Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 9 mars 2017

Le principal artificier des attentats de Paris et Bruxelles a été identifié


Il est l'oublié des récits des attentats de Paris et Bruxelles. Ahmad Alkhald était pourtant arrivé en Europe par la route des migrants avec certains terroristes du 13 novembre et du 22 mars. Il est même le seul acteur majeur des attaques à avoir réussi à fuir. Mais son rôle, jusqu'à maintenant, était incertain.

Les quotidiens bruxellois La Dernière Heure et La Libre Belgique ont annoncé mardi 7 mars qu'il avait finalement été identifié. Connu des enquêteurs sous plusieurs identités (Yassine Noure, Mohammed Nawar Mohammed Alqadhi, Mahmoud) grâce à des papiers contrefaits, Ahmad Alkhald (cette identité n'est elle-même pas certaine) a eu un rôle prépondérant dans l'organisation des attaques qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, et 32 à Bruxelles.

Il était en fait l'artificier en chef de la cellule terroriste qui a mené des attaques dans les deux capitales. Ses empreintes ont été retrouvées sur la ceinture explosive de Brahim Abdeslam, qui s'était fait exploser au Comptoir Voltaire à Paris, et sur celle de Salah Abdelsam.

Les enquêteurs belges ont eu la confirmation de son rôle d'artificier grâce au témoignage du Suédois Osama Krayem, filmé dans les couloirs du métro bruxellois aux côtés du kamikaze Khalid El Bakraoui et mis en examen dans l'enquête sur cet attentat. D'après ce dernier, Ahmad Alkhald est de nationalité syrienne.

Des conseils pour les explosifs de Bruxelles

Outre le témoignage d'Osama Krayem, les enquêteurs ont aussi pu confirmer le rôle non négligeable d'Ahmad Alkhald par l'analyse des enregistrements contenus dans un ordinateur abandonné dans une poubelle de Schaerbeek, près de Bruxelles, le jour des attentats.

Dans l'une de ces conversations, les enquêteurs ont découvert qu'Ahmad Alkhald continuait de conseiller les futurs terroristes de Bruxelles après son retour en Syrie. Il a ainsi donné des conseils à Najim Laachraoui, l'un des kamikazes de l'aéroport de Zaventem, considéré comme l'autre artificier des attaques.

"Tu vois pour ce qui est du nitroglycol ou bien de la nitroglycérine?, demande-t-il. Est-ce qu'il serait possible, euh... d'en fabriquer à partir de l'acide nitrique à 60 % seulement, tu vois, sans... sans le purifier?", lui demande par exemple Najim Laachraoui, selon un verbatim de ces discussions auquel Le Monde a eu accès.

Probablement en Syrie aujourd'hui

Le quotidien a pu retracer le parcours d'Ahmad Alkhald pour venir en Europe. Il est arrivé sur l'île de Leros le 20 septembre 2015. Début octobre, il est en Allemagne, où Salah Abdeslam vient le chercher en voiture pour l'amener à Bruxelles. Il fait justement le voyage avec Osama Krayem.

Depuis la capitale belge et avec Abdelhamid Abaaoud, Ahmad Alkhald participe à l'organisation des attentats de Paris. D'après Osama Krayem, il aurait confectionné les gilets explosifs des terroristes avec Najim Laachraoui. Les quotidiens belges indiquent que son ADN a été retrouvé dans deux planques des terroristes, à Charleroi et à Auvelais, en Wallonie.

Le 1er novembre, il est interpellé en Hongrie, dans un train en direction de la Serbie. Il se présente comme un réfugié et dit vouloir aller en Turquie pour rendre visite à sa mère malade, indique Le Monde.

Détenu dans un centre pour demandeurs d'asile puis amené dans un centre pour réfugiés près de Budapest, il disparaît le 10 novembre. Le 16, il embarque depuis Vienne à bord d'un vol pour Ankara, en Turquie, d'où il a probablement rejoint la Syrie.

Ahmad Alkhald est visé, depuis la mi-novembre 2015 e son voyage en Turquie, par un mandat d'arrêt international.

Claire Digiacomi