Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 7 décembre 2015

Les derniers instants de Jihadi John





Depuis l'annonce de la mort de Mohammed Emwazi, alias Jihadi John, le mystère planait quant aux circonstances de sa disparition. Le «Mail on Sunday» raconte comment se sont déroulées les opérations qui ont mené à l'élimination d'un des jihadistes les plus recherchés de la planète.

La mission a débuté dans la nuit du 11 novembre, lorsque deux hélicoptères transportant huit soldats de la SAS (ndlr: le Special Air Service, unité de forces spéciales de l'armée britannique) ont volé à basse altitude au-dessus du désert avant de se poser dans un endroit isolé. Evitant toutes les routes, l'équipe a roulé sur 50 km dans des buggies, direction Raqqa. Vers 3h du matin, les hommes se sont arrêtés et se sont mis à creuser un trou, à environ 6 kilomètres de la ville. Ils s'y sont cachés toute la journée qui a suivi et ont également camouflé leurs véhicules.

Trois drones envoyés successivement



Le soir d'après, un premier drone-hélicoptère de 450 grammes, doté d'une caméra haute définition avec vision nocturne, a décollé de la cachette. Son objectif: une maison de six étages située près de la tour de l'horloge de Raqqa et où, selon les informations des policiers locaux, se cachait Jihadi John. Le drone a survolé la zone autour du bâtiment. Pendant ce temps, le commando caché dans le désert pouvait visionner en direct les images que l'hélicoptère prenait. Le quartier général du SAS, situé à Hereford (Angleterre), et une base du Central Command américain à Doha (Qatar) avaient également accès à ces prises de vue.




A 20h30, le premier drone a été rappelé dans la cachette du commando, parce qu'il était à cours de batterie. Un deuxième appareil a pris le relais, mais il n'y avait alors plus trace du terroriste. A 22h, un troisième drone est entré en scène. Si Jihadi John n'était pas sorti du bâtiment dans les deux heures suivantes, l'opération aurait échoué.

Tout s'est joué en quelques secondes

Mais à 23h40, la caméra du drone-hélicoptère s'est braquée sur un groupe de personnes en train de sortir de l'édifice, tandis qu'une voiture s'approchait pour les faire monter à bord. Ensuite, tout s'est passé en quelques secondes. Jihadi John a été instantanément repéré dans le groupe. Dans la foulée, le commando américain situé à Doha a actionné le lancement d'un drone Reaper Predator armé d'un missile Hellfire calqué sur les les coordonnées indiquées par le minihélicoptère. Quelques secondes plus tard, Jihadi John était abattu.

Dans leur cachette, les huit soldats du SAS, dont les noms et les visages seront tenus secrets, ont exulté. Ils sont remontés dans leurs buggies et sont retournés vers les hélicoptères qui les attendaient. Pendant près de deux jours, l'équipe est restée cachée sans jamais se faire repérer et sans jamais tirer un seul coup de feu. Ils ont gagné une bataille grâce à leurs ordinateurs et une sacrée dose de courage.

TF121