Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 25 octobre 2017

Tariq Ramadan accusé de «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort»




Encouragée par la vague de témoignages de femmes victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle, Henda Ayari est sortie de son silence vendredi dernier sur Facebook. La militante féministe accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée au printemps 2012. L'ex-salafiste de 40 ans a porté plainte, entraînant l'ouverture d'une enquête pour «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort». Mardi, la quadragénaire a été entendue par la police judiciaire à Rouen. Elle est revenue sur les circonstances de cette présumée agression lors d'une audition «longue et éprouvante», a expliqué l'avocat de la plaignante au «Parisien».

Selon le quotidien français, qui cite Me Jonas Haddad, les faits remontent au printemps 2012, en marge du congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) à Paris. L'agression présumée serait survenue dans un hôtel de l'est de la capitale, que le Genevois fréquente régulièrement. D'après les informations obtenues par «Le Parisien», Henda Ayari a expliqué aux enquêteurs avoir pris contact avec Tariq Ramadan via Facebook.

Traitée de «petite fille»

A cette époque-là, l'ex-salafiste traversait une période difficile avec son mari mais leurs conversations se seraient limitées à des conseils religieux distillés par l'islamologue. Celui-ci aurait décidé de poursuivre ses échanges avec la plaignante par Skype, jusqu'à ce que Ramadan donne rendez-vous à son interlocutrice dans cet hôtel parisien. La quadragénaire dit avoir rencontré le théologien dans le hall de l'établissement. Prétextant qu'il y avait trop de monde pour pouvoir discuter tranquillement, l'islamologue aurait prié Henda Ayari de le suivre dans sa chambre. En confiance, la plaignante aurait accepté.

Dès que la Franco-Tunisienne est entrée dans la chambre, Tariq Ramadan lui aurait «sauté» dessus et l'aurait violée. Sa victime présumée choquée et en larmes, l'islamologue l'aurait alors traitée de «petite fille» avant de lui proposer de l'argent pour qu'elle prenne un taxi. Par la suite, Henda Ayari se serait confiée à des fidèles dans l'entourage du théologien et aurait reçu des menaces du principal intéressé. La plaignante aurait conservé ces messages, désormais aux mains des enquêteurs.

«Insultée», «giflée» et «violentée»

Dans son livre «J'ai choisi d'être libre», paru en novembre 2016 chez Flammarion, Mme Ayari a décrit son agresseur sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d'hôtel à Paris où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence. «Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes qu'il m'a fait subir. Il suffit de savoir qu'il a très largement profité de ma faiblesse», avait-elle écrit, assurant que quand elle s'est «rebellée, qu'elle lui a «crié d'arrêter», il l'a «insultée», «giflée» et «violentée». «Je le confirme aujourd'hui, le fameux Zoubeyr, c'est bien Tariq Ramadan», a écrit Henda Ayari vendredi dernier sur Facebook.




Via son avocat, Me Yassine Bouzrou, Tariq Ramadan a opposé «un démenti formel» aux accusations de Mme Ayari et à son tour déposé plainte lundi pour «dénonciation calomnieuse». Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, âgé de 55 ans, est professeur d'études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford (Grande-Bretagne).

Relativement populaire auprès d'une partie des fidèles musulmans, il est aussi très contesté, notamment dans les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique.