dimanche 29 mai 2016
«Les "combattants" de Daesh sont très faciles à tuer»
Joanna, étudiante danoise de 23 ans, est partie un an en Syrie pour combattre les militants de Daech et les troupes de Bachar al-Assad. De retour au pays, elle raconte.
Joanna Palani, 23 ans, est étudiante en sciences politiques et en philosophie à l'Université de Copenhague. Mais la jeune femme a récemment pris une année sabbatique pour... aller combattre Daech en Syrie aux côtés des Kurdes, dont elle est descendante. La Danoise a quitté son pays en novembre 2014 pour, dans un premier temps, rejoindre les Unités de protection du peuple (YPG) avant de s'allier aux Peshmergas. Au moment de partir au combat, Joanna avait confié ne pas avoir peur: «Les Kurdes se battent pour la démocratie et les valeurs occidentales. Si je suis capturée ou tuée, je serai fière de la raison pour laquelle j'aurai été abattue.»
De retour saine et sauve, la jeune femme revient sur cette expérience marquante pour le site Vice. Elle raconte notamment que lors de sa première nuit au front, son camarade suédois a été abattu d'une balle entre les deux yeux par un sniper qui avait repéré la fumée de sa cigarette. Joanna se souvient également de ce moment terrible où, après avoir libéré un village près de Mossoul, elle a découvert un groupe de jeunes filles utilisées par les membres de l'EI comme esclaves sexuelles. Parmi elles, une petite Syrienne chrétienne qui l'a marquée à vie: «Elle est morte en me tenant la main. Elle n'avait que 11 ans et était enceinte de jumeaux. Son petit visage était tellement gonflé (...) Je me souviens que le docteur pleurait et me criait dessus», décrit la Danoise.
«Les soldats d'al-Assad sont de vraies machines de guerre»
Au front, Joanna devait faire face aux militants de Daech mais également aux troupes de Bachar al-Assad. Deux adversaires très différents, estime la jeune femme: «Les combattants de l'EI sont très faciles à tuer. Ils sont doués pour sacrifier leur propre vie, mais les soldats d'al-Assad sont très bien entraînés. Ce sont de vraies machines de guerre», explique Joanna. Malgré le danger, l'étudiante n'a jamais songé à renoncer et à rentrer chez elle. «Quand je suis arrivée là-bas, je ne prenais pas vraiment tout cela au sérieux. Mais après la première attaque, ça a changé», raconte-t-elle.
En rentrant chez elle pour un repos de 15 jours, Joanna s'est vu confisquer son passeport par la police et les services de renseignement danois. Elle n'a plus le droit de combattre en Syrie, la loi danoise interdisant à ses ressortissants de le faire. Une mesure prise pour éviter que des Danois ne partent faire le jihad. Aujourd'hui, Joanna a repris ses études. Mais elle n'oublie pas ses camarades laissés en Syrie. «Je donnerais ma vie pour l'Europe, pour la démocratie, pour la liberté et pour les droits des femmes», conclut-elle.