mercredi 3 janvier 2018
Hassan Rohani demande à Macron de neutraliser un «groupe terroriste» iranien en France
Au terme du sixième jour consécutif de manifestations en Iran, le président iranien a exhorté son homologue français à agir contre un groupuscule basé en France accusé d'encourager les violences en Iran. Emmanuel Macron a appelé à la «retenue».
D'après la télévision publique iranienne citée par l'AFP, le président de la République islamique d'Iran Hassan Rohani a demandé ce 2 janvier 2018 à son homologue français Emmanuel Macron de prendre des mesures contre les activités d'un «groupe terroriste» iranien basé en France.
D'après le dirigeant iranien, cette organisation serait impliquée dans les récentes manifestations dans le pays. «Nous critiquons le fait qu'un groupe terroriste ait une base en France, agisse contre le peuple iranien et encourage la violence. Nous attendons du gouvernement français qu'il agisse contre ce groupuscule terroriste», a déclaré Hassan Rohani lors d'une conversation téléphonique. Selon l'AFP, il s'agirait d'une claire allusion aux Moudjahidines du peuple. Ceux-ci sont accusés par les autorités iraniennes d'alimenter les violences et d'être liés à l'Arabie saoudite, rivale régionale de l'Iran.
Accusations d'ingérence étrangère
Le général Rassoul Sanaïrad, adjoint politique du chef des Gardiens de la Révolution, a affirmé ce même jour que le groupe Moudjahidines du peuple avait été chargé par les Saoud (la dynastie qui règne sur l'Arabie saoudite) et certains pays européens de «créer de l'insécurité» en Iran.
Enfin, le vice-gouverneur de Téhéran, cité par l'agence Isna, a affirmé qu'aucun incident n'avait été signalé ce 2 janvier au soir à Téhéran. La capitale iranienne a connu de petites manifestations les trois nuits précédentes avec à chaque fois quelques centaines de personnes lançant des slogans contre le pouvoir dans le quartier de l'université dans le centre de Téhéran.
La demande d'Hassan Rohani intervient au sixième jour d'un mouvement de contestation contre l'austérité et le gouvernement iranien, marqué par des violences meurtrières et des centaines d'arrestations dans plusieurs villes du pays. Les autorités iraniennes démentent avoir tiré sur la foule et ont évoqué des «tirs suspects». Le 2 décembre, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé les «ennemis» de l'Iran de s'unir contre le gouvernement.
Paris «préoccupé»
L'Elysée a fait savoir peu après la déclaration du président iranien que la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à Téhéran était reportée.
Plus tôt, le ministère des Affaires étrangères avait exprimé dans un communiqué «sa préoccupation face au nombre important des victimes et des arrestations» lors du mouvement de contestation, le plus important depuis 2009. Cette position a ensuite été réitérée par Emmanuel Macron lors d'un entretien téléphonique avec Hassan Rohani, prévu avant les événements qui secouent l'Iran. Le dirigeant français a notamment appelé à la «retenue et à l'apaisement».
«Les autorités françaises suivent avec attention la situation en Iran. Le droit de manifester librement est un droit fondamental. Il en va de même de la libre circulation de l'information [...] Ces questions, comme de manière générale le respect des droits de l'Homme, seront au cœur de nos échanges avec les autorités iraniennes dans les prochaines semaines», avait ajouté le quai d'Orsay.
La visite de Jean-Yves Le Drian, pour laquelle une nouvelle date sera trouvée selon l'Elysée, doit préparer celle d'Emmanuel Macron, qui a annoncé mi-octobre son intention de se rendre en Iran en 2018.