Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 5 janvier 2016

La Suisse a livré des munitions à l'Arabie saoudite


Riyad est venu récupérer des munitions il y a deux mois en Suisse, en toute discrétion. Mais sans aucun problème pour le Seco.

L'Arabie saoudite est un bon client de l'industrie suisse de l'armement. Rien qu'en 2014, la monarchie wahhabite a représenté un marché de 4,6 milliards de francs et seuls dix pays ont fait mieux.

L'Arabie saoudite intervient également depuis mars 2015 au Yémen voisin afin de lutter contre l'insurrection des houthis, proches des chiites iraniens. Cela n'a pas empêché les livraisons suisses de pièces détachées et de munitions, malgré l'embargo officiel du matériel de guerre à destination des régions en conflit qui est en vigueur depuis mars 2009, comme l'explique l'Aargauer Zeitung dans son édition du 5 janvier.

Une livraison invisible

Rien de troublant pour le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). «L'industrie suisse a dû honorer ses contrats si elle ne voulait pas payer de pénalités», a expliqué son porte-parole Fabian Maienfisch. «La Suisse ne serait plus considérée comme un partenaire fiable, ce qui aurait provoqué des dommages considérables à sa réputation tant pour l'industrie que pour le pays.»

Il y a deux mois, un appareil des forces armées saoudiennes a embarqué des munitions de défense contre avions (DCA). Une livraison qui n'apparaît pas dans les statistiques à l'exportation, a reconnu le porte-parole. Car il s'agissait de réparations qui entraient dans le cadre de la garantie du fabricant, a justifié Fabian Maienfisch.

La Suisse espère surtout ne pas avoir à revivre les images de l'intrusion en mars 2011 des troupes saoudiennes à Bahrein, pour soutenir le régime mis à mal par des manifestations de l'opposition. L'appel au Conseil de coopération du Golfe s'était traduit par l'envoi de plusieurs milliers d'hommes, appuyés par des blindés de type Piranha vendus quelques années plus tôt par l'entreprise Mowag.