C’est une des caractéristiques de notre époque et c’est en passe de devenir un grand classique. Lorsque survient un événement majeur aux répercussions planétaires, les médias donnent le la et le grand public réagit en conséquence comme un chien bien dressé. Puis vient le temps de la suspicion et au bout celui de la théorie du complot. Deux jours à peine après la divulgation des « Panama papers », force est de constater que nous y sommes à ce fameux complot, ce qui doit constituer un record en la matière. Illustration de ce changement brutal dans la perception de cet événement, les derniers tweets de Wikileaks, dans lesquels il est désormais question de révélations ciblées à des fins politiques.
Pourquoi évoquer un complot ? Parce que l’information du jour, relayée d’abord par des blogs généralement bien informés puis sur les chaînes de télévision américaines est un véritable coup de tonnerre : Il n’y a pas eu de fuite (leak en anglais), les « Panama papers » n’ont pas été transmis par une source interne comme dans le cas de la NSA avec Peter Snowden mais obtenus de l’extérieur par effraction.
Pourquoi cette information est capitale ?
Sachant que des cabinets d’avocats comme Mossak Fonseca ne lésinent pas sur les moyens pour protéger leurs données, il est plus que probable que l’intrus n’est pas un vulgaire hacker mais une organisation dotée de moyens puissants. De plus, nous pouvons d’emblée affirmer que cette organisation est indifférente aux énormes bénéfices financiers qu’elle aurait pu obtenir de ces données, ce qui élimine bon nombre de suspects possibles. Restent deux motifs possibles : une intention strictement philanthropique et une manipulation politique. Or nous avons deux bonnes raisons de mettre en doute la bonne foi de l’« intrus ».
D’une part la sélection arbitraire des noms qui ont été rendus publics et la déclaration du porte-parole du consortium de journalistes qui pilote l’affaire, aux termes de laquelle, « elle n’a aucune intention de divulguer la totalité des noms cités au motif qu’il serait contraire à la déontologie que d’exposer des milliers de particuliers innocents » [Gerard Ryle 6/4/2016 ICIJ]. Une curieuse décision qui a d’ailleurs été sévèrement critiquée par Wikileaks au prétexte que l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) n’était pas qualifié pour décider qui était innocent et qui ne l’était pas, ce qui semble évident.
D’autre part, l’anonymat de l’intrus car il n’existe pas de hackers de bonne foi anonymes, pas même Anonymous.
En bref, cette affaire des «Panama Papers » a été initiée par des pirates informatiques dotés de moyens très puissants, indifférents à l’argent et indifférents à la publicité. La diffusion des informations contenues dans ces documents a été confiée à une organisation basée à Washington et financée entre autres par le milliardaire George Soros, qui fut aussi un des commanditaires du coup d’Etat contre le président ukrainien Yakunovich en février 2014. De ces documents, le public n’aura connaissance que les informations relatives à un nombre relativement réduit de décideurs politiques et de personnalités médiatiques de premier plan, au nombre desquels figurent bon nombre d’adversaires de ce qu’il est convenu d’appeler le Nouvel Ordre Mondial, ne manquent sur la liste que Donald Trump et le cardinal Barbarin.
La suite malheureusement est connue, elle se résume en une phrase : La théorie du complot c’est pour les nuls.
Christophe Servan
Gestionnaire de fonds d’investissement