vendredi 9 février 2018
L'afflux de combattants de Daesh à sa frontière méridionale inquiète l'Espagne
La défaite de Daesh en Irak et en Syrie a eu pour effet de voir des combattants s'installer au Sahel et en Libye. Les autorités espagnoles s'inquiètent de les voir arriver en Europe via l'Espagne au retour des grandes migrations estivales nord-sud.
«C'est pratiquement à notre frontière» : le ministre des Affaires étrangères espagnol Alfonso Dastis s'est alarmé le 8 février de l'arrivée croissante de personnes affiliées à Daesh, qui, ayant été vaincues en Irak et en Syrie, «transfèrent leurs activités au Sahel et en Libye».
Pour le ministre, il existe en effet un risque que certains de ces combattants profitent du retour des grandes migrations estivales nord-sud, lorsque les vacanciers transiteront par l'Espagne, pour rejoindre le nord de l'Europe. «Cela nous inquiète effectivement mais nous ne croyons pas qu'il faille établir un parallèle entre le terrorisme et l'immigration», a-t-il toutefois noté. «Pour nous assurer qu'il n'y a pas de vases communicants, nous prenons très au sérieux les questions de surveillance [...] s'agissant de l'accueil des réfugiés et immigrants», a en outre fait valoir Alfonso Dastis.
Revenant sur la situation sécuritaire au Niger et au Mali, le ministre a constaté qu'elle «ne s'améliorait pas beaucoup». Le gouvernement espagnol a d'ailleurs décidé en décembre dernier de doubler en 2018 son contingent dans la force européenne de formation de l'armée malienne pour le porter à près de 300 militaires. Des zones entières du Mali échappent à tout contrôle, et depuis 2015 les attaques djihadistes se sont étendues aux pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger. La dégradation de la situation sécuritaire en Libye a aussi des conséquences directes sur l'Espagne car les migrants qui passaient par ce pays pour atteindre l'Europe, via l'Italie, évitent désormais cette route et passent par l'Espagne.
En janvier, 1 287 migrants ont atteint l'Espagne en passant par la Méditerranée, selon l'Organisation des migrations internationales (OMI), et 75 ont péri dans la traversée. L'Espagne est régulièrement accusée par les ONG de refouler des migrants «à chaud», c'est-à-dire sans leur donner la possibilité de faire une demande d'asile. Ces situations se produisent lorsqu'ils tentent de franchir les hautes barrières entourant les enclaves sous administration espagnole de Ceuta et Melilla au Maroc. «C'est une configuration particulière [...] celui qui n'est pas arrivé en Espagne n'est pas refoulé à chaud, simplement il n'est pas entré», a justifié le ministre.