vendredi 8 décembre 2017
Pyongyang ouvert au dialogue avec Washington ? Moscou se dit prêt à soutenir les négociations
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a laissé entrevoir une sortie de la crise coréenne par la diplomatie, assurant que Pyongyang était prêt à discuter des «garanties pour sa sécurité» avec Washington.
Pyongyang a-t-il fait un pas vers une désescalade des tensions avec Washington ? C'est en tout cas la teneur du message qu'a souhaité faire passer le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov à son homologue américain Rex Tillerson le 7 décembre, en marge d'une conférence à Vienne où se trouvent les deux diplomates.
«Nous savons que la Corée du Nord veut par dessus tout discuter avec les Etats-Unis des garanties pour sa sécurité. Nous sommes prêt à soutenir cela, prêt à faciliter de telles négociations», a assuré Sergueï Lavrov dans des propos rapportés par l'agence de presse russe Interfax. «Nos collègues américains, y compris Rex Tillerson, ont entendu ce message», a-t-il encore précisé.
Si pour l'heure l'administration américaine n'a pas encore formulé de réponse officielle, cette déclaration coïncide avec la visite officielle d'un haut responsable des Nations unies en Corée du Nord, une première depuis 6 ans. Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques, l'Américain Jeffrey Feltman, a atterri à l'aéroport de Pyongyang le 5 décembre, où il s'entretient avec des responsables nord-coréens de «sujets d'intérêt et de préoccupation communs», selon le porte-parole des Nations unies, qui n'a pas donné plus de précisions.
Moscou souhaite une sortie crise par la diplomatie
La diplomatie russe suit pour sa part la ligne de conduite esquissée depuis de longs mois sur la question nord-coréenne. Le chef de la diplomatie russe, qui avait martelé début décembre que «la tâche principale» des grandes puissances résidait dans la prévention d'un conflit armé, avait également rappelé que la Russie et la Chine avaient conjointement développé une feuille de route pour sortir de cette crise.
Cette dernière implique le rejet de toute action qui puisse alimenter les tensions, afin de pouvoir effectuer une transition vers des négociations. Selon les termes de la proposition, la Corée du Nord devrait suspendre ses essais nucléaires et ses tirs de missiles balistiques, et en contrepartie, les Etats-Unis et la Corée du Sud ne devraient plus mener d'exercice militaires conjoints dans la région. Un projet qualifié de «double gel», qui a été rejeté par Washington en août dernier.
L'ouverture diplomatique transmise par Sergueï Lavrov au nom de la Corée du Nord intervient au plus fort des tensions entre Pyongyang et Washington. Le ministère des Affaires étrangères nord-coréen a en effet assuré le 6 décembre que la guerre était «un fait établi», se demandant simplement «quand» elle allait éclater. Une déclaration qui faisait suite aux exercices militaires conjoints de grande ampleur entre Séoul et Washington le 4 décembre, ainsi qu'aux remarques bellicistes de l'administration américaine. La représentante de Washington à l’ONU Nikki Haley avait notamment menacé de «détruire complètement» Pyongyang «en cas de guerre» après le tir de missiles balistique effectué par la Corée du Nord le 29 novembre.