Neuf ans d'enquête et toujours aucune réponse. Le 15 janvier 2004, aux alentours de 13 heures, le chalutier Bugaled Breizh coule subitement au large du cap Lizard, à l'extrême sud-ouest de l'Angleterre, et cinq marins y perdent la vie. Jusqu'à présent, la justice n'a toujours pas pu dire si le bateau a subi une fortune de mer ou s'il a été accroché par un sous-marin.
Une dernière hypothèse longtemps évoquée dans le dossier d'instruction, puis enterrée. Le Télégramme publie une enquête relançant la piste de la responsabilité d'un bâtiment américain, l'USS Hyman G. Rickover.
Ce matin de janvier 2004, l'USS Hyman G. Rickover a-t-il croisé la route du Bugaled Breizh en Manche ? Les documents déclassifiés de l'US Navy auxquels le journal régional a eu accès confirment la présence de ce sous-marin nucléaire d'attaque (SNA).
Présence qui n'avait jamais été établie jusqu'à présent. En mars 2004, le commandant du submersible, Kenneth L. Gray, indique être en escale à Portsmouth du 2 au 17 décembre 2003 - à environ 200 milles nautiques (370 km) du lieu de naufrage - pour y effectuer des travaux de maintenance « en milieu de mission ». Il ne réapparaît que le 2 février suivant, à Tromso, sur la base navale d'Olavsvern en Norvège.
Un bâtiment « douteux »
Longtemps, l'USS H. G. Rickover a été considéré comme « suspect » dans l'affaire du Bugaled. Au cours de l'analyse des câbles du Bugaled Breizh, la présence inexpliquée de titane avait été révélée, renforçant l'hypothèse d'un accrochage avec un sous-marin.
Mais lequel ? En 2013, l'expert judiciaire Dominique Salles porte au dossier d'instruction une liste de douze bâtiments de l'US Navy suspects dans le naufrage, dans laquelle figurent l'USS Albany mais aussi le Rickover. Deux bâtiments que l'expert qualifie de « douteux ». Ce dernier avait indiqué aux juges qu'un SNA américain serait entré en Manche le 15 janvier 2004 pour espionner un transport de plutonium militaire, entre Cherbourg et le Japon, le 19 janvier 2004.
Un élément qui pourrait relancer l'enquête en France, enterrée après le non-lieu de la Cour de cassation du 21 juin 2016. Cette décision avait suscité la colère des familles des victimes du Bugaled Breizh. En attendant, la procédure anglaise doit, elle, s'ouvrir début 2017 au tribunal de Truro, en Angleterre.