Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 16 mai 2016

Une nouvelle faille révélée dans la traque de Salah Abdeslam


Salah Abdeslam aurait-il pu être arrêté dès le mois de décembre? C'est en tout cas ce qui ressort des révélations faites par la presse belge et selon lesquelles une piste cruciale n'a pas été prise au sérieux, trois semaine seulement après les attentats de Paris. De surcroît, le motif pour lequel cette piste a été écartée au moment où le terroriste était recherché par tous les services occidentaux ne manque pas de faire du bruit outre-Quiévrain.

Nous sommes à la fin du mois de novembre 2015, et un inspecteur au commissariat de Malines-Willebroek (pourtant en congé maladie), informe son supérieur qu'il dispose d'un tuyau crucial sur l'entourage du fugitif, détaille le site du magazine belge Knack. L'inspecteur explique à son chef qu'un certain Abid Aberkane aurait été en contact avec les frères Abdeslam.

Originaire de Molenbeek et décrit comme "fortement radicalisé", ce dernier est donc signalé comme pouvant faire partie des personnes qui aident le terroriste dans sa cavale. Le 7 décembre, le supérieur en question, Yves Bogaerts, fait rédiger un rapport qui acte ce lien entre les deux individus. Problème: il ne le fait pas remonter au contre-terrorisme. Problème encore plus grave: Abid Aberkane n'est pas n'importe qui.

Son nom revient dans l'enquête au moment des funérailles de Brahim Abdeslam (il porte le cercueil ndlr) et c'est à son domicile, rue des Quatre Vents à Molenbeek, que Salah Abdeslam a été arrêté vendredi 18 mars.

Une enquête interne ouverte

Alors, pourquoi Yves Bogaerts, le chef de corps, n'a-t-il pas fait remonter cette information ? Selon Knack, ce dernier était en conflit avec le policier qui a apporté cette information pour la raison qu'il n'appréciait guère que cet inspecteur, expert en radicalisation, reste discret sur ses sources.

Pourtant, quand cette erreur avait été révélée dans la presse au mois de mars, Yves Bogaerts s'était défendu, disant qu'il avait des doutes sur la fiabilité de la source et qu'il avait transmis le dossier à la police fédérale pour vérification. À l'époque, il évoquait un rapport parlant "d'un tiers radicalisé qui aurait pu être en contact avec les frères Abdeslam, mais il n'est pas question de la cachette". Or, le dossier n'est jamais parti, affirme Knack.

À la fin du mois de mars, une enquête a été ouverte par le "Comité P", l'équivalent belge de l'IGPN, la "police des polices". Aussi, Yves Bogaerts devra être entendu dans le cadre d'une enquête parlementaire ouverte après les attentats de Bruxelles. C'est au maire, ou plutôt au bourgmestre, de la commune de Malines-Willebroek de décider du sort d'Yves Bogaerts. Il lui avait exprimé son soutien en mars et avait expliqué attendre les conclusions du Comité P pour prendre une décision concernant le chef de corps de son commissariat.

Romain Herreros