Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 5 décembre 2016

DGSE : lycéens, à vos maths !



La DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) est grosse consommatrice de mathématiciens du meilleur niveau, notamment pour briser les codes secrets (cryptanalyse) et pour concevoir des programmes informatiques destinés à pénétrer clandestinement les ordinateurs adverses, ou à se protéger contre les attaques. Elle offre aux matheux des postes de qualité, mais elle ne veut que les meilleurs. Et cherche à les repérer le plus tôt possible et à susciter des vocations !

Le plus grand service de renseignements français est donc partenaire pour la deuxième année consécutive d'un concours en ligne destiné aux lycéens (doués en maths) en classe de seconde, de troisième et de quatrième : le concours Alkindi. Ce nom est celui d'un savant et mathématicien musulman du IXe siècle vivant à Bagdad, auteur d'un manuel de cryptographie.

En 2015, 17 000 lycéens français avaient participé à la première édition de ce concours inspiré du National Cipher Challenge de l'université de Southampton. Pour ceux qui pensent avoir des dispositions pour la cryptanalyse, le dernier défi mis en ligne par les Britanniques (avec sa solution) se trouve ici. Pour le concours français, les inscriptions sont possibles jusqu'à la fin du premier tour de l'épreuve, le 16 décembre, mais seulement par l'intermédiaire d'un enseignant.

Casser les codes

Le concours Alkindi est organisé par le ministère de l'Éducation nationale et les associations Animath et France-IOI. Le ministère explique dans sa présentation du concours qu'il s'agit de favoriser l'apprentissage des mathématiques qui « tiennent une place particulière dans la refondation de l'école et dans la lutte contre l'innumérisme. Elles permettent de structurer la pensée, de développer l'imagination, la rigueur, la précision et le goût du raisonnement. Elles jouent aussi un rôle décisif pour appréhender les modèles et les outils actuels et pour s'adapter aux mutations profondes du XXIe siècle ». La DGSE, qui fait une grande consommation de matheux et d'informaticiens, n'a pas trop de mal à attirer des talents en leur faisant valoir un intérêt majeur : participer, au nom de la France, à des opérations secrètes et à une cyberguerre actuellement dotée de moyens jamais vus. En participant au concours Alkindi, elle souhaite, explique-t-elle dans le dossier de presse, « permettre aux jeunes, mais aussi à leurs parents et au grand public, de prendre conscience des enjeux de la cryptanalyse, cet art de casser les codes essentiel à la sécurité de notre pays ». Elle se dit « fière » de participer à cette épreuve qui peut « contribuer à diffuser vers le grand public une culture du renseignement en France et rappeler qu'elle offre de nombreuses opportunités professionnelles dans les domaines de l'informatique et des mathématiques, en particulier en cryptanalyse ».

Le lancement officiel du concours de fera le 5 décembre à 8 h 30 à la Cité scolaire internationale Maurice-Ravel, 89 cours de Vincennes, Paris (20e), en présence de Florence Robine, directrice générale de l'enseignement scolaire, de Gilles Pécout, recteur de l'académie de Paris, de Patrick Pailloux, directeur technique de la Direction générale de la sécurité extérieure, et de Gérard Berry, parrain du concours et professeur en informatique au Collège de France.