Il peut paraître surprenant que la reconquête de la deuxième ville d’Irak, tombée aux mains de l’autoproclamé « État islamique », n’ait pas été lancée plus tôt par le « camp du bien » mais c’est que cette bataille urbaine implique de mobiliser des hommes, beaucoup d’hommes. Curieusement, on constate donc aujourd’hui que, parmi les soutiens de l’armée irakienne, se trouvent ceux qui ont créé, soutenu et financé l’État islamique : la CIA et le Mossad pour les créateurs de l’Isis, l’Arabie saoudite et le Qatar pour ses bailleurs de fonds, et dans le rôle des éternels cocus les Européens.
De fait, rappelons-le, l’Irak était devenu une « démocratie » à la sauce américaine, cela va de soi mais c’est aussi maintenant notre sauce ! La page des illusions démocratiques du vingtième-siècle peut maintenant être philosophiquement tournée, le gouvernement mis en place par Washington leur obéira comme demain tous les vassaux européens au Tafta et au Ceta.
Reste le problème crucial pour la coalition: celui de la Syrie et de son président Bachar el-Assad, vrai empêcheur de danser en rond car opposé à la traversée de son territoire par le pipeline qatari qui devrait aussi traverser l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie (un projet de 12 milliards de dollars, dénoncé par Robert Kennedy, Jr.).
Regardons maintenant les cartes de l’attaque de Mossoul
Mossoul est encerclée, mais pas complètement : l’axe Mossoul-Raqqua (Raqqa : deuxième capitale de l’État islamique, située en territoire syrien) reste libre. Ce qui peut expliquer le refus de la « coalition » de voir intervenir les troupes turques qui pourraient en effet, elles, couper ce corridor de repli des djihadistes vers Raqqa suite à la réconciliation entre Poutine et Erdoğan.
La ficelle des Occidentaux est un peu grosse, mais elle démontre une fois de plus la duplicité des « combattants pour la démocratie » : renforcer encore un peu plus Daech en Syrie pour en finir avec Bachar el Assad et si possible l’assassiner mais aussi priver la Russie de sa base méditerranéenne. Sauf que… le double jeu turc risque là-aussi de tout compromettre. Au fait, la Turquie combien de jours encore dans l’Otan ?….
Michel Lhomme