vendredi 13 octobre 2017
Affaire Kim Wall: démembrée à la scie dans le sous-marin ?
Les autorités danoises ont annoncé jeudi avoir repêché une scie qui pourrait avoir servi à démembrer la journaliste suédoise Kim Wall, disparue en août alors qu'elle était venue interviewer l'inventeur Peter Madsen à bord de son sous-marin.
L'outil a été repêché dans la baie de Køge, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Copenhague, là-même où les plongeurs avaient retrouvé le tronc, la tête et les jambes de Kim Wall. «La scie est actuellement analysée par nos laboratoires scientifiques afin de déterminer s'il y a un lien avec ce que la police recherche, dans le cadre de l'affaire du sous-marin», a indiqué Jens Møller Jensen, chef de la police criminelle de Copenhague, dans un communiqué.
Multiplies mutilations
Kim Wall, journaliste expérimentée de 30 ans, avait embarqué le soir du 10 août à bord du Nautilus avec Peter Madsen, le concepteur et propriétaire danois du submersible, dans le cadre d'un reportage. Inculpé de meurtre et atteinte à l'intégrité d'un cadavre et incarcéré depuis le 11 août, Peter Madsen, 46 ans, affirme que le corps de la journaliste était intact lorsqu'il l'avait jeté par dessus bord.
La découverte de la tête le 6 octobre s'est révélée déterminante pour les enquêteurs car l'autopsie du tronc, repêchée onze jours après la disparition de la jeune femme, n'avait pas permis d'établir la cause du décès. Elle avait en revanche mis en évidence de multiples mutilations infligées aux parties génitales de la victime.
Couteau et plomb pour lester le corps
Un premier sac a été retrouvé contenant les vêtements de la reporter âgée de 30 ans. «Dans le même sac, il y avait un couteau et des tuyaux en plomb pour lester le sac», a-t-il expliqué. Les deux jambes ont ensuite été découvertes ainsi qu'«une tête qui se trouvait également dans un sac, lequel était également lesté de multiples pièces de métal».
Auparavant, le tronc de Kim Wall, dont les membres et la tête avaient été délibérément sectionnés et qui était aussi lesté de métal, avait été découvert par un cycliste en baie de Køge le 21 août, onze jours après la disparition de la jeune journaliste.
«Aucun signe de fracture»
L'inspecteur Jensen a souligné qu'il n'y avait «aucun signe de fracture sur le crâne ni aucun signe d'autre violence brutale sur le crâne». Détenu depuis le 11 août et inculpé de meurtre et atteinte à l'intégrité d'un cadavre, Peter Madsen, 46 ans et marié, se dit innocent malgré un large faisceau d'indices à charge.
Le 10 août, il avait embarqué Kim Wall à bord du sous-marin UC3 Nautilus, un submersible qu'il a conçu et construit. La journaliste indépendante souhaitait faire le portrait de cet ingénieur autodidacte obsédé par la conquête des mers et de l'espace.
Thèse de l'accident
Après avoir assuré l'avoir débarquée à sa demande en soirée du même jour non loin de Copenhague, il a ensuite affirmé qu'elle avait succombé à un accident à bord et que, pris de panique, il avait jeté son corps à la mer. Selon cette version, il était monté sur le pont, retenant la porte de l'écoutille d'accès à la tourelle dans laquelle se trouvait Kim Wall. Glissant brutalement, il avait lâché prise et le panneau de 70 kilos était retombé sur la tête de la jeune femme qui avait lourdement chuté.
Le corps de la journaliste était intact selon lui lorsqu'il l'avait passé par dessus bord. L'accusation soutient que M. Madsen a tué Kim Wall afin de satisfaire un fantasme sexuel, puis démembré et mutilé son corps. L'autopsie du torse n'avait pas permis d'établir les causes de la mort. Elle avait en revanche mis en évidence de multiples mutilations infligées aux parties génitales de la victime.
Films fétichistes sordides
Des films «fétichistes» dans lesquels des femmes «réelles» étaient torturées, décapitées et brûlées ont été retrouvés sur un disque dur dans son atelier, avait annoncé mardi le parquet danois. «Ce disque dur ne m'appartient pas», a rétorqué Peter Madsen, laissant entendre que de nombreuses personnes avaient accès à son atelier. Il a assuré qu'il n'y avait eu aucune relation sexuelle entre eux et que leurs contacts avaient été purement professionnels.
Un meurtre non résolu réexaminé
La police a également indiqué qu'elle réexaminait l'affaire non résolue d'une touriste japonaise dont le corps mutilé avait été découvert dans un port de Copenhague en 1986, pour vérifier si elle pouvait avoir un lien avec l'affaire Kim Wall. Les jambes de Kazuko Toyonaga, 22 ans, avaient été découvertes dans un sac en plastique flottant dans les eaux.
Cérémonie commémorative
Peter Madsen refuse de coopérer avec les enquêteurs depuis la découverte de la tête et des jambes, a déclaré mercredi le procureur Jakob Buch-Jepsen. Journaliste indépendante basée à New York et en Chine, Kim Wall collaborait notamment avec le «Guardian» et le «New York Times».
Mercredi, une cérémonie commémorative a été organisée à New York, à l'appel de l'Ecole supérieure de journalisme de Columbia, d'où la victime était sortie diplômée en 2014. «L'humanité a besoin de femmes courageuses comme Kim. C'est une femme qui en voulait et qui osait dire les choses, (qui voulait) donner la parole aux faibles et faire de cette planète un meilleur endroit où vivre», a déclaré sa mère Ingrid Wall lors de la cérémonie.