Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 18 mars 2017

Une patrouille Sentinelle élimine une menace à l'aéroport d'Orly



Vers 8H30, ce 18 mars, à l’aéroport d’Orly-Sud, un homme a agressé une patrouille de l’opération Sentinelle composée de trois militaires de l’armée de l’Air afin de s’emparer de l’arme de l’un d’entre eux. Dans un premier temps, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre Henry-Brandet, a déclaré que l’agresseur s’était « réfugié dans un commerce […] avant d’être abattu par les forces de sécurité. Et d’assurer que la fusillade n’avait pas fait de blessés.

Mais, après la confusion inhérente à ce genre de situation, les faits ont pu être formellement établis. Ainsi, d’après les explications données par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l’individu en question a agressé une aviatrice de la patrouille Sentinelle en la plaquant au sol, dans le but de lui voler son arme. Ses deux camarades, dont un réserviste, ont alors ouvert le feu sur l’agresseur afin de la protéger.

« Elle a réussi à résister, mais les deux militaires ont trouvé utile – et ils ont eu raison – d’ouvrir le feu pour venir en aide à l’aviatrice et protéger les voyageurs qui se trouvaient aux alentours », a précisé M. Le Drian.



Suite à cela, un important dispositif de sécurité, avec le déploiement du RAID, a été mis en place au sein de l’aéroport, qui a été évacué et fermé au public. Des démineurs sont intervenus pour vérifier si l’homme abattu ne portait pas d’explosifs. Ce qui n’était pas le cas.




L’agresseur (Ziyed Ben Belgacem, français, né le 14 février 1978 à Paris, d'origine tunisienne), connu des services de police et de renseignement, avait fait l’objet d’un contrôle routier un heure et demi plus tôt à Garges-lès-Gonesses. Armé d’un pistolet à grenailles, il avait ouvert le feu sur les policiers, blessant l’un d’entre eux.

Ce n’est pas la première fois qu’un incident se produit à l’aéroport d’Orly. En avril 2015, un sergent en mission Vigipirate y avait été agressé à l’arme blanche par un homme « vêtu d’un bonnet noir et d’un blouson noir ».

Par ailleurs, cette nouvelle attaque survient après celles commises contre des patrouilles « Sentinelle » à Nice (février 2015), Valence (janvier 2016) et au Carrousel du Louvre (février 2017). Enfin, le ministre de la Défense a salué le « professionnalisme » et le « sang-froid » des trois aviateurs agresssés à Orly.

Un militaire peut-il se faire voler son arme?

Les conditions dans lesquelles cet événement s'est produit ne sont pas tout à fait claires.

Théoriquement, il apparaît impossible de se saisir de l'arme d'un militaire, tant en raison de son harnachement que de la formation aux "clés de bras" que les soldats reçoivent avant d'être déployés.

Dans les faits, les choses sont un peu plus compliquées. "Honnêtement, c'est possible", reconnaît un caporal chef de l'armée de Terre. Comptant plusieurs missions Vigipirate à son actif, le soldat énumère trois raisons:"Déjà, le rythme imposé par Sentinelle fait qu'il peut y avoir de la fatigue et du relâchement. Aussi, il y a l'équipement, notamment le gilet pare-balle "frag-jacket" qui peut entraver notre capacité de mouvement si un assaillant surgit. Enfin, il y a le régiment auquel appartiennent les soldats. Concrètement, tu n'enlèves pas son Famas à un para".

Ce militaire rappelle que Sentinelle est une mission PROTERRE. "C'est à dire que peuvent y participer tous ceux qui ont reçu la formation 'de base' de soldat. Et pas tous sont préparés ou ont une expérience de combats en zone urbaine", note-t-il.

Dans le détail, chaque soldat est équipés de deux armes à feu. Un pistolet automatique et un fusil d'assaut. La première arme, dite d'accompagnement, est un "9 mm Para" (9×19 mm Parabellum), chargé en munitions de 9mm. L'arme principale est le fameux Famas. Ce fusil d'assaut français est garni d'un chargeur contenant 20 cartouches de 5,56mm.

En revanche, le Famas n'est pas littéralement chargé. C'est à dire qu'il n'y a pas de cartouche logée dans la chambre. Pour ouvrir le feu, celui qui tient l'arme doit "amener le levier d'armement sur l'arrière et le relâcher sans l'accompagner".

l'agresseur a été sommé de déposer son arme. Refusant d'obtempérer, il a été abattu par les militaires.

L'assaillant n'a donc pas pu se servir de l'arme qu'il venait de saisir. La première question qui découle de cet événement est la suivante: celle-ci était elle chargée?

Selon un témoin cité par l'AFP, l'assaillant "tenait en otage une militaire, il la tenait par le cou, et il menaçait les deux autres militaires avec le fusil de la femme" qu'il tentait d'arracher. Par ailleurs, dans la mesure où l'un de ses bras servait à tenir la militaire par le cou, il semble peu probable qu'il ait pu réussir à charger l'arme avec une seule main. "C'est impossible de pouvoir le charger dans cette position".

Inscrit «J» au Fichier des personnes recherchées – c'est-à-dire qu'il était recherché par la police judiciaire, Ziyed B. était jusqu'à son décès sous contrôle judiciaire pour un vol à main armé, a rapporté une source proche de l'enquête, toujours citée par l'AFP. Son casier judiciaire comporte neuf mentions, certaines concernant des trafics de stupéfiants.

Si l'homme avait été «détecté comme radicalisé» par les autorités, la perquisition administrative dont il a fait l'objet en 2015 n'a «rien donné», a fait savoir une source policière citée par l'agence de presse française.

Il aurait en outre passé une quinzaine d'années en prison, et serait sorti du centre pénitencier de Fresnes en novembre dernier.

Le père de Ziyed B., actuellement entendu par la police sous le régime de la garde à vue en même temps que le frère de celui-ci, le décrit comme un consommateur de drogues «fragile psychologiquement». Le père de l'agresseur a ajouté qu'il n'imaginait pas que l'acte de son fils puisse avoir une connotation terroriste.

Course-poursuite violente jusqu'à l'aéroport

L'homme en question a été abattu dans la matinée du 18 mars, dans un commerce de l'aéroport d'Orly, après avoir tenté de voler l'arme à feu d'une militaire de l'opération Sentinelle.

Il serait en outre l'auteur d'une attaque sur des policiers et d'un «car jacking» survenus plus tôt dans la matinée, assure notamment Le Parisien. Un scénario également suggéré par le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux. A 6h55, lors d'un contrôle routier au niveau d'un rond-point à la frontière entre Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) et Stains (Seine-Saint-Denis), le conducteur d'une Renault Clio blanche a tiré en direction de deux policiers au moyen d'un pistolet à grenaille, après leur avoir donné ses papiers. Un policier a été blessé dans cette attaque, tandis que le tireur a pris la fuite.

Les autorités ont retrouvé la trace de cette voiture à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) quelques minutes plus tard, avec, à son bord, un tee-shirt maculé de sang. Là, le conducteur aurait changé de véhicule : il aurait volé une Citroën Picasso, en tirant plusieurs coups de feu qui n'ont pas fait de blessés. Cette Picasso a été retrouvée à l'aéroport d'Orly.