Cazeneuve VS Bertin
Qui dit vrai? Depuis qu'une policière municipale de Nice a accusé le ministère de l'Intérieur de l'avoir poussé à modifier son rapport après l'attentat du 14 juillet, c'est une partie de ping-pong qui se joue entre elle (appuyée par l'ancien maire Christian Estrosi) et le gouvernement.
Alors que le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé qu'il portait plainte en diffamation contre Sandra Bertin, Europe 1 apporte un élément qui pourrait étayer la défense de l'exécutif. La radio affirme en effet que ce n'est pas un membre du cabinet du ministre qui a appelé la policière niçoise. "Europe 1 s’est procuré la copie du courriel par lequel elle a transmis son rapport à sa fameuse interlocutrice, ainsi qu'à sa hiérarchie, et si ce courriel a bien été envoyé le 15 juillet, à 17h35", peut-on lire sur leur site Internet.
"Il s’agit en vérité d’une commissaire de police travaillant à l'état-major de la direction centrale de la sécurité publique", affirme Europe 1 qui évoque "une remontée d'informations" comme il s'en pratique dans toutes les enquêtes.
"Qu'elle donne les noms"
Reste une deuxième zone d'ombre. Dans ses différentes interventions (sur France 2 ou lors d'une conférence de presse) Sandra Bertin affirme qu'un autre commissaire de police était présent dans son bureau. Il lui aurait dit être envoyé par le ministère de l'Intérieur. "Il y a un commissaire de police qui s'est présenté dans mon bureau, m'expliquant être envoyé par le cabinet du ministère et avoir besoin d’éléments de réponse quant au visionnage des caméras", a-t-elle assuré dimanche soir.
Pour que les choses soient le plus claires possibles, plusieurs ténors socialistes (Bruno Le Roux ou Benoît Hamon, notamment) ont appelé la fonctionnaire à donner à la justice le nom des personnes qu'elle dit appartenir au ministère.
L'avocat de Sandra Bertin a accompli cette formalité en début d'après-midi. Il a en effet déposé un signalement auprès du procureur de la République, comme tout fonctionnaire en a la possibilité.
"Nous avons considéré que les faits, témoignages à l'appui, étaient visiblement constitués sur le plan d'infractions pénales pouvant entraîner des poursuites. Le procureur dispose de tous les noms et tous les faits relatés et qui ressortent des déclarations de Sandra Bertin et de toutes les personnes qui étaient autour d'elle et qui ont assiste à cette conversation et à cette pression, qui a duré environ une heure le 15 juillet", a indiqué Me Antoine Verrier à sa sortie du tribunal.
Alexandre Boudet