Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 29 décembre 2015

Le chef de l'armée suisse appelle à s'armer pour faire face aux troubles sociaux en Europe


© Arnd Wiegmann Source: Reuters
Le chef de l'armée suisse André Blattmann (2013)



L'ancien chef de corps, promu à la tête de l'armée suisse en 2009, a tiré la sonnette d'alarme concernant l'aggravation des déséquilibres sociaux, de la menace terroriste et des risques liés aux flux migratoires.

Commentant pour la première fois la situation depuis les attentats du 13 novembre, André Blattmann a dénoncé une «explosion de l’insécurité durant ces deux dernières années», en parallèle d’une réduction du budget de la défense. «Même si nous n’avons pas encore été directement touchés par les événements de la guerre dans le monde d'aujourd'hui, nous pouvons déjà en ressentir les effets», a-t-il affirmé.

Le haut-gradé militaire a déclaré : «la menace terroriste augmente, les guerres hybrides sont de plus en plus fréquentes, les perspectives économiques s’obscurcissent, et les flux migratoires causés par ces guerres et problèmes économiques ont déjà pris une proportion insoupçonnée, aggravant la concurrence sur le marché du travail».

Pour le chef de l’armée suisse, «le mélange est de plus en plus explosif» et «les fondements de la prospérité sont une fois encore remis en question». Selon lui, la situation n’est pas sans rappeler les années de l’entre-deux-guerres, et les citoyens suisses doivent s’armer pour faire face aux défis qui les attendent.

Ces commentaires ont été vivement critiqués par les politiques de gauche et les Verts dans le pays, notamment Beat Flach qui a affirmé que ces déclarations étaient «exagérées» et que «tout va bien dans le pays».

André Blattmann a été à l’initiative de plusieurs exercices préparant la Suisse à réagir à diverses menaces, dont l’un imaginait la sécession d’un territoire français, qui déciderait de s’attaquer à son voisin. Dans une interview donnée l’année dernière, le chef de l’armée a affirmé stocker chez lui plusieurs dizaines de pack d’eau minérale ainsi que des réserves de nourriture afin de faire face en cas de catastrophe naturelle ou de crise humanitaire liée à des troubles.

Les Suisses craignent les terroristes infiltrés

Un Suisse sur cinq voit les réfugiés comme une chance et une opportunité pour notre pays. Mais les craintes restent bien présentes. Selon les premiers résultats de notre enquête en ligne, près des deux tiers des sondés se méfient de la hausse des coûts sociaux engendrés par cet afflux d'être humains qui s'installent en Europe. Mais surtout, quelque 51% des répondants se disent préoccupés par la possibilité de voir des terroristes cachés parmi eux.

Une crainte que les politiciens partagent. Fin septembre déjà, la conseillère nationale et membre de la Commission de sécurité Corina Eichenberger (PLR/AG) avait déposé une motion demandant de donner au Service de renseignement de la Confédération (SRC) tous les moyens nécessaires afin d'estimer le risque potentiel de terrorisme parmi les requérants d'asile. Le Conseil fédéral a recommandé en novembre de rejeter ce texte, mais a annoncé, la semaine dernière, la création de 86 postes au sein de l'administration, dont une grande partie sera affectée au SRC. «Après Paris, le gouvernement a pris conscience des enjeux», analyse l'élue.

Contrôles déjà existants

A noter que, déjà à l'heure actuelle, le dossiers des requérants en provenance de Syrie et d'Irak passent entre les mains du Renseignement. C'est que, par le passé, des failles avaient permis à des migrants mal intentionnés d'entrer. Pour preuve, le cas d'Ossama M., qui avec trois complices est accusé d'avoir fomenté des attentats sur sol suisse. Leur procès devrait se tenir bientôt.

La conseillère nationale Nadine Masshardt (PS/BE) comprend cette crainte, mais tempère: «Il est clair que nous devons tout faire pour identifier les terroristes potentiels à leur arrivée en Suisse. Mais il est important de rappeler que l'immense majorité des réfugiés sont menacés de mort ou de torture dans leur pays d'origine», rappelle-t-elle. Par exemple, elle souligne que de nombreuses familles syriennes fuient pour se protéger du groupe Etat islamique. «Il ne faut pas généraliser les soupçons à leur encontre!»

Exercice romand en préparation 

Ces dernières semaines, la ville de Genève était en ébullition, après des «menaces crédibles» d'actes terroristes. Lundi, le canton a toutefois annoncé qu'il abaisserait son niveau de sécurité après les Fêtes.

Mais les forces de police romandes n'ont pas attendu pour se préparer. Selon un article du «Tages-Anzeiger», elles travaillent depuis des années en collaboration avec la police française. Un travail en commun qui s'est renforcé avec les événements à Paris cette année. Un exercice commun est même prévu courant 2016.

Nombreux participants 

L'enquête a été menée en deux vagues, les 12 et 13 novembre et du 17 au 19 décembre 2015. Quelque 27'000 puis 30'000 personnes des trois régions linguistiques y ont pris part. Les résultats ont ensuite été pondérés par les politologues Lucas Leemann et Fabio Wasserfallen de l'Université de Zurich.