dimanche 3 décembre 2017
La Russie a-t-elle caché un accident atomique?
Depuis l'augmentation significative des niveaux de ruthénium-106 en Europe fin septembre, la question n'a pas été tranchée. Mais d'où vient cette mystérieuse pollution radioactive? Les indicateurs pointent vers la région du sud de l'Oural en Russie. La semaine dernière, Moscou a annoncé qu'une commission scientifique russe allait enquêter sur l'origine de cette radioactivité. Le géant nucléaire russe Rosatom a, de son côté, énergiquement nié en être à l'origine.
Parmi les stations ayant enregistré les plus fortes doses de ruthénium-106, un produit de fission issu de l'industrie nucléaire, figure celle d'Arguaïach, située à proximité du complexe Maïak, touché en 1957 par l'un des pires accidents nucléaires de l'histoire. Certains le considèrent même comme étant plus grave que celui qui s'est produit à Tchernobyl, en 1986. Le complexe nucléaire Maïak, qui sert aujourd'hui de site de retraitement de combustible nucléaire usé, s'était également empressé d'affirmer que «la pollution radioactive au ruthénium-106 détectée par l'agence Rosguidromet n'est pas liée» à ses activités.
Face à l'inquiétude suscitée par la détection de cette pollution radioactive, l'agence de régulation des produits agricoles Rosselkhoznadzor avait publié un communiqué démentant une «possible contamination radioactive» de terres agricoles russes.
Simon Proud, un chercheur à l'université d'Oxford, a comparé les images du satellite européen Sentinel 2. Au mois d'août (photo de gauche), le toit de l'édifice est encore visible, note-t-il, tandis que sur le cliché pris au mois d’octobre, on aperçoit ce qui ressemble à un gros point noir. Pour être sûr qu'il ne s'agit pas d'une ombre, le chercheur a comparé avec d'autres images satellites de l'année précédente. Et à aucun moment ce mystérieux point noir n'apparaît.
Une construction ou rénovation de l'édifice pourrait en être la cause mais la coïncidence avec la pollution radioactive est troublante relève la presse autrichienne. «S'il est impossible de dire avec certitude, et seulement sur la base d’images aériennes, que les deux événements sont liés, c'est un bon point de départ pour une enquête approfondie», note Simon Proud.