Depuis le 3 septembre 2017, jour de son incarcération, Nordahl L. est imperturbable. Fortement soupçonné d'avoir enlevé puis tué la petite Maëlys, disparue dans la nuit du 26 au 27 août lors d'une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère), l'ancien militaire a réponse à tout. Avec un aplomb déconcertant, il dément toute implication dans la disparition de la fillette, et ce malgré toute une série d'éléments accablants pesant contre lui.
Cette semaine, le mystère entourant l'ex-maître-chien âgé de 34 ans s'est considérablement épaissi. Mis en examen il y a trois semaines pour «homicide précédé d'enlèvement et de séquestration» dans l'affaire Maëlys, voilà qu'il se retrouve également mis en examen, cette fois pour l'assassinat d'un jeune militaire disparu en avril dernier à Chambéry (Savoie).
Similitudes troublantes
Le Parquet s'appuie sur des «indices graves et concordants» fournis par le bornage du téléphone de Nordahl L. et la présence de son véhicule sur les lieux de la disparition du caporal. L'ADN d'Arthur Noyer a été identifié lundi sur un crâne retrouvé le 7 septembre sur un chemin de randonnée. Le trentenaire a contesté durant sa garde à vue «l'ensemble des faits, tout en admettant s'être trouvé à Chambéry et Saint-Baldoph» en même temps que le caporal la nuit de sa disparition, selon le procureur.
Les affaires Maëlys et Arthur Noyer comportent des similitudes troublantes, relève «Le Parisien». Dans les deux cas, les victimes ont disparu au milieu de la nuit, lors d'une fête. Dans les deux dossiers, le principal suspect nie toute implication, bien qu'il ait reconnu s'être trouvé à Chambéry et Saint-Baldoph. Ce qui intrigue en revanche les criminologues, ce sont les profils très différents des victimes.
L'ombre du tueur en série plane désormais sur Nordahl L. et les enquêteurs n'excluent pas que le trentenaire soit lié à d'autres disparitions inquiétantes dans la région. Parmi les affaires non élucidées et dans lesquelles l'ex-militaire pourrait être impliqué figure celle d'Adrien Mourialmé, cuisinier originaire de Belgique, disparu près d'Annecy (Haute-Savoie) en juillet dernier.
Disparus au même festival, à un an d'intervalle
Selon francetvinfo, Nordahl L. pourrait également avoir quelque chose à voir avec deux autres disparitions mystérieuses, vieilles de quelques années. Jean-Christophe Morin, introuvable depuis septembre 2011, et Ahmed Hamadou, qui s'est évanoui dans la nature en septembre 2012, ont tous les deux été vus pour la dernière fois à la sortie du festival de musique électronique Elements près d'Albertville (Savoie), à un an d'écart. Comme le caporal Arthur Noyer, ces deux hommes avaient fait du stop avant de disparaître. Les éléments concordants n'étant cependant pas suffisants, les deux affaires n'avaient jamais été reliées l'une à l'autre.
Impliqué dans la tuerie de Chevaline?
Les enquêteurs seraient aussi en train de vérifier une éventuelle implication de Nordahl L. dans la tuerie de Chevaline, un fait divers sordide qui avait défrayé la chronique il y a 5 ans, sans jamais connaître de dénouement. Le 5 septembre 2012, la famille britannique Al-Hilli, en vacances au bord du lac d'Annecy, était retrouvée dans une voiture sur une route forestière. Le père, la mère et la grand-mère avaient été tués par balles, tout comme un cycliste français qui s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. A ce jour, l'enquête n'a toujours pas été élucidée, mais la piste d'un ancien militaire avait été évoquée par les gendarmes. L'arme du crime, un Luger P06 de calibre 7,65, est en effet un pistolet utilisé dans l'armée suisse. Nordahl L., ex-militaire, pourrait correspondre à un suspect potentiel.