Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 6 janvier 2016

Aurélie Châtelain, victime «oubliée» du terrorisme


Le meurtrier présumé d'Aurélie Châtelain, en avril, préparait un attentat contre «au moins» une église à Paris. Pourtant elle ne sera pas décorée de la Légion d'honneur à titre posthume, au grand dam de sa famille.



Le père d'Aurélie Châtelain, tuée le 19 avril à Villejuif en marge du projet d'attentat de Sid Ahmed Ghlam contre une église, s'est dit «déçu» mardi que sa fille n'ait pas été décorée de la Légion d'honneur. «Je suis déçu du fait qu'elle ne soit pas décorée», a déclaré Jean-Luc Châtelain sur Europe 1. «Depuis le mois d'avril, c'est quelque chose qui a été demandé par le maire, par beaucoup de gens», a-t-il poursuivi.

«C'est peut-être un oubli, en sachant qu'elle a sauvé quand même des centaines de vies et qu'elle y a laissé la sienne», a estimé M. Châtelain, ajoutant qu'il allait envoyer un courrier à l'Élysée à ce sujet. Vingt victimes et héros des attentats de janvier 2015 à Paris et de la tentative d'attaque à bord du Thalys en août figurent dans la promotion de la Légion d'honneur du 1er janvier publiée vendredi dans le Journal officiel, dont quinze à titre posthume.

Aurélie Châtelain, 32 ans, professeure de fitness du nord de la France, a été tuée le 19 avril à Villejuif, en banlieue parisienne. Son corps sans vie a été retrouvé dans sa voiture en flammes. 
Le même jour, Sid Ahmed Ghlam a été arrêté fortuitement, après avoir été blessé dans des circonstances inexpliquées et avoir lui-même alerté le Samu. Il est soupçonné d'avoir tué par balle Aurélie Châtelain et d'avoir voulu attaquer une église à Villejuif (Val-de-Marne).

Colère et rancoeur

Les policiers avaient mis la main sur un arsenal dans sa voiture et sa chambre d'étudiant à Paris, dont quatre kalachnikov. Son ADN avait été retrouvé dans la voiture d'Aurélie Châtelain et du sang de la victime avait été retrouvé sur la parka qu'il portait. Les autorités avaient alors affirmé avoir «évité» un attentat contre au moins une église.

Le procureur de Paris, François Molins, avait affirmé que Ghlam, qui avait chez lui des documents sur les «organisations terroristes Al-Qaïda et État islamique», avait évoqué les «modalités de commission d'un attentat» avec une personne «pouvant se trouver en Syrie».

Pour Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur général de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), «il ne peut y avoir des victimes de seconde classe et des victimes de première classe, sinon c'est odieux». «Il y a un problème de cohérence, c'est de l'amateurisme. Ça crée de la colère et de la rancoeur chez les familles», a-t-il affirmé.