mercredi 23 août 2017
Attentat de Barcelone : ramifications européennes ?
L'enquête se prolonge à l'étranger, la plupart des suspects étant marocains et alors que leurs déplacements ont été signalés en Belgique, en Suisse et en France.
Le ministre espagnol de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido devait d'ailleurs en parler mercredi à Paris avec son homologue français Gérard Collomb lequel a indiqué que l'Audi A3 utilisée pour l'attentat de Cambrils avait été «flashée» par un radar le samedi 12 août à proximité de Paris, avec quatre personnes à bord.
«Nous savions (...) qu'ils étaient venus effectivement en région parisienne, et nous avons transmis ces informations» à l'Espagne, avait déclaré mardi le ministre à la chaîne BFMTV. Interrogées par l'AFP, les autorités marocaines n'ont pas réagi aux informations de la presse espagnole selon lesquelles plusieurs personnes auraient été arrêtées au Maroc.
Passage à Zurich
Au moins un des suspects, dont le nom n'a pas été révélé, s'est rendu à Zurich en décembre dernier, selon la police fédérale qui a retrouvé trace de son passage dans un hôtel de la ville. «Nous avons connaissance d'une nuit d'hôtel dans la région de Zurich en décembre 2016», a indiqué la porte-parole Cathy Maret. «Nous ne connaissons pas les raisons de ce passage par la Suisse, il est encore trop tôt pour rendre une analyse approfondie quant à la nature d'éventuels liens directs avec la Suisse», indique cette dernière dans un courriel.
L'imam Abdelbaki Es Satty a, quant à lui, séjourné en Belgique entre janvier et mars 2016. Enfin, l'Audi A3 utilisée à Cambrils a été flashée près de Paris par un radar le 12 août avec quatre personnes à son bord, selon le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb, qui doit par ailleurs recevoir mercredi à Paris son homologue espagnol Juan Ignacio Zoido.
Selon le journal zurichois Tages Anzeiger, la police espagnole soupçonnait dès la fin 2015 l'existence d'un lien entre des cellules «terroristes» en Espagne et la Suisse.
Le policier qui a abattu 4 terroristes est un ancien légionnaire
Le soir du 17 août, une Audi A3 avec 5 jihadistes à bord fonce sur des passants à Cambrils, station balnéaire située à 120 km de Barcelone, où un attentat venait d’être commis sur l’avenue « Les Ramblas ». Puis le véhicule percute une voiture de police, blessant un agent des Mossos d’Esquadra (police catalane).
Les terroristes, munis d’armes blanches et de fausses ceintures d’explosifs, sortent de leur véhicule et se dirigent vers les policiers. L’un d’eux n’hésite pas : il sort son arme, ouvre le feu et tue quatre assaillants. Ayant réussi à prendre la fuite, le cinquième jihadiste parvient à poignarder une femme au visage avant d’être abattu par un autre agent des Mossos.
Or, les policiers qui ont neutralisé les assaillants ne font pas partie d’une unité d’élite. Habituellement, leur mission relève de la « police de proximité », c’est à dire qu’ils surveillent les événements culturels et autres rassemblements festifs, font de la prévention et vont même donner des conférences dans les écoles. Aussi, la réaction de l’agent qui a empêché le pire à Cambrils sort du commun.
Pour des raisons évidentes de sécurité, peu de détails sur ce dernier ont été donnés, si ce n’est qu’il est père de famille et qu’il a un passé militaire. Le « héros de Cambrils possède une compétence technique extraordinaire dans le maniement des armes et pour prendre rapidement des décisions. Il a été formé dans l’une des unités d’élite de l’armée espagnole, en particulier dans la Legión [Española], ce qui a été décisif dans sa réaction face à un risque mortel », a en effet écrit le quotidien El Mundo.
Ses collègues ont seulement dit de lui que c’est quelqu’un d’humble et de très calme n’ayant rien d’un « Rambo ». « C’est un homme tranquille qui ne se considère pas comme un héros. Il dit qu’il n’a fait que son travail. Mais la vérité est qu’il a sauvé beaucoup de vies », a témoigné une source policière.
Mais l’humilité de cet ancien militaire a été mise en mal quand Carles Puigdemont, le président du gouvernement régional de Catalogne l’a personnellement remercié lors d’une visite au commissariat de Cambrils et que ses collègues lui ont donné une « standing ovation ». Mais outre les hommages, et conformément aux procédures en vigueur au sein des Mossos d’Esquadra, il a reçu un « soutien psychologique » après son action héroïque.
Créée en 1920, la Legión Española compte actuellement environ 5.000 hommes, répartis entre une brigade et deux autres régiments d’infanterie mécanisée basés à Ceuta et Melilla.