire – restent présents parmi nous, mais à une échelle beaucoup plus grande. Depuis le 11 Septembre 2001, la puissance des services secrets de renseignement pour façonner notre avenir est évidente.  Pourtant, ce n’est pas avant que je sois allé à Georgetown, à la recherche de l’un des secrets les plus sombres d’Angleton que je suis revenu de loin avec une leçon personnelle dans la façon dont la CIA a fait l’histoire – en l’effaçant. » 


(3) le sort s’acharnera sur la famille.  Après les déboires de Ted Kennedy le 18 juillet 1969 avec l’accident de Chappaquiddick (et la mort à 28 ans de la secrétaire Mary Jo Kopechne qui le privera de toute prétention présidentielle), avec la disparition en avion de John John, le propre fils de JFK, dans un crash d’avion (un Piper Saratoga) le 16 juillet 1999.  Même s’il subsiste des ombres sur la disparition, on penche pour un accident, cette fois-là.  On ne peut toujours comploter… et ne pas oublier non plus que la sœur cadette de John Fitzgerald Kennedy, Kathleen, était morte aussi dans un accident d’avion, un De Havilland DH.104 Dove (G-AJOU), mais en France, à Saint-Bauzile, en 1948.  L’autre frère de Kennedy, Joe Jr, l’aîné, a été tué le 12 août 1944 en tentant une attaque dans l’Operation Aphrodite, un B-24 bourré d’explosifs contre le blockhaus d’Eperlecques, dans le Pas-de-Calais, près de Watten (certains citent Mimoyecques, plutôt, comme cible).  Son avion avait explosé trop tôt, alors qu’il était encore à bord.  On trouve son histoire dans le N°de novembre 2015 de Fly Past.

On peut suivre ce texte également en conclusion, extrait de l’annonce d’une conférence sur l’assassinat  :

« Six tireurs responsables parmi ceux qui ont participé à l’assassinat du président John F. Kennedy, dont trois ayant des liens avec la CIA, ont été nommés par un éminent critique du Warren Commission Report (WCR).  Remarquablement, Lee Harvey Oswald, le seul assassin-désigné de la commission de Warren, n’était pas parmi eux.

La preuve qui étaye le scénario de l’assassinat en tant qu’événement de sécurité nationale est vaste et convaincante.  Elle a engendré une énorme résistance même au sein de la communauté JFK, où plusieurs de ceux qui vont présenter leurs résultats ont été interdits dans un effort massif pour supprimer la vérité et de préserver l’illusion qu’il s’agissait d’un événement d’un genre différent.  La Mafia l’a fait « ou » les Cubains l’ont fait « ou » le KGB l’a fait  » sont fréquemment avancés, mais où aucun d’entre eux n’a pu effectuer le cover-up qui était indispensable pour transmettre les fausses impressions que cette conférence corrigera:

-Lee Harvey Oswald travaillait pour le gouvernement quand il a été recruté pour la mort de JFK
-Les photos et les films prétendument pris pendant l’assassinat ont été modifiés pour cacher la vérité
-Les photos d’autopsie et les images en rayons X ont été changés et falsifiés pour soutenir un faux récit du meurtre
–LBJ était un joueur pivot – peut-être le joueur pivot – qui a provoqué l’assassinat
-George H.W. Bush n’était pas  à Dealey Plaza, mais il a pris un rôle actif dans la réalisation de l’intrigue
–Il y avait plusieurs tireurs qui ont lié les conspirateurs ensemble pour assurer leur silence mutuel
–Ils comprenaient un shérif adjoint, un expert de la Force aérienne, un anti-Castro cubain, un policier et un tireur de la mafia
–Le tireur personnel de LBJ, qui a tué une douzaine de personnes pour Lyndon, semble également avoir été directement impliqué
–La mafia n’aurait pas pu étendre sa portée à l’hôpital naval de Bethesda pour modifier les rayons X et les photographies
–Les Cubains anti-Castro n’auraient pas pu substituer le cerveau de quelqu’un d’autre à celui de JFK
-Alors que le KGB avait la capacité de modifier les films, il n’aurait pas pu accéder au film de Zapruder
Les experts qui se sont rassemblés pour cette conférence unique – qui expliquera comment elle a été faite, qui était responsable et pourquoi – et comment elle a été dissimulée – ont investi durant des décennies de leur vie à la recherche sur des aspects cruciaux du cas, de la balistique, des films et des preuves photographiques.  Ils expliquent  les principales responsabilités sur le rôle de Lyndon Baines Johnson, sur la participation de George H.W. Bush, sur la gestion de la dissimulation, sur la mort des principaux témoins intimement liés à JFK et par d’autres personnes qui connaissaient personnellement l’homme accusé de le tuer.  Si vous êtes arrivés jusque là de cette lecture, vous comprenez ce qui s’est produit. »

Les deux ouvrages absolument indispensables à lire :

« The Invisible Government » de David Wise et Thomas Ross et « The Polities of Lying » de David Wise. Seul le premier à été traduit en français, en 1966, semble-t-il. On trouve facilement sur le net l’intégralité du premier, mais en anglais.



les sources à consulter







Partie 36

Oh, il faudra un peu de temps pour digérer les fichiers… attendre les derniers, ceux qui avoueront, enfin, qu’Oswald était bien de la CIA et qu’on le téléguidait.  Par « on », on peut entendre sans hésiter Allen Dulles et davantage encore James Angleton, celui qui avait tant voulu savoir ce que contenait le petit carnet sur lequel Mary Pinchot Meyer, notait tout, lors de ses rendez-vous galants avec John Kennedy. Avant d’être elle-même assassinée, très certainement sous l’ordre d’Angleton (dont tous les dossiers ont disparu).



Les « Minutemen » oubliés de Dallas

Oswald, le jouet de forces obscures ? Oui, et elles sont connues comme étant celles de la CIA, et je n’en veux pour exemple qu’un des documents révélés cette fois-ci encore.  C’est un document de 7 pages dont ont soupçonnait l’existence via un court memo tardif (il  été rédigé le 16 janvier 1964) écrit par l’agent Frank Ellsworth, de l’ATF (« Alcohol and Tobacco Unit » qui, aux Etats-Unis, joue le rôle des douanes en France).  Auparavant, déjà, un court mémo (visible ci-dessus) évoquait les suites d’une mémorable poursuite en voiture survenue le 18 novembre 1963 après que l’ont ait volé des armes dans le dépôt de Fort Hood.  Ellsworth avait alors arrêté le dénommé John Thomas Masen, mais pour autre chose que ce vol et découvert qu’il possédait une arme non déclarée.  Ellsworth sentait bien qu’il devait en savoir des choses sur le trafic d’armes local.  Il espérait donc pouvoir le cuisiner un peu plus longtemps.


Or, à sa grande surprise, le même Masen avait été libéré dès le lendemain !!!  Une réunion avait eu lieu juste après, comportant James Hosty l’agent du FBI qui suivait de près Oswald comme on le sait, mais aussi un officier de contre-espionnage de l’armée nommé Edward J. Coyle.  Selon Hellsworth, Hosty cherchait à vérifier si un groupe d’extrême droite appelé les Minutemen (du nom des premiers opposants aux anglais, cf le tableau ci-dessus) étaient dans le coup du vol de Fort Hood.  Hosty, visiblement, était alors sur une enquête menant à une nouvelle invasion ou attaque de Cuba par ces groupuscules liés on le sait aux anti-castristes (on n’oublie pas que pendant ce temps les frères Kennedy armaient deux anciens chasseurs de sous-marins déguisés en yacht dans cette éventualité).  Selon Hellsworth lors de son interrogatoire, Masen avait cité un certain « Rodriguez » comme leader du groupe anticastriste et George F. Parrel qui désirait acheter des armes que lui fournirait Rodriguez.


 « Parrel » se révélera être en fait Fermin de Golochea Sanchez. « Rodriguez », lui n’étant autre que Felix Rodriguez, l’ancien policier sous Batista mafieux et anti castriste, devenu plus tard responsable de la CIA, l’homme qui détiendrait même chez lui dans un vase les mains coupées de Chez Guevara (ici à droite devant un Hughes 500) !!!  Les deux étant membres du Second Front d’Escambray, plus connu sous le nom de groupe Alpha 66. Hellsworth avait ainsi appris que Masen les avait déjà tous deux fournis en armes, et qu’ils possédaient une cache secrète à Dallas même, dont il ignorait lui-même la localisation.  Malgré cela, donc, Masen avait été promptement libéré… alors qu’il était au milieu d’une conspiration armée dont l’un des points forts (le dépôt d’armes) était situé à Dallas même !!

Masen en chaînon manquant mexicain ?


Masen, qui lui aussi, tiens… quel curieux hasard, s’était rendu à Mexico comme l’explique ici Mark Bridger (auteur de  « FK: Echoes from Elm Street: A Search for Historical Accuracy on the Assassination of President John F. Kennedy », dans cet indispensable document : « la fiche CE 2694 (pp1314) montre que Masen (ici en photo à l’âge de 18 ans seulement) a été interrogé par le FBI le 26 mars 1964 concernant les munitions Mannlicher Carcano et l’assassinat. Pendant l’interview « M. Masen a déclaré que durant l’été 1963 il a fait un long voyage de vacances au Mexique, visité des amis dans divers endroits, y compris le » Mendoza Brothers à «Guadalajara, au Mexique, qui possédaient une usine de fabrication d’armes. »  Donc, Masen était au Mexique pendant plusieurs semaines durant l’été 1963, vraisemblablement entre juin et septembre?  Les dates exactes n’ont jamais été divulguées par le FBI, toujours vigilant, ni les noms des lieux qu’il a visités ni les noms de ses «amis» (…).


 Le marchand d’armes aurait eu raison de visiter un tel endroit, même si la légitimité de leurs transactions pouvait être remise en question. La loi mexicaine les empêcherait en effet d’exporter des armes vers l’Amérique ». Mexico, l’endroit où un « faux Oswald » aurait été vu ???  Pour Bridger, Masen aurait très bien pu être ce « faux Oswald » : « le matin du 27 septembre 1963, à 10 h 30, un homme non identifié a appelé l’attaché militaire soviétique pour demander un visa à Odessa, en Russie.  Il a été référé au consulat soviétique.  La conversation était en espagnol, une langue que Masen prétendait parler, mais pas Oswald.  Sept minutes plus tard, l’homme a téléphoné au consulat soviétique, mais on lui a dit de rappeler à 11h30. Cet appel était également en espagnol.  À 11 heures, un homme qui s’appelait Lee Harvey Oswald est entré au consulat de Cuba et a parlé en anglais à Sylvia Duran.


On lui a dit qu’il aurait besoin de photographies pour une demande de visa, et est parti pour les obtenir.  A 12h30, « Oswald » aurait visité l’ambassade soviétique, bien que contrairement à l’historique Oswald, parlait mal russe.  Il a été décrit comme ayant 25-27 ans, européen ou américain, de taille moyenne avec le visage long, le menton étroit et le front haut qui tend vers la calvitie.  Ses cheveux étaient bruns.  Cette description correspond autant à Masen qu’à Oswald, Masen ne parlait pas russe à notre connaissance? 


À 13 heures, l’homme est retourné au consulat cubain avec quatre photographies, qui ont ensuite été agrafées par Sylvia Duran à sa demande de visa.  La photo ressemble à celle diffusée plus tard d’Oswald à Dallas, et ressemble beaucoup à Masen.  À 16 heures, il a visité le consulat cubain pour la troisième fois et on lui alors dit que le visa prendrait 45 mois.  À ce moment, il s’est fâché et a commencé à crier à l’état-major, les forçant à lui demander de partir.  Le consul Alfredo Mirabal a déclaré plus tard qu’il pensait que toute la visite avait été « une provocation » – un incident organisé ».  Un article tardif lui aussi du Mountain Eagle et d’un journaliste du Village Voice du 14 octobre 1996 reprendra cette « similitude » entre Oswald et Masen comme « look-a-like » et terminera par évoquer les liens entre les Minutemen mais aussi le Général Walker et… H.L.Hunt (Haroldson Lafayette Hunt, Jr, dont l’agent de sécurité Paul Rothermel partageait ses infos avec le FBI). L’agent Whitten avait lui aussi découvert les liens entre les anticastristes et Oswald (1). Mais on ne l’avait pas suivis.

Des destructions de preuves manifestes



Les visites auraient été suivies par des caméras de surveillance, comme le rappelle Bridger : « aucun film de Lee Harvey Oswald à Mexico n’a jamais été produit.  Est-ce parce qu’un sosie a été filmé à sa place ?  Le film de surveillance du vrai Oswald aurait été mis en circulation rapidement s’il avait été là.  La bande, en anglais, de l’imposteur disant aux Soviétiques le 1er octobre qu’il était « Lee Oswald » n’a pas elle aussi été diffusée. La CIA a déclaré que la cassette avait été détruite avant le 22 novembre, mais le 23 novembre, le FBI à Dallas avait l’enregistrement et savait que la voix n’était pas celle d’Oswald.  Deux membres de la Commission Warren ont également entendu l’enregistrement à Mexico en avril 1964, avec l’aimable autorisation de Win Scott.  Tous connaissaient la cassette d’Oswald, et que la transcription de la CIA produite pour le HSCA était une fabrication.  La bande de l’imposteur a disparu, probablement dans le coffre-fort de Win Scott.  James Angleton est soupçonné de l’avoir reprise à la mort de Scott.  Les autorités ont enterré l’affaire; l’imposture était une preuve flagrante d’une conspiration visant à encadrer Oswald, perpétrée par certains des personnes impliquées dans le meurtre de Kennedy ».

L’enquête de l’armée 



Coyle enquêtait aussi, mais pour l’armée.  On le sait grâce à une lettre envoyée par la veuve d’Oswald, Marina, le 19 avril 1996, qui souhaitait des éclaircissements sur son activité réelle :  « les rapports de l’agent de renseignement de l’armée Ed J. Coyle sur son enquête sur le capitaine George Nonte, John Thomas Masen, Donnell D. Whitter, Lawrence R. Miller, et / ou Jack Ruby.  Je souhaiterais que vous obteniez les rapports de l’agent de liaison de l’armée pour la protection présidentielle Coyle sur le 22 novembre 1963 (tel que décrit par le commandant Robert Jones, supérieur de  Coyle comme témoignage de juré au Comité spécial de la Chambre sur Assassinats).  Si l’armée ne fait pas produire immédiatement ces documents, il devrait être nécessaire de faire paraître l’agent Coyle pour expliquer ce qui est arrivé à ses rapports ».  Marina Oswald (née Marina Prusakova), qui après avoir cru son mari seul assassin était devenue sur le tard… persuadée désormais qu’il avait été manipulé.  Elle demandait dans la même lettre des explications sur les les liens entre son ex-mari et les cubains désireux de renverser ou d’assassiner Castro.  « Un compte rendu complet de l’agent du FBI James P. Hosty et sa revendication (dans son livre récent, « ASSIGNMENT: OSWALD ») selon lequel Lee Harvey Oswald connaissait une planification d’« invasion paramilitaire de Cuba » par « un groupe d’exilés cubains de droite dans les zones périphériques de New Orléans. « Nous savons maintenant qu’une telle invasion était en effet prévue par un groupe cubain opérant sur la paie de la CIA à Miami, à la Nouvelle-Orléans et à Dallas … le même groupe infiltré par Lee Oswald.  Nous connaissons ses documents seulement depuis qu’ils ont été publié en 1992, comme décrit dans le livre que j’ai  mentionné.  Sur quelle base Hosty croit-il que Lee « avait connaissance » de ces plans, à moins que Lee lui-même lui ait dit cela ?  Je vous demande  donc spécifiquement la parution du rapport informateur que Lee Oswald a fourni à l’agent Hosty et / ou d’autres membres du FBI sur ces informations de renseignement ».  Marina avait bien compris, au seuil des années 2000, que son mari était l’objet d’un suivi de la part de différents organismes fédéraux, dont les services secrets de l’armée, qui interféraient souvent avec le FBI et la CIA.  N’oublions pas en effet James Powell, un agent de renseignement de l’armée alors impliqué dans la surveillance des dissidents nationaux, que l’on retrouvera tout en haut du Texas School Book de Dallas, à peine 10 minutes après les tirs ayant tué Kennedy… muni de son Minolta.  On en aura confirmation avec le témoignage de son supérieur, lors de la seconde enquête sur le crime de Dallas, celui du colonel Jones, qui avouera qu’il y avait douze agents de l’armée de présents sur Dealey Plazza !!!  On notera aussi que Marina souhaitait des explications sur le rôle de Nonte :  George Charles Nonte Jr., un capitaine de l’U.S. Army, chargé de l’approvisionnement de la base en armes.  Or G.C. Nonte (décédé en 1978), spécialiste des armes, ayant écrit plusieurs ouvrages sur elles – cf ici à droite-, bénéficiait d’un « top secret clearance« , c’est à dire d’un passe-droit de la CIA !!!  Nonte aurait aussi joué un rôle dans ce chassé croisé entre services secrets dont Oswald était le véritable jouet.  Car Nonte connaissait très bien lui aussi Masen (normal, ce dernier vendait des armes à Dallas !).  Selon un document de téléscripteur obtenu par le chercheur Bill Adam, le FBI cherchait en effet auprès de lui à obtenir « des informations relatives à l’opération militaire dans les Caraïbes » (une nouvelle invasion de Cuba, celle qui aurait eu comme armement principal les deux yachts armés par les Kennedy !).  « le 25 oct 1963, Nonte avait fait un rapport au FBI.  Nonte avait dit que Masen lui avait confié que l’attaque planifiée « centrée sur Cuba » et comprenait une énorme force rebelle impliquée « dans les bases des Caraïbes dans des endroits inconnus. »  Selon Masen l’opération militaire proviendrait d’un « acheteur d’armes » installé à l’Université de Miami.  Or l’université abritait la fameuse Wave Station JM, le siège de la CIA dans le sud de la Floride pour les opérations contre Cuba !!!

Autour de Pontchartrain 


Les armes autour du lac Pontchartrain, j’en ai parlé également ici-même.  


Parmi les conspirationnistes anticastro, il y avait John Koch:  «aussi appelé  Gene Koch » qui figurait sur une liste de la CIA d’infiltrés de la DRE. Koch, était l’associé de David Ferrie, et il « a été arrêté le 31 juillet 1963 lorsque le FBI a saisi une cache illégale de dynamite de la DRE  sur le lac Pontchartrain à LaCombe » vous avais-je dit.   Ce jour-là avaient été  saisies pas moins de 48 caisses de dynamite, 20 obus des fusils M-1, des grenades et 55 gallons de napalm.  Le FBI avait arrêté deux hommes:  Sam Benton, un intermédiaire avec les Cubains anticastristes et William McClaney (dont le frère William Julius McLancy de la Nouvelle-Orléans, avait travaillé au casino de l’Hôtel Nacional à La Havane avant la prise de pouvoir de Castro), ainsi que Richard Lauchli, le co-fondateur des Minutemen et un ami proche de Jack Ruby (et vendeur d’armes dans l’Illinois !).  Ruby, qui pendant ce temps-là, vendait des Jeeps à Castro, on le rappelle !!! (ci-dessous la photo du lot d’armes saisies chez Lauchli, à Collineville, Illinois le 18 avril 1969… il y avait 50 grenades, un bazooka et 7 roquettes dans le lot !!!



L’équipe est abondamment décrite dans l’ouvrage «  The Road to Dallas » de David E Kaiser.  Kaiser est le premier a avoir suggéré que l’assassinat de Kennedy pouvait avoir des racines dans la mafia écœurée de ses erreurs ou tentatives ratées pour éliminer Castro qui leur avait fait perdre leurs gagne-pains de Cuba, leurs casinos.  Selon Kaiser aussi, Oswald ne pouvait avoir agi seul, ce que l’on découvre encore un peu plus chaque jour.  Si les armes avaient bien été confisquées, sur les ordres du seul FBI, on ne s’explique pas pourquoi les hommes n’avaient pas été arrêtés ce jour-là (onze personnes), où s’ils l’avaient été pourquoi les avait-on aussi vite relâchés.  Selon des observateurs, le procureur comme Kennedy n’avaient pas pu empêcher le raid du FBI à moins de révéler que Hoover puisse faire connaître  à la presse leur relation avec McClaney (une photo plus nette des fusils chez Lauchli.

Le témoignage fondamental d’Elrod



Selon Mary Lafontaine, c’est très clair : « prenez en considération l’histoire improbable de John Elrod, un témoin de longue date des événements entourant le meurtre du président Kennedy il y a 31 ans « nota : au moment où a été écrit ce texte, bien sûr). « Un reclus qui vit maintenant dans le Tennessee, Elrod a dit qu’il avait eu une brève conversation avec Lee Harvey Oswald dans la  prison de Dallas City Jail en fin d’après-midi du 22 novembre 1963.   Elrod, arrêté pour s’être retrouvé sur les voies de chemin de fer situées derrière Dealey Plazza avait été effectivement mis en cellule à Dallas avec Oswald, l’après-midi même de l’assassinat de Kennedy (vers 14H45).  « Si l’histoire de Elrod est vraie – et beaucoup de ses détails ont été confirmés – L’assassin présidentiel accusé était au courant du fonctionnement interne d’un réseau de trafic d’armes qui était sous enquête fédérale par des agents à Dallas à l’automne 1963.  Ces trafiquants d’armes volaient les  arsenaux gouvernementaux aux États-Unis et, selon les documents du FBI récemment libérés, deux d’entre eux étaient soupçonnés de fournir des fusils à des groupes anticastristes pour monter la planification d’une invasion de Cuba, prévue dans la dernière semaine de novembre 1963.  L’histoire d’Elrod indique que Oswald était au courant de l’une des leurs affaires d’armes à feu et était disposé à en parler le jour où il a été arrêté.  Le dossier d’Elrod n’est pas récent.  Le FBI a écarté l’histoire d’Elrod comme non fondée. Mais Elrod a quitté la prison de Dallas convaincu qu’Oswald n’avait pas tué le président ».  On notera que lorsqu’il avait été arrêté, Elrod l’avait été car on avait averti qu’il avait encore à la main un fusil, qu’il n’avait plus au moment de son arrestation.  L’extrait de procès verbal ci-dessous établi le 22 novembre à 14H 45 le montre pourtant parfaitement :


Elrod est en fait un des quatre « vagabonds » arrêtés le jour-même de l’assassinat, enfin celui ajouté après coupe en réalité.  Une théorie de la conspiration a fait feu avec les trois autres.  Pour son propre fusil, celui que des témoins l’avaient vu ternir en mains, on n’avait pas creusé davantage la piste : aurait-il été celui qui aurait extrait discrètement  l’arme du Grassy Knoll de la scène du crime (en la démontant, si c’était le fameux fusil « pliable ») ?  « Oswald, D’après le récit de Elrod, connaissait le propriétaire de boîte de nuit de Dallas Jack Ruby et un homme arrêté à Dallas alors qu’ils transportaient des armes volées le 18 novembre 1963.  Ces armes, selon le témoignage sous serment d’un agent fédéral, étaient destinées à un marchand d’armes nommé John Thomas Masen.  Masen était, de l’avis de l’agent, un ardent membre des Minutemen, une organisation paramilitaire de droite. Le seul magasin de la région de Dallas qui a vendu le type de munitions utilisées pour tirer sur le président Kennedy, le FBI a appris plus tard, était détenu et dirigé par John Masen. »  John  Franklin Elrod avait expliqué autre chose, passé aussi à la trappe : « Elrod se rappelle aussi avoir partagé une cellule avec deux autres hommes dans la prison du comté de Dallas ».  « Dans le couloir à l’extérieur de la cellule, les compagnons de cellule ont vu un détenu avec un visage « cabossé » conduit par des gardiens de prison.  Elrod a dit avoir entendu l’un de ses compagnons de cellule dire qu’il reconnaissait le détenu blessé malgré son visage «cassé».  Le camarade de cellule, a rappelé à Elrod, qu’il avait déjà vu l’homme battu dans une chambre de motel avec quatre autres hommes.  


Les hommes dans la chambre du motel devaient recevoir de l’argent pour un certain type de contrat, et l’homme au visage blessé avait reçu une partie de l’argent.  Il avait conduit auparavant une Thunderbird.  C’était tout ce qu’Elrod pouvait se rappeler de son compagnon de cellule, sauf pour la chose la plus importante: l’un des hommes dans la chambre du motel était Jack Ruby ».  On trouvera plus tard (cf « Murder in Dealey Plaza: What We Know that We Didn’t Know Then about the Death of JFK … » de James H. Fetzerque) le conducteur de la Thunderbird s’appelait Donald Whitter (Donnell Darius Whitter).  Il travaillait comme mécano dans une station locale de Texaco et arrangeait les voitures, dont celle de Jack Ruby.  L’homme accidenté était en fait Lawrence Reginald Miller, dont la tête avait heurté le montant du pare-brise lors de la course poursuite avec la police de Dallas.  Ironie du sort, Miller avait été soigné au Parkland Hospital.  Le coffre de la Thunderbird était plein d’armes, achetées par Masen.  Un Masen, qui était aussi un des deux seuls vendeurs de Dallas à fournir des fusils Carcano et leurs munitions !!!  Malgré cela, quand Norman L. Casey et Francis B. Cole, deux agents du FBI seront dépêchés pour interviewer Elrod, ils déclareront à leur retour  que ce que racontait Elrod ne présentait pas d’intérêt… puisque que ce n’était pas lui personnellement qui avait vu Ruby !


Ellsworth, estomaqué par sa (trop) tardive découverte

C’est bien tout cela que confirme aujourd’hui le document de 7 pages expurgé de ses balafres de feutre noir (une déposition de 1965 déjà été proposé en partie en 2015).  Un document qui explique la surprise de l’agent Frank Ellsworth a découvrir après-coup avoir vu et rencontré Oswald, qu’il reconnaissait alors pour l’avoir vu à la télévision pendant les reportages sur sa courte apparition  dans le commissariat de Dallas, où l’on avait déjà décidé de le faire taire.  On y trouve toute une organisation, affiliée à la John Birch Society dont l’un des chefs se recommandait ouvertement, avec des membres portant un nom de code, seul connu du groupe, une argumentaire de propagande un peu tordu comme quoi « il n’y aurait eu que 20 000 communistes aux USA contre 60 000 Minutemen », et un groupe qui se savait surveillé par le FBI (ils décrivent un break en haut d’une colline avec dedans des agents munis de jumelles pour les observer !).


Réunis dans une ferme, celle observée par le FBI, ils s’entraînaient au tir au Fort Worth Riffle Club (on avait vu Oswald s’exercer, on le rappelle, au Sports Drome Rifle Range, de Grand Prairie, au Texas). Ellsworth, ou plutôt son informateur dans le groupe, décrira avoir reçu des munitions de la part du groupe, en quantité, pour du calibre 0.30 (pour fusil) et du 0.38 (pour pistolet).  D’autres armes de calibre 0.50 pour Browning et des Reising (un pistolet-mitrailleur de calibre 0.50, une excellente arme des Marines) ou même une Ingram (le MAC-10  pour Military Armament Corporation Modèle 10, une arme très spéciale de commandos !!!) seront montrées à l’informateur.  Ils se rencontraient aussi au Benbrook Lake ou au Fisherman Paradise, à Johnson County, au Texas ou au café du Shady Oaks.  L’un des Minutemen cité était Otto Duke Koling habitant Haltom au Texas.  Or celui-là, quel hasard encore, est décédé dans un accident de moto survenu le 25 novembre 1965 (document ci-dessus) : on a oublié de le compter, sans doute, dans les dommages collatéraux des décès autour du 22 novembre 1963 !!!  Un de plus !!!  Les Minutemen étaient sous surveillance accrue du FBI, avant et après l’assassinat de Kennedy, puisqu’on trouve un autre document en date du 1er avril 1965 précisant les rencontres de Koling  avec Arthur Pollard, Van Pollard et Shirley Bob Renshaw (qui vivait alors avec Koling).  Ils envisageaient alors d’aller voler une armurerie des National Guards.  Outre ceux cités, un avocat, nommé W. Alfred Windor, installé dans le Ellis Building de Fort Worth  faisait des réunions avec eux.  On cite aussi Bill Seals, de Houston, Texas.  L’informateur notera que Koling était alors en cheville avec le sergent Hudson, de Bowie, membre justement des National Guards.  L’observateur notera que lors des rencontres, un ou deux membres se tenaient toujours au loin, pour éviter d’être reconnus.  Qui donc étaient-ils ?  Un autre document encore raconte une réunion tenue au domicile de Delbert Ray, à Midlothian au Texas en septembre 1965; toujours avec la présence d’Otto Duke Koling.  Ray avait été repéré par Penn Jones, et en avait averti le FBI.  Ray a longtemps été membre de la John Birch Society, et proche de Edgar Weasley Seay, lui même très proche du fameux général Edwin Walker, celui-là même sur lequel Oswald est censé avoir tiré sur la maison au fusil Carcano (pour se donner le change, c’est de plus en plus évident !).  Penn Jones est le premier a avoir tenté de recenser tous les décès autour de l’attentat de Dallas.  Il en était arrivé à plus de 150...  Pour Penn Jones, c’est le cas de Julia Ann Mercer qui l’avait le plus intrigué.  C’est celle qui avait vu quelque chose avant les tirs du Grassy Knoll et surtout avait entendu une discussion de personnes des services secrets au motel Howard Johnson, sur sa route du retour ;  dont celui de l’homme montant vers le tertre avec un étui à fusil, avant les tirs.  On n’a plus jamais eu signe d’elle, depuis.

Oswald, communiste d’opérette, connaissait bien les Minutemen


Dans le document du jour, Masen, bel et bien décrit comme vendeur d’armes, dans son propre magasin, et écrit qu’il connaissait très bien Oswald.  Un document qui montre donc qu’un individu présenté comme un soutien à Castro et à l’URSS, via son séjour là-bas ou ses tracts du Fair Play for Cuba Committee distribués dans la rue à la Nouvelle-Orleans, aurait donc reçu des armes des Minutemen, ceux-là mêmes qui désiraient tant supprimer Castro !!!


Ils le détestaient presqu’autant que les Kennedy, qui eux, racontaient à la presse qu’ils souhaitaient la paix avec lui en imaginant dans son dos des dispositifs les plus tordus possibles pour l’éliminer (2), avec de gros moyens prêts à être engagés, lorsqu’ils fourbissaient par exemple leurs deux bateaux armés, le Rex, et le Leda (1 million de dollars investis pour les deux chasseurs de sous-marins) !!! Seul un Oswald manipulé pouvait évoluer ainsi, à faire des barbecues avec David Ferrie un jour et prendre un bateau pour aller vivre en URSS un autre.  Oswald ne pouvait qu’être un agent téléguidé de la CIA, et l’on voit mal un tel agent agir seul, tout d’un coup, pour tuer un président dans des conditions plus qu’acrobatiques, logé dans un bâtiment où des âmes si bien attentionnés comme les époux Paine l’avaient niché une semaine à peine (?) avant l’événement fatal.  Ceux-là savaient, à l’évidence, qui a tué Kennedy.  Et ils savent que ça n’est pas Oswald !  A leur sujet, et ceux des liens de Michael Paine avec l’extrême droite de Dallas, via son oncle Eric Schroeder, proche du magnat Murchinson, de Hunt, de Byrd, et de toute la faune des riches pétroliers texans, on pourrait en dire encore des tas.  En y ajoutant le fort peu recommandable Billy Byars (Billy Goebel Byars), connu d’Edgar Hoover mais aussi de… Jack Ruby.  La famille Kennedy vivait constamment dans le glauque, logique que ses assassins fassent de même.


Source supplémentaire : 

la toute première déposition d’Oswald (en 3 éléments) au commissariat de Dallas devant un agent du FBI : on notera l’étrange réponse au capitaine Fritz, du bureau de police de Dallas, indiquant qu’il est allé une fois au Mexique « à Tijuana » : comment donc quelqu’un qui ne savait rien au départ d’Oswald avait-il pu lui poser une telle question ???  Le Mexique était si important que cela dans l’affaire ? (oui, si on voulait faire d’Oswld un pro-communiste étant allé demander un nouveau visa pour l’URSS !!!).




On notera aussi que dans cette première déposition, Oswald, pourtant muni d’un pistolet, n’avait pas cherché à tirer sur les policiers venus l’arrêter, et niait lui-même avoir tué à la fois Tipitt et Kennedy… il a nié aussi ce jour-là posséder lui-même un fusil… il donnera aussi sa date de premier jour de travail au dépôt de livres : le 15 novembre 1963, soit une semaine seulement avant l’assassinat !!!



(1)  « Le 6 décembre (1963), Whitten a lu un rapport du FBI sur Oswald qui montrait que le FBI avait des informations sur les liens d’Oswald avec des groupes cubains pro-Castro, mais que ni le FBI ni Helms ne les avaient communiquées pour son enquête.  Il s’est plaint à Helms et à James Angleton que cette information ait rendu sa conclusion initiale « complètement hors de propos ».  Helms a écarté Whitten de l’enquête, et l’a transmise à Angleton.« Complètement écœuré, Whitten avait quitté la CIA en 1970 pour s’installer à Vienne, en Autriche, et y commencer une carrière… de chanteur, à la « Société de Chorale  Masculine Viennoise » ! »

(2) Il y a eu 638 tentatives d’attentat contre Castro.  Et la mafia a eu elle-même des idées sur le sujet  : « quant à Lopez concernant Kennedy, Phillips était l’homme clé pour Escalante concernant Fidel Castro. Au cours d’une entrevue avec Fonzi à la fin de 1995, Phillips a fait remarquer, qu’ Escalante  « était notre principal ennemi [et] le cerveau d’un grand nombre de complots d’assassinat contre Castro. » Dans trois d’entre eux, Veciana était l’organisateur: 

« Tirer au bazooka d’un appartement loué par la belle mère  Veciana au huitième étage de l’immeuble situé au 29 Misiones Street; vers  la tribune de l’orateur sur la terrasse nord du Palais présidentiel, où Castro devait prononcer un discours le 4 Octobre , 1961.  L’intrigue a échoué (p.105).  Le G-2 cubain sentait le coup foiré et inondait les foules, les bâtiments et les toits avec des agents et des miliciens.  Lorsque les tueurs à gages se sont approchés du bâtiment, ils se sont sentis submergés par les forces de Castro et sont retournés en arrière ».

« Tirer sur Castro avec un pistolet caché dans une caméra de télévision (on notera que l’idée sera reprise plus tard pour tuer Massoud en Afghanistan, avec une bombe dans la caméra).  Lors d’une conférence de presse à Santiago du Chili en Novembre 1971.  Les prétendus assassins étaient des exilés cubains Marcos Rodríguez et Antonio Domínguez, déguisés en cameramen du réseau vénézuélien Venevisión TV.  Tous les deux se sont retirés du complot craignant la sécurité à toute épreuve autour de Castro (p.183) ».

« Tirer sur Castro avec un fusil à l’aéroport international de Quito (Équateur). Veciana savait que le vol de retour de Castro de Santiago du Chili à La Havane comprenait une escale là-bas.  Il a donné une aide au chilien en apportant l’arme appropriée à Quito et en demandant à Luis Posada-Carriles de s’envoler de Caracas pour tirer sur Castro au bon moment.  L’intrigue n’a abouti à rien puisque l’équipe de soutien – deux transfuges de l’Armée de l’Air de Castro – ont affirmé que ce serait suicidaire ». A noter que Cariles était aussi l’homme des basses œuvres de la CIA.  Il a toujours été protégé.


FIN

TF121