Le 27 juin aura été une journée mouvementée pour le renseignement militaire ukrainien. L’un des siens, le colonel Maksim Shapoval a été tué par l’explosion de la voiture qu’il conduisait dans les rues de Kiev, a annoncé le ministère de la Défense.
Une « enquête pour attentat » a rapidement été ouverte. « Ce qu’on voit actuellement sur la scène du crime indique qu’il s’agit d’un acte terroriste planifié », a précisé Artiom Chevtchenko, un porte-parole du ministère ukrainien de l’Intérieur.
Mais le colonel Shapoval n’était pas n’importe qui. Né en 1978, il s’était illustré alors qu’il commandait l’unité des forces spéciales ukrainiennes qui avait pris le contrôle de l’aéoroport de Donetsk au cours de l’année 2014.
D’après le site LB.ua, l’officier était actuellement à la tête d’une équipe chargée de récupérer des preuves sur l’implication russe dans le Donbass afin d’appuyer la plainte déposée par l’Ukraine contre la Russe auprès de la Cour internationale de justice de La Haye.
La même source précise également que le colonel Shapoval aurait ainsi recueilli « des informations sur les actions militaires russes dans le Donbass, y compris sur les bases de ces derniers et leurs armes. »
Dans les colonnes du Washington Post, Molly McKew, une consultante en politique étrangère, a expliqué que le colonel Shapoval s’était « concentré sur les défis posés par la nouvelle approche de la russie en matière de guerre hybride […] et sur la façon de protéger la société ukrainienne et la démocratie de ces attaques. »
Plus tard, le même jour, à Konstantinovka, dans la région de Donetsk, un officier du contre-espionnage ukrainien (SBU), le colonel Youri Vozni, a perdu la vie dans des circonstances similaires. Là aussi, une enquête pour attentat a été ouverte.
Ces deux assassinats font suite à celui, le 31 mars dernier, à Marioupol, du colonel Oleksandr Kharaberiush, vice-directeur du contre-espionnage dans la région. Lui aussi a été victime d’un attentat à la voiture piégée, lequel aurait été perpétré par les séparatistes pro-russes.
Une semaine plus tôt, Denis Voronenkov, un ancien député russe réfugié en Ukraine, recherché par la Russie pour « escroquerie » et placé sous la protection du SBU, a été abattu à Kiev. Il « avait été l’un des principaux témoins de l’agression russe contre l’Ukraine et, en particulier, du rôle de Ianoukovitch en ce qui concerne le déploiement de troupes russes en Ukraine », fit alors valoir Petro Porochenko, le président ukrainien.
Puis, le 1er juin, Adam Osmaïev et Amina Okouïeva, deux officiers ayant combattu dans le sud-est de l’Ukraine à la tête d’un bataillon de volontaires tchétchènes [le bataillon Dudayev, ndlr] ont fait l’objet d’une tentative d’assassinat par un faux journaliste du quotidien Le Monde, qui était en fait un porte-flingue du président tchétchène Ramzan Kadyrov.
Ces assassinats ciblés ne concernent pas seulement les officiers de premier plan des forces et des services de renseignement ukrainiens. Le 8 février, le colonel Mikhaïl Tolstykh, alias « Guivi, chef d’origine abkhaze du bataillon « Somali » des séparatistes du Donbass, a été tué par une explosion survenue dans son bureau. Sans doute avait-il croisé la route du colonel Shapoval lors des combats pour le contrôle de l’aéroport de Donetsk en 2014…
Mais il n’a pas été le seul chef séparatiste à connaître un tel sort : au cours de ces derniers mois, plusieurs d’entre eux ont été éliminés de la sorte, sans que l’on sache vraiment par qui…