Au début des années 2000, les États-Unis ont lancé le programme Prompt Global Strike afin de développer des armes hypersoniques devant leur permettre de disposer d’une capacité de frappe rapide contre des cibles de haute valeur située n’importe où dans le monde. D’autres pays ont des projets similaires, dont la France (le futur missile ASN-4G devrait être « hypervéloce »), la Russie (avec le missile de croisière Zircon) et la Chine.
En janvier 2014, il fut rapporté que la Chine avait testé un planeur hypersonique appelé Wu-14 (ou DF-ZF). Durant les deux années suivantes, au moins quatre autres essais auraient été menés (trois ou quatres autres n’ont pas été confirmés).
Se basant sur des confidences faites par une source gouvernementale américaine, le site The Diplomat a livré quelques informations supplémentaires sur les intentions chinoises. Ainsi, en novembre, Pékin aurait réalisé deux essais réussis d’un missile balistique à portée intermédiaire qui, appelé DF-17, serait en mesure d’emporter un planeur hypersonique (le Wu-14?) comme charge utile. Les tests ont été effectués depuis le centre spatial de Jiuquan, en Mongolie intérieure.
Ce nouvel engin, d’après les estimations de la communauté américaine du renseignement, serait une variante du missile DF-16B, déjà en service au sein des forces chinoises. Toujours d’après la source de The Diplomat, le DF-17 a été « spécialement conçu pour la mise en oeuvre d’un planeur hypersonique (ou HGV pour Hypersonic Glide Vehicle) » et non pour « servir de banc d’essai ». En clair, ce nouveau système pourrait être opérationnel dans peu de temps, c’est à dire d’ici 2020.
La portée du DF-17 est estimée à 2.500 km au maximum. Quant au planeur hypersonique, libéré dans la stratosphère, il aurait volé pendant 11 minutes et parcouru 1.400 km, au cours de l’un des deux essais.
Cela étant, les détails manquent. Par exemple, on ignore quelle est la taille exacte de ce planeur hypersonique. Toutefois, au regard des caractéristiques d’un missile balistique, l’on peut dire, sans se tromper, que ses dimensions sont réduites. Son pouvoir « destructeur » tient à son énergie cinétique.
Reste que, de part leur hypervélocité et leur profil de vol (ils évoluent à une altitude plus basse qu’un missile balistique), les HGV constituent des cibles difficiles à repérer et à neutraliser pour les systèmes de défense antimissile.
« Les missiles hypersoniques – en particulier les véhicules hypersoniques et les missiles de croisière hypersoniques – constituent une nouvelle catégorie de menaces car ils sont capables à la fois de manoeuvrer et de voler à plus de 5.000 km/h. Ces caractéristiques permettent à de tels missiles de pénétrer dans la plupart des défenses antimissiles et de comprimer davantage les délais d’intervention d’une nation attaquée », soulignait ainsi la Rand Corporation dans un rapport publié en octobre dernier.
Aussi, avait ajouté ce centre de réflexion américain, « la prolifération de ces missiles au-delà des États-Unis, de la Russie et de la Chine pourrait entraîner d’autres puissances à réduire leurs délais de réaction de manière à mettre leurs forces stratégiques dans un état d’alerte extrême », ce qui serait de nature à accroître les risques de confusion.