Dégradations de centres culturels, insultes, menaces... Nombre d'agressions physiques et verbales ont ciblé, en France, des personnes accusées de sympathie vis-à-vis du putsch raté en Turquie dans les jours qui l'ont suivi.
Au lendemain du coup d'Etat manqué d'une partie de l'armée turque, les agences de presse avaient décrit des scènes de lynchage brutales commises par des civils contre les militaires putschistes. En France aussi, la colère des partisans du pouvoir turc a provoqué quelques incidents.
Inspirés par les diatribes du président Erdogan à l'encontre de Fethullah Gülen, un intellectuel exilé aux Etats-Unis qui serait lié, selon les autorités turques, à la tentative de prise de pouvoir militaire, des individus s'en sont pris à de personnes accusées d'être proches de «Hizmet» (le mouvement de Fethullah Gülen).
Incendie de centre culturel, dégradation de voitures...
Le site de la version française du quotidien turc Zaman a rapporté d'inquiétants faits de menaces et de violences anti-«gulistes» durant le weekend du 16 et 17 juillet, dans l'Hexagone.
D'après le média, des messages d'appel à la délation des Franco-turcs proches du Hizmet ont circulé sur Facebook, accompagnés des coordonnées de la police turque.
Un centre culturel (le centre «Rûmî») a été incendié samedi 16 juillet à Sens, tandis qu'un autre à Mulhouse (le centre «Horizon») a été visé par une attaque, avant que la police n'intervienne. De plus, un hôtel a été saccagé à Lyon par une quarantaine d'individus, qui ont également abimé les véhicules stationnées sur le parking.
A Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), le mot «traître» a été tagué sur le mur d'un collège privé.
Enfin, à Béziers, Zaman rapporte que le responsable d'une mosquée a dû faire face à une foule vindicative – finalement repoussée par la police – qui a proféré des menaces telles que «on va vous pendre» ou «les chiens (...) ne sont pas les bienvenus».
Une vidéo de l'événement, démarrant pas une musique de campagne d'Erdogan, a été postée sur Facebook.
Le soir du coup d'Etat, vendredi 15 juillet, l'AFP avait par ailleurs indiqué qu'une centaine de militants pro-Erdogan avaient manifesté devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg, sans qu'aucun incident n'ait été relevé.
Belgique : un véhicule de police bruxellois prête son haut-parleur pour l'appel à la prière
Sur une vidéo relayée par les réseaux sociaux, des agents de police prêtent le micro de leur véhicule à un individu qui s'en sert pour lancer un appel à la prière. Assis sur le siège passager, l'homme chante, micro en main.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de Turquie en Belgique, rue Montoyer à Bruxelles, afin de manifester leur soutien au président Recep Tayyip Erdogan.
Lors de cet événement, la police de Bruxelles, qui encadrait la manifestation, aurait apparemment contribué d'une façon insolite à l'animation. Sur les images d'une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on voit en effet des agents de police prêter le micro d’un de leurs véhicules afin qu’un individu s’en serve pour lancer un appel à la prière et chanter des chants religieux.
Suite à la polémique, le quotidien LaLibre.be a tenté d'obtenir confirmation de la police, en vain – cette dernière semble assez confuse sur le sujet. «[Des effectifs de police] d’autres zones sont venus en renfort. Nous ne pouvons donc pas confirmer qu’il s’agit là d’un véhicule de notre patrouille. Nous sommes en train d’enquêter en interne pour savoir à qui appartient le véhicule, qui étaient les policiers présents au moment des faits mais aussi pour déterminer l’identité de l’individu qui a pris le micro», a expliqué Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles Capitale-Ixelles.