Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 7 mars 2017

Carte de la radicalisation : qu’en pensent nos candidats à la présidentielle ?


La carte de France des individus signalés pour radicalisation








Alors que les médias nationaux n’en fissent pas de relayer chacun des rebondissements du Penelopegate, aucun des grands sujets qui intéressent les Français n’est plus évoqué. Ainsi, la campagne présidentielle, qui promettait de voir abordés les thèmes économiques, sociaux et sociétaux qui préoccupent au plus haut point les électeurs, se trouve-t-elle réduite à un épisode politico-judiciaire sans intérêt pour l’avenir de notre pays.

Sans doute cet artifice de communication ciblée permet-il, à dessein, d’occulter l’indigence ou les faiblesses de certains programmes.

Pourtant, l’actualité ne manque pas de thématiques sur lesquelles les positions des candidats auraient été intéressantes à connaître. Ainsi, un article du Monde de ce début du mois de mars, sur la situation de la radicalisation dans notre pays, aurait sans doute mérité quelques développements.

En effet, cette « carte de France de la radicalisation » nous présente des données pour le moins édifiantes. Établi à partir des chiffres révélés par le « Fichier de traitement des signalés pour la prévention et la radicalisation » créé en 2015, ce document nous apprend qu’à ce jour, près de 16.000 personnes y sont inscrites (pour mémoire, il y en avait 3.200 en mars 2015). Sur ces 16.000 personnes, 4.000 font l’objet d’un suivi particulier des services de renseignement, compte tenu de leur dangerosité potentielle.

Ces individus fichés sont répartis en 8.574 hommes, dont 938 mineurs, et 3.244 femmes, dont 1.095 mineures. Mais un des principaux enseignements réside dans la proportion de radicalisé(e)s converti(e)s. Et c’est chez les femmes que l’on trouve le plus de convertis, avec près de 49 % pour les majeures et 46 % chez les mineures.

La proportion de convertis chez les hommes se situant autour de 28,5 %, majeurs et mineurs confondus.

La répartition géographique met en évidence une surreprésentation assez normale des départements les plus peuplés. Ceux d’Île-de-France en premier lieu, puis le Nord, les Bouches-du-Rhône, le Rhône et les Alpes-Maritimes. Mais les départements de province ne sont pas épargnés. Pour 100.000 habitants, le Tarn arrive en tête (39,1), suivi de la Savoie (37,5), du Gard (35,6), du Gers (29,8) et de l’Aveyron (29,3).

Une approche « plus qualitative » des informations disponibles nous apprend aussi que ces musulmans français, convertis ou pas, et qui se radicalisent, sont de toutes les origines sociales et souvent en rupture avec les convictions religieuses de leurs parents. Ils sont en recherche d’un cadre religieux stable et clair, de repères éthiques et d’une communauté protectrice. Voir dans leur démarche une simple protestation ou le refus d’une société de consommation honnie serait profondément réducteur.

Pour les jeunes filles, nombreuses à être parties en zone irako-syrienne, le phénomène de radicalisation, qui dépasse celui des hommes, tient notamment à des relations dégradées et manquantes avec un père absent, ou qui ne joue pas son rôle de protecteur. De même, les abus ou harcèlements sexuels subis expliquent en partie leur radicalisation. Le message de l’État islamique, « respectueux et protecteur » envers elles, facilite par ailleurs ce basculement.

La lutte contre la radicalisation étant actuellement, selon un récent rapport parlementaire, un échec cinglant, et plutôt que de savoir s’il existe un « plan B » chez les Républicains, nous aurions aimé savoir ce que proposent les candidats pour lutter contre cette bombe à retardement qui menace la France !

Olivier Damien
Docteur en droit 
Commissaire divisionnaire honoraire