Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 24 mars 2017

«Cela peut aussi arriver en Suisse»


Appel à la population

Simonetta Sommaruga est claire: une sécurité à 100% est impossible, même si la police, le service de renseignement et FedPol travaillent en étroite collaboration. Car ce «terrorisme low-cost», comme l'acte de Londres, est très difficile à combattre. «N'importe quelle personne isolée peut faire énormément de dégâts avec très peu de moyens», souligne-t-elle.

Raison pour laquelle la ministre de la Justice fait appel à la population pour aider les services de sécurité à éviter ce genre d'attaques. «La radicalisation se produit souvent lentement, les gens changent petit à petit», rappelle-t-elle. Du coup, selon la Bernoise, tout le monde doit être attentif à son entourage, que ce soit les enseignants, les parents ou les proches. Et si besoin, ceux-ci doivent pouvoir bénéficier d'aide et de conseils auprès d'organismes de prévention de la violence par exemple.

Pour Simonetta Sommaruga, cela n'a rien à voir avec de la délation. «Il n'est pas question de dénoncer les gens ou de soupçonner tout le monde. D'ailleurs nous n'avons aucune disposition pénale pour le faire», se défend-elle. «Mais nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas voir les gens radicalisés.»

Confisquer le passeport

Et pour elle, il faut prévenir les infractions avant qu'elles ne soient commises. Et de citer un exemple: si un père constate que son fils se radicalise et veut partir rejoindre le groupe terroriste EI, il faut alors lui retirer son passeport. Car sans ce sésame, il devient beaucoup plus compliqué de prendre l'avion ou de quitter l'espace Schengen, explique-t-elle. D'ailleurs, elle le reconnaît: sans les accords de Schengen, la Suisse serait moins bien protégée du terrorisme. «Nous ne recevrions plus d'importantes informations.»

De quels instruments supplémentaires la police devrait-elle disposer contre le terrorisme? Simonetta Sommaruga répond: elle devrait pouvoir agir avant qu'un délit soit commis. «Nous pourrions mettre sur pied une forme d'obligation de déclarer des suspects.» Mais elle s'en rend bien compte: impossible d'emprisonner quelqu'un s'il n'a pas commis d'infraction.

«C'est un grand dilemme», reconnaît-elle. Elle souligne cependant: toute personne faisant de la propagande pour L'État islamique se rend punissable. Celle qui part combattre pour un groupe terroriste et en revient est aussi passible de prison. Et toutes celles qui prépareraient des actes terroristes peuvent également être arrêtées, note-t-elle.

Simonetta Sommaruga précise encore: «500 personnes montrent leur sympathie pour l'EI sur Internet en Suisse. Elles sont dans notre radar. Et près de 60 font l'objet d'une procédure. Le nombre de personnes vraiment dangereuses se situe donc entre ces deux chiffres.»