Un adolescent, très suivi sur les réseaux sociaux et qui avait posté une vidéo dans laquelle il insultait un des principaux barons de la drogue au Mexique, a été criblé de balles alors qu'il faisait la fête dans un bar.
Star des réseaux sociaux dans son pays, il était suivi par près d'un million d'abonnés sur Facebook et plus de 320 000 sur Instagram : le jeune mexicain Juan Luis Lagunas Rosales, alias «El pirata de Culiacán» (le pirate de Culiacán), 17 ans, n'avait pas sa langue dans sa poche. C'est ce qui lui a, selon toute vraisemblance, coûté la vie.
Alors qu'il faisait la fête avec des amis le 18 décembre, un groupe d'individus armés a fait irruption dans le bar dans lequel il se trouvait, et l'a criblé de balles. 18 coups de feu ont été tiré sur lui, 15 l'atteignant, d'après le procureur général de Jalisco, l'Etat ou s'est produit le drame, comme le rapporte The Independent.
Si les enquêteurs ignorent encore la cause de son assassinat, ils disposent cependant d'une piste sérieuse. Le jeune homme avait posté quelques jours auparavant une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle, visiblement éméché, il s'en prenait verbalement à un des plus puissant baron de la drogue du pays, Nemesio Ocegera Cervantes, plus connu sous le pseudonyme d'«El Mencho». Dans la courte séquence, l'adolescent déclarait notamment «El Mencho a mí me pela la verga», ce qui se traduit littéralement par «El Mencho me pèle la verge», mais que les médias anglophones interprètent par «El Mencho peut me sucer la b...».
«El Mencho» est aujourd'hui un des hommes les plus activement recherché par les services de renseignement américain, puisqu'il serait devenu selon Atlantico «le patron des patrons du crime au Mexique» depuis l'arrestation d'El Chapo.
On a beaucoup parlé de l'arrestation d'El Chapo, le parrain de la drogue au Mexique et dans le continent américain. Mais son concurrent, El Mencho, est beaucoup plus redoutable, plus mystérieux, et sévit encore. De plus, son cartel semble faire peser une nouvelle menace sur la stabilité de la région avec des ambitions apparemment politiques.
Il y a pire que El Chapo... El Mencho
Nemesio Oseguera Cervantes "El Mencho"
(ancien policier)
El Mencho est le patron du Cartel de Jalisco, "Nouvelle Génération". Ce cartel fut lancé en 2009 par El Mencho et deux autres criminels, alors membres du Cartel Milenio, comme le rapporte Univision.
Le nouveau cartel prend vite du galon comme sous-traitants et homme de mains de cartels plus gros - on peut dire qu'il démarre son activité par la sous-traitance et prend des parts de marchés.
Mais en 2011, se sentant assez fort, le cartel déclare la guerre à tous les autres cartels du Mexique et annonce son intention de prendre le contrôle de la ville de Guadalajara, d'après le site spécialisé InterAmerican Security Watch. Il se distingue vite par sa cruauté féroce.
Jalisco assassine les rivaux, les policiers, mais également les civils qui s'y opposent ou tout simplement ne paient pas leur "impôt" -pour eux, c'est l'attaque à la grenade. Jalisco aime torturer pour semer la terreur et met les vidéos en ligne. Sur l'une d'entre elles, un père et son fils sont attachés à des explosifs - ils font exploser le fils en premier pour forcer son père à regarder sa mort.
Il y a plusieurs années, Jalisco aurait capturé 35 membres d'un cartel rival, les Zetas, et les aurait torturés et mutilés avant de balancer leurs corps sur l'autoroute à l'heure de pointe.
La volonté de Jalisco de prendre du territoire est sérieuse. Un jour de mai dernier, le cartel a pris le contrôle de la vie de Guadalajara, bloquant plus de 30 routes d'accès à la ville avec des feux, et incendiant des banques et d'autres bâtiments publics. Lorsque l'armée est venue à la rescousse, un hélicoptère fut abattu par un lance-roquettes et des soldats exécutés, raconte Meghan Walsh du magazine en ligne Ozy.
L'identité de El Mencho est mystérieuse. Il n'a jamais été arrêté. Certains disent que c'est un ancien policier ou militaire, ce qui serait validé par les tactiques très professionnelles du groupe, et sa volonté de rendre coup pour coup à l'Etat. "C'est le premier patron du crime en ce moment au Mexique", déclare Tristan Reed, analyste de sécurité du Mexique pour Stratfor, l'entreprise de conseil en géostratégie.
Un nouveau type de danger
Mais ce qui distingue Jalisco, ce n'est pas seulement son efficacité, l'étendue de sa puissance, ou la brutalité de ses méthodes. Jalisco se lance aussi en politique. En plus de ses tortures les plus atroces, le groupe met en ligne des vidéos où il critique le gouvernement et se présente comme une force nationaliste déterminée à remettre l'ordre en combattant les autres cartels.
"Le Cartel de Jalisco se propage comme un cancer au Mexique"
Mike Vigil
ancien responsable DEA
TF121