La tempête médiatique n'en finit pas de rebondir dans l'affaire de harcèlement et violences sexuelles contre le ministre français Nicolas Hulot. Vendredi, la petite-fille de François Mitterrand a confirmé qu'elle avait été l'auteure d'une plainte pour viol en 2008, classée sans suite et que l'intéressé conteste.
L'avocat de Pascale Mitterrand a cependant affirmé à l'AFP que la petite-fille de l'ancien président, dont le nom avait été dévoilé par le quotidien Le Parisien, n'a «jamais souhaité médiatiser» l'affaire suscitée par la publication vendredi d'une enquête du magazine Ebdo, qui a interviewé l'accusatrice sous couvert d'anonymat. «Le nom de Madame Pascale Mitterrand a été associé contre son consentement à une tempête médiatique visant Monsieur Nicolas Hulot. Elle-même et sa famille ne cautionnent en aucune manière la publicité» donnée à cette affaire, a déploré Me Michel Dufranc dans un communiqué.
Soutien d'Emmanuel Macron M. Hulot, ministre de la Transition écologique et un des membres les plus populaires du gouvernement français, s'était défendu dès jeudi de rumeurs «ignominieuses» le visant, notamment de harcèlement sexuel, à la veille de la publication d'un article de l'hebdomadaire Ebdo le mettant en cause. Il avait aussi reconnu l'existence d'une plainte en 2008, classée «sans suite», dont il n'avait pas précisé le motif. L'ancien animateur TV et militant écologiste avait aussitôt reçu le soutien de la présidence et du Premier ministre.
«Elle ne souhaitait pas cette médiatisation»
La procureure de la République de Saint-Malo (ouest), Christine Le Crom, avait confirmé jeudi soir qu'une plainte pour «un fait de viol» avait été déposée en 2008 mais classée sans suite, pour ces actes qui remonteraient à 1997, quand Pascale Mitterrand avait 20 ans et Nicolas Hulot 42 ans. Pascale Mitterrand souligne dans son communiqué que, depuis le dépôt de sa plainte en 2008, elle n'a «sous aucune forme, réactivé celle-ci, ni auprès de son protagoniste, ni auprès de quiconque.» «Elle a dit dès le départ aux journalistes de l'Ebdo qu'elle ne souhaitait pas cette médiatisation, mais elle n'avait aucun pouvoir de s'y opposer», a insisté auprès de l'AFP son avocat.
"Elle est partie loin de France"
Dans ses déclarations anonymes à l'Ebdo, elle ne donne que peu de détails sur les faits présumés et explique qu'elle n'avait pas voulu porter plainte à l'époque. «Mon but n'était pas de le faire juger mais de le mettre devant sa conscience», dit-elle. «Ma fille est devenue différente (...) elle est partie loin de France suite à cet événement», déclare à l'hebdomadaire son père, dont on sait désormais qu'il s'agit de Gilbert Mitterrand, le fils cadet de l'ex-président socialiste mort en 1996.
Dans son article, l'Ebdo fait également état d'une accusation de harcèlement sexuel concernant M. Hulot, formulée par une ex-collaboratrice de la fondation qu'il animait. Là-aussi, le ministre a opposé un démenti catégorique et la fondation a assuré n'avoir eu «connaissance d'aucun agissement répréhensible ou conduite inappropriée» de sa part, tandis que, dans le magazine, l'intéressée a démenti «complètement» tout lien avec M. Hulot.
«Malaise»
La presse française s'est fait l'echo de l'affaire sans forcément reprendre à son compte les révélations de l'Ebdo, faisant part, à l'image du quotidien Libération de son «malaise» face à un «emballement». L'historien des médias Christian Delporte a estimé, dans des déclarations à l'AFP qu'«une forme d'américanisation» est à l'oeuvre en France où «la vie privée des politiques est de plus en plus exposée dans la presse». L'Ebdo a justifié la publication de l'article par l'importance des fonctions de M. Hulot et l'impératif de mettre fin à «la culture de l'impunité» dans le sillage de l'affaire Weinstein aux Etats-Unis.
«Rumeur permanente»
Le gouvernement a fait bloc derrière Nicolas Hulot comme il l'avait fait pour le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, visé par une accusation de viol pour des faits présumés datant de 2009, que l'intéressé conteste. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a avancé vendredi que l'Ebdo, lancé en janvier, «cherche à faire le buzz» pour se faire connaître auprès des Français. Dans l'opposition aussi, certains se sont élevés contre ces accusations. Le patron des députés Les Républicains (droite) Christian Jacob a regretté «cette rumeur permanente» dans le monde politique qui «devient insupportable».
AFP