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Lotte et pintade : le repas de Noël des soldats français sur le terrain
Pour les soldats français aussi, le repas de Noël aura des airs de fête. Engagés en opération, loin de tout fourneau ou cuisine de campagne, ils vont recevoir une « ration de fête » pour Noël, agrémentée de lotte rôtie ou de pintade aux lardons, a annoncé mercredi 14 décembre le ministère de la Défense. « C'est très important pour le moral des troupes » coupées du monde, notamment au Sahel, a souligné la porte-parole du ministère, Valérie Lecasble, lors du point de presse hebdomadaire de la Défense. « Elles sont particulièrement bonnes, mais il faut aussi qu'elles tiennent au corps et soient conservées longtemps pour pouvoir arriver sur les théâtres d'opérations », a-t-elle ajouté.
Menu volaille ou poisson
Ces rations, constituées de conserves (entrée, plat principal) et de produits sous vide (chocolat, boissons lyophilisées..), sont réalisées par « des producteurs et des industriels français issus de l'agriculture biologique », a relevé Valérie Lecasble. Au menu « poisson » : tapenade et mini gressins, mousse de foie de lotte, lotte rôtie et son riz cuisiné, moelleux marrons chocolat et biscuits aux perles de chocolat. Au menu « volaille » : rillettes au confit et foie gras de canard, pintade aux lardons et pommes de terre, baba au rhum. Dans les deux cas, un cocktail de fruits est servi en guise de boisson.
Les rations de combat françaises, qui permettent de s'alimenter 24 heures, sont réputées au sein de l'Otan pour leurs « petits plats » (tartiflette, sautés de viande...). Les rations de fête, plus gastronomiques, doivent être dégustées dans les six mois. Les boîtes pèsent deux kilos et portent la mention « soutien des forces et du combattant ».
Au moment où sont écrites ces lignes, nombre d’entre eux sont loin de leur famille, parfois depuis de longs mois. Ils sont soldats de l’armée de terre, marins de la Royale, aviateurs de l’armée de l’air, gendarmes. Ils sont ces hommes et ces femmes à qui la loi impose ce qu’elle n’exige d’aucun autre corps dans l’État : « En toutes circonstances esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême. »
Ils sont déployés au Levant, dans le cadre de l’opération Chammal, pour lutter contre Daech, en fournissant notamment un appui aérien aux forces irakiennes. Mais ils sont aussi au Liban, sous le béret bleu des Nations unies. Ils parcourent inlassablement la bande sahélo-saharienne, comme le faisaient autrefois leurs grands anciens, le cheval-vapeur ayant remplacé le dromadaire. La semaine dernière encore, à des milliers de kilomètres de la France et des années-lumière des achats de Noël, un « groupement tactique désert infanterie » conduisait une opération d’envergure à l’extrême nord du Mali, dans la région de Boughessa-Tin Zaouaten.
Ils sont prépositionnés, principalement en Afrique, dans des pays avec qui la France a signé des accords de défense : Gabon, Sénégal, Djibouti, Émirats arabes unis. Ils constituent les forces de souveraineté, loin de la métropole, dans nos départements et collectivités d’outre-mer (DOM-COM). Certains d’entre eux pourchassent les orpailleurs clandestins dans la forêt guyanaise.
Ils sont aujourd’hui 20.000 hommes et femmes, pour quatre, six mois, parfois plus. 20.000 se préparent à les relever.
Ils patrouillent au large de nos côtes pour assurer l’action de l’État en mer. Ils rôdent sous les océans, prêts à déclencher l’apocalypse. Ils surveillent le ciel français.
Ils sont prêts à intercepter tout aéronef qui n’a rien à y faire. Ils attendent l’ordre du chef des armées pour monter dans leur Rafale ou leur Mirage 2000 afin d’aller délivrer le feu nucléaire, s’il le fallait.
Ils interviennent peut-être en ce moment sur un incendie à Paris ou un accident de la circulation du côté du Vieux-Port : ce sont les soldats du feu de la brigade des sapeurs pompiers de Paris et les marins pompiers de Marseille.
Ils patrouillent dans nos villes 8.000 environ, sentinelles infatigables, ne connaissant pas les 35 heures et le droit de retrait.
Ils interviendront sur les accidents de la route des pochtrons du petit matin ou pour maîtriser le forcené qui veut dessouder sa famille parce que la dinde était trop cuite. Ils sont – comme on dit dans le jargon – « prêts à, en mesure de » faire face à une nouvelle attaque terroriste islamiste. Ils sont les gendarmes à qui on demande bien plus que de courir après les voleurs de poules, comme dans La Pastorale des santons.
Ils sont quelque part dans le monde, au milieu d’un désert, d’une brousse, d’une banlieue transformée en champ de ruines. Je n’en sais rien. J’imagine. Ils sont les forces spéciales, l’armée de l’ombre.
Ils vont quand même passer « les fêtes » dans leur garnison. Certains au quartier, comme à la Légion, officiers, sous-officiers et légionnaires réunis, ce 24 décembre soir, après le concours de crèches et la messe du « Padre », n’en déplaise aux amputés de l’âme.
D’autres, enfin, seront en famille. Tout de même. Et ils l’ont bien mérité, parfois après avoir été absents plus de 200 jours de la maison en 2016.
Ils sont les soldats, les marins, les aviateurs et les gendarmes de France. Joyeux Noël à eux.
TF121