Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 1 juin 2016

Un satellite militaire français de télécommunications espionné par un engin « non identifié »




Si ses forces armées exploitent des satellites à de fins de communication et de renseignement, la France exclut toute militarisation de l’espace et oeuvre pour l’empêcher. Cette position a été d’ailleurs réaffirmée par le dernier Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale.

Pour autant, comme l’a souligné, lors d’une audition à l’Assemblée, le général Jean-Daniel Testé, qui est à la tête du Commandement interarmées de l’Espace, « si nous refusons toute militarisation de l’espace, nous ne sommes pas naïfs pour autant. » En effet, certains pays qui, officiellement, affirme être sur la même ligne que la France, ont en réalité une position ambigüe.

C’est le cas, par exemple, de la Chine. En janvier 2007, Pékin a détruit l’un de ses anciens satellites avec un missile lancé depuis son territoire. « Ce tir a été à l’origine de la plus pollution de l’histoire spatiale en termes de production de débris (3.000 total, qui, en se fragmentant, sont maintenant plus de 9.000), a expliqué le général Testé.

« L’Inde a créé un centre de commandement de la défense spatiale. De leur côté, les Russes et les Chinois déploient régulièrement des systèmes spatiaux dans l’espace, montrant que sa militarisation est une possibilité qu’il serait irresponsable d’écarter », a ensuite affirmé le général Testé.

Et cela d’autant plus que, par le passé, les États-Unis, avec leur concept de guerre des étoiles (IDS), mais aussi les Soviétiques (programme Istrebitel Sputnikov), eurent cette tentation… Mais, pour le moment, on n’en est pas encore là. En revanche, d’après les révélations faites par le général Testé, l’espionnage de satellites en orbite semble déjà une réalité,

« Utilisant occasionnellement un télescope mis à notre disposition par le CNES et par Airbus afin d’observer l’orbite géostationnaire, nous avons eu la surprise, en examinant des clichés de l’un de nos satellites de télécommunication Syracuse pris en 2011, 2013 et 2015, de découvrir qu’un autre objet, de plus petite taille, se trouvait à proximité – proximité spatiale, s’entend », a ainsi raconté le commandant interarmées de l’espace.

Pour rappel, Syracuse (SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE) est le nom d’un programme français de satellites de télécommunications militaires, lesquels seront, à terme, remplacés par deux satellites COMSAT NG.

Quel était donc cet « autre objet » observé près d’un satellite de télécommunications français? Les services du général Testé l’ignorent. « Mais nous avons la certitude que les Russes, les Chinois et les Américains ont mis au point des systèmes destinés à aller observer et écouter au plus près les systèmes spatiaux d’autres pays, ce qui pose de graves questions en termes de sécurité », a-t-il dit.

Le cas de ce satellite Syracuse n’est pas isolé, à en croire le général Testé. « Au début de l’année 2015, la société Intelsat, qui met en œuvre des satellites de télécommunications, nous a alertés sur le fait qu’un satellite russe censé rester en position géostationnaire s’était mis à se déplacer pour balayer un large arc de cercle allant de l’océan Indien jusqu’au milieu de l’Atlantique, au mépris de tous les règlements internationaux », a-t-il révélé.

Or, Intelsat n’a pas apprécié de voir un engin se rapprocher dangereusement d’un de ses satellites. Et pour cause : « Le moindre problème avec un satellite de télécommunications, a souligné le général Testé, avoir des conséquences se chiffrant en millions d’euros. »

Que faisait donc ce satellite russe? A-t-il servi de relais à un autre engin d’observation? Possible… Mais ce n’est a priori pas l’hypothèse privilégiée…

« Il est intéressant de relever qu’à chaque fois que le satellite russe est arrivé à proximité d’un satellite occidental – qu’il soit américain, français ou britannique –, il a ralenti son mouvement, comme s’il procédait à des observations », a indiqué le général Testé. D’où l’idée qu’il pourrait « être utilisé pour une mission de renseignement portant sur les satellites d’autres pays. »