Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 26 janvier 2017

Manaf Tlass, le joker de la Russie?


La Russie et la Turquie sont les parrains de la conférence de paix pour la Syrie, organisée dans la Capitale kazakhe d’Astana, lundi 23 janvier, par une température glaciale (-20°C) Bien que l’événement soit conjointement parrainé par la Russie, la Turquie et l’Iran, Moscou reste la véritable puissance médiatrice.

Bachar al Assad et Manaf Tlass il y a quelques années à Damas


Selon une source bien informée, les délégations des deux côtés présents autour de la table ont été déstabilisés par l’arrivée-surprise de l’ancien ami proche de Bachar al Assad, le Général Manaf Tlass, que la Russie a ramené par avion de son exil dans un Emirat du Golfe, pour occuper un siège prédominant au beau milieu de la délégation de l’opposition.

Le Général Manaf Tlass, 53 ans, fils de l’éminent Général Mustafa Tlass, Ministre de la Défense sous le Président Hafez el-Assad, a été récompensé des honneurs les plus prestigieux par son fils Bachar, dont il était l’ami. Nommé Commandant de la prestigieuse 104ème Brigade de la Garde Républicaine de l’armée syrienne, Manaf a cependant choisi de faire défection et de fuir le pays en 2012, peu de temps après l’éclatement du soulèvement syrien.


Manaf Tlass


Nos sources nous confient que Moscou l’a choisi en tant qu’acteur majeur en vue de l’ère de l’après-Assad, au départ, au sein d’un gouvernement de transition à Damas qui serait prévu pour débuter à partir du lancement d’un processus de paix. Cela n’implique pas que Bachar el Assad parte en un jour; mais, seulement qu’un nouveau mécanisme se mette en place pour réduire ses pouvoirs personnels.

L’Iran menace d’être l’un des principaux obstacles à toute réduction des pouvoirs d’Assad. Pour Téhéran, il se dresse comme un rempart contre l’expulsion de ses propres forces et de celles du Hezbollah hors du pays. Tant qu’il est en poste, l’Iran bénéficiera du plein usage du’un pont entre le Liban de son supplétif le Hezbollah, via l’Irak et la Syrie et jusqu’en Iran.

En même temps, la Russie, la Turquie et les groupes rebelles syriens soutenus par la Turquie et l’Arabie Saoudite exigent le retrait du territoire syrien de toutes les forces iraniennes et des milices chiites afghanes et pakistanaises (30.000 combattants au total), ainsi que des près de 10.000 djihadistes chiites du Hezbollah. Ni le Hezbollah, ni les milices chiites ne sont représentées à la Conférence d’Astana.

Selon nos sources dans les renseignements, un certain nombre de conditions restées secrètes ont été inscrites dans ces accords. L’une donne l’autorisation à l’Iran de relier ses réseaux de téléphonie mobile entre la Syrie, le Hezbollah au Liban ainsi qu’un dispositif pour garantir au groupe terroriste libanais une présence permanente en Syrie.

L’effort pour transformer le cessez-le-feu et la trêve en une cessation plus permanente des hostilités sera long et ardu, entraînant des négociations sur des échanges de territoires et les droits d’utiliser les principales routes de circulation et d’approvisionnement. L’étape ultime, c’est l’avenir politique de la Syrie et le sort du régime dirigé par Bachar al Assad.

Bien que Moscou ait invité la nouvelle Administration Trump à envoyer des représentants à la conférence au Kazakhstan, cette invitation a été déclinée. Washington n’a envoyé que l’Ambassadeur des Etats-Unis au Kazakhstan pour assister en tant que membre-observateur. Washington et Moscou discutent encore d’autres questions critiques et aucune décision finale n’a été arrêtée dans aucune des deux capitales.