Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 9 février 2018

Deux complices de «Jihadi John» capturés qui pourraient intéresser la France


Deux djihadistes britanniques du groupe Etat islamique, complices de «Jihadi John», ont été capturés en Syrie par une force arabo-kurde alliée de Washington, a rapporté jeudi un responsable militaire américain. Il s'agit de deux membres de la «cellule d'exécution» de l'EI qui avait été surnommée «The Beatles». Leur capture est intervenue début janvier dans l'est de la Syrie, a précisé le responsable américain, non identifié, dans un communiqué.

Ce quatuor est accusé d'être responsable de la détention et de la décapitation d'environ une vingtaine d'otages, notamment des Occidentaux parmi lesquels les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff et le travailleur humanitaire américain Peter Kassig.

Le premier des djihadistes capturés a été identifié comme El-Shafee el-Sheik. Le second, figurant sur la liste noire des «terroristes internationaux» dressée par le département d'Etat américain, s'appelle Alexanda Amon Kotey ou Alexander Kotey, de nationalités britannique, ghanéenne et chypriote. Né en décembre 1983, il est passé par la ville syrienne de Raqa, l'ex-fief du «califat» autoproclamé de l'EI.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a refusé de confirmer leur capture: «Nous ne faisons pas de commentaires sur des cas individuels ni sur des enquêtes en cours», a indiqué un porte-parole. Le département d'Etat avait accusé l'an dernier Kotey d'avoir «probablement exécuté» des otages et d'avoir eu recours à des «méthodes de torture particulièrement cruelles».

Ces djihadistes , a expliqué le responsable américain, ont «participé à la détention, l'exploitation et l'exécution de détenus occidentaux». Ils ont également «agi comme geôliers et interprètes» et «auraient des liens avec le terroriste britannique souvent appelé Jihadi John », a-t-on appris de même source, sans préciser dans quel état les deux hommes se trouvaient ni ce qui allait advenir d'eux. «El-Shafee el-Sheik et Kotey représentent une petite portion des centaines de terroristes étrangers de l'EI (issus) de plusieurs pays qui ont été exfiltrés du champ de bataille par les Forces démocratiques syriennes dans l'est de la Syrie depuis octobre 2017», a encore souligné le responsable militaire.

Paul, George, Ringo et John

Le plus célèbre des quatre «Beatles» djihadistes était le Britannique Mohammed Emwazi, connu pour ses vidéos de décapitation d'otages qui avaient marqué l'opinion publique en 2014 et en 2015, sur lesquelles il apparaissait couteau de boucher à la main et vêtu de noir. Surnommé «Jihadi John», il a été tué en novembre 2015 par un bombardement à Raqa.

Avec ses décapitations soigneusement mises en scène souvent dans un décor désertique, les corps sans tête gisant à ses pieds tandis qu'on ne voyait de lui que ses yeux, il a commis parmi les plus atroces exécutions de l'EI. Il était devenu l'étendard de la propagande et de la campagne de terreur sur internet voulue par le groupe djihadiste, .

Les travailleurs humanitaires britanniques David Haines et Alan Henning, les Américains Peter Abdul-Rahman Kassig, Steven Sotloff et James Foley, ainsi que le Japonais Kenji Goto ont notamment été décapités devant une caméra par Emwazi. Ils avaient été emprisonnés avec les journalistes français Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres. Les prisonniers occidentaux avaient donné le surnom de «Beatles» aux quatre geôliers en raison de leur accent britannique, et les avaient affublés des prénoms des légendaires chanteurs: Paul, George, Ringo et John.

Aine Davis, le quatrième membre du groupe djihadiste, --qui aurait eu en mains plus d'une vingtaine d'otages étrangers en 2014-2015 et récupéré des millions de dollars de rançons-- est détenu en Turquie.

Ces arrestation pourraient intéresser la France

Ils ont été les geôliers des otages français et occidentaux en Syrie. Surnommés les "Beatles" par leurs prisonniers occidentaux, ces djihadistes britanniques faisaient partie du groupe chargé de les surveiller. Sur les quatre djihadistes, ils en restaient encore deux en liberté. Ils ont été récemment capturés en Syrie par une force arabo-kurde alliée de Washington et auraient commencé à collaborer en donnant des informations à la coalition. Les prisonniers occidentaux avaient donné le surnom de "Beatles" aux quatre geôliers en raison de leur accent britannique, et les avaient affublés des prénoms des légendaires chanteurs : Paul, George, Ringo et John.

"C'étaient nos gardes les plus violents", a raconté l'ancien otage Didier François

Le plus célèbre des quatre "Beatles" djihadistes était le Britannique Mohammed Emwazi, connu pour ses vidéos de décapitation d'otages qui avaient marqué l'opinion publique en 2014 et en 2015, sur lesquelles il apparaissait couteau de boucher à la main et vêtu de noir. Surnommé "Jihadi John", il a été tué en novembre 2015 par un bombardement à Raqqa. Un autre membre de ce groupe Aine Davis (surnommé Paul), est lui détenu en Turquie. Les deux autres ont donc été arrêtés et identifiés comme étant El-Shafee el-Sheif (surnommé George) et Alexanda Amon Kotey ou Alexander Kotey (surnommé Ringo).

Sur Europe 1, l'ancien otage Didier François a raconté à quel point ces quatre djihadistes britanniques étaient cruels : "C'étaient nos gardes les plus violents, adeptes de la torture systématique avec une forte prédilection pour ce qui était technique de noyade ou d'étouffement. Ils adoraient aussi tout ce qui était simulacre d’exécution ou de crucifixion. Avec eux, les coups pleuvaient dès qu'ils entraient dans la cellule. C'était des gardes qui frappaient très dur. Comme ils aimaient cela, ça pouvait durer assez longtemps."

Ce quatuor est aussi accusé d'être responsable de la détention et de la décapitation d'environ une vingtaine d'otages, notamment des Occidentaux parmi lesquels les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff et le travailleur humanitaire américain Peter Kassig. Par conséquent, leur capture pourrait intéresser un certain nombre de pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France. Quatre journalistes français, Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont été détenus pendant 10 mois par l'Etat islamique. Ils ont été libérés en avril 2014.

Où vont-ils être jugés?

Selon le New York Times qui a révélé leur capture, il n'était pas encore tout à fait sûr que les autorités américaines vont se mobiliser pour inculper les prisonniers sur le sol américain. Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, pourrait plutôt privilégier l'option Guantanamo. Mais cette hypothèse recèle beaucoup d'inconnus pour l'administration Trump. D'une part, un juge pourrait être amené à statuer sur l'opportunité d'entrer en guerre contre l'Etat islamique en utilisant l'autorisation du Congrès datant de 2001 qui visait Al-Qaïda. Par conséquent, la guerre pourrait être jugée illégale, rendant précaire le maintien en détention des prisonniers à Guantanamo.

D'autre part, le Royaume-Uni pourrait ne pas apprécier que des citoyens britanniques soient envoyés dans une prison militaire. Depuis 2005, le Royaume-Uni a négocié le rapatriement de neuf de ses citoyens qui avaient été envoyés sur la base située à Cuba. Néanmoins, le pays pourrait ne pas avoir son mot à dire puisque selon un officiel cité par le journal américain, les deux Britanniques ont été déchus de leur nationalité après avoir rejoint l'Etat islamique. De son côté, La France est favorable de manière générale à ce que les djihadistes arrêtés en Syrie ou en Irak soient jugés par les autorités locales 

Interrogé par la BBC, le journaliste et ancien otage Nicolas Hénin, a plaidé pour qu'un vrai procès ait lieu contre ces hommes : "Je serai extrêmement frustré s'ils n'avaient pas le droit à un procès juste et je ne crois pas que des poursuites par les autorités locales dans le nord de la Syrie ou une détention à Guantanamo peuvent être considérés comme de la justice."