Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 7 février 2016

Fedpol observe de près l'organisation «Helfen in Not»


L'institution ne souhaite pas commenter les accusations selon lesquelles elle participe au recrutement de futurs combattants de l'EI (photo: Facebook)


Les Suisses désirant soutenir «Helfen in Not» peuvent le faire en versant leurs dons sur le compte Postfinance de l'oeuvre d'entraide. Sur Facebook, cette organisation allemande, qui dispose d'une antenne suisse à Frick (AG), met en avant ses nombreuses actions menées au Kosovo et en Syrie. Mais selon la «NZZ am Sonntag», on ignore qui se cache réellement derrière cette institution.

En Allemagne, «Helfen in Not» fait face à de nombreuses critiques, notamment parce que l'association a invité des prêcheurs islamistes controversés à ses galas de charité. L'Office de protection de la Constitution de la Rhénanie du Nord-Westphalie soupçonne par ailleurs l'organisation d'avoir aidé à recruter de jeunes musulmans pour rejoindre les rangs du groupe Etat islamique en Syrie. L'oeuvre d'entraide entretiendrait également des liens étroits avec plusieurs salafistes en Allemagne.

«Nous ne pouvons rien dévoiler»

Contactée par le dominical, l'Office fédéral de la police (Fedpol) confirme observer de près l'association. «Notre attention s'est portée sur l'organisation dans le cadre d'enquêtes menées à l'encontre de personnes isolées, soupçonnées d'être en lien avec le jihadisme», précise la porte-parole Catherine Maret.

Du côté de Postfinance, personne ne souhaite commenter l'affaire. «Nous ne pouvons rien dévoiler au sujet de nos relations d'affaires en raison du secret bancaire», explique le porte-parole Johannes Möri. Celui-ci se contente de dire que Postfinance respecte les lois en vigueur. «Si les risques d'une relation avec un client ne sont plus défendables, alors nous avons la possibilité de résilier les relations d'affaires avec le client en question», ajoute-t-il néanmoins.

Du côté de «Helfen in Not», l'oeuvre d'entraide assure que son compte Postfinance est toujours actif. Elle ne souhaite en revanche pas commenter les accusations selon lesquelles elle participe au recrutement de futurs combattants de l'EI et entretient des liens avec des organisations jihadistes.

Islamic Relief: dons entravés 

En 2012, UBS avait bloqué des dizaines de versements effectués à l'ONG Islamic Relief. La banque avait par la suite rompu toute collaboration avec l'organisation. Elle avait assuré que cette décision n'avait pas de motivations religieuses ou politiques. Près de trois ans plus tard, Credit Suisse avait également supprimé le compte de l'association.

L'oeuvre d'entraide Islamic Relief, représentée dans plus de 40 pays dont la Suisse, a été soupçonnée à plusieurs reprises de soutenir des groupements controversés. L'organisation a toujours nié ces accusations. Malgré cela, plusieurs banques telles que HSBC ou encore UBS et CS - comme citées ci-haut - ont préféré rompre leurs relations d'affaires avec l'association.

Actuellement, l'antenne suisse d'Islamic Relief dispose d'un compte auprès de Postfinance.

Investigation secrète sur le Net 

Dans sa lutte contre les organisations terroristes sur internet, la Police judiciaire fédérale (PJF) engage parfois des enquêteurs travaillant sous couverture. «Cette mesure est appliquée une demi-douzaine de fois par année lorsque toutes les autres enquêtes se sont avérées inutiles», explique un enquêteur de la PJF. Il rappelle qu'une investigation secrète sur le Net nécessite d'énormes ressources ainsi qu'une autorisation du tribunal des mesures de contrainte.

Dans ces rares cas, les enquêteurs s'inventent de fausses identités pour entrer en contact avec des personnes suspectes. Un travail très difficile, note l'enquêteur du PJF, d'autant plus que les criminels peuvent naviguent sur internet de manière anonyme.