Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 18 février 2016

Épidémie de microcéphalie : virus Zika ou virus Monsanto ?




Le méchant Ædes albopictus a trouvé un rival de taille. Il s’appelle Ædes ægypti. Et comme son nom ne l’indique pas, il sévit actuellement avec beaucoup d’entrain en Amérique latine, répandant la terreur dans les populations autochtones et chez les voyagistes qui voient fuir la manne touristique.
Nos médias n’aimant rien tant que provoquer des psychoses sanitaires, le Brésil panique : particulièrement infesté par cette bestiole vorace, le pays déjà en proie à une vilaine crise financière craint la déconfiture du siècle lors des prochains Jeux olympiques (en juillet 2016). D’accord, les pharmaciens et autres marchands de répulsif se frottent les mains et la peau des mollets, mais ça ne compensera pas le manque à gagner.

À la liste des horreurs véhiculées par ces bestioles vrombissantes (paludisme, dengue, fièvre jaune, chikungunya, etc.), il faut maintenant ajouter le virus Zika qui provoque des cas de microcéphalie : des enfants naissent avec un minuscule cerveau. Mais d’aucuns contestent cette version. Ils avancent l’idée que le responsable de ces malformations n’est peut-être pas Ædes ægypti et son virus Zika, mais la firme Monsanto et son larvicide le Pyriproxifène.

Un chercheur argentin, « membre de l’association des Médecins des peuples fumigés » (sic), a lancé ce pavé dans les flaques d’eau saumâtre. Partant du constat que toutes les zones infestées par Zika ne présentent pas de cas de microcéphalie, mais que tous les cas de microcéphalie apparaissent dans des zones infestées par Zika ET traitées au Pyriproxifène, il s’interroge. Car, avant Zika, ont sévi dans ces régions la dengue et le chikungunya, et les gouvernements locaux ont réagi par des aspersions massives de ce larvicide.

Si le Pyriproxifène est autorisé et utilisé depuis 1958 avec la bénédiction de l’OMS, on n’a que fort peu d’analyses sur sa toxicité. Mediapart est allé fouiner, et le fruit de ses investigations est plutôt inquiétant : très grande toxicité pour les poissons et les abeilles, de même que pour les souris et les rats. Et pour les humains ? Mystère. Seule certitude et recommandation de Monsanto : c’est un produit à utiliser avec beaucoup de précautions, car « depuis les doses considérées comme sans effets secondaires jusqu’aux doses létales, la marge est très faible ». Or, comme l’écrit Mediapart : « Le gouvernement brésilien se garde bien de reconnaître qu’il a ajouté du Pyriproxyfène dans les réservoirs d’eau potable des villes concernées par l’explosion des cas de microcéphalie. Et ce, indépendamment d’un épandage aérien massif pour lutter directement contre le développement des larves de moustiques ! »

Un coup dans le nez, plus un coup dans le verre…

Mais d’autres ont trouvé mieux pour nous débarrasser des dangers d’Ædes : l’éradication totale. Dans le collimateur, les trois grands méchants : Ædes albopictus, Ædes ægypti et, bien sûr, le roi du palu, Anopheles gambiae. Le « spécicide » (l’extinction d’une espèce) du moustique ! Un rêve qui traîne depuis quinze ans… Sauf que personne n’est en mesure d’évaluer les conséquences écologiques d’une telle opération. Et comme le rappelait Audrey Garric sur son blog (lemonde.fr) : « On se souvient du travail herculéen que l’Amérique latine a entrepris dans les années 1950 et 1960 pour éradiquer Ædes ægypti. […] y compris vaporiser du très toxique insecticide DDT – depuis interdit – à une échelle massive. Mais une fois les efforts relâchés, les moustiques sont revenus bourdonner sur le continent et ont également rejoint l’Asie et l’Afrique. »

Reste une autre solution : l’homme étant la créature la plus nocive sur cette planète, on pourrait aussi songer à l’éradiquer… Il est vrai que certains s’y emploient déjà.

Marie Delarue